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TABLEAU SYNOPTIQUE ET COMPARATIF

DES

IDIOMES POPULAIRES OU PATOIS

DE LA FRANCE;

CONTENANT

DES NOTICES SUR LA LITTÉRATURE DES DIALECTES; LEUR DIVISION TER-
RITORIALE, AINSI QUE CELLE DE LEURS SOUS-ESPÈCES; DES INDICATIONS
GÉNÉRALES ET COMPARATIVES SUR LEURS ARTICULATIONS ET SUR LEURS
FORMES GRAMMATICALES; LE TOUT COMPOSÉ D'APRÈS LES MEILLEURES
SOURCES ET LES OBSERVATIONS FAITES SUR LES LIEUX,
ET ACCOMPAGNÉ D'UN

Choix

de morceaux en vers et en prose

DANS LES PRINCIPALES NUANCES DE TOUS LES DIALECTES OU
PATOIS DE LA FRANCE.

PAR

J. F. SCHNAKENBURG,

MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DE FRANCE À PARIS.

DOCTEUR EN PHILOSOPHIE,

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AVANT-PROPOS.

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Bes Dialectes d'une langue ne sont pas seulement des monuments curieux de l'antiquité, ils forment un élément essentiel dans la vie des peuples. Les langues divisent les nations, les patois, avec leurs nuances infinies, tracent en lignes immuables les limites des provinces, des cantons et des communes, malgré les divisions conventionelles que la politique pourrait imposer au pays. Ce sont pour ainsi dire les racines innombrables par lesquelles la langue nationale tient au sol natal et par lesquelles elle reçoit sa force, sa vie, sa couleur, sa poésie. Aussi la langue française perditelle ses graces naïves et si éminemment poétiques dès l'époque où elle s'imposa le joug de l'esprit maniéré et précieux d'une certaine classe de la société, qui finit par la précipiter dans les froideurs d'une abstraction dénaturée, et il ne fallait pas moins que le concours des grands

génies du siècle de Louis XIV pour inspirer un souffle de vie à ces formes pétrifiées. Avec le langage sublime de Montaigne, Corneille serait peut-être devenu un Shakespeare. Il n'y a que Molière et Lafontaine qui ne craignirent pas alors d'aller retremper leur style dans les sources natives du langage, et l'on sait qu'ils doivent une grande partie de leurs succès à la franche hardiesse avec laquelle ils abordèrent les patois.

La révolution qui s'opéra dans la littérature française vers le commencement de notre siècle ne se borna pas à réformer le tour de la pensée, à renverser ou à ébranler au moins les bases de l'ancien parnasse français, elle envahit tout le domaine de la langue et tendit à abolir l'autorité, à émanciper la parole. La nouvelle école, à laquelle on s'est plu à donner le nom de romantique, après s'être jetée tête baissée dans l'arcaïsme, y rencontra, à moitié chemin, le patois, qu'elle n'hésita pas d'exploiter également pour ses buts. Je n'aurai à citer à l'appui de mes paroles que les nombreux romans appelés intimes. Bientôt la science, guidée par cet esprit d'analyse et d'investigation qui caractérise l'époque présente en France, s'empara de cet objet, et l'on vit éclore de toutes parts des ouvrages qui tendaient à dévoiler en partie ce vaste patrimoine de la langue, voué depuis si long-temps à l'oubli par une réserve par trop méticuleuse. Le gouvernement même ne tarda pas à s'intéresser à ces travaux en

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