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PRIÈRE.

O mon Dieu et mon tout! ô Dieu aimable! ô Dieu aimant! ô Dieu d'amour! que j'ai peu d'attention à votre présence, peu de fidélité à votre grâce, peu de courage à vous sacrifier toutes mes satisfactions! Et cependant vous êtes le Dieu de mon cœur, et vous serez, comme je l'espère, mon partage dans l'éternité. Mais je veux, pour me rendre digne de ce bonheur, penser sans cesse à vous, sacrifier à votre amour tout ce qui m'en détourne, et ne dire et ne faire rien d'inutile pour le ciel.

Faites, Seigneur, que j'évite tout ce qui vous déplaît ; que j'aime et que je protège ce qui vous plaît et que, me renfermant souvent en vous, je m'applique tout à votre présence, pour suivre en tout votre sainte volonté. Aiusi soit-il.

CHAPITRE XXXII.

Du renoncement à soi-même, et à toute cupidité. JÉSUS-CHRIST. Mon fils, vous ne pouvez jouir d'une parfaite liberté, si vous ne vous renoncez

entièrement vous-même.

Ceux qui gardent un esprit de propriété, qui s'aiment eux-mêmes, qui sont avides, curieux, inquiets, cherchant leurs aises, préférablement à Jésus-Christ, sont autant d'esclaves. Ils forment souvent des projets qui n'ont point d'exécution; car tout ce qui ne vient pas de Dieu, se réduit à rien.

Retenez bien ce mot court et plein de sens : Quittez tout et vous trouverez tout; renoncez à vos convoitises, et vous trouverez le repos. Mettez-vous en l'esprit cette maxime sa pratique parfaite vous donnera l'intelligence de tout.

2. LE CHRÉTIEN. Seigneur, ce n'est point là l'ouvrage d'un jour, ni un jeu d'enfant, mais cette courte

leçon renferme toute la perfection religieuse. JÉSUS-CHRIST. Mon fils, vous ne devez point reculer, ni perdre d'abord courage, quand je vous propose la voie des parfaits; vous devez, au contraire, vous porter avec plus de zèle à l'état le plus sublime, ou du moins y aspirer par vos désirs.

Que n'en est-il ainsi pour vous, et que n'en êtes-vous venu au point de n'avoir aucun amourpropre, mais de vous arrêter purement à ma volonté et à celle du supérieur que je vous ai donné? Vous me seriez alors bien agréable, et toute votre vie se passerait en joie et en paix.

Vous avez encore beaucoup de choses à quitter; et si vous ne me les sacrifiez pas entièrement, vous n'obtiendrez point ce que vous demandez.

Je vous conseille, pour vous enrichir, d'acheter de moi un or brûlant, Apoc. 3. 18; c'est-à-dire, la sagesse céleste, qui foule aux pieds toutes les choses d'ici-bas.

Donnez-lui la préférence sur la sagesse des hommes, et sur toute complaisance dans les hommes et en vous-même.

5. C'est vous dire d'abandonner des choses précieuses et relevées selon l'opinion des hommes, pour en acquérir une de peu de valeur. Car cette sagesse du Ciel leur paraît vile et petite, et ils l'ont presque mise en oubli, quoiqu'elle soit la véritable sagesse, qui n'a point de hauts sentimens d'elle-même, et qui ne cherche point à se faire estimer sur la terre. Plusieurs la louent de bouche, mais ils la démentent par leur vie. Elle est cependant cette perle précieuse, Matth. 13. 46, que peu de personnes découvrent.

PRATIQUE.

Qu'est-ce que quitter tout? C'est, 1o se renoncer et mourir à soi-même; 2o c'est mortifier ses sens, son esprit et son cœur; 3o c'est se détacher de tout ce qui nous fait plaisir, et agréer avec une humble soumission ce qui nous fait peine; 4o c'est aimer ses amis en Dieu, ses ennemis pour Dieu, et se haïr soi-même; 5o c'est ne s'attacher qu'à son Dieu, à son devoir et à son salut; 6o c'est tourner toute l'activité de son cœur contre soi et pour Dieu; 70 c'est de ne s'occuper que du soin de lecontenter, de la crainte de lui déplaire; 8o c'est se faire un bonheur et un mérite de gagner son cœur, et de se rendre digne de

son amour.

Qu'il est aisé de dire: Je voudrais bien quitter tout pour être tout à Dieu. Mais qu'il est difficile de le faire, à moins que d'apporter une exacte fidélité à se détourner de tout ce qui ne nous porte point à Dieu! Un peu d'amour divin, imprimé dans un cœur, lui rend possible et facile cette cession et ce dévouement de tout soimême, à Dieu. Il faut le vouloir, le demander et le pratiquer constamment.

