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Pensez aussi comment la très sainte Vierge Marie, la très digne Mère de Dieu, qui n'avait jamais commis le moindre péché, se troubla cependant quand l'ange lui annonca qu'elle allait concevoir le Fils de Dieu; souvenez-vous de l'émotion de Jean-Baptiste, le précurseur du Seigneur, quand il fut appelé à toucher de ses mains la sainte humanité du Christ et à verser sur sa tête l'eau du Jourdain. A plus forte raison, nous, pécheurs misérables et perdus, devonsnous être saisis de crainte, de respect et d'amour quand nous devons recevoir le Dieu de Majesté !

Voulez-vous donc être purifiés et délivrés de tous vos vices et de tous vos défauts? voulez-vous être ornés de toute grâce et de toute vertu ? Voulez-vous revenir ou être ramenés à votre origine? Disposez votre vie de telle manière que vous puissiez recevoir souvent le corps précieux de Notre-Seigneur dans le saint Sacrement. Grâce à lui, vous serez uni si intimement à Dieu, dans sa gloire suressentielle, que vous ressemblerez à une petite goutte d'eau jetée dans un grand bassin rempli de vin pur. Quelle créature pourrait désormais distinguer l'âme et Dieu ainsi unis ensemble ?

Cependant, vous ne devez pas vous inquiéter beaucoup de ne pas sentir au dedans de vous cette union. Gardez seulement une foi très ferme aux paroles de Dieu. Plus la foi sera forte, malgré cette absence de tout sentiment, et plus elle sera précieuse, digne d'une plus magnifique récompense auprès de Dieu, à la condition, toutefois, que vous fassiez tout ce qui dépend de vous. Hélas! comme elle fait défaut à peu

près universellement, autour de nous, cette foi vraie, forte et constante!

Mais, me direz-vous: Comment puis-je espérer, et sur quel puissant motif puis-je m'appuyer pour croire, quand je me vois si rempli de défauts, exposé à tant de fautes, si fortement incliné au péché ? Ecoutez.

Il y a dans chacun de nous, comme dans le Christ lui-même, deux choses bien distinctes: les puissances inférieures et les puissances supérieures. Dans NotreSeigneur Jésus-Christ, les puissances supérieures étaient toujours en possession et en jouissance de l'éternelle béatitude: quant aux puissances inférieures, elles étaient, dans le même temps, plongées dans de grandes afflictions, dans la lutte et des souffrances atroces; et cependant l'action des unes n'empêchait pas la passion des autres. Il en est exactement de même pour nous.

Nos puissances supérieures devront être toujours fixées et unies à Dieu. Quant à nos puissances inférieures, à notre corps et à nos sens, l'affliction et la douleur seront leur partage. Oui, l'esprit doit toujours s'élever dans un élan puissant, généreux, et s'écouler en Dieu, pur et dégagé de tout. Rien, en effet, de ce qui appartient aux puissances inférieures, ne saurait convenir aux puissances suprèmes. Or, la souffrance ou les passions du corps regardent seulement les puissances inférieures et les sens. C'est ainsi que la faim, la soif, le froid, l'affliction, la crainte, les soucis et tant d'autres choses agréables ou pénibles n'affectent que la partie inférieure. Au

reste, plus le combat est terrible, plus la victoire est glorieuse. Plus la guerre faite à nos vices est acharnée et cependant suivie de la victoire, plus la vertu est grande et agréable à Dieu.

Si donc, nous voulons recevoir le sacrement adorable du corps de Notre-Seigneur, veillons bien à ce que nos puissances supérieures soient dirigées vers Dieu; faisons en sorte que notre volonté le cherche; examinons bien ce que nous aimons en Lui, ce que nous avons purement dans l'intention; rendons-nous compte de la fidélité que nous avons pour Lui et si nous sommes vraiment fixés en Lui d'une manière ferme. Enfin, que notre jugement ne s'inspire pas de ce que nous sentons, mais qu'il vienne du fond lui-même.

