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«Le cinquième, c'est qu'ils ne savent pas lutter pour moi à leurs dépens; mais il faut que je leur paie leurs services, soit en les consolant, soit en « leur donnant ou la dévotion sensible ou la science, « soit en leur accordant toute autre chose. Et dès que mes faveurs cessent, tout leur zèle aussi se refroidit et cesse.

<< Le sixième, c'est que je suis toujours présent à <«leur cœur. Sans cesse je m'offre à eux avec tout <<< mon amour, toutes mes joies, tous mes biens, tous

mes dons: sans cesse je les exhorte et les supplie « soit par moi-même, soit par mes créatures de vou«loir me suivre et me recevoir, moi, pauvre mandiant et leur conseiller fidèle, et il n'est presque personne qui le fasse. Tous aiment et cherchent mes <«<dons, mais non pas moi. Aussi quel immense et indiscible préjudice ils se causent à eux-mêmes en ne voulant pas de mon incompréhensible amour! >> Un homme suppliait Dieu de lui apprendre quel était le genre de vie qui lui plaisait le plus. Un jour donc, dans une vision, il aperçut le Sauveur sous la forme d'un très beau jeune homme, et devant lui se tenaient trois personnages. Le premier était couché, prosterné à ses pieds la face contre terre, et Notre Seigneur étendait sur lui sa main. Le second était debout, regardant en face, et encore qu'il fut très approché du Sauveur, il ne le voyait pas, car il lui tournait le dos. Le troisième, soulevé au-dessus de terre, faisant face au Christ, tournait et retournait autour de sa tête. Or voici ce qui fut révélé à l'homme dont nous parlons.

Le personnage qui était couché à terre désignait ceux qui s'attachent sans cesse, suivant leur guise et fantaisie, à leurs concepts, à leurs théories, à leurs exercices extérieurs, à tous les travaux de la vie active, tels que parler, chanter, lire, faire des venias, et autres choses semblables. Tous ceux-là, trop occupés qu'ils sont d'une multitude d'affaires, ne peuvent pas fixer leur regard sur Dieu. Cependant le Seigneur infiniment bon étend sur eux sa main miséricordieuse, désirant opérer en eux et attendant le moment où il les trouvera peut-être disposés et en repos. Quant à leurs théories, à leurs pratiques, il les leur laisse faire. Dieu ne force personne. Reste qui voudra.

Le personnage qui était debout, regardant devant lui, désignