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l'envieuse rage; feroit-il poffible, M. Wafp? Que vous étiez de l'ânerie la plus craffe, jufqu'à donner une belle Préface à Q. Curce, qui ne s'en doute pas (1), Seroit-il vrai, M. Wasp? Que

diverfement; les uns difent que Ptolomée le fit mettre en croix ; d'autres qu'il fut lapidé, & d'autres qu'il fut brûlé tout vif à Smyrne, Mais de quelque façon que cela foit, il eft certainqu'il a bien mérité cette punition. Voyez Vitr, Ce qu'en dit Elien au Livre II. de fes Hiftoires Diverfes, acheve de peindre notre Zoile.

Zoile, qui a écrit contre Homere, contre Platon, & contre plufieurs autres grands Perfonnages, &c. fut Difciple de ce Policrate qui a fait un Difcours en forme d'accufation contre Socrate. Il fut appellé LE CHIEN,

aimoit à mal parler de tout, & ne fe plaifoit qu'à contredire; enfin il n'y eut jamais d'homme fi hargneux que ce miférable. Un favant Homme lui ayant demandé un jour pourquoi il s'acharnoit de la forte à dire du mal de tous les grands Ecrivains; c'eft, repliqua-t-il, que je voudrois bien leur en faire. Mais je n'en puis venir à bout. Boileau remarque que c'est ce qui lui attira cette horrible diffamation & lui fit faire une fin fi tragique.

(1) Quelle obligation mémorable les Lettres n'ont-elles pas à M. Wafp? Il a retrouvé la belle Preface que Q. Curce n'a jamais faite; il confeille à M. de Voltaire de la lire pour apprendre

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LA WAS PRIE.

vous donniez aux aftres un coucher anacronique, au lieu d'acronique.) Oh! feroit-il vrai, M. Wafp? qu'en dépit de la Fable vous aviez fait un Lit du Taureau de Phalaris, & que par belle analogie du Lit de Procufte vous aviez fait un Taureau. Oh! feroit-il bien vrai, M. Wafp? que du nom d'une Pierre précieuse vous aviez fait le nom d'un Peuple des Indes ignoré fur la Carte. Oh! oh! feroit-il bien vrai, M. Wafp? & fur-tout que vous prêtiez à certains Auteurs les Ouvrages qu'ils n'ont point faits (1), &

à mieux annoncer fes Ecrits Hiftoriques. On invite tous les Curieux Etrangers & François, à demander à M. Wafp la communication de cette merveilleufe Préface ou Quinte-Curce annonce fi heureufement fon Hiftoire, & furtout les deux premiers Livres qui n'exiftent point. On ne fait peut-être pas fa demeure, la voici rue de Seine, chez M. le Lievre, Apothicaire, au fond de la Cour, demander M. Fréron, qui enfeignera M. Wasp, c'est l'unique poffeffeur de ce précieux Manufcrit.

(1) C'eft dont fe plaint M. le Marquis de Treffan dans une Lettre à M. d'Alembert, imprimée en 1757.

» Fréron a donné aux Comédiens une Piéce; & par de fauffes confidences a donné à en

que vous dérobiez à d'autres ceux qu'ils ont faits (1): cela ne peut être vrai, M. Wafp! Qu'enfin vous étiez le plus noir Envieux, le plus effronté Libellifte, le Critique le plus impertinent, le Profailleur le plus abfurde, le Rimailleur le plus vil, le Criailleur le plus ignominieux, le Bredouilleur le plus faftidieux, enfin le Richefource du Siécle, & le Vermiffeau de la Littérature.

Voilà ce que le Public difoit, & vraiment je me gardois bien de le croire. Je vous défendois à tort & à travers. Je convenois de quelque chofe, parce qu'on ne peut pas tout nier.

Mais je répondois: voyez au contraire

tendre que cette Piéce étoit de moi, & notre ami Maupertuis m'a dit qu'elle étoit la >> jufte indignation des gens que je respecte » aime & admire contre Fréron. Jugez, mon » cher & illuftre Confrere, fi j'ai pu balancer » un inftant entre un POLISSON QUI N'A » D'EXISTENCE QUE PAR SA MÉ» CHANCETÉ & les plus beaux génies de » l'Europe. <

(1) Témoins les charmantes Confeffions du Comte de **, qu'il ofa contester à M. Duclos, & le Roman d'Angola qu'il voulut dérober plu Leurs fois même à M. de la Morliere.

comme ce M. Wasp eft un homme univerfel! Il eft für de tout, il apprécie tout, il fait tout fans avoir rien appris. Il est fi pénétrant qu'il analyfe un Livre fur le Titre feul; il décompofe en vingt minutes un Ouvrage de vingt années; il juge impartialement d'après le feul nom de l'Auteur. Oui, c'est un homme univerfel. Et n'est-ce pas ce grand Légiflateur qui a difcuté, réfuté, refondu, confondu, corrigé, illuminé (1) l'Efprit des Loix? MONTESQUIEU n'étoit qu'un Novice. N'eft-il pas venu apprendre aux Graces mêmes l'art de plaire jufques dans le Temple de Cnide (2)? Il leur a bien fait voir que fon langage n'étoit pas le leur. N'eff-ce pas lui qui poffede l'Histoire Naturelle beaucoup mieux que M. de Buffon même? Il a triomphé fur le

(1) Cet Extrait déraifonné de l'Esprit des Loix forme le troifiéme Volume des Opufcu... Le Législateur Wasp dit modeftement dans fa Préface: fi j'ai contredit l'Efprit des Loix, fi j'ai pris le ton décifif.... Le ton décifif de M. Wafp, vis-à-vis l'Esprit des Loix ! vis-à-vis M. de Montefquieu! proh pudor!

(2) Ouvrage charmant & délicat, que F. a zraîné dans la bourbe de fes Feuilles.

chapitre de l'Ane; il s'y eft arrêté par convenance comme étant plein de ce fujet, comme ayant des mémoires de famille. Il donne fes loix à toutes les Académies de l'Europe. Il parle mieux, & plus que l'Académie entiere. Il infulte fes jugemens, fes difcours, fes réceptions (1); il la régente dans fes feuilles, il la tient fous fa Férule, il la baffoue il la wafpille, il en eft le fléau. Il écrit mieux, à ce qu'il dit, que Meffieurs Duclos (2), Greffet, Diderot (3), Helvetius, la Bletterie, le Batteux (4), &c.

(1) On ne peut trop s'étonner de la licence avec laquelle cet homme obfcur traite une Compagnie refpectable à tant d'égards. Moliere eut dit:

Avec quelle irrévérence

Parle des Dieux ce maraud?

(2) Voyez les Opufcules. Réponse du Public à l'Aut. d'Acajou, &c. &c.

(3) Voyez l'Année Littéraire.

(4) Cet Ecrivain estimable a fait une Traduction d'Horace que M. W. déchire en lui oppofant Dacier. Il eft vrai que ce Tranflateur a fes graces. J'aime fur-tout la maniere dont il ouvre la premiere Epode. Macenas, remarquez bien ceci M. Wafp, vous irez fur de petites Galères, &c. P. 7. T. 5.

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