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la terre, ô mon Sauveur ! et dont vous voulez qu'ils brûlent. Faites qu'insensibles ou indifférens pour toutes les créatures, nous n'ayons de l'ardeur et de l'attachement que pour vous seul; et que toujours disposés à tout souffrir et à tout perdre, plutôt que de perdre un mo ment votre amour, nous vous aimions préférablement à toutes choses, et que tout nous soit moins considérable que vous. Conservez en nous cet amour habituel pour vous, qui est la grâce sanctifiante? inspirez-nous cet amour actuel, dont toutes nos actions soient animées. Donneznous cet amour perpétuel, qui nous faisant vivre pour vous et par vous, nous procure le bonheur de mourir dans l'exercice de votre amour, pour le continuer dans l'Eternité bienheureuse. Ainsi soit-il.

CHAPITRE VI.

Des épreuves de celui qui aime véritablement. JESUS-CHRIST. Mon fils, vous n'aimez pas encore avec force et avec prudence.

LE CHRÉTIEN. Pourquoi, Seigneur?

JÉSUS-CHRIST. Parce qu'à la moindre contrariété, vous quittez votre entreprise, et que vous cherchez de la consolation avec trop d'empressement.

Celui qui aime courageusement demeure ferme dans les tentations; et n'ajoute point de foi aux persuasions artificieuses de l'ennemi. Comme il m'aime, quand je le favorise ; il ne m'aime pas moins quand je l'exerce par des souffrances.

2. Celui qui aime avec discernement fait moins d'attention au don de son ami, qu'à l'amour de l'ami qui donne. Il regarde plutôt l'affection que l'amour du présent, et il met son bien-aimé audessus de tous ses dons.

Celui qui m'aime généreusement ne s'attache

point au don que je lui fais; mais il s'attache plus à moi, qu'à tous mes dons.

Aussi, tout n'est pas perdu pour vous lorsque quelquefois vous n'avez pas d'aussi bons sentimens que vous le voudriez de moi ou de mes Saints. Cette bonne et tendre affection, que vous ressentez de fois à autre, est un effet de la présence de ma grâce, et comme un avant-goût des délices de votre céleste patrie, sur lequel vous ne devez pas trop vous appuyer, parce que ces sentimens

vont et viennent.

Mais combattre les mouvemens déréglés qui surviennent à l'ame, et mépriser les suggestions du démon; c'est la marque d'une grande vertu et d'un grand mérite.

3. Ne vous troublez donc point des images étrangères qui se présentent à vous, sur quelque sujet que ce soit. Gardez fermement vos bonnes résolutions, et une intention droite vers Dieu.

Ce n'est point une illusion, lorsque vous êtes tout d'un coup ravi comme en extase, et que vous retombez aussitôt dans les égaremens ordinaires de votre cœur, car ces choses sont involontaires : vouz souffrez plus en cela que vous n'agissez; et tant qu'elles vous déplaisent et que vous y résistez, c'est pour vous un mérite, et non un dommage.

4. Sachez que l'ancien ennemi fait tous ses efforts pour empêcher l'effet de vos bons désirs, et pour vous détourner de tous les exercices de dévotion, tels que le culte des Saints, la pieuse méditation de mes souffrances, le souvenir si utile de vos péchés, le soin de veiller sur votre cœur, et le ferme propos d'avancer dans la vertu.

Il vous suggère plusieurs mauvaises pensées, pour vous causer de l'ennui et de l'horreur, pour vous retirer de la prière et de la lecture des livres saints.

L'humble confession de vos fautes lui déplaît; et s'il le pouvait, il vous ferait abandonner la Communion.

Ne le croyez pas, et ne vous souciez point de lui, quoiqu'il vous tende souvent des piéges pour vous surprendre.Faites retomber sur luiles pensées mauvaises et impures qu'il sème dans vous, et dites-lui': Va, esprit impur, rougis de honte, misérable; il faut que tu sois bien sale, pour me tenir de pareils discours.

Retire-toi de moi, détestable séducteur, tu n'auras aucune part en moi. Jésus sera dans mon cœur comme un guerrier puissant : et tu demeureras confus. J'aime mieux mourir, souffrir toutes sortes de tourmens, que de consentir à ce que tu veux.

Tais-toi, et ne parle plus. Marc. 4. 59. Ps. 26. 1. Je ne t'écouterai pas davantage, quelques prières que tu me fasses. Le Seigneur est ma lumière et mon salut; qui pourrais-je craindre? Quandil y aurait des armées contre moi, mon cœur n'aura point de crainte; le Seigneur est mon pro-. tecteur et mon Redempteur. Ibid. 3. Ps. 18. 15.

