DU LYONNAIS. Poésie. LA CIGALE'. L'air pèse et brùle; il n'est dans l'herbe et les épis Même les froids lézards se cachent assoupis La feuille au loin se tait dans l'immobilité, La terre a vu tarir dans les bras de l'été De la plaine embrasée où sont les habitants? Oui, la nature veille, et, joyeux, je t'entends, (1) Nous empruntous les deux pieces de vers qui suivent à un volume inti. tulé: Odes et Poèmes, que vient de publier, à Paris, M. Victor de Laprade, notre collaborateur. Nous rendrous prochainement compte de cette œuvre nouvelle, qui assure à l'auteur de Psyché une place à côté de nos poètes les plus originaux. Ce volume est en vente chez Gourdon et Midan, libraires à Lyon, et au bureau de la Revue du Lyonnais. Ton cri sort des sillons brûlants et crevassés, De l'orme aux branches sèches, Parmi les chauds rayons qu'un ciel rouge a lancés Aigus comme des flèches. C'est toi qu'un doux vieillard, des voluptés épris, Et l'homme de nos jours te ferme avec mépris En cercle les héros t'écoutaient autrefois Qui donc s'est transformé de l'homme ou de ta voix, Non, tu n'as rien changé, nature, à tes accents, Mais pour trouver la clef de tes accords puissants, Poète, je le sais, nul n'est vil à mes yeux Tout cri révèle une âme, et mon cœur sérieux Viens, cigale ma sœur, et chante près de moi; N'oserait, où je suis, porter la main sur toi, Moi, je me dis impur, si dans l'ombre en marchant J'écrase un frêle insecte ; Au chœur universel tout ce qui prête un chant, Il faut qu'on le respecte. Cette ivresse, pourtant, je la puise en Dieu même; Si douce leur parole, et si doux leurs visages, La pensée a peut être, affrontant la distance, Où va donc, où va donc, si nul ne le devine, Vois, chaque goutte d'eau, que la terre la boive, Victor de LAPRADE. |