Obrazy na stronie
PDF
ePub

des marchands, notre auteur s'écrie-t-il: Dieu veuille que la « forme accoustumee d'eslire soit gardée à l'advenir en l'es«<lection desdits prévosts des marchands. >>

<< Un peu plus loin, après avoir raconté la mort du marquis de Ménélay, il ajoute : « Grand jugement de Dieu, car il avoit « mal parlé de sa mère, et fait tuer à Bourgeuil son cousin,

après s'estre rendu à sa merci. » Nous pourrions citer plusieurs autres passages du Journal qui ne feroient pas moins d'honneur au caractère de Fayet. >>

Pierre Fayet n'a pas signé son Journal, mais au bas du premier feuillet à la suite de quelques sentences en langue italienne qu'il y transcrit, suivant l'usage des auteurs du xvi* siècle, on lit l'anagramme suivante qui équivaut à une signature:

a

IE RY PAR EFET (Pierre Fayet.)

La moitié du volume est occupée par des notes, toutes sont curieuses et importantes, nous citerons seulement :

Une anecdote de l'assassinat du capitaine Claude de Vaudray, sieur de Mouy, par Charles de Louviers, sieur de Maurevert, et une lettre de Charles IX qui prie le duc d'Alençon de récompenser cette action. L'original de cette lettre existe à là Bibliothèque du roi.

- Deux lettres du cardinal de Lorraine sur la mort du duc de Larochefoucault, dans la journée de la Saint-Barthélemy. L'histoire de la mort du comte de Montmorency.

La réimpresion d'une pièce de vers intitulée : Les vertus ́et propriétés des mignons, critique violente des mœurs intimes de la cour de Henri III.

Des détails curieux sur Marie Stuart, etc., etc.. »

L'éditeur a trouvé l'occasion de nous faire connoître plusieurs raretés bibliographiques fort peu connues que renferme sa collection historique. Remercions M. Luzarche d'avoir conservé à la France et aux historiens présents et futurs un Jow:

wat qui auroit pu un jour subir le même sort que le journal si regrettable de l'avocat Loisel.

Cetle

DISCOURS DE LA MÉTHODE POUR BIEN CONDUIRE SA RAISON ET CHERCHER LA VÉRITÉ DANS LES sciences, par Descartes. nouvelle édition a été, de même que l'ouvrage qui précède, publiée par M. Vict. Luzarche, à ses frais et pour être donnée en présents à ses amis, à l'occasion de l'inauguration de la statue du grand philosophe sur l'une des places de la ville de Tours.

C'est une reproduction très correcte de l'édition originale, qui n'avoit guère été respectée dans les réimpressions qu'elle a subies jusqu'à ce jour. Elle est précédée d'une introduction bien écrite dans laquelle se trouvent deux lettres autographes. de l'auteur.

Voici ce que M. Luzarche dit à ce sujet :

« Nous avions d'abord conçu le projet de mettre à la tête de cette édition une Histoire de la vie et des écrits de Descartes, à laquelle nous travaillons depuis plusieurs années; mais nous nous somines bientôt aperçu que cette biographie étoit beaucoup trop étendue pour trouver place ici. Nous nous contenterons donc de publier deux lettres de notre philosophe qui prouveront que, vingt ans avant Pascal, il se servoit de la langue françoise avec une politesse et une grâce dont il seroit difficile de trouver un autre exemple parmi ses contemporains. Ces deux lettres adressées à Balzac, qui eût été fort embarrassé d'y répondre dans un style aussi naturel, serviront d'introduction au Discours de la méthode dont nous voudrions que l'on popularisât en France la lecture et l'étude. »

J. T.

NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES.

LE PREMIER ACTE DU SYNODE NOCTURNE DES LEMANES, UNELMANES, PROPÉTIDES, à la ruine des biens, vie et honneur de Calianthe. 1608.

Tel est le titre d'un charmant livret qui vient d'être offert aux Bibliophiles par deux éditeurs auxquels nous sommes déjà redevables de diverses exhumations littéraires des plus cnrieuses. Malheureusement, peu d'amateurs seront à même de posséder la facétie que nous annonçons. L'édition se compose en tout de soixante exemplaires. Ici il y a peu d'appelés et les plus empressés seront seuls élus. Avis aux amis de la littérature Rabelaisienne qui voudront mettre sur leurs tablettes la plus jolie copie possible d'un original qui ne leur tombera probablement jamais sous la main. Nous ne l'avons, pour notre compte, découvert sur aucun catalogue, si ce n'est celui de la Bibliothèque nationale, et il semble ne s'être jamais montré dans les ventes.

Le titre général de cette publication est ainsi conçu : Bibliothèque Bibliophilo-facétieuse, éditée par les frères Géobédé, 1852. Son format est in-8°. Elle comprend 116 pages et a été imprimée à Londres, sur beau papier, en caractères amis de l'ail, comme disoit le bon M. Nodier.

