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mença par le taxer de légèreté et d'inconstance; puis, pour le rendre odieux, il l'accuse de s'être créé dans la république une sorte de royauté, qu'il exerçait par ses exceptions, en s'attribuant le droit de perdre ou de sauver. Il ajouta qu'il était le troisième roi étranger qui eût régné sur Rome, après Numa et Tarquin. Enfin il prétendit que Sylla, loin de s'exposer à la sentence des juges, aurait pris le parti de quitter la ville, si tout autre orateur eût entrepris de le défendre.

Attaquer personnellement Cicéron dans les combats d'éloquence, c'était presque lui rendre un bon office, en lui fournissant l'occasion de parler de lui; et, sur ce sujet, son éloquence était sans bornes comme sans égale. Dans cette circonstance, il parla de lui avec autant de mesure que de noblesse. Jamais, dit Morabin, il ne fit son apologie d'une manière plus complète et plus convenable pour les personnes.

Arrivé au fond de la cause, l'orateur réfute successivement les différens griefs allégués par l'accusateur. Torquatus avait dit: 1o Les Allobroges ont nommé Sylla dans leurs révélations sur la conjuration de Catilina (voyez la troisième Catilinaire, ch. 11-v); 2o Cicéron a porté sur les registres publics autre chose que ce qui a été dénoncé; 3o Sylla est accusé par le fils de Cornelius, l'un des conjurés; 4° il a envoyé Cincius en Espagne, pour soulever cette province; 5o il a sollicité les habitans de Pompeii d'entrer dans la conjuration; 6o il a engagé Cécilius, son proche parent ou allié, à porter une loi en sa faveur; 7o une lettre écrite par Cicéron à Pompée semble charger Sylla. L'orateur traite chacun de ces points avec son habileté ordinaire, et s'attache surtout à faire sentir l'insuffisance des preuves alléguées par l'adversaire. Cependant on peut dire que les argumens employés par Cicéron pour la défense de son client sont plutôt spécieux que solides; et, comme on l'a déjà remarqué, ses preuves sont presque toujours négatives. « On sent bien, observe Morabin, qu'il en dit assez pour soustraire l'accusé à un jugement rigoureux, et non pour le laver de tout soupçon. »>

Après avoir combattu l'accusation, notre orateur passe à l'éloge de l'accusé : on n'a pas besoin de dire combien ce portrait était peu conforme à la vérité; mais il l'était beaucoup à l'intérêt de la cause. La péroraison est très-pathétique. Sylla fut absous. Mais, comme l'observe Middleton, Cicéron n'eut pas lieu dans la suite

de s'applaudir d'un triomphe qui conserva un lieutenant-général à César pour la bataille de Pharsale, et même un ministre absolu de son pouvoir dans la confiscation et la vente d'une partie des biens des citoyens'.

Cette cause fut plaidée quelques mois après le consulat de Cicél'an 692 de Rome. Il avait alors quarante-cinq ans.

ron,

Ce discours, dans toutes les éditions, excepté dans celle de M. V. Le Clerc, se trouve mal-à-propos placé à la tête du plaidoyer pour Flaccus. Il lui est antérieur de trois ans ; car la cause de Flaccus fut plaidée l'an de Rome 695: consuls C. Julius César et M. Calpurnius Bibulus.

C. D.

1 On ne peut s'empêcher de se faire une question: pourquoi Sylla se déclarat-il pour César, et obtint-il sa confiance? Était-ce à tort que Vettius avait accusé César de complicité avec Catilina, et avait produit devant le tribunal une lettre écrite de sa main au chef de la conjuration? Il est vrai que Vettius manqua d'être tué par la populace, et fut traîné en prison, ainsi que le questeur Nonius Niger, pour avoir reçu une plainte contre un magistrat supérieur. Mais César s'était déjà fait un parti très-puissant, et Çicéron le servit avec zèle dans cette affaire. Encore une question : pourquoi ce même Vettius fut-il, dans la suite, employé par César contre Pompée ? (Note de M. GUeroult.)

PRO P. SULLA.

ORATIO QUARTA ET VICESIMA.

