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Ce même ami de Dieu, interrogé sur ce qu'il désirerait faire si, comme tant d'autres pécheurs, il avait passé sa vie au milieu des plus grandes iniquités, donna cette réponse. « Si j'avais exécuté tous les << ordres qu'un confesseur prudent et sage m'aurait <<< imposés, si vraiment je m'étais débarrassé de tous

mes péchés comme il convient, je ne voudrais plus « désormais y penser, ni souiller mon cœur par leur << souvenir; mais je m'efforcerais ensuite de vivre si << purement que Dieu ne gardât plus la moindre mé<< moire de mes fautes. Le péché en effet n'est rien; << il n'a aucune essence; il n'opère rien si ce n'est le « mal. Il attire vers le néant ceux qui le commettent. Lors donc que nous ne le voulons plus, que nous

l'intention de refuser et de mépriser Jésus-Christ quand on vient de lire les pages qui précèdent sur le moyen le plus excellent et le plus efficace d'arriver à la perfection: l'imitation de NotreSeigneur. Mais, Bossuet le savait mieux que personne, - le Christ, dans son humanité, comme compagnon de route visible et inséparable (comes individuus) n'est qu'un médiateur qui nous guide vers un but supérieur: sa divinité. Dès lors quoi d'étonnant qu'une âme éprise de la perfection absolue désire atteindre l'essence divine elle-même et participer à la vie propre de Dieu, puisqu'enfin la grâce sanctifiante n'est pas autre chose? Quoi d'étonnant encore qu'en voyant cette disposition d'une àme, Dieu l'appelle « sa fille bien-aimée»? J'avoue que mon oreille chrétienne n'en n'est nullement blessée. Elle ne le serait qu'autant que je trouverais ici une sorte de parité et d'assimilation voulue entre le vrai Fils de Dieu et nous-mêmes. Or rien n'autorise une confusion pareille. Le Christ, le verbe de Dieu, est Fils par nature, nous ne devenons les enfants adoptifs de Dieu que par grace. La différence est grande et cependant on comprend la parole du Père: Vous êtes mes enfants bien-aimés en qui j'ai mis ma complaisance.

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<< ne le commettons plus, que nous nous éloignons << complètement de lui, en faisant de dignes fruits de << pénitence, Dieu, de son côté, le jette dans l'oubli. << Car si nous ne le faisons plus jamais, Dieu aussi « ne le voit jamais, car il n'est jamais. Or, dès que le « péché sort de la connaissance de Dieu, l'âme reçoit <<< aussitôt la santé parfaite ». Ce saint homme ajouta encore; Aurais-je vécu quarante ans dans le péché, et serais-je arrivé à mon heure dernière, « si j'ai confessé vraiment toutes mes fautes, si j'ai << pu me tourner et me recueillir en Dieu dans un << acte d'amour parfait, pendant l'espace seulement « d'un Ave Maria, si cet acte est venu tellement du fond de mon cœur, que je sois tout entier attaché à << Dieu et détaché de tout mal, eh bien, je puis << mourir, je sortirai de cette vie comme un homme complètement pur et innocent. Mais n'aurais-je «< commis qu'un seul péché, si la mort me surprend << dans la douleur, dans la contrition, dans l'angoisse, je ne meurs plus en innocent, mais en pénitent ».

« Je ne veux pas, disait-il, me mettre en peine de << connaître mon Dieu. Cela dépasse mes forces dans << cette misérable existence; mais je me laisserai de « préférence préparer pour être tout entier à Lui: «et alors je recevrai ce qui est à moi dans ce qui <«< est à Lui, sans qu'il y ait rien de moi. Me résigner, « voilà mon affaire; à Lui d'illuminer. La connais

sance, l'amour, c'est très bon sans doute, mais «<l'union de l'âme avec Dieu est encore meilleure. « Quand je dors, je ne fais rien, certes, et cependant « je suis quand je m'abandone tout entier à Dieu,

<< j'arrive à son union bienheureuse. Or, si je parviens « à ne faire qu'un avec Lui, par la grâce, personne << désormais ne peut me nuire. Celui qui est uni << au Christ s'éloigne et s'abstrait de toutes choses << sans douleur ».

