Obrazy na stronie
PDF
ePub

ble mariage de la fille et de la sœur de Henri II. Ce traité ne fut pas avantageux pour la France; malgré le titre de la comédie de Jacques du Boys, il est douteux que les réjouissances aient été bien générales. Brantôme au contraire, dans le vin article de ses Dames illustres, qu'il a consacré à Marguerite, nous rapporte en termes des plus crus les jurements et les malédictions des vieilles bandes de soldats françois et gascons qui se voyoient forcés d'évacuer les plus belles places fortes du Piedmont, sans tirer l'épée (1). Quelles qu'elles fussent d'ailleurs, ces réjouissances n'eurent qu'une bien courte durée; le fatal coup de lance du tournoi de l'Hôtel des Tournelles ayant brusquement abrégé le règne de Henri II. Comme on le voit, la comédie de Jacques du Boys se rattache à un des évè→ nements les plus considérables de notre histoire au seizième siècle. Elle a encore un autre mérite, celui d'une extrême rareté. Je l'ai cherchée vainement dans les meilleurs catalogues, tels que ceux de Barré, Bellanger, Du Fay, d'Estrées, Gayot, Lancelot, Secousse, Soubise, La Vallière, enfin dans ceux de Pompadour, Pont-de-Vesle, de Soleinne, si riches en pièces de théâtre de toute nature. Je ne l'ai trouvé que dans le catalogue des livres rares et précieux du baron d'Heiss, où elle est indi quée de la manière suivante :

347. La Paix venue du Ciel, avec le Tombeau de l'Empereur

Charles V, par Guillaume Desautels. Anvers, Plantin, 1559. =Comédie et Réjouissance de Paris sur les mariages du Roi d'Espagne et du prince de Piedmont aux princesses de France, par Jacq. du Bois. de Harsy, 1559. La Guerre cruelle entre le roi Blanc et le roi Maure, tr. par Desmasures. Paris, Sertenas, 1556, in-4° v. f. Ce recueil a été vendu, 8 f. 12 s. (2).

=

Aucune des biographies modernes, aucun des dictionnaires (1) Tom. V, des Œuvres complètes, édition de Paris, 1824, in-8°.

(2) Catalogue des Livres rares et précieux de M. ***. Ce cabinet consiste príncipalement en manuscrits sur vélin, avec de superbes miniatures, en premières éditions, livrés imprimés sur vélin, etc., etc. Paris, de Bure, 1785, in-8°.

consacrés aux poëtes ou, aux littérateurs françois, ne font mention de Jacques du Boys de Péronne. On trouve seulement dans la Bibliothèque françoise de Lacroix du Maine, après un article consacré à Jaques du Bois dit Silvius, la courte notice suivante: JAQUES DU BOES, natif de Péronne en Picardie, autre que le susdit médecin dit Silvius. Il a écrit en vers << françois les pleurs tragiques de la vertu pour le trépas du « roi de France très chrétien Henri II, avec son épitaphe, « imprimé à Paris, par Olivier de Harsy, l'an 1559. » (1) « Cette pièce sur le trépas de Henri II est indiquée sous le n° 17730 de la Bibliothèque historique de la France, du père Lelong, dans le format in-8; le nom de l'auteur est écrit JACQUES Dubois (2).

De Beauchamps, dans son ouvrage sur le Théâtre françois (3), sous l'année 1559, donne assez exactement le nom de l'auteur et le titre de la Comédie et Réjouissance de Paris. Il ajoute, d'après Lacroix du Maine, que ce Jacques du Boys n'étoit pas le même que le grammairien du Bois surnommé Silvius.

Le chevalier de Mouhy, dans sa compilation sur l'ancien Théâtre françois, a consacré à la pièce de Jacques du Boys la notice suivante : « COMÉDIE ET RÉJOUISSANCE DE PARIS (LA), « poëme dramatique, par Jean Duboys, donné en 1559, imprimé in-4° dans la même année. Cette pièce fut composée à

(1) Bibliothèque française de Lacroix du Maine et du Verdier, etc., édition in-4o de 1772, t. 1, p. 394.

(2) Tom. II, p. 232. La pièce de Jacques du Boys n'est pas la seule qui ait été composée sur le fatal trépas de Henri II: en voici trois autres qui se trouvent réunies dans un recueil de la Bibliothèque de l'Arsenal: 1o Le Trespas du très chrestien Roy de France Henry II, etc., par Bérard de Girard, gentilhomme bourdelois. Paris, 1559, in-4o; 2° L'Effigie du très chrestien roy de France Henry II, par B. D. G. G. B. Paris, S. D. in-40;* 3o Ode funèbre sur le trepas du Roi, où sont entreparleurs la France et le Poëte, par Marc-Claude de Buttet, Savoisien. Paris, G. Buon, 1559, in-4°.

(3) Recherches sur les Théâtres de France, depuis l'année onze cent soixante-et-un jusques à présent, par de Beauchamps. Paris, 1735, 3 vol in-12. T. 1er, p. 418.

[ocr errors]

a l'occasion du mariage du roi d'Espagne et du prince de a Piémont avec les princesses Élisabeth et Marguerite de « France: Très rare. » (1).

Enfin, dans la Bibliothèque du Théâtre françois, composée sous la direction du duc de La Vallière, par l'abbé Mercier de Saint-Léger et quelques autres, on trouve, sous la date de 1559, le titre complet de la pièce de Jacques du Boys, et une analyse succincte, mais assez exacte. La voici :

<<< (SUJET DE CETTE PIÈCE.) Paris cause avec ses trois filles, << la Cité, la Ville et l'Université, sur leurs avantages communs : <«< ensuite il leur apprend qu'il va faire deux grands mariages << et leur ordonne de se parer magnifiquement pour y assister. << Il sort un moment et pendant son absence ses trois filles se << disputent la prééminence, et chacune d'elles veut parler la. <<< première. A son retour il les met d'accord. Après il les con<< duit devant les nouveaux mariés où elles chantent une épi«thalame l'une après l'autre. Cette analyse est suivie de trois stances assez libres choisies entre celles que débite l'Université (2).

