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races, ainsi des peuples, ainsi également et par une loi d'harmonie, des formes de ces races, de ces peuples; les plus belles appartenant toujours aux plus éclairés et aux plus moraux, les plus ignobles aux plus barbares et aux plus dégradés. Comment expliquer toutes ces transformations incontestables avec la tyrannie de l'organisation? Le concile de Trente, d'accord en cela avec Cicéron, entendait mieux la question, quand il ne faisait de toutes ces tendances, les mauvaises surtout, que des modifications, réparables pourtant, de la liberté : Libertas fracta ac debilitata. Cela vaut mieux que de l'anéantir et de dire que ces tendances sont l'ordre fatal et normal. De ces idées au système de la localisation, il y a l'infini de distance. Indépendamment des réfutations physiologiques, il nous semble qu'elle n'a rien de sérieux à répondre à ce dilemme: où l'organe est pure matière distincte de l'ame, et alors il ne peut être cause, moteur; la matière étant inerte radicalement. L'ame règne sur lui librement, il n'est rien par lui-même et ne peut être à l'ame que ce que la main, l'œil, etc., sont à la volonté; en un mot, il n'a aucun sens comme substance déterminante ou il n'est pas pure matière, mais, au contraire, un être spirituel et matériel tout à la fois, et doué d'une sorte de causalité libre et spontanée, et alors l'intelligence est démembrée, l'anarchie règne dans le royaume de la pensée et de la volonté, le sens intime est aboli. Si l'on ajoute à cela la contingence des organes et la possibilité de l'absence des sens moraux, on se demande ce que deviennent les notions de devoir, de vertu, de société, de Dieu. Tout se transforme nécessairement en fatalités normales, qui ne sont que les rigoureux corollaires de ce dangereux système.

Il est vraiment étrange que ce soit dans un siècle où l'on a, avec raison, si fort exalté le sentiment de la dignité de l'homme, où on l'a même exagéré peut-être, qu'on ait été chercher l'explication des mystères de sa nature dans la brute, son

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inférieure, son esclave, et cela en invoquant la singulière loi d'une analogie avilissante. C'était vouloir expliquer le mystère par le mystère et, dans tous les cas, résoudre l'inconnu par l'inconnu. Quelles sont, en effet, les relations qui existent entre cet ordre de la création et nous? Qui a pu pénétrer et franchir les profondeurs qui nous séparent de ces humbles êtres, courbés sous des lois presque fatales, comme celles qui régissent la pure matière, et privés de ce sublime privilége de la parole, incommunicable pour eux? Quand bien même l'anatomie n'aurait pas formellement dit à Gall et à ses suivants, que tout défend de conclure de la bête à l'homme, n'aurait-il pas dû, s'i! avait eu le sentiment de l'excellence de l'esprit, comprendre cette inconvenante impossibilité à la simple observation des deux termes de sa comparaison. Qu'a donc de commun l'instinct borné, fatal, improgressible, muet de l'animal, avec l'intelligence, expansible, indéterminée, presqu'infinie, parlante de l'homme? que si l'instinct se développe au delà de ses bornes ordinaires, que n'a-t-il remarqué que l'animal le doit à son rapprochement de l'homme; c'est plutôt alors, comme le rayonnement efficace de l'intelligence de ce dernier que la manifestation normale de cette modeste faculté, créée et établie pour conserver immuablement. L'instinct ne peut sortir de son ornière, quand il est livré à lui-même : sous sa loi dominatrice, l'animal ne peut ni vivre, ni se tuer librement. L'homme seul éprouve et perçoit, communique, et, si l'on peut dire ainsi, jouit en toute sa plénitude de la vie et de la mort. Il marche incessamment dans le champ infini du vrai, du bien et du beau ; la loi de sa nature s'appelle devoir, celle de la brute s'appelle ordre. Il y a l'abîme entre ces deux notions. Si Gall avait lu les livres saints plus souvent, il y aurait trouvé, dès l'abord, cette défense de les confondre, dans cette phrase si simple et si philosophique: Nolite fieri sicut equus et mulus QUIBUS NON EST INTELLECTUS. Ne vous assimi

lez point au cheval et au mulet auxquels l'INTELLIGENCE n'a pas été départie. A ce bon conseil, il a préféré les sévères remontrances de l'anatomie. Il est juste d'être puni par où on a péché.

