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A Biographie universelle de Michaud, l'un des plus remarquables monuments de notre littérature contemporaine, se réimprime en grand format in-80, à deux colonnes. Malgré les omissions nombreuses qu'il serait aisé de signaler dans cet ouvrage, malgré d'inévitables erreurs, la pensée et l'achèvement de la Biographie n'en seront pas moins un immense service rendu aux lettres. La réimpression qui compte déjà quatre volumes n'a pas encore atteint la fin de la

lettre B; parmi les hommes qui auraient pu y figurer, et qui ont été oubliés, nous signalerons seulement le nom d'un ancien grand-vicaire du diocèse de Lyon.

Claude-Marie Bochard, c'est de lui qu'il s'agit, était né le 24 avril 1759, à Poncin, petite ville du Bugey, département de l'Ain. Il fit ses premières études à Bourg en Bresse, et, au sortir de rhétorique, fut envoyé en philosophie au séminaire de Saint-Irénée de Lyon, tenu par des Sulpiciens. Au mois de novembre 1776, Bochard se rendit au séminaire que la même Congrégation dirigeait dans cette ville, et fut obligé, suivant l'usage, d'y recommencer la Logique, bien qu'il eût soutenu à Lyon une thèse générale de philosophie. Ce fut au collège Louis-le-Grand qu'il suivit le cours de l'Université, et il eut pour condisciple Robespierre. Pendant ce même temps, il suivait les leçons de Delille, et quelquefois celles de l'abbé Aubert, au Collège de France, allait régulièrement entendre les prédicateurs les plus renommés, les Lenfant, les Beauregard, les Maury, les Boulogne. Il put voir le triomphe de Linguet, plaidant sa cause contre le duc d'Aiguillon.

Après trois ans de Théologie, Bochard, promu au diaconat, se présenta pour la maison de Sorbonne, et fut reçu à une grande majorité de voix. Bientôt, Mgr. Montazet, archevêque de Lyon, exigea qu'il se rendit à Saint-Joseph, dans cette ville, et qu'il s'y préparât au sacerdoce par la diaconale accoutumée. Bochard fut ordonné prêtre le 23 septembre 1783, et, au bout de quelques mois, retourna en Sorbonne, où il commença sa licence, au 1er janvier 1784. Quand elle fut terminée, l'évêque de Séez s'attacha comme grandvicaire le jeune prêtre, qui passa cinq ans avec lui. Vers la fin de 1790, Bochard était venu prendre quelques moments de vacances au sein de sa famille; les orages s'amoncelèrent si vite qu'il ne put revoir Séez qu'incognito, à la fin de 1792. Mis en demeure de prêter serment à la constitution civile du clergé, Bochard s'y refusa noblement, et parvint à s'évader de sa prison de Saint-Rambert en Bugey. Il gagna la Suisse à travers mille incidents, et se reprit avec plus d'activité encore à ses études aimées, préparant dès lors sur l'Apocalypse un livre qui cependant ne parut que beaucoup plus tard, le Cinquième Age de l'Eglise. Il était si per

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suadé de la vérité de ses calculs prophétiques, que, plusieurs mois à l'avance, il avait annoncé le grand évènement du 9 thermidor, et se rendit exprès à Lausanne pour voir les papiers français qui devaient l'annoncer.