Mais quand un homme est monté à ce degré sublime il doit se garder attentivement en tout, pour ne pas déchoir. Il aura grand soin de ne s'attacher à aucune créature pour y mettre son amour et y trouver son plaisir. Ah! comme on quitte sans douleur tout ce qu'on est sûr de posséder en Dieu ! Au contraire, sommes-nous tristes en perdant quelque chose? C'est le signe qu'en le possédant nous ne plaisions pas à Dieu.

Un dernier mot. Personne n'est digne de la vraie pénitence si ce n'est celui qui la désire du fond du cœur. A Dieu seul il appartiendra de la donner. Or, le don que Dieu veut faire c'est le don de Lui-même ; la lumière qu'il veut allumer en nous, c'est sa propre Lumière. Il est l'opération de la grâce ; il est la vie en lui-même ; il est la raison d'être de toute créature.

Daigne ce Dieu tout puissant nous accorder à tous d'obtenir la vraie et essentielle pénitence, conformément aux institutions, aux doctrines et aux exemples dont nous avons parlé. Ainsi soit-il.

CHAPITRE II

Du tort que nous font les péchés véniels, et de quelle manière nous pouvons éviter tout péché.

Sans doute, nous ne pouvons pas éviter tous les péchés véniels ; cependant, avec la grâce de Dieu, nous pouvons et nous devons nous surveiller et nous garder si bien que nous n'y tombions que rarement, par surprise, et jamais de propos délibéré, même pour éviter la mort. De même, en effet, qu'un épais nuage arrête la vue des yeux du corps, de même les péchés véniels obscurcissent les yeux de l'âme (mentis) et nous empêchent de voir Dieu. Ils éteignent la ferveur de l'amour divin et font que nos prières sont écoutées avec moins de facilité que si nous en étions exempts. Ils enlaidissent et souillent l'âme, ce qui attriste le Saint-Esprit et fait la joie du démon. Ils excluent de notre âme la familiarité de Dieu, aussi longtemps que nous ne les avons pas repoussés. Ils entraînent l'homme à des péchés plus grands et plus graves. Ils affaiblissent les forces de l'âme pour résister aux mauvaises inclinations. Ils rendent l'homme lent et paresseux pour faire le bien; ils lui donnent le goût et le désir des choses temporelles. Ils prolongent les souffrances du Purgatoire et retardent considérablement la vue et la présence de Dieu. Sont-ce là de petits préjudices? Que chacun y réfléchisse.

Que dirais-je si ces péchés sont commis de propos délibéré ou par une coupable habitude?

Il y a six moyens grâce auxquels l'homme qui y sera constamment fidèle, peut espérer, avec le secours de la grâce de Dieu, vivre à l'abri de tout péché soit mortel, soit véniel.

1. Le premier, c'est d'être sous la protection toute puissante de Dieu et de sentir nos forces soutenues par la force divine elle-même. Cela arrive, quand Dieu le Père engendre son Fils unique dans l'essence de notre âme. Alors, vraiment, la grâce divine pénètre toutes les puissances de l'àme,de telle sorte que la force de celle-ci se joint à toute la force divine pour résister à tout ce qui n'est pas Dieu ou qui s'opposerait à Dieu.

2. Le second, c'est lorsque les puissances inférieures sont toujours soumises et dociles aux puissances supérieures ; c'est même cela qui maintient l'homme dans la droiture et la justice. Le premier homme avait été créé dans cet état ; mais bientôt les puissances inférieures se révoltèrent contre les puissances supérieures et il tomba, au même instant, dans la faute. Il en est de même pour nous. Quand nous nous tournons vers la sensualité, sans la permission de la raison supérieure, nous tombons fatalement. Mais, lorsque nous nous extériorisons ou que nous accomplissons quelque œuvre extérieure avec l'autorisation de la droite raison, nous sommes à l'abri des chutes. N'oublions pas, toutefois, qu'il faut ici une grande lumière divine et une profonde humilité pour n'être pas trompés par le démon.

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