Assurément, celui qui est dans ces dispositions ne recevra jamais, dans cette vie, le corps de Notre-Seigneur dans son sacrement, sans en retirer une grâce abondante et extraordinaire. Plus il s'en approchera souvent et plus aussi cette grâce augmentera. Que dis-je ? Il se pourrait même qu'une seule communion fut faite avec une telle dévotion, un tel désir, une telle intention que les fruits en seraient tout à fait merveilleux. Il se pourrait, par exemple, que tel homme destiné à rester au dernier rang des anges, fut élevé par Dieu, non seulement au second mais au huitième ou même au neuvième chœur angélique. Je suppose donc que vous êtes en présence de deux hommes également parfaits, également saints par les actes de leur vie; mais l'un a reçu plus souvent que l'autre la sainte Eucharistie dans de

bonnes dispositions, rien que pour ce motif, celui-ci resplendira éternellement comme un soleil éblouissant au dessus de l'autre, et l'union qu'il aura avec Dieu sera plus admirable et plus intime.

Du reste, ces fruits merveilleux de la participation au corps de Notre-Seigneur ne se manifestent pas seulement dans la communion extérieure et sacramentelle, mais encore, et davantage peut-être, dans la communion spirituelle, c'est-à-dire dans le cœur qui a une soif ardente, un amour, un désir très vifs, une intention et une dévotion sincères pour ce doux sacrement. Or, une personne, se trouvant n'importe où, pleine de santé ou malade, peut communier spirituellement des milliers de fois par jour et davantage; elle peut y apporter des dispositions telles que la grâce de Dieu se répande en elle plus abondante que dans tous les autres (1).

Cependant, il faut communier sacramentellement, conformément à l'institution de l'Eglise et pour répondre au désir qu'on en a. Et supposé que ce désir ne soit pas très ardent en nous, il faut toutefois se préparer et se disposer le mieux qu'on peut à communier quand même, et ordonner toute sa vie pour s'en rendre digne. C'est ainsi que l'on obtiendra, dans ce monde, la vraie sainteté et, dans l'autre à venir, la béatitude éternelle. Car suivre Dieu et l'imiter, c'est la sainteté; le posséder parfaitement, c'est la béatitude.

(1) Est-ce là l'opinion singulière et bizarre ? Qu'on veuille bien continuer la lecture du texte. Tauler est si peu contre la communion sacramentelle qu'il en fait une obligation pour tous.

CHAPITRE XXXIX

De douze grands dons et grâces ineffables que la clé mence divine accorde à ceux qui communient digne

ment.

(AUTEUR ECKARD SENIOR, DOCTEUR) (1)

Tout homme intérieur trouvera dans la réception du corps de Notre-Seigneur douze fruits excellents que, non seulement le commun des hommes, mais même un grand nombre de religieux ignorent à peu. près complètement.

I. Le premier fruit que nous retirons de la vertu de ce Sacrement par excellence, c'est non seulement la possibilité mais la facilité de quitter toutes les choses terrestres et caduques, de manière à pouvoir dire avec l'Apôtre: « Je regarde tout cela comme du fumier, pour gagner le Christ» (Philip., 3). Celui, en effet, qui n'a rien, qui ne désire rien, qui n'a besoin de rien, est, à coup sûr, plus riche que celui qui,

(1) Ce XXXIX et dernier chapitre, nous apprend Surius luimême, est tiré des œuvres de Maître E kard. Cette consciencieuse fidélité à nous indiquer les sources où il a puisé, nous montre bien que Surius n'a pas entendu faire une œuvre personnelle, mais qu'il a voulu simplement traduire et disposer avec ordre des fragments de manuscrits. Nous pouvons l'en croire aussi bien quand il nous dit que les manuscrits sont de Tauler, que lorsqu'il nous avoue les avoir empruntés à à Eckard.

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