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de la science humaine. Voici le plus ancien manuscrit qui soit en France; sa date remonte au cinquième siècle; les miniatures dont il est orné sont de l'école bysantine, et les lettres initiales rappellent l'école romaine. Ce livre est le Missel de Charlemagne. Celui-ci est le Missel de Saint-Louis: admirez la richesse encore sans égale des ornements en or bruni dont ce volume est surchargé. Cette Bible est celle que lisoit Charles V. Ce Missel appartenoit à Louis XII; il fut donné par François Ier à Diane de Poitiers. Henri II fit relier ce volume, et l'on peut remarquer sur les plats ce chiffre historique que les uns attribuent à Diane de Poitiers et les autres à Catherine de Médicis. Marie Stuart portoit ce livre en marchant au supplice. -La lecture de ce Bréviaire consoloit Louis XVI dans sa prison. - Voilà le volume que l'empereur Napoléon lisoit et annotoit à Sainte-Hélène.

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Tels sont les éléments qui pourroient constituer l'un des groupes du Musée bibliographique (1). ·

A cette collection unique dans le monde, on ajouteroit un catalogue descriptif, un Guide bibliographique qui, rédigé avec soin, deviendroit un livre indispensable à tous les bibliophiles, et serviroit utilement à l'étude de l'histoire et de l'archéologie.

On objectėra peut-être que l'exécution de ce projet auroit pour résultat de dépouiller la Bibliothèque nationale de ses plus beaux ornements, et de la faire décheoir ainsi du premier rang qu'elle occupe à si juste titre.

C'est une erreur, car la Bibliothèque nationale ne perdroit rien de son importance comme bibliothèque universelle. Un livre sur vélin qu'elle cèderoit au Musée du Louvre pourroit être remplacé de suite par deux exemplaires sur papier. Au

(1) La publication de cet article, prêt depuis deux ans, a été suspendue par des causes indépendantes de notre volonté, La même pensée vient d'inspirer au gouvernement un récent décret relatif aux objets d'art qui ont appartenu aux divers souverains de la France.

Dans une prochaine livraison nous reviendrons avec plus de détails sur le projet que nous proposons aujourd'hui.

surplus, il suffiroit de choisir parmi les exemplaires doubles et triples qui existent dans cet établissement; d'où il résulte évidemment que la Bibliothèque nationale resteroit toujours la plus vaste et la plus riche des collections bibliographiques de l'Europe.

La translation de ces livres au Musée du Louvre, offriroit même un double avantage. En premier lieu, on faciliteroit ainsi la confection du catalogue général que la France et l'Europe entière attendent depuis si longtemps et avec tant d'impatience : catalogue gigantesque, qui sera digne, nous l'espérons, de la haute considération dont jouit la Bibliothèqne, et des sommes qu'il aura coûtées.

En second lieu, on pourroit procéder plus aisément à une opération dont l'urgence est incontestable. Nous voulons parler de la division de la Bibliothèque nationale en deux parties : la première s'arrêteroit, par exemple, au 31 décembre 1850, et la seconde commenceroit le 1er janvier 1851. Dans la seconde partie qui pourroit prendre le nom de Bibliothèque nouvelle, on rejetteroit les doubles, les ouvrages périodiques, les classiques, etc. On éviteroit ainsi l'encombrement inévitable qu'entraîne le dépôt des publications nouvelles, et l'on éviteroit surtout le danger d'entreprendre le catalogue impossible d'une bibliothèque sans fin. Les lecteurs seroient aussi divisés en deux classes. Les hommes sérieux qui viennent consulter les ouvrages de fonds et les raretés bibliographiques que renferme cet établissement travailleroient avec plus de facilité, et ne seroient pas exposés à ne pouvoir s'asseoir dans le salon dit de lecture, dès qu'on auroit affecté une autre salle à la foule des visiteurs qui ne se livrent qu'à des lectures superficielles, peu en rapport avec le but qu'on s'est proposé en ouvrant au public la Bibliothèque nationale.

Enfin, le Musée bibliographique devroit, spécialement, se rattacher aux beaux-arts. Aussi, l'immense collection de manuscrits historiques et littéraires que contient la Bibliothèque nationale seroit peu affecté de l'enlèvement de quelques ma

nuscrits précieux, soit par leur antiquité, soit par leur condition, soit par les personnages auxquels ils ont appartenu. Le fonds n'en seroit point essentiellement altéré. Le Musée dont nous formulons le projet seroit un nouveau monument élevé à la gloire de notre pays, d'un haut intérêt pour les nombreux amateurs de la France et de l'étranger. Il ajouteroit un riche fleuron à la couronne artistique dont le Louvre s'enorgueillit. ` J. T.

REVUE DES VENTES.

VENTE DES AUTOGRAPHES DE M. DONADIEU, A LONDRES.

