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<< lois du devoir et de l'amitié se violer entre les parents et << les amis pour un morceau de pain, se résolurent de couper << la racine de tant de maux et à quelque prix que ce fust se « délivrer de cette misère; à quoy les obligeoient encore tout a plein d'autres objets funestes, qui dans les rues toutes dé<< solées présentoient à leurs yeux les corps de leurs citoyens ⚫ou morts ou mourants, et les soldats tellement affoiblis que << leurs espées estoient inutilement pendues à leurs costés, << sans qu'ils eussent la force de s'en deffendre. >>

On peut regarder cet endroit comme un assez bon modèle de style soutenu pour le commencement du XVII• siècle. La phrase a de la pompe, de l'harmonie, un excès d'ampleur et de recherche, dont Balzac et Sarrasin ne manqueront pas de nous corriger un peu plus tard. Les souvenirs de la Princesse s'accordent encore avec les relations contemporaines dans le récit de sa fameuse entrevue avec Bellegarde, sur le bord des fossés de la ville. Comme elle venoit de rejeter les tendres propositions du prince de Conty, le beau Cloridan parut à ses yeux; lequel se yéid insensiblement touché de je ne sçay « quel désir d'avoir de l'amour pour Daphnide; soit que cela « procédast de la merveilleuse beauté qu'il avoit remarquée « en elle, ou d'un destin inévitable. Tant y a que pour mériter « la part qu'il se promettoit déjà en ses bonnes grâces, il « prist le temps de s'entretenir avec elle pour luy donner ⚫ quelques asseurances de son service. A quoi le prince Trophile (Mayenne), ayant pris garde et tesmoignant d'estre plus fasché de ces discours que des précédens, il lui dist • deux ou trois fois qu'il eust à se retirer. Mais comme il veid qu'il n'en vouloit rien faire, il se despita si fort qu'à l'heure << mesme, il fit tirer les canons qui estoient sur la muraille. Dé « quoy la jeune princesse se sentit si fort espouvantée, qu'il " s'en fallut fort peu que de frayeur qu'elle eut de voir le feu << et d'ouyr à mesme temps le bruit du canon, elle n'en tombât par terre. De manière qu'estant un peu revenue à soy, << comme elle veid Cloridan tout enveloppé de fumée, elle le

conjura de s'oster de là, et pour l'y mieux obliger par son « exemple, elle ensuite s'en voulut aller. Mais elle estoit à << peine partie, qu'elle ouyt que Cloridan lui dit ce peu de « paroles: C'est plustôt votre commandement, madame, qui me « fait ainsi retirer, qu'aucune creinte que j'ay des armes de « mes ennemis; car j'appréhende moins leurs coups que ceux « dont vos yeux ont accoustumé de blesser les cœurs. »

En voilà sans doute assez pour faire sentir l'intérêt particu→ lier de nos Advantures de la Cour de Perse. A la seule inspection du titre, on seroit tenté de les confondre avec un autre roman du même genre, mais d'une autre époque : les Mémoires secrets pour servir à l'Histoire de Perse, où se retrouve la chronique scandaleuse de la régence du duc d'Orléans. Tous ces ouvrages ont leur prix, et portent avec eux leur instruction; mais à la condition qu'on ne prendra pas le change sur le rang, le sexe et le caractère de ceux qui ont bien voulu les écrire. Ainsi pour ce qui regarde les deux romans dont nous avons parlé, le premier passoit pour l'ouvrage de Louise de Lorraine, erreur dans laquelle on n'avoit pu tomber que longtemps après la mort de cette aimable princesse. Le second étoit oublié, parce qu'on l'avoit cru du sieur Baudouin, académicien fort digne de l'obscurité qui couvre son nom. Les curieux auront maintenant de bonnes raisons de moins estimer les Amours d'Alcandre et de rechercher davantage les Advantures de la Cour de Perse, puisqu'on ne peut douter que ce dernier ouvrage ne soit de la princesse de Conty.

Elle ne l'a pas terminé, et tout porte à croire qu'elle aura cessé d'y prendre intérêt, quand une dernière passion vint l'arracher à la douceur des souvenirs de sa brillante jeunesse. Elle avoit, à l'âge de vingt-huit ans, accepté la main d'un homme dont elle parle plus d'une fois dans son livre, en raison de ses mérites, c'est-à-dire très dédaigneusement. François de Bourbon, prince de Cônty, est le duc de Lucée du roman. Il assiste à l'entrevue des fossés, et comme il avoit une grande difficulté de langue et d'ouïe, on l'estimoit à fort peu de chose près

sourd-muet. Au lieu de s'expliquer lui-même pendant cette entrevue, il chargea un de ses confidents d'aller plaider la cause de son amour auprès de la jeune et folâtre Daphnide : « Un peu auparavant que les adieux se fissent de part et d'autre, le duc de Lucée commanda à Philémon, de s'en « aller vers la belle Daphnide, pour sçavoir si elle l'avoit trouvé << digne d'emporter l'avantage sur tous les autres, pour ce «< qu'après ce jugement, il n'en désiroit pas de plus favorable. << Mais tant s'en faut que Daphnide luy tesmoignast d'estre des << siens, qu'au contraire s'adressant à Philémon avec une naif« veté fort propre à son âge : Chevalier, luy dit-elle, regardez vous mesme, si l'honneur que vous voulez procurer au duc « n'appartient pas mieux à Cloridan qu'à luy? Philémon ne se << trouva jamais si estonné qu'il le fut alors de cette réponse...>> Ou je me trompe.fort, ou Louise-Marguerite, devenue princesse de Conty, lut cette partie des aventures au duc de Bellegarde, et sans doute ils en sourirent ensemble, aux dépens de monseigneur de Conty. Ce prince acheva sa triste vie, neuf ans après son mariage, en 1614. On dit que la veuve, à bon droit consolable, reçut alors les tendres consolations de Bassompierre, et qu'elle contracta même avec lui un mariage secret, de ceux qu'on disoit de la paroisse de Saint-Jean des Vignes (Jean devine). Quoi qu'il en soit, ces deux héros de la galanterie terminèrent glorieusement le cours de leurs triomphes, en se donnant exclusivement et pour la dernière fois, l'un à l'autre. La princesse de Conty ne laissa pas de conserver une grande part dans les mouvements et révolutions de la Cour : si bien que, pour son malheur, elle éveilla l'inquiétude et les soupçons du cardinal de Richelieu, auquel de précieux amis rapportèrent les bons mots sanglants de Bassompierre. Le Maréchal fut mis à la Bastille et la Princesse reçut l'ordre de sortir de Paris. Le chagrin, non de quitter la Cour mais d'avoir pu contribuer à la disgrâce de son ami, lui donna le coup mortel. En arrivant au château d'Eu, elle se mit au lit et mourut de désespoir sans même avoir été malade. Tout le monde alors plaignit l'épouse

dévouée et regretta l'aimable princesse, dernier et brillant reflet du grand siècle passé. Le poëte Malleville, secrétaire du maréchal de Bassompierre, fit, sur les circonstances de sa mort, une élégie qu'on doit remarquer dans ses œuvres, au titre d'Armide à Daphnis. La pièce renferme quelques beautés de détails, noyés dans une multitude de méchants vers.

Quand Armide eut appris qu'un funeste séjour
Luy retenoit l'objet qui causoit son amour,
Et que le beau Daphnis, la gloire des fidèles,
Perdoit la liberté qu'il ostoit aux plus belles,
Elle accusa les dieux d'un si prompt changement,
Et d'un si rude coup eut tant de sentiment,
Que dessus un papier tout moite de ses larmes,
Elle imprima soudain ses mortelles alarmes,"
Deschargea scs colères et de sang et de pleurs
Fit ce mourant tableau de ses vives douleurs.

Il ne faut pas oublier que l'aimable Daphnis, dont le poëtesecrétaire vante ici les charmes et les divines beautés, n'avoit pas alors moins de cinquante-deux ans. Adieu, dit la Princesse, avant de finir :

Adieu, bras, doux liens dont je fus enlacée, «Belle main qui cent fois a la mienne pressée. < Adieu, grâce admirable, adieu, grave maintien, << Adieu, charme des cœurs, agréable entretien. « Adieu, Daphnis, adieu! Daphnis de qui la peine «Me fait trouver la mort plus douce et plus humaine, « Je m'en vais de mes maux chercher la guérison;

« Et si mes foibles mains n'ont rompu la prison

« Où les dieux irritez veulent qu'on te retienne,

<< Mon âme, pour le moins, s'en va rompre la mienne. »> Ainsi disoit Armide, et peu de jours après,

Elle finit ses jours, ses maux et ses regrets.

Elle laissoit de Bassompierre un fils unique que le Mareschal oublia toujours de faire légitimer. On l'appeloit La Tour-Roquelaure, et le père en a dit un seul mot dans ses Mémoires : « La Tour, fils d'une princesse et d'une personne illustre, est parti pour aller avec Gassion, le 30 juin 1640. » On contoit de ce La Tour un beau duel il servoit de second, quand il s'aperçut que le témoin inconnu qu'on lui avoit donné pour adversaire étoit estropié du bras droit, et par suite d'une longue habitude tenoit son épée de l'autre main. La Tour, qui n'avoit jamais été gaucher, se fait alors lier la main droite, commence l'action et désarme son adversaire. Il mourut sans avoir fait autrement parler de lui, peu de temps après son père.

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COMEDIE ET RESJOUISSANCE DE PARIS sus les Mariages du Roy Catholique d'Espagne, / et du prince de Piedmont aux Princesses de / France: Mesdames Elizabet et Marguerite, fille et sœur du Roy Treschres/tien Henry ij de ce nom./Contenant les particularités des Cité, / Ville et Université de Paris./AVEC / TROYS EPITHALAMES./ Le premier, à Hymen./ Le second, à la Nuict. / Le troisiesme, à Venus. / Par Jacques du Boys, de Peronne, / ▲ PARIS,/ de l'Imprimerie d'Olivier de Harsy au clos Bru/neau, à l'enseigne de la corne de Cerf, avec privilége, 1539; pièce in-4° de 22 feuillets.

Cette pièce en vers françois a été composée à l'occasion du traité de paix conclu entre la France, l'Espagne et la Savoye, le 3 avril 1559, à Cateau-Cambresis, traité qui amena le dou

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