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les détails que j'ai recueillis à déjeuner. Hier à 8 heures du soir quelques hommes sont montés sur des treteaux sur la place Vendôme, et y ont fait des péroraisons républicaines. Il s'est amassé un monde énorme; on a fait des sommations, ils ont tenu bon et ont jetté force fleurs à la Colonne; on a fait jouer les pompes à incendie, et fait des charges de cavalerie, et le pauvre Jacqueminot a été arraché de son cheval par la mob, etc. Cette piquante relation a trouvé acquéreur à 2 liv. 2 sh.

Il nous tombe en ce moment sous les yeux une noble pensée de la marquise d'Epinay : « Les grandes ames ne perdent jamais de vue le plaisir de faire le bien et des heureux, seul plaisir en vérité pour lequel il faut vivre et à cause duquel il n'est jamais permis de désiret la mort. Plus loin, nous rencontrons ces lignes tout à la fois prudes et tendres que l'abbesse de Chaillot, Marie d'Este, adressoit au galant prince de Vaudemont: « Il faut que je vous gronde de ce que je trouve souvent dans vos lettres le mot d'adorable qui n'est dû qu'à Dieu seul, ainsi je vous prie de le bannir pour toujours de vos lettres, qui d'ailleurs me sont cheres. »

Enfin, pour en finir avec les femmes célèbres, à des titres bien différents, de la collection de M. Donadieu, nous citerons cette triste confidence de la chevalière d'Eon : « Les jambes et l'argent me manquent. Des Anglois respectables qui connoissent ma position se proposent de faire une souscription particulière et publique, pour mettre l'ancien ministre plénipotentiaire de France en état de retourner dans sa patrie. Je n'ai jamais couru après la fumée des honneurs, après la boue des richesses, et l'ordure des plaisirs. CHARLOTTE - GENEVIÈVELOUISE-AUGUSTE D'EON DE BEAUMONT, citoyenne de la nouvelle république françoise, citoyenne de l'ancienne république des lettres, et cosmopolite de l'Univers. >>

Une page de François Ier au pape Clément VII s'est vendue .9 liv. 1 sh.`; un long autographe du grand Frédéric est arrivé à 5 liv. 10 sh.; dix lignes d'Henri II, au camp devant La

Rochelle, 1572, ont trouvé acquéreur à 5 liv.; et deux pièces d'Henri IV ont été payées, 'environ 3 liv. chacune. Les lettres du Béarnais, assez nombreuses dans la collection de M. Donadieu, n'offroient pas, après tout, l'intérêt qu'on est habitué de rencontrer dans la correspondance d'ordinaire si vive et si piquante du Béarnais. Un billet de son petit-fils, Monseigneur le duc de Bordeaux, adressé au jeune de Damas, est placé dans le catalogue que nous avons sous les yeux à la suite des lettres du bon roi. Il nous semble fort original et mérite, à tous égards d'être rapporté ici ;

Mon cher Godefroy, l'autre jour Edmond s'etoit deguisé en Ambassadeur: moi j'etois le grand Lama; Maxence et Amédée portoient les cadeaux; il y avoit une buanderie et un théâtre; quelque tems au-paravant nous avons été au clos Fontaine où il y avoit un fort joli spectacle; nous avons goûté. Nous avons été à Versailles au commencement du mois, nous y avons dejeuné, nous avons vu les jets d'eaux; nous avons dîné. Nous avons été mercredi à Rambouillet, nous nous sommes embarqués; nous avons été dans une île; nous avons joué à la bague, après nous nous sommes balancés dans un bateau suspendu ; Edmond avoit mal au cou, Amédée avoit mal au doigt, Maxence avoit mal au cœur, et moi j'avois mal au ventre. Nous avons fait les postillons. Puis nous avons été chasser au filet et nous avons pris quinze lièvres; le lendemain nous nous sommes en allés, etc. »

Le prince avoit six ans lorsqu'il traçoit ainsi ses impressions de voyage.

Voici un autre morceau contemporain également intéressant Ecrit par Charles X, alors comte d'Artois, il est daté de Spithead, 23 décembre 1795, et adressé au baron de Flachthandem: « Je pars pour mon exil en Ecosse, mon âme peut être triste, mais vous savez qu'elle ne sera jamais découragée. Fasse le ciel que vous fassiez de la bonne besogne de vos côtés, c'est très sûrement le meilleur moyen pour me rendre promptement l'activité dont j'ai tant de besoin. »

Un autographe de Jacques Ier s'est vendu 7 liv. 5 sh.; une lettre de Jacques II d'Ecosse est arrivée à 3 liv. 3 sh., et treize pages in-4° de Jacques III ont été données pour 5 liv. 2 sh. D'autre part, une très belle lettre du pape Clément VIII, n'a point dépassé 3 liv. 14 sh., tandis que l'original du contrat de mariage de l'infante Marie d'Espagne avec Charles ler, en treize pages in-folio, est monté au prix élevé de 51 liv.. Il est juste de dire que cette pièce est signée du roi Philippe IV et des augustes époux.

Une lettre du comte d'Essex à la reine Elisabeth, lettre inutilement écrite dans le but de toucher le cœur de l'altière princesse, a été payée 7 liv. 10 sh. et une page in-folio du duc de Monmouth s'est vendue 21 liv. 10 sh..

Voici maintenant une lettre du comte de Strafford adjugée à 7 liv. 7 sh., et une autre du duc de Suffolk, payée 7 liv. Citons encore une missive en latin de Cromwel au cardinal Mazarin, abandonnée au prix de 5 liv. 5 sh., et une lettre de Sully, parvenue à 3 liv. 3 sh.. Quelques admirables pages de Jacq.-Aug. de Thou ont été acquises pour la somme de 19 liv. par le Musée Britannique.

