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Sommaire du 15° numéro de la dixième série du Bulletin

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CORRESPONDANCE RÉTROSPective. Lettre écrite par

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M. de Caumartin, le 10 mars 1767, communiquée par M. le Comte Achmet d'Héricourt.

NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES.

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tiens, par Geoffroy Vallée, par M. Mouan, d'Aix. . 612

NOUVELLES.

CATALOGUE

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un musée bibLIOGRAPHIQUE

AU LOUVRE.

E Louvre, cette antique demeure des souverains de la France, qui étale sur ses murs les chiffres de vingt rois et les admirables sculptures de vingt artistes célèbres; ce palais, dont les lambris dorés et les plafonds resplendissant de peintures, attestent sa primitive destination, est devenu par suite des temps et des révolutions, le Palais des Arts et de l'archéologie.

Des réparations, des embellissements, un classement nouveau des objets précieux qu'il renferme, ont donné à l'édifice une splendeur inaccoutumée, au dépôt artistique un titre de plus à l'admiration.

Les maisons qui se pressoient autour de ce monument sont démolies par centaines; des rues entières disparoissent; la rue de Rivoli se prolonge, et le vaste Carrousel n'aura bientôt pour limites que le Louvre et les Tuileries.

Aussi, l'attention publique est-elle fixée aujourd'hui sur ce point de la capitale. Les journaux ont rendu un compte élogieux de la réouverture du Musée et de la magnifique galerie d'Apollon. On calcule les dépenses que doit entraîner l'achèvement de l'aile du nord. On s'intéresse vivement aux efforts 40

que fait la ville de Paris pour rattacher à ce monument central des quartiers éloignés qui, à l'aide de la rue Neuve de Rivoli, se trouveront, comme par enchantement, rapprochés de ce palais. Les promeneurs s'arrêtent étonnés devant cette large brèche pratiquée dans le vieux Paris, devant tant de ruines et de décombres d'où surgissent déjà l'air et la lumière, d'où surgiront, dans un laps de temps bien court, de larges rues, des places agrandies et des chefs-d'œuvre d'architecture.

Le Louvre, c'est le dépôt sacré des produits de l'art ancien et de l'art moderne: c'est le Musée national de la France. S'il est grand et utile de compléter le palais, il n'est pas moins grand ni moins utile de compléter les collections qu'il doit renfermer. Or, à notre avis, il existe une lacune; et, en la signalant, nous croyons remplir l'un des devoirs que nous impose notre titre de directeur du Bulletin du Bibliophile.

On semble avoir oublié que le Louvre a été le berceau de la Bibliothèque nationale, la plus belle et la plus riche bibliothèque du monde. Le roi Charles V avoit placé ses livres dans les trois étages de l'une des tours de ce palais, désignée, par ce motif, sous le nom de Tour de la Librairie. Trente flambeaux et une lampe d'argent étoient allumés pendant la nuit, afin que les savants pussent travailler à toute heure dans cette bibliothèque déjà rendue publique. La garde en fut confiée à Gilles Malet, valet de chambre du roi, qui, en 1373, dressa l'inventaire de cette collection composée de 910 volumes. Un petit nombre de ces précieux manuscrits, et quelques uns des beaux livres recueillis par Jean, duc de Berry, frère de Charles V, existent encore et sont conservés à la Bibliothèque nationale; mais placés dans la réserve, avec une foule d'autres manuscrits admirables et avec tous les incunables, ils sont enfouis, à peine catalogués, dans une tombe anticipée. On sait qu'ils existent seulement par tradition. On ne livre point à la vue des amateurs ces richesses bibliographiques, ni même les catalogues qui, peut-être, en contiennent la description. C'est le trésor de l'avare, inutile pour tous, et cependant pour

quoi ne pas étaler ces joyaux aux yeux des bibliophiles et des artistes françois ou étrangers? Si le Musée de peinture, le Musée des antiques, des pierres précieuses et de l'orfèvrerie excitent tant d'admiration, un Musée bibliographique seroit-il donc à dédaigner? non, sans doute; car ce musée offriroit aux regards des objets inconnus jusqu'à ce jour et presque inédits pour la génération actuelle.