Nous nous proposons d'emprunter quelques passages au Synode, afin de donner à nos lecteurs une idée du style de l'ouvrage. Ne convient-il pas de leur présenter d'abord les rares détails qui nous sont parvenus sur l'écrivain qui le com

posa? On a tout lieu de croire que le, Synode est l'œuvre de Guillaume Reboul. L'auteur, en lançant son ouvrage dans le monde, crut devoir garder l'anonyme; comme on le verra plus tard, cette prudence ne servit pas à grand'chose à Reboul; elle fourniroit volontiers un chapitre de plus à l'histoire des précautions inutiles. On comprend néanmoins, en feuilletant le volume, les motifs qui ont pu porter Reboul à ne se point nommer. Il ne faut pas croire toutefois que son ouvrage dépasse les bornes du genre Pantagruélique. Non, certes. Le lecteur ne rencontrera dans ses pages, remplies d'érudition, di reste, aucune expression plus crue, aucune image plus hardie que celles qui abondent dans les livres qui s'écrivoient, durant les siècles passés, pour l'amusement de nos pères. La vieille gaieté françoise s'accommodoit à merveille des récits vifs et licencieux. Ils remplissoient les loisirs des cours et des camps; grâce à eux, les longues veillées d'hiver s'écouloient rapides. Les contes de B. Des Périers, de Rabelais, de Chapuis, de Cholières, de Verville, de Bouchet, de N. Du Fail, firent longtemps retentir d'une joie pareille le foyer du châtelain et l'âtre du manant. À cette heure, on ne rit plus : à quoi bon ? le françois a la main destructive, il a répudié la gaieté de ses pères; il a démoli bien d'autres choses, bon Dieu! Gouté à son époque, à l'égal de ceux que nous venons de citer, mais moins fortuné, Reboul est, pour ainsi dire, oublié aujourd'hui. La Biographie universelle n'a pas accordé une ligne à ce malheureux. Si deux bibliophiles n'étoient venus prendre soin de le venger de cette injuste rigueur, sa mémoire périssoit. En outre du Synode nocturne, que nous lui attribuons, c'est encore à Reboul qu'on doit, selon toutes probabités, les, Salmonées contre les ministres de Nisme et ceux du Languedoc, Lyon, 1597; les Actes du Synode de la sainte réformation tenu à Montpellier, le 15 août 1598 (satyre très vive contre les protestans); la Cabale des réformés, tirée nouvellement du Puits de Démocrite, 1599; le Nouveau Panurge, dont il y a eu trois éditions; enfin, on a également conservé de lui différents Plaidoyers.

Reboul eut une déplorable mort. Le Mercure prétend qu'il fut décapité en prison pour avoir trop écrit: d'autre part, Casaubon affirme qu'on le pendit. Toujours est-il qu'il périt à Rome, et que la corde, si ce n'est le couteau, triste alternative, mit fin à sa vie. On portoit alors les peines les plus sévères contre les écrivains dont la verve satyrique se montroit trop mordante. Piccinardi, Conf. Bartholmey, Nicolo Franco, Ferrante Pallavicino, encoururent le même châtiment que Reboul.

Le style du Synode rappelle beaucoup celui du Pantagruel de maître François. Notre intention étoit, comme nous l'avons dit plus haut, de donner ici quelques extraits de l'ouvrage de Reboul. M nous vient un scrupule. D'abord, confessons-le, nous sommes embarrassé du choix des morceaux; toutes les pages du Synode nous semblent piquantes au même degré. Nous craignons ensuite que ces citations ne paroissent quelque peu déplacées dans le Bulletin. L'oreille n'est plus faite à une littérature aussi hardie dans ses allures. L'amateur le plus chaste accorde ouvertement une place dans sa bibliothèque aux Serées de Bouchet, à la Mitistoire baragouine de G. Des Autelz, au Moyen de parvenir, et personne n'y trouve rien à reprendre. Un journal qui imprimeroit une de ces facéties dans un des coins de sa feuille, passeroit avec raison pour téméraire aux yeux de beaucoup de gens. Nous nous abstiendrons donc de toute citation. Ce n'est pas sans quelque regret, avouons-le; nous avions de si joyeux récits à faire à nos lecteurs! Nous comptions leur apprendre quelle ingénieuse idée passa par l'esprit de la sœur laie Procris ; quels Souhaits incongrus formoit la mère abesse Niobé. Nous leur eussions aussi raconté volontiers l'aventure qui advint chez la Goüabaulde à une certaine nonne nommée Clere qui « ressembloit à la chambrière de Petronne, pour n'auoir aucune congnoissance d'auoir jamais esté vierge, »ils eussent aussi appris, grâce à nous, qu'il est, selon Reboul, une grave maladie dont l'homme doit s'estimer heureux d'être alteint. Ces regrets exprimés, nous n'entretiendrons pas plus longtemps nos lecteurs de la nouvelle publication de MM. Gust.

« PoprzedniaDalej »