Un puissant intérêt s'attache aux détails que Pomponne de Bellièvre, chancelier de France, transmet à M. de Villeroy, en date du 13 décembre 1586: " D'après les avis qu'on me donne, il n'y a ȧulcune esperance de saulver la Royne d'Ecosse..... Voyant ce que je veoys, je vouldroys avoir perdu de mon sang et n'avoir pas esté chargé de ce voyage. J'en sortirai au mieulx que je pourrai. Nous avons advis que le roy d'Ecosse envoye icy des principaulx de sa cour, pour dire à la Royne d'Angleterre que si elle passe oultre a fere mourir sa mere, qu'il renonce aux alliances qu'il a avec la dite dame : nous tenons cest advis pour bien certain. Ce nonobstant depuis qu'on l'a sceu, au lieu de me donner audience, come l'on m'avoit promis, j'entends que, toutes aultres choses laissées, ils ont vacqué en ceste cour à se resouldre à fere mourir la

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Royne d'Ecosse, et ne doubte que ce sera ce que me dira desmain le grand tresorier. »>

Une très rare lettre de saint François de Sales a été portée à 4 liv. 11 sh., et trois pages de saint Vincent de Paule sont montées à 5 liv. 5 sh..

Nous rencontrons sur nos pas une curieuse note du peintre Lebrun: elle s'est vendue 4 liv.; trois pages de Leibnitz ont été poussées à 5 liv. 2 sh., et deux autographes de Rubens ont été payés 5 liv. 5 sh. le premier, et 5 liv. 7 sh. le second.

Une lettre de l'Aretin s'est vendue 4 liv.; deux pages de Boileau n'ont dépassé que de 9 sh. ce même prix, tandis qu'un autographe de Bossuet, pièce intéressante il est vrai, est arrivé facilement à 17 liv.. Pour le coup, voici une vraie rareté : c'est une lettre d'amour du vieux Malherbe. Ecoutez le : « Je me jette a vos pieds, ma mie, pour vous crier mersy d'une temerité que je vais commettre, la plus impudente et la plus outrecuidée que se puisse immaginer. Vous vous esmerueilleres sans doute de juste nature, peut estre ce crime que devant que l'avoir fait, j'en demande l'absolution. C'est, ma mie, que je vous veux offrir de passer le reste de mes jours en votre service..... Je n'ignore pas, ma mie, combien l'ofrende est indigne de l'autel : mais telle quelle est, je la vous aporte auec ung esprit sy purgé de toutes les afections precedentes et sy hors de soupson d'en ressevoir jamais d'autres a l'avenir. Je le fais, ma reyne, je le fais, ma chere déesse, je le jure par le desir que j'ay d'acquerir vos bonnes grasses. Vous pourrez pensser sy s'est ung serment que je me propose de violer,

Croies le, ma chere Déesse, et trouvez bon qu'en toute humilite je baise vos belles et blanches mains. »

Plus loin, le même poète s'appytoie sur le malheureux sort de son fils: Il est venu depuis trois ou quatre jours, écrit-il, une femme qui...... dit merveilles des regrets de la mort de mon pauvre fils, et a dit ce mot, que tout le pleure jusques aux pierres. >> En ces temps là, Malherbe n'avoit pas acquis

cette insensibilité dont il fit plus tard parade dans un passage des célèbres stances à Duperrier.

Une lettre de Conrard annonçant la mort de l'éloquent Balzac et la publication de la divine Pucelle de M. Chapelain, lettre pleine de curieux détails, a été donnée pour 1 liv. 10 sh., et un certificat portant la signature de Molière, autographe de la plus grande rareté, comme on sait, est parvenu à 10 liv. 6 sh. Enfin, une grande page latine de Luther est arrivée faci- . lement à 16 liv.

Nous ne saurions résister au désir de copier ces charmantes lignes dues à la plume délicate de lord Chesterfield : « Quel plaisir n'a-t-on pas quand on a bien fait son devoir en quelque chose que ce puisse être? Il n'y a rien de tel qu'une bonne conscience, c'est la seule chose qui peut rendre tranquille ou heureux. A propos, savez-vous ce que c'est que la conscience? c'est ce que l'on sent en soy-même de quelque chose qu'on a dit ou qu'on a fait; par exemple: si j'avois fait du mal à quelqu'un où si j'avois fait un mensonge, quoyque je ne fusse pas découvert, pourtant je me sentirois coupable et la conscience me tourmenteroit et je serois malheureux. »

Nous passerons brusquement de Chesterfield à Voltaire : trois lettres nous ont frappé dans le nombre de celles que possédoit M. Donadieu. Dans la première, Voltaire raconte qu'on lui propose la terre de Ferney, à deux lieues de Genève, au pays de Gex:

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Cette terre, écrit-il, n'est convenable pour moy qu'autant qu'elle peut défrayer en partie ma maison des Délices, et me délivrer du continuel embarras d'acheter les choses nécessaires à la vie. Je n'ay chez moi que des fleurs, de l'ombrage, et quelquefois quarante personnes à nourrir par jour. Ailleurs, Voltaire se livre à un affreux jeu de mot, et confie à M. Dupont que le sieur Rosset a dépensé son argent à fouiller des mines, ce qui, ajoute-t-il, allonge beaucoup la mienne, Il n'est point dit dans notre marché qu'il cherchera de l'or, mais qu'il m'en donnera; et le vrai moyen de n'avoir pas à m'en donner est d'imaginer qu'il y en a dans les montagnes

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