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c'est-à-dire mauvaise et tortionnaire levée de la centiesme partie, puis de rechef de la cinquantiesme des marchandises, et enfin de la cinquantiesme de tous les autres meubles et immeubles, etc. (t. I, pag. 687). Et ailleurs, en parlant de François I, il regrette que ses excessives dépenses l'aient porté à introduire deux grands et incurables maux: la vénalité des · offices de judicature et l'imposition des tailles et subsides (t. II, pag. 408). Plus loin, il ajoute que les impôts sont contre l'ordre de la nature, qu'ils ne cessent point d'en produire d'autres et ne meurent presque jamais (t. II, pag. 548).

Je le répète, je suis loin de présenter mon opinion comme la seule admissible, seulement je pense qu'à défaut de preuves contraires, elle peut offrir quelques chances de probabilité; et si des personnes plus versées que moi dans l'histoire littéraire croient devoir attribuer les Codicilles à un tout autre écrivain que Mézerai, je recevrai avec déférence leurs indications.

Quoi qu'il en soit du véritable auteur du livre qui vient de nous occuper, considérons uniquement cet ouvrage comme le produit d'une de ces imaginations déréglées qui se jouent impunément de toutes les difficultés dans le seul espoir d'introduire d'audacieuses réformes et de chimériques améliorations. Rangeons le hardi écrivain au nombre de ces utopistes dont les théories, non moins vaines que téméraires, n'enfanteroient que des ruines, si un peuple frappé d'aveuglement consentoit à en faire l'essai.

Aujourd'hui encore, des hommes égarés ou coupables s'arrogent hautement la mission de régénérer la société. Suivant eux, l'ancien ordre de choses a fait son temps et l'adoption de leurs doctrines peut seule ouvrir une ère nouvelle de prospérité et de bonheur.

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Toutes ces tentatives s'arrêteront impuissantes devant les principes impérissables qui sont la sauve-garde des États. » II faut qu'un gouvernement, a dit l'immortel auteur de l'Esprit des Lois, s'attache aux institutions anciennes et fasse en sorte

que le peuple et les magistrats ne s'en départent jamais. Rappeler les hommes aux vieilles maximes, ajoute Montesquieu, c'est ordinairement les ramener à la vertu. » Malgré tant d'efforts conjurés, notre patrie sortira triomphante de ses épreuves; elle aimera sans cesse à puiser dans le souvenir du passé de nobles enseignements, et les siècles futurs admireront encore ses destinées toujours grandes, toujours glorieuses.

MOUAN,

Avocat, Sous-Bibliothécaire d'Aix.

CORRESPONDANCE RÉTROSPECTIVE.

UNE LETTRE INÉDITE DE BERNADOTTE.

L'un de nos collaborateurs, M. le baron Ernouf, nous communique une lettre inédite et fort curieuse adressée de Vienne en l'an VI (1798), au général Ernouf, son aïeul, par le général Bernadotte, alors ambassadeur de la République françoise. Cette lettre, qui fait partie de pièces justificatives d'un volume de Nouvelles Études sur la Revolution françoise, actuellement sous presse, est fort propre à faire connoître l'esprit du temps et le caractère de l'homme célèbre qui l'a écrite. Nous en conservons la ponctuation, les incorrections grammaticales et même les défectuosités d'orthographe :

Vienne, le 14 germinal, sixième année républicaine.

J'ai reçu, mon cher camarade, ta lettre du 4 ventôse. C'est la seule qui me soit parvenue. Je me hâte d'y répondre.

Je te remercie de l'empressement que tu as mis à t'occuper de mes affaires... (1). Je sens qu'en me libérant, je serai tou

(1) Nous omettons ici quelques détails d'affaires d'intérêts tout à fait personnelles.

jours chargé de la reconnoissance que je te dois à bien juste titre.

Ta position te met à même d'obtenir du Directoire l'activité pour mes deux aides de camp, et pour le capitaine Gérard (1) de la 30 demi-brigade; ton crédit joint aux convenances, détermineront sans doute le Directoire à ne pas me laisser seul ici avec mes deux secrétaires de légation, Je t'assure, mon cher Ernouf, que je regarderai comme une disgrâce, un refus du Directoire à cet égard: mais j'espère que ses bontés et tes instances fairont tourner ma demande à bien.

J'ai été instruit de l'événement malheureux arrivé à Rome, je suis au désespoir que les troupes ayent manifesté une volonté si prononcée de ne pas obéir au général Masséna. Les pillages vrais ou supposés dont on accuse ce général n'étoient pas suivant moy des motifs plausibles, pour porter l'armée à s'insurger, le gouvernement, organe de la volonté nationale, avoit ordonné, l'armée devoit obéir, j'imagine que le Directoire sera dans cette circonstance aussi grand, aussi énergique qu'il l'a été dans tant d'autres; des crises plus dangereuses se sont offertes, le Directoire les a ou évitées ou surmontées : maintenant il doit par des exemples faits à propos, punir les auteurs de l'insurrection, et les lâches qui n'ont pas eu le courage de l'empêcher. C'est en distribuant les récompenses aux hommes vertueux et en punissant le vice, que le Directoire fera exécuter les lois et les réglements militaires, sans être obligé de s'appesantir sur les châtiments.