5. Combattez comme un vaillant soldat; et s'il arrive que vous tombiez quelquefois, par fragilité, reprenez-en plus de vigueur qu'auparavant, dans la confiance que ma grâce vous assistera plus puissamment; et surtout prenez garde de ne vous point laisser aller à la vaine complaisance et à l'orgueil.

Plusieurs par-là tombent dans l'erreur et dans un aveuglement presque incurable.

Que la ruine de ces superbes, qui présument follement d'eux-mêmes, serve à vous précautionner et à vous maintenir toujours dans l'humilité.

PRATIQUE.

Je conçois que le vrai amour pour Dieu peut consister davantage à souffrir pour lui les sécheresses, les dégoûts, et les tentations les plus fâcheuses, sans les suivre, qu'à recevoir de lui les dégoûts, les douceurs et les consolations intérieures; car en celle-ci on reçoit beaucoup de son Dieu, mais en celle-là on lui donne beaucoup. Dans les unes, on aime les dons de Dieu; et dans les autres, on l'aime lui-même et sa volonté sainte, préférablement à tous ses dons; et l'amour est plus parfait, qui nous fait aimer Dieu pour ce qu'il est, que celui qui nous le fait aimer pour ce qu'il nous donne. Ah que Dieu prend plaisir à voir une ame toujours vigilante sur elle-même, pour préserver son cœur des moindres fautes: toujours appliquée à ses devoirs, par respect à ses ordres, et par attachement à sa volonté sainte, et toujours généreuse à combattre tous les mouvemens déréglés que sa cupidité et les tentations du démon font naître en elle: une ame qui ne se permet et ne se pardonne rien et qui, tâchant de correspondre aux desseins que le Seigneur a sur elle, de la détruire en tout ce qui est humain, et de ruiner en elle l'empire de l'amour-propre, prend pour règle de sa conduite cette règle du véritable amour: Tout pour plaire à Dieu, et rien pour me satisfaire. Mais ce qui charme le cœur de Dieu, c'est de voir que cette ame, vraiment revêtue de la force et de la grâce de son esprit, dans tous les combats qu'elle livre à ses passions et à soi-même, ce qu'elle ne peut souffrir, opposé autant qu'il est à son Dieu : de voir, dís-je, qu'elle ne demande, qu'elle ne cherche, et qu'elle ne reçoit nulle consolation, ni aucun soutien sensible, se faisant un plaisir du plaisir que Dieu prend de la voir souffrir, sans être même assurée qu'il y prend plaisir. Sa soumission et son abandon font sa consolation et son soutien, heureuse d'être une victime immolée pour l'amour de son Dieu.

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PRIÈRE.

Seigneur, ne m'abandonnez pas à la délicatesse de mon amour-propre, qui ne veut rien souffrir; ni à l'inutilité de mes désirs, qui me font toujours désirer ce que je ne fais pas. Pénétrez mon cœur du bonheur et de l'obligation de souffrir tout pour vous, et comme vous. Faites que n'ayant point d'autre intérêt que le vôtre, et ne voulant que ce que vous voulez, je me soumette aussi volontiers aux peines de mon esprit qu'à la consolation de mon cœur que souvent je vous dise en souffrant : Contentez-vous, justice de mon Dieu, tandis que je suis en cette vie; car comme vous ne punissez pas deux fois le même péché, dès que vous me punissez de mes péchés en ce monde; c'est une marque vous ne m'en punirez pas dans l'autre. Moins je vous goûterai, et plus je vous aimerai; plus je combattrai les mouvemens déréglés de mon cœur, et plus je mériterai la possession du vôtre: O mon Dieu! ô mon Sauveur! je consens d'être privé de toute consolation ici-bas, pourvu que je ne vous offense jamais. Quel bonheur pour moi d'être une victime du Calvaire, un martyr de votre cœur crucifié, et une personne toute dévouée à votre bon plaisir. Ainsi soit-il,

CHAPITRE VII.

Il faut cacher la grâce de la dévotion sous la garde de l'humilité.

JÉSUS-CHRIST. Mon fils, rien ne vous est plus utile et plus sûr que de cacher la grâce de la dévotion, de ne vous en élever jamais, d'en parler peu, de n'en pas faire trop d'état, mais plutôt de vous mépriser vous-même, et de craindre même cette grâce qui vous a été donnée, en songeant que vous n'en étiez pas digne. Il ne faut pas vous arrêter avec trop d'attache à ces mouvemens affectueux, qui peuvent sitôt changer en d'autres contraires.

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