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rude antagoniste de nos rois Charles VIII et Louis XII, ou parce qu'il lui prit l'excentrique idée de renverser le pape Jules II et d'ajouter à ses couronnes la tiare pontificale que cette pièce de vers a quelque valeur !

Elle puise non-seulement son intérêt dans sa forme lyrique et musicale qui la classe à la série des ouvrages du Théâtre latin moderne auquel appartiennent les essais dramatiques de l'abbesse Hroswitha, de Reuchelin, les fables avec des chœurs, notes en musique de Georges Macropédius et autres qui, mieux que les Jeux, Mystères et Soties, ont pu, par leur lointaine parenté avec les chefs-d'œuvre grecs et latins et surtout par une entente plus sage de l'art scénique, préparer la voie aux tragiques et aux comédiens du xvi° siècle; mais c'est encore une pièce de poësie latine digne de la plus grande attention,

Le Triumphus Boemicus qui n'est après tout qu'un hymne, à la manière des Grecs, se composant de récitatifs, de strophes et de chœurs dont les paroles sont chantées successivement par Apollon et les neuf muses, offre cependant cela de particulier, qu'il est plus riche en musique notée que beaucoup d'ouvrages de ce genre, et que l'on peut à la rigueur, si on prend Apollon et les neuf muses pour des personnages, supposer de la part de l'auteur quelque velléité d'introduire dans son hymne une façon d'action qui permettroit, au moins spécieusement, aux chercheurs passionnés des origines des choses, de trouver dans la facture et la marche du poëme une molécule, un infiniment petit de la matière qui a servi plus tard à créer les opéras.

Quant à la musique, je dirai pour mémoire que, suivant l'usage du temps et sans doute bien contrairement aux études d'harmonie des nobles hôtes de l'Hélicon, la susdite n'est que du plain chant grégorien, écrit en clef d'ut et en clef de fa, sur quatre lignes, pour le premier dessus, le deuxième dessus, le ténor et la basse, et noté en longues et en brèves avec des notes de repos qui finissent les strophes.

P. DE MALDEN.

NOUVELLES.

1

Essai sur la typographie, par M. Amb. F. Didot, in-8°, 1851. Nous n'avons que des éloges à donner à cet ouvrage, l'un des plus intéressants et des plus instructifs qui aient été publiés sur cette matière. M. Didot a écrit sur la typographie, à la fois en savant et en homme de l'art. Ses patientes investigations ont élucidé beaucoup de points obscurs dans les premières années des annales typographiques. Jamais l'invention et les premiers essais de cet art n'avoient été racontés et décrits d'une manière à la fois plus lumineuse et plus complète. Les Éphémérides de la typographie françoise qui terminent ce livre, suffiroient pour fonder la réputation d'un homme de lettres érudit; mais M. Amb. F. Didot a fait depuis longtemps ses preuves à cet égard.

Dans ces fastes de l'art typographique, les bibliophiles reconnoîtront avec plaisir la main d'un de leurs confrères. Les détails si exacts et si intéressants que donne M. Didot sur les perfectionnements modernes dont plusieurs sont dus à ses ancêtres, ne l'empêchent pas de rendre une justice méritée aux produits de l'ancienne typographie. Les Estienne, les Alde, les Elzeviers, ont trouvé en lui un panégyriste enthousiaste ; et, de fait, des hommes tels qu'Alde l'ancien, que Robert et Henri Estienne, ne pouvoient être plus sainement et plus dignement appréciés que par le digne héritier d'une famille non mein's illustre dans les annales de l'imprimerie.

Le monde savant et littéraire doit des remerciments à M. Didot pour cet ouvrage, fruit de longues et patientes recherches et humblement décoré du titre d'Essai, car le vrai savoir et le vrai talent sont toujours modestes. Au surplus,

nous ne nous croyons pas quittes pour ces quelques lignes envers ce livre important; nous nous proposons de revenir plus d'une fois sur les questions importantes qu'il soulève et aux notices intéressantes qu'il consacre à la mémoire des imprimeurs célèbres, mémoire si chère aux lecteurs du Bulletin.

ERNOUT.

-Il paroît certain aujourd'hui que Lyon est la seconde ville de France où l'imprimerie fut introduite. On évalue à près de cinq cents le nombre des ouvrages imprimés à Lyon pendant les vingt-sept dernières années du xv siècle. M. Péricaud vient de publier une bibliographie lyonnoise du xv⚫ siècle qui offre les renseignements les plus curieux sur toutes les éditions latines et françoises que produisirent les presses lyonnoises de cette époque. L'impression de l'opuscule tiré à deux cents exemplaires que nous annonçons, est élégante et soignée; on la doit au zèle du digne successeur de J. de Tournes, M. Louis Perrin.