La comédie de Jacques du Boys a-t-elle eu les honneurs de la représentation. L'indication que donne à cet égard le chevalier de Mouhy, et que j'ai reproduite plus haut, ne me paroît pas

(1) Abrégé de l'Histoire du Théâtre françois, depuis son origine jusqu'au ` premierjuin de l'année 1780, etc., etc., par M. le chevalier de Mouhy, etc. Paris, 1780, 3 vol. in-8°. T. I, p. 105.

(2) Bibliothèque du Théâtre-François depuis son origine, contenant un extrait de tous les ouvrages composés pour ce théâtre depuis lés mystères jusqu'aux pièces de Pierre Corneille, etc., etc. Dresde (Paris), 1778, 3 vol. in-8, T. I, p. 156.

Je dois à l'obligeance de M. Brunet, auteur du Manuel du Libraire, communication d'un exemplaire de la Bibliothèque du Théâtre-Français, enrichi de notes et d'additions manuscrites par Mercier de St-Léger. Dans une note placée en tête du premier volume, ce fécond et habile bibliographe déclare qu'il est un des principaux auteurs de cet ouvrage généralement attribué au duc de La Vallière. L'abbé Mercier pourroit bien avoir rédigé la notice sur la comédie de Jacques du Boys. Ce qui est certain, c'est qu'il avoit vu la pièce, car il a effacé l'indication du format in-8° donnée par l'imprimeur et l'a remplacée par celle-ci : in-4.

une preuve suffisante. Je suis porté à croire que cette comédie imprimée d'avance n'aura pu être jouée, à cause de la mort subite du roi de France Henri II. Ne seroit-ce pas cette pièce dont il est fait mention au titre d'un poème de Ronsard, imprimé peu de jours après la mort de Henri II, dont voici le titre et l'avertissement;

-

<< Discours à très hault et très puissant prince Monseigneur << le duc de Savoye. Chant pastoral à Madame Marguerite dua chesse de Savoye, plus XXIII inscriptions en faveur de << quelques grands seigneurs, lesquelles devoyent servir en • la Comédie qu'on espéroit représenter en la maison de Guise, par le commandement de Monseigneur le Reverendissime « cardinal de Lorraine, par Pierre de Ronsard Vandomois. A << Paris, de l'Imprimerie de Robert Estienne, MDLIX, in-4. ► Au verso du titre :

« Advertissement AU LECTEUR: Ami lecteur, je te suppliè de «< croire que tout ce petit recueil estoit composé avant la mort ⚫ du feu Roy, et différé d'imprimer à cause de la commune << tristesse où toute la France estoit, pour le regard d'un si << piteux accident. Maintenant il sort en lumiere pour estre << receu de toy, s'il te plaist d'aussi bonne volonté que de bon « cœur je te le présente (1). »

Les circonstances au milieu desquelles a été faite et imprimée la comédie de Jacques du Boys, nous expliquent comment elle est devenue aussi rare; quant à l'exemplaire que j'ai sous les yeux, il semble que depuis le jour où il est sorti des presses d'Olivier de Harsy, on l'ait soigneusement caché à la lumière du jour les marges en sont restées intactes, le papier a toute la fraîcheur de la nouveauté,

La comédie de Jacques du Boys n'est pas un chef-d'œuvre;

(1) Quelques fragments de cette pièce ont été réimprimés dans les œuvres complètes de Ronsard, partic intitulée le Bocage Royal, p. 303, t. III, de l'édition de 1639, in-18, p. 718, t. I, de l'édit. de 1623, in-fol. les XXIIII inscriptions en faveur de quelques grands seigneurs ont été supprimées. L'exemplaire du poëme original de Ronsard, dont je me suis servi, appartient à la Bibliothèque de l'Arsenal, no 11694, B. L. F., in-4o,

il s'en faut de beaucoup. Le principal mérite qu'elle a pour nous aujourd'hui consiste dans le sujet qui touche à l'histoire de Paris. Dans la querelle entre la Cité, la Ville et l'Université, sur la prééminence qu'il faut leur accorder, j'ai remarqué les vers suivants dits par la Ville, en réponse aux éloges que l'Université fait de sa science connue, dit-elle, de l'Orient et de l'Occident.

Les Estrangiers nul compte n'en tiendront :
Comme ils feront de belles marchandises,
Des beaux joyaux et des bagues requises
Que je leur porte et par terre et par mer.
On les doibt bien davantage estimer
Car en tous lieux, ou vous soyés surpris,
Le diamant se vendra à son pris,

Dont en aurés vostre argent pour vous vivre.
Mais quel argent peult-on avoir d'ung livre,
Combien qu'il soyt d'excellent artifice?

Je n'en fay rien que cornetz à espice.

Si Jacques du Boys avoit pu se douter du prix excessif que les livres imprimés de son temps atteignent aujourd'hui, il n'auroit pas écrit ce dernier vers.

Je citerai encore quelques vers de la fin de cette comédie; afin d'apaiser la querelle qui s'est élevée entre la Cité, la Ville et l'Université, Paris envoye ses trois filles dans un bois voisin pour couper un fagot assez épais. Cette besogne achevée, la Cité commence ainsi le dialogue suivant:

LA CITÉ.

Père, suyvant vostre commandement,
Nous avons faict ce fagot de couldrettes,
Et ce boucquet de belles violettes.

PARIS.

Que l'une et l'autre à le rompre s'efforce,

« PoprzedniaDalej »