1. MAXIME vellem, judices, ut P. Sulla et antea digni

tatis suæ splendorem obtinere, et, post calamitatem acceptam, modestiæ fructum aliquem potuisset percipere : sed, quoniam ita tulit casus infestus, ut amplissimo honore, quum communi ambitionis invidia, tum singulari Autronii odio everteretur, et in his pristinæ fortunæ reliquiis, miseris et afflictis, tamen haberet quosdam, quorum animos ne supplicio quidem suo satiare posset; quanquam ex hujus incommodis magnam animo molestiam capio, tamen in ceteris malis facile patior oblatum mihi tempus, in quo viri boni lenitatem meam misericordiamque, notam omnibus quondam, nunc, quasi intermissam, agnoscerent; improbi ac perditi cives, redomiti atque victi, præcipitante republica, vehementem me fuisse, atque fortem; conservata, mitem ac misericordem faterentur. Et quoniam L. Torquatus, meus familiaris ac necessarius, judices, existimavit, si nostram in accusatione sua necessitatem familiaritatemque violasset, aliquid se de auctoritate meæ defensionis posse detrahere: : cum hujus periculi propulsatione conjungam defensionem of

POUR P. SYLLA.

E

VINGT-QUATRIÈME DISCOURS.

I. Je voudrais avant tout, juges, que P. Sylla eût pu se maintenir dans tout l'éclat de sa dignité, ou du moins, après sa disgrâce', recueillir quelque fruit de sa modération. Mais, puisqu'un sort fatal a voulu que la rivalité d'une ambition commune, et particulièrement la haine qu'on portait à Autronius', le fissent déchoir de la plus haute dignité, et qu'au milieu des débris de son ancienne fortune, il trouvât encore quelques hommes dont l'animosité ne saurait être satisfaite même par son supplice; quoiqu'un si triste sort pénètre mon âme du chagrin le plus amer, cependant je vois sans peine que, parmi tous ces maux, l'occasion m'est offerte de rappeler aux gens de bien ce caractère d'indulgence et de douceur 3 que tout le monde m'avait connu autrefois, mais qui aujourd'hui est comme oublié; et de forcer les mauvais citoyens que j'ai vaincus et terrassés par mon courage, d'avouer enfin que, si je me suis montré ferme et sévère quand la république était sur le penchant de sa ruine, je suis redevenu doux et sensible à présent qu'elle est sauvée. Et puisque L. Torquatus, mon intime ami, s'est imaginé, juges, qu'en méconnaissant dans son accusation les égards que lui prescrivait notre intime liaison, il pourrait diminuer en quelque chose l'autorité de ma défense, je veux, tout en repoussant les attaques dirigées contre mon client,

ficii mei. Quo quidem genere non uterer orationis, judices, hoc tempore, si mea solum interesset. Multis enim mihi locis et data facultas est, et sæpe dabitur, de mea laude dicendi. Sed, ut ille, judices, quantum de mea auctoritate deripuisset, tantum se de hujus præsidiis deminuturum putavit: sic hoc ego sentio, si mei facti rationem vobis, constantiamque hujus officii ac defensionis probavero, causam quoque me P. Sullæ probaturum.

II. Ac primum abs te illud, L. Torquate, quæro, cur me a ceteris clarissimis viris, ac principibus civitatis, in hoc officio atque in defensionis jure secernas. Quid enim est, quamobrem abs te Q. Hortensii factum, clarissimi viri atque ornatissimi civis, non reprehendatur, reprehendatur meum? Nam si initum est consilium a P. Sulla inflammandæ civitatis, hujus exstinguendi imperii, delendæ urbis, mihi majorem hæ res dolorem, quam Q. Hortensio, mihi majus odium afferre debent? meum denique gravius esse judicium, qui adjuvandus in his causis, qui oppugnandus, qui defendendus, qui deserendus esse videatur?

Ita, inquit: tu enim investigasti, tu patefecisti conjurationem. Quod quum dicit, non attendit, eum, qui patefecerit, hoc curasse, ut id omnes viderent, quod antea fuisset occultum. Quare ista conjuratio, si patefacta per me est, tam patet Hortensio, quam mihi. Quem quum videas, hoc honore, auctoritate, virtute, consilio prædi

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