PRIÈRE.

Ne souffrez pas, Seigneur, qu'un cœur comme le mien, qui n'est tout ce qu'il est que pour vous aimer s'attache à la créature et à soi-même, préférablement à l'amour qu'il vous doit. Vous seul pouvez le contenter et le rendre heureux; c'est donc à vous qu'il doit s'attacher uniquement et constamment. O mon Dieu ! je puis bien pécher sans vous, en m'attachant à ce qui vous déplaît; mais je ne puis, sans vous, me relever, me détacher et me défendre de tout ce qui peut séduire mon esprit et corrompre mon cœur, en l'éloignant de vous. Secourez-moi, soutenez-moi, fortifiez-moi dans les combats que je suis obligé de livrer à moi-même; pour quitter tout, vous chercher et vous trouver en tout : qu'il m'ennuie de me voir l'esclave de mes passions et la victime de mon humeur! Rompez, Seigneur, rompez mes chaînes; et faites que, détaché de toutes choses, je ne tienne plus qu'à vous. Ainsi soit-il.

CHAPITRE XXXIII.

De l'instabilité de notre cœur ; et qu'on doit toujours se proposer Dieu pour fin.

JÉSUS-CHRIST. Ne faites pas de fond sur les bons sentimens que vous avez: la disposition où vous êtes se changera bientôt en une autre. Tant que vous vivrez, vous serez sujet au changement, même malgré vous; en sorte que vous vous trouverez tantôt dans la joie, et tantôt dans la tristesse; tantôt dans la paix et tantôt dans le trouble; tantôt dévot, tantòt sans dévotion; tantôt fervent, tantôt dans la langueur; tantôt grave, et tantôt léger.

Mais l'homme sage et expérimenté dans les choses spirituelles, se tient ferme au-dessus de tous ces changemens; et sans prendre garde à ce qu'il ressent en lui-même, ni de quel côté souffle le vent de l'instabilité, toute son attention tend à avancer vers la fin désirable qu'il doit se proposer.

Car.c'est ainsi qu'il pourra demeurer inébranlable et toujours le même, arrêtant sur moi, au milieu d'une si grande diversité d'évènemens, l'œil simple de son intention.

2. Or, plus l'œil de l'intention est pur, plus on marche avec constance parmi les différentes tempêtes qui s'élèvent.

Mais cet œil d'une intention pure s'obscurcit en plusieurs; car on s'arrête bientot à quelque objet agréable qui se présente; et il est rare de trouver une personne entièrement exempte de la tache d'une secrète recherche de soi-même.

C'est ainsi que les Juifs vinrent autrefois en Béthanie vers Marthe et Marie, non purement pour Jésus, mais pour voir Lazare. Jean. 12. 9. Il faut donc purifier l'œil de l'intention, afin qu'il soit simple et droit, et qu'il se porte vers moi; laissant en arrière tous les différens objets qui se trouvent entre moi et lui.

PRATIQUE.

Pour fixer l'instabilité de notre cœur, en ce qui regarde le service de Dieu et le soin du salut, il faut, 1o se défier de soi-même, et se confier en Dieu; 2o recourir à Dieu, et implorer son secours dans les occasions; 3o renouveler souvent l'intention de contenter Dieu, sans vouloir se contenter soi-même; 4o combattre incessamment ses répugnances; 5o ne vouloir que ce que Dieu veut, et le vouloir efficacement; 6o accoutumer son cœur à aimer Dieu, et comme ébaucher les liaisons saintes qu'il veut avoir éternellement avec nous; 7o suivre exactement les inspirations et les mouvemens de la grâce.

PRIÈRE.

Quand sera-ce, ô mon Dieu ! que la grâce m'inspirera quelque chose de la fermeté et de l'attachement constant que la gloire donne pour vous aux bienheureux? Ne souffrez pas que mon coeur saive l'inconstance qui lui est si naturelle, et que je fasse de ma vie une alternative perpétuelle de bons désirs et de mauvais effets, de promesses et d'infidélités. Non, Seigneur, non, ce n'est pas Vous aimer en Dieu, que de ne pas vous aimer toujours; et votre règne sur nos cœurs, pour être digne de vous doit être un règne de tous les temps.

Faites donc, ô mon Dieu! que mon ame soit tout à vous et toujours à vous, et qu'elle mérite un bonheur éternel par une fidélité perpétuelle.

Ainsi soit-il.

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