Dès qu'il put remettre le pied sur le sol de la France, son premier [asyle fut aux forges de Vevay (Côte-d'Or), dans la famille desa belle-sœur. Il s'exerça ensuite à des missions dans le diocèse de Saint-Claude et dans celui de Lyon. Ce fut alors qu'il composa pour l'instruction des fidèles la première partie des Dialogues qui parurent plus tard sous le titre de Jules chrétien. La première édition fut tirée à 3,000 exemplaires. La 2o, qui parut à Lyon, en 1802, comprenait Fatime, la première partie des dialogues, et Eugène, la seconde. Quant à la troisième édition elle parut à Bourg, avec le titre de Jules chrétien; la quatrième parut en 1815, revue et corrigée. De missionnaire qu'il était, Bochard devint curé de la ville de Bourg, et, en 1808, une lettre qu'il reçut du cardinal Fesch, le 1er janvier, l'appelait à occuper une place de grand-vicaire du diocèse de Lyon. Bochard exposa à l'abbé Courbon, vicaire général de Mgr. Fesch, que dans un temps il avait fait un vœu très réfléchi de n'accepter aucune place qui lui donnerait autorité sur d'autres prêtres, de ne pas l'accepter du moins sans avoir préalablement fait juger son indignité par le prélat compétent, et reçu de lui injonction d'obéir (1). Le cardinal exigea l'obéissance, et bientôt l'abbé Bochard se rendit à sa demande. Lorsque Napoléon tomba, le cardinal Fesch tomba avec lui, se retira à Rome, et laissa aux mains de trois grands vicaires, MM. Courbon, Renaud et Bochard l'administration du diocèse de Lyon. Le gouvernement de la Restauration aimait peu ce triumvirat, émané du neveu de l'empereur, et l'on voulut enfin s'en débarrasser par un administrateur apostolique. Le pape Léon XII se prêta aux sollicitations, aux exigences des ministres de la Restauration, et Mgr. de Pins, évêque de Limoges, vint occuper la place du cardinal Fesch, à qui la papauté avait défendu de s'immiscer désormais dans les affaires d'un diocèse où il ne pourrait plus rentrer, d'a

(1) Lettre autographe en date du 2 juin 1808. Nous l'avons sous les yeux.

près la loi de bannissement (2 janvier 1816). Feu Mgr. Besson, évêque de Metz, prit possession du siège de Lyon, au nom de l'archevêque-administrateur, le 17 février 1824. Il se fit quelques rumeurs dans le diocèse, il parut quelques pamphlets contre ce qui venait de s'accomplir, et l'on a soupçonné plus d'une fois l'abbé Bochard de n'avoir pas été étranger à certaines menées. Cependant, il s'était retiré à Ménestruel, dans le département de l'Ain, et il y fonda un établissement de Frères pour l'éducation de la jeunesse. L'abbé Bochard avait été chargé des séminaires et des communautés religieuses, pendant son grand-vicariat, et il sut déployer une activité éclairée, une ardeur constante. Ce fut à Ménestruel qu'il mourut, le 22 juin 1834. Un des disciples de l'ex-grand vicaire (M. l'abbé Corsain) a écrit une Notice historique sur M. Bochard; Lyon, 1834, in-8o de 80 p.

Indépendamment de Jules chrétien, dont nous avons parlé, on a de l'abbé Bochard: 10 Logique française, avec un Appendix sur les certitudes, à l'usage de nos séminaires; Lyon, Rusand, 1822, in 80; 20 Manuel à l'usage des séminaires; ibid., 1815, in-8° de 150 pages. Ces deux opuscules publiés sans nom d'auteur, sont très médiocrement pensés, très médiocrement écrits. L'auteur rappelle surtout, dans le Manuel, ce qui se faisait aux cours de Sorbonne, et met en latin, à la fin du livre, des exemples de thèses soutenues à Lyon pro Actu publico. L'abbé Bochard était un homme d'action, plutôt qu'un homme de style; on le jugerait mal, si on ne le jugeait que par ce qui est sorti de sa plume. On l'a violemment soupçonné, accusé même de résistance et d'insoumission, passives, il est vrai, aux volontés du Saint-Siège, à l'occasion du remplacement de S. E. le cardinal Fesch; mais nous croyons que les mécontentements de l'abbé Bochard furent toujours refoulés en son ame, et contenus dans des bornes décentes. La sagesse de Mgr. Devie, évêque de Belley, dans le diocèse duquel l'abbé Bochard passa le reste de ses jours, lui donna plus de calme sur les questions pour lesquelles l'ex-grand-vicaire avait pu se passionner trop vivement, et provoquer des murmures injurieux pour la docilité de sa foi et sa soumission aux mesures du Saint-Siége.

F.-Z. C.

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OUR juger une époque comme la dernière partie du XVe siècle et un homme tel que Louis XI, il faut d'autres qualités que de l'érudition et de la poésie; il faut toute la profondeur politique et l'intelligence des affaires que

Machiavel, Montesquieu et M. Guizot, ont portées dans l'appréciation des faits historiques. Aussi avionsnous entendu souvent, de très sincères admirateurs du talent de M. Michelet, douter qu'il captivât assez sa belle imagination pour

(1) L'Histoire de France, par M. Michelet, formera 12 vol. in-8°.--Les six premiers ont paru chez Hachette, rue Pierre-Sarrazin, 12.

- Paris.

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