Mais, s'il est également aussi quelque chose d'étrange et d'inconcevable, c'est de voir que ce soit dans un siècle où tout aspire à la liberté et en exagère mème la notion, que se soit produit et ait autant réussi, temp orairement du moins, un système qui l'anéantit en lui substituant le matérialisme le plus exclusif. Serait-ce que toutes les fois que les hommes exagèrent une idée au point d'en faire un mal au lieu d'un bien, une loi de providence les condamne à sortir honteusement du temple de la vérité par la porte la plus surbaissée de l'erreur. On le croirait l'on vit l'audacieux et inconséquent Luther, qui pourrait, à cet égard, avouer Gall pour son disciple, écrire le livre scandaleux du serf arbitre de la même plume qui avait buriné ses première révoltes contre l'autorité. Ainsi, l'hérésiarque se mentait à lui-même et expiait, par ce déshonneur mérité, l'abus qu'il avait fait de cette faculté divine et dénaturée en lui. Cette loi, qui régit les doctrines, régit aussi les actions; à la licence anarchique des peuples, succède toujours le despotisme brutal; à l'indépendance rationnelle et morale absolue des individus, succède plus infailliblement encore la tyrannie des sens et la prédominance presque invincible de la matière. Toutefois, toutes ces exagérations, quoique dégradantes, ont leur influence heureuse dans le travail d'une réhabilitation: de l'excès de l'erreur et de l'impression que produit sa laideur sans voile, naît une inévitable réaction, un retour empressé vers la vérité qui, malgré les passions mauvaises, a un irrésistible attrait pour le cœur de l'homme.

Espérons qu'il en sera ainsi du matérialisme dont la doctrine de Gall n'a été que la rigoureuse application; tant que les philosophes seuls avaient lutté avec les généralités du sen

sualisme, leurs arguments s'étaient perdus dans le vague des dissertations métaphysiques. Depuis que la phrenologie a voulu naturaliser le matérialisme dans la physiologie, la science impartiale a ri de l'énormité de ses efforts, et les bons esprits, comme les nobles cœurs, se sont sentis naturellement refoulés vers les principes éternels de la saine raison, que ces coupables innovations faisaient, par l'opposition, resplendir d'un plus vif éclat. Le temps enfante laborieusement la vérité. Attendons donc patiemment: elle a toujours le dernier mol.

Honneur à M. Flourens pour en avoir avancé l'heure par sa lumineuse démonstration. Chef-d'œuvre de raisonnement, de style et de convenance, son ouvrage mérite une place de choix dans toutes les bibliothèques sérieuses. Si nous nous sommes laissé aller au plaisir d'en reproduire si complètetement la substance, c'est que nous avons été jaloux d'en étendre, par ce compte-rendu, la salutaire influence sur les esprits qui n'abordent pas, d'ordinaire, les traités scientifiques spéciaux, et dont les convictions se forment et s'alimentent exclusivement dans les publications périodiques. Heureux de participer ainsi, malgré notre ignorance spéciale à une telle œuvre; heureux, dans tous les cas, du moins, de prouver par là, à ce savant estimable, que nous ne connaissons que par l'utilité de ses remarquables travaux et sa juste réputation, que, s'il voulu mettre la réfutation raisonnée de Gall au niveau des esprits les plus étrangers à ces sortes d'études, il a, nous croyons pouvoir le dire, atteint son but et acquis des droits incontestables à leur profonde reconnaissance, comme à celle de tous les amis de la religion, de la morale et de la saine philosophie.

Antoine MOLLIÈRE.

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L est un fait déplorable et qu'il faut constater. c'est que nul écrit en matière d'art ne peut être ici rigoureusement impartial; que ce soit ignorance chez les uns, esprit de coterie chez les autres, considérations personnelles chez tous, la compétence des journaux est malheureusement très contestable; il est vrai que dans une ville où tous les intérêts, tous les amours propres sont étroitement liés, il faudrait bien du courage pour oser être tout-à-fait sincère. Ne pouvant hasarder la plus légère critique sur telles réputations acceptées par la foule, ou un mot d'encouragement à tels artistes qu'elle rejette; forcé de nous renfermer dans des limites un peu restreintes, nous ne prétendons pas offrir à nos lecteurs un examen détaillé de tous les ouvrages qui figurent au

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