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3. Le troisième, c'est lorsque toute la volonté de l'homme est abandonnée à la volonté divine et contenue en elle. C'est lorsque la raison toujours attentive à cette volonté sainte, cherche pleinement à s'y conformer, sans tenir compte de la volonté propre. Alors l'homme ne peut pas pécher.

4. Le quatrième, c'est lorsque l'homme garde en tout le juste milieu. Celui qui sait garder dans tous ses actes le juste milieu est à l'abri du vice. D'où viennent, en effet, les vices, sinon d'un désordre, c'est-à-dire parce qu'on fait plus ou moins qu'on ne doit. Celui qui fait ce qu'il doit faire, et qui laisse ce qu'il doit laisser, est toujours en accord avec Dieu.

5.- Le cinquième, c'est lorsque l'homme embrasse spontanément la pauvreté, au-dedans et au-dehors. Les pauvres ont toujours quelque chose à souffrir. Vienne une défaillance, un manquement quelconque, la peine est toujours là, prête à consumer la faute, comme une fournaise ardente.

6. — Le sixième, c'est lorsque la flamme vivante de l'Esprit-Saint a embrasé le cœur de l'homme. Car, enfin, l'amour immense de Dieu consume tous les péchés de l'homme et rend celui-ci complètement pur, exempt de tout péché. Cela est si vrai que celui qui serait sans cesse sous l'action de ce feu, vivrait sans cesse sans péché. L'amour et la haine, en effet, ne peuvent aller ensemble dans un même sujet. Si vous aimez Dieu parfaitement, force vous est d'éviter tout ce qui est contraire à Dieu.

Ajoutez à cela un examen prévoyant sur les paro

les et sur les actions, de manière à rejeter toutes celles qui ne sont pas utiles à la gloire de Dieu. Si un homme fait tout son possible pour se conformer à tout ce que je viens de dire afin d'éviter tout péché, je vous l'affirme, cet homme est gardé et honoré par les anges et par toute la cour céleste. Sa prière est pure; Dieu l'exauce sans retard. Il a un libre accès auprès de Dieu et il jouit de sa familiarité. Pour quelques plaisirs passagers qu'il a méprisés, il trouve en Dieu la paix intérieure et une ineffable consolation. Son cœur est si bien affermi, ses forces sont tellement accrues que les mauvaises pensées n'ont plus de prise sur lui et ne sauraient l'entraîner à des fautes graves. Qu'il meure dans cet état et il entrera dans la joie de la céleste patrie, sans passer par le Purgatoire.

CHAPITRE III

De deux fonds, un mauvais, l'autre bon. Comment nous devons sans cesse surveiller et connaître le fond mauvais pour lui résister et nous y soustraire.

Toutes les œuvres bonnes ou mauvaises tirent leur mérite, récompense ou châtiment, du fond, de l'intention, de l'amour qui les produit et les fait paraître au-dehors. Tout notre salut a sa source dans un bon fond qui cherche Dieu et une bonne intention qui sait faire abnégation d'elle-même (chose très rare parmi les hommes). Au contraire, tous les péchés, tous les maux, toute la damnation éternelle, découlent d'un fond mauvais, faux, qui ne sait pas se soumettre et qui se cherche lui-même. Je me propose donc, avec la grâce de Dieu, de vous montrer comment ces deux fonds, le bon et le mauvais, se distinguent l'un de l'autre.

La Vérité elle-même nous dit que « tant que le grain de froment jeté en terre n'est pas mort, il reste seul ; mais, quand il est mort, au contraire, il porte des fruits en abondance (Jean, 12). Voilà, vous dis-je, une comparaison sortie de la bouche de la Vérité même, de la sagesse éternelle de Dieu le Père, voulant nous apprendre ainsi que nous devons complètement mourir, si nous voulons devenir parfaits et féconds en vertus. De même, en effet, que le grain de froment ou

toute autre semence, ne peut revêtir une forme nouvelle sans mourir à lui-même et se dépouiller de celle qu'il avait auparavant, de même, il nous est impossible de nous unir, de nous incorporer au Christ, de nous enrichir de ses grâces tant que nous n'avons pas déposé et mortifié en nous tous les défauts et tous les vices, tant que nous n'avons pas fait l'abnégation et le sacrifice de tout ce qui nous sert de matière à la recherche, à la complaisance et à l'amour de nousmêmes, aussi bien dans l'esprit que dans la nature.

Mais, avant de pouvoir pratiquer ce dépouillement, il est indispensable de connaître les liens qui nous retiennent, les obstacles qui se dressent entre Dieu et nous. Ce n'est qu'après qu'on pourra les briser et s'en dégager. Plus, en effet, un homme se connaît et plus il est apte à se mortifier et à se renoncer. Mais, combien, hélas ! qui s'illusionnent à ce sujet ! Voilà pourquoi il m'a paru utile de vous parler un peu de ce fond corrompu d'où naissent tous les obstacles entre Dieu et nous. Avoir la connaissance de ce fond est infiniment plus utile à l'homme que de posséder, sans elle, une intelligence angélique, ou de savoir ce que savent tous les esprits bienheureux ensemble.

Ainsi donc, ce fond vicieux n'a ni Dieu, ni la créature pour objet de son amour, mais uniquement luimême. Sans doute, de temps en temps, il semble bien faire un acte d'amour pour Dieu ou pour le prochain ; mais c'est là une illusion, un immense mensonge, dont tout le monde est dupe et victime. Ce fond se croit juste et bon, il se glorifie à tout propos de ce qu'il fait ou ne fait pas, il tire vanité surtout des ac

tes qui ont certaines apparences de vertu et de sainteté, et il s'en vante, intérieurement, comme si c'étaient vraiment des vertus éclatantes. C'est ainsi qu'il se trompe lui-même, et qu'il s'attribue tout le bien sans le rapporter à Dieu. Il n'aime pas la vertu ; mais il veut être loué et honoré à propos de la vertu. Souvent aussi, il juge les autres au sujet de leurs défauts et même de leurs bonnes œuvres, car, c'est une habitude chez lui de se croire meilleur que tous : condescendre à l'infirmité d'autrui et avoir pitié de leur entraînement, il ne le peut pas; lui seul doit être en vue, et cependant quel poids de malice dans ce fond!

Il n'y a pas pour lui de péchés graves et mortels. Que dis-je ? tout est peccadille. N'est-ce pas là la preuve évidente qu'il est d'une misère extrême ? Il est à ce point dépourvu de toute vraie lumière, tellement aveuglé, qu'il ne sait pas même ce qu'est le péché. Ah! s'il savait que le péché c'est la fuite, l'éloignement de Dieu, le souverain bien, peut-être, avant d'y consentir, éprouverait-il un brisement de cœur ! Mais non; il accomplit sans difficulté les bonnes œuvres d'où il espère tirer un surcroît d'estime et de réputation; demandez-lui de faire ces mêmes œuvres, loin de tout regard, à l'insu de tous, pour la seule gloire de Dieu, sa santé ne le lui permet pas.

D'où vient encore que la volonté est si facilement portée à l'amour ou à la haine des créatures périssables, d'où vient qu'elle est si fortement émue par les événements de toute sorte, sinon de ce fond perverti

T. VIII.

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