Je me réjouis que nos camarades de l'armée de Sambre et Meuse, de cette famille qu'on a si vilainement calomnié et cherché à diviser, je me réjouis, te dis-je, que le gouvernement les aye si justement appréciés, en leur confiant le soin de diriger une expédition dont le résultat doit répandre les lumières jusqu'au fond du Nord et niveler le commerce des nations (2). Mon âme, mon cher Ernouf, est émue toutes les

(1) Devenu depuis le maréchal Gérard.

(2) L'expédition de Hollande.

fois que je pense à notre brave et paisible armée de Sambre et Meuse, les principaux regrets que j'éprouve, c'est de ne pouvoir partager sa gloire ny ses dangers. J'ai reçu avec enthousiasme les nouvelles que tu m'as données de mes amis; puisque Lefèvre (1) est à Paris, renouvelle-luy, je t'en prie, l'assurance de mon amitié.

J'écris par le même courrier à Kléber et à Jourdan. Si tu es en relation avec Championnet, rappelle-moy, je t'en prie, à son souvenir,

Puisque je suis en train d'écrire, je ne te dissimule pointų mon cher Ernouf, que j'auray été bien plús satisfait de conserver le commandement de l'Italie, que d'exercer une des premières ambassades. Tu sçais sans doute que le gouverne ment m'avoit désigné pour remplacer Berthier avant mon départ pour Vienne : honoré de son nouveau choix j'ay obéi, mais je te déclare que si j'avois été le maître d'obter, je n'auray pas hésité à me déterminer pour le commandement militaire. Néanmoins, mon cher camarade, c'est ici où l'on sent tout l'avantage d'être républicain; les distinctions de rang sont si dégradantes qu'en vérité je suis à concevoir comment il peut exister encore autant de princes et cordons. Cependant je ne désespère pas avant la fin du siècle de voir cette gente privilégiée faire nombre avec les citoyens. Le peuple paroît se com→ plaire dans cette idée, et une fois lancé, je crois qu'il ira bon train..

L'on parle beaucoup ici qu'une armée françoise doit visiter les bords du Tage, je ne serai pas du tout fâché d'aller créer une république lusitanienne. Si le gouvernement me donnoit cette tâche à remplir, je t'assure que je m'en chargeray avec plaisir. Si mes désirs à cet égard n'ont pas leur effet, je serai forcé d'attendre jusqu'à ce qu'il plaise au Directoire de m'envoyer sur la côte Malabar pour négocier avec Tipoosaib les établissements anglois tant sur cette côte qu'au Coromandel et au Bengale.

(1) Depuis duc de Dantzig.

Adieu, mon cher Ernouf, je m'apperçois que cette lettre est par trop longue, ma prolixité doit exciter ta censure, mais je suis un diplomate, je dois obtenir ton indulgence.

Ton amy

J. BERNADOTTE.

Cette lettre, écrite dans l'épanchement d'une amitié intime, est surtout remarquable par le contraste étrange qu'elle présente avec la destinée ultérieure du soldat de fortune qui devoit arriver à ces distinctions qu'il avoit si fort affecté de mépriser, parvenir au rang suprême et s'y maintenir. Bien que le nom de Bonaparte ne soit pas prononcé dans cette lettre, on y voit à quel point son aventureuse et brillante fortune tourmentoit l'imagination de Bernadotte, qui rêvoit, à son tour, des États à fonder et des aventures à courir en Orient. Peut-être pourroit-on même y démêler quelques germes de cette jalousie furieuse qui plus tard entraîna à une fatale défection cet homme d'ailleurs si remarquablement doué, et qui restera comme une tache ineffaçable sur sa vie.

NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES
(SUITE A L'ANALECTA-BIBLION).

Oraison funèbre du Dauphin, prêchée le 22 janvier 1766, dans l'église des Religieuses Capucines de Paris, par le R. P. Fidèle de Pau, capucin de la province d'Aquitaine. Paris, Vente, 1766, in-4. Il s'est rencontré en plein dix-huitième siècle, un orateur qui, marchant sur les traces des Bering et des Valladier (1),

(1) Le P. Bering, auteur d'une Oraison funèbre de Balbe Berton Crillon. V. l'article que nous avons consacré à ce jésuite dans la Biographie universelle, tom. LVII, pag. 551. André Valladier, abbé de Saint-Arnoult de Metz, auteur d'une Oraison funèbre de Henry IV, sur les harangues duquel feu M. Peignot a donné une notice dans son livre curieux, intitulé: Prédicatoriana.

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