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De l'ameublement des églises au moyen âge, tel est le titre d'un travail curieux, quoique trop succinct peut-être, sur les ambous, les jubés, les buffets d'orgues, les ciborium, les tabernacles, les châsses, les reliquaires, les retables, les encensoirs, les dyptiques, etc. Nous sommes redevables de cette brochure à la plume savante de M. l'abbé Jules Corblet.

- Une publication plus importante, et qui fait honneur à la presse parisienne, est celle que vient de terminer M. A. Teulet, archiviste, attaché à la section historique des Archives nationales. Cet ouvrage, intitulé: Papiers d'État, pièces et documents inédits ou peu connus relatifs à l'histoire de l'Écosse au XVI siècle, forme deux volumes in-4° de 103 et 120 feuilles, splendidement imprimés sur un excellent papier vergé de Hollande, et enrichis de fac simile qui reproduisent avec une rare perfection des lettres de Marguerite d'Écosse, Jacques V, Marie Stuart, Knox, Bothwell, etc. C'est le Bannatyne Club

d'Edimbourg (1) qui a fait tous les frais de cette publication dispendieuse, tirée seulement à cent dix exemplaires qui seront répartis entre les membres du club, sans qu'aucun exemplaire soit livré au commerce. Il est rare de rencontrer une publication aussi importante tirée à un nombre assez restreint pour que chaque exemplaire revienne à près de trois cents francs de fabrication. Pour notre part nous regrettons vivement que ce recueil ne soit pas plus répandu, parce qu'il renferme une masse de documents des plus précieux, que les personnes qui voudront écrire ou étudier l'histoire du xvr siècle chercheroient vainement ailleurs. Le savant M. Mignet, qui s'en est servi pour son Histoire de Marie Stuart, le cite souvent de la façon la plus honorable.

L'éditeur a divisé ses deux volumes en soixante paragraphes classés par ordre chronologique, et dans chacun d'eux il a réuni les pièces relatives aux mêmes faits ou provenant de la même source. Chaque pièce est accompagnée d'un sommaire et des notes nécessaires à l'intelligence du texte ; enfin l'ouvrage est précédé d'une préface en françois et en anglois, qui présente d'une manière simple et parfaitement claire le résumé des documents contenus dans les deux volumes. Le premier de ces deux volumes s'étend de l'année 1515 à l'année 1560; le second commence en 1561, au moment du retour de Marie Stuart en Écosse, et se termine à la

(1) Le Bannatyne-Club, fondé, il y a une trentaine d'années, par le libraire Bannatyne, premier éditeur des OEuvres de sir Walter Scott, est aujourd'hui présidé par le vénérable M. Thomas Thomson, garde des Archives d'Écosse; il se compose de quatre-vingt-dix membres, parmi lesquels on remarque le comte d'Aberdeen, lord Hamilton, lord Cockburn, le marquis de Douglas, le duc d'Hamilton, le comte d'Ellesmere, lord Lindzay, le comte de Morton, lord Murray, etc., etc.-Les établissements associés qui reçoivent les publications du Club sont: The British Museum, the Society of Lincoln's Inn, the Faculty of advocates, the Society of antiquaries of Scotland, the Society of writers to H. M. Signet, the University of Edimburgh, the University of Glasgow, Trinity college Dublin, the Smithsonian institution (Washington, United-States).

mort de cette princesse, en 1587. Ce second volume nous à paru surtout présenter le plus grand intérêt. Composé de documents extraits des correspondances des divers ambassadeurs françois en Angleterre et en Écosse pendant la seconde moitié du xvr siècle, Paul de Foix, Ducroc, La Forest, Fénelon, Castelnau, d'Esneval, Châteauneuf, etc., il forme la contre partie du recueil publié il y a quelques années par le prince Labanoff, qui fut accueilli par l'Europe savante avec une faveur si bien méritée. Le recueil du prince Labanoff renferme tout ce que ses infatigables recherches ont pu lui faire découvrir de lettres, d'instructions, de mémoires, en un mot d'écrits de toute nature émanés directement de Marie Stuart. M. Teulet a réuni dans son second volume la totalité des pièces adressées à la reine d'Écosse, comme aussi tout ce qui lui a paru digne d'éclairer l'histoire de cette princesse, histoire si intimement liée à celle de toute l'Europe au xvi⚫ siècle. Les deux collections se complètent l'une par l'autre ; on ne sauroit guère les séparer sans amoindrir notablement l'intérêt qu'elles présentent l'une et l'autre.

NÉCROLOGIE.

La société des bibliophiles françois vient de faire une perte sensible. M. le Marquis de la Porte est décédé près de Vendôme, au château de Meslay, illustré par Madame de Sévigné. M. de la Porte laisse une bibliothèque commencée depuis longues années et qu'il s'est plu à enrichir jusqu'au moment où la mort est venue inopinément le frapper.

Nous avons aussi à annoncer la mort de M. Destailleurs, architecte du Gouvernement, sans contredit l'un des artistes les plus recommandables de notre temps. Bien que l'existence de M. Destailleurs, ainsi que le dit avec tant de justesse une per

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