Martial nous apprend, au vir livre des Epigrammes, que ses contemporains estimoient singulièrement les autographes des hommes célèbres. Les peuples modernes ont hérité ce goût des anciens, et il n'est pas, à cette heure, un coin de l'Europe où les autographes ne soient l'objet d'une faveur égale à celle dont ils jouissent à Paris. Nous citerons à l'appui de ce que nous avançons, les résultats d'une vente faite récemment en Angleterre. La dispersion de cette collection, qui provenoit, à ce qu'on annonçoit, du cabinet de M. Donadieu, a rapporté environ 26,500 fr. Le catalogue en langue angloise avoit été rédigé avec un soin excessif et une grande habileté; la majeure partie des 1037 numéros qui le composoient, étoit accompagnée de notes savantes, ou, tout au moins, de curieuses citations.

Comme il faut, malgré qu'on en ait, se renfermer en de certaines limites, nous n'entreprendrons pas de mentionner la totalité des articles précieux. Nous enregistrerons seulement différents morceaux qui, par leur intérêt tout particu

lier, ou leur extrême rareté, nous paroissent de beaucoup do| miner les autres.

Nous prendrons pour point de départ deux lettres de Jeanne d'Albret à Charles IX, vendues 6 liv. Viendra ensuite une curieuse copie du temps, d'une lettre remarquable de Christine, reine de Suède, à M. Chanut, ambassadeur à La Haye; elle a été payée 2 liv. Christine s'exprimoit ainsi : « Je vous ai rendu compte autrefois des raisons qui m'ont obligée de perseverer dans le dessein de mon abdication. Vous scavez que cette fantaisie m'a duré longtems et que ce n'est qu'après y avoir réfléchi huit ans, que je me suis résolue à l'execution.... J'ai réglé toutes mes actions sur ce but, et je les ai conduites à cette fin, à cette heure, que je suis près d'achever mon rôle pour me retirer derrière le théâtre. Des hommes la blâmeront sans doute; mais je ne prendrai jamais la peine de faire mon apologie, et dans le grand loisir que je me prépare, je ne serai jamais assez oisive pour me souvenir d'eux. Je l'employerai à examiner ma vie passée et à corriger mes erreurs, sans m'en étonner, ni m'en repentir; ne devant rien craindre ni des hommes ni de Dieu. Je veux me familiariser avec ces pensées et me fortifier l'ame à regarder du port le tourment de ceux qui sont agités dans la vie par les orages qu'on essuie faute d'avoir appliqué l'esprit à ces vérités.... »

Nous trouverons actuellement une belle lettre de Catherine d'Aragon; elle s'est vendue 21 liv.: on sait combien sont rares les autographes de cette femme illustre.

Un très important écrit d'Elisabeth d'Angleterre est monté à 16 liv., et une page in-folio adressée à Charles V par Louise de Savoie, mère de François Ier, est arrivée au chiffre un peu moins élevé de 10 liv. Ces intéressantes lignes, tracées peu de temps après la bataille de Pavie, sont peut-être le seul écrit que l'on connoisse de cette princesse. Louise de Savoie

apprenant la fortune advenue au roy son seigneur et filz, loue le seigneur de ce qu'il est tombé és mains de prince de ce monde où elle l'ayme le myeux : elle le supplie de commander

que le roy soit traité comme l'onestetée de l'empereur et de lay le requiert, et aussi de permettre que souvent elle puisse avoir nouvelles de sa santé. Moins précieux, et partant moins disputé, un autographe de la princesse Marie d'Orange s'est arrêté à 5 liv. 5 sh.

Puisque nous passons actuellement en revue les écrits de femmes d'origine royale, citons un billet de Marie-Antoinette à la princesse Lamballe: « vous ne sauriez vous faire une idée de l'etat d'esprit où je me trouve depuis votre départ; écrivoit la reine. La première base de la vie, est la tranquillité; il m'est bien pénible de la chercher en vain! Depuis quelques jours que la constitution remue le peuple, on ne sait à qui entendre; autour de nous il se passe des choses pénibles..... Nous avons cependant fait quelque bien; ah! si le bon peuple le savoit! Revenez, mon cher cœur, j'ai besoin de votre amitié. Elizabeth entre et demande à ajouter un mót; adieu, 'adieu! je vous embrasse de toute mon ame. » A ces quelques lignes, un ange avoit ajouté ce peu de mots qui, doublant le prix de la lettre, l'ont fait parvenir à 5 liv. 12 sh.: « La reine veut bien me permettre de vous dire combien je vous aime. Elle ne vous attend pas avec plus d'affection que moi.

ELIZABETH MARIE.

Une autre femme, d'un sang auguste comme Marie-Antoinette et Mme Elisabeth, comme elles aussi trop tôt enlevée à l'amour des siens et au respect de tout ce qui sent battre en soi un noble cœur, la princesse Marie d'Orléans écrivoit à un de ses frères, le 11 mars 1831: Messieurs les décorés de Juillet se trouvèrent hier au grand banquet, aux Vendanges de Bourgogne; le diner et le vin échauffèrent les têtes et ces Messieurs sortirent de table en dansant la Carmagnole et proferant des cris séditieux; ils ameutèrent bien vite quelques centaines de casquettes a eponge, etc., et se mirent à se promener dans les rues continuant leurs cris et leurs chants et ne manquèrent de se porter à la place Vendôme: voici mon cher gros,

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