C'est dans les galeries dont la construction est projetée que ce nouveau Musée devroit être fondé. Il soutiendroit dignement le parallèle avec les diverses collections auxquelles il viendroit se joindre. Les miniatures des manuscrits, les reliures chargées d'or, sculptées et enrichies de pierres précieuses, rattacheroient ce Musée aux Musées déjà créés. Le vélin ou le papier dont les volumes sont composés, le style de l'œuvre qu'ils renferment, le nom des antiques possesseurs de ces respectables reliques de l'intelligence, rappelleroient l'histoire de la France, des arts et du progrès des connoissances humaines.

C'est là que dans des meubles élégants, construits avec soin et artistiquement disposés, on verroit réunis dans une seule galerie, les trésors bibliographiques extraits des collections de la Bibliothèque nationale et des autres bibliothèques de Paris. On ne porteroit point atteinte aux spécialités importantes de ces riches dépôts publics; pour l'exécution de notre projet, il suffiroit de choisir les exemplaires de luxe qui sont en double, et qui méritent de figurer au milieu de ces objets d'art, soit par leur condition, soit par leur reliure. Cette galerie porteroit le nom de Musée bibliographiqUE; et l'on reconstruiroit ainsi, en partie, l'ancienne librairie du roi Jean, de Charles V, de Jean, duc de Berry, et de Philippe de Bourgogne.

Dans ce Musée viendroient s'étaler aux yeux des bibliophiles les manuscrits rangés chronologiquement, depuis Charlemagne jusqu'à l'invention de l'imprimerie. L'époque de cette admirable découverte se trouveroit dignement inaugurée par le Psautier sur vélin, de 1457, le premier livre imprimé avec date. La Bibliothèque de l'Arsenal pourroit, sans s'apauvrir,

céder une Bible de 1462; car cet établissement possède deux exemplaires, de ce précieux monument, imprimés sur vélin. Plusieurs éditions du célèbre Vérard se trouvent en double à la Bibliothèque nationale, et deviendroient une conquête pour le nouveau Musée. A ces richesses on ajouteroit des livres imprimés sur vélin par nos célèbres typographes Simon Vostre, Pigouchet, Galliot du Pré, Simon de Colines, les Estienne, etc.

Des volumes imprimés sur vélin par les Aldes, et recouverts de reliures d'une rare élégance, provoqueroient et sembleroient défier les premiers relieurs de notre époque, dont les œuvres viendroient aussi prendre place dans cette galerie, à leur rang et à leur date.

Supposons pour un instant que toutes ces richesses soient artistement classées sur des tablettes pyramidales garnies de velours, éclairées par un jour favorable et préservées du contact et de la poussière par d'élégants vitraux (1). Reportonsnous par la pensée à ces siècles reculés que représentent si intimément ces monuments de l'écriture, de l'imprimerie et de la reliure. Nous pourrons alors étudier sous un nouveau point de vue, l'histoire des hommes, des arts et des progrès

(1) Nous constatons avec regret la mauvaise disposition des monuments destinés à recevoir nos bibliothèques. On a conservé de nos jours l'agencement sévère autrefois adopté par les abbayes. Ne seroit-il pas convenable que ces édifices fussent élégants, savamment éclairés et décorés avec assez d'art pour rompre la monotonic qui résulte de milliers de volumes rangés côte à côte sur des rayons, et n'offrant aux yeux qu'une suite fatigante de reliures uniformes. Nous ajouterons que rien ne nous semble plus triste qu'une bibliothèque placée dans une église. Cette réflexion nous est suggérée par le souvenir de l'impression que nous fit éprouver, il y a quelques années, une visite à la bibliothèque de Cambray, en entrant dans cette vieille basilique, sombre et dénuée de toute espèce d'ornements, nous fùmes saisis d'un accès de tristesse qui nous expliqua suffisamment l'absence absolue de lecteurs. Nous voyons dans l'ouvrage de Boece, de Consolat. philosoph., lib. 1, dans les épigrammes de Martial et dans Vitruve, avec quel soin les bibliothèques étoient autrefois construites. On mettoit à contribution les talents et le génie des architectes, des peintres et des sculpteurs. Les murs étoient décorés de peintures, d'or et d'ivoire, les boiseries étoient en. cèdre et en cyprès. HORAT. lib. 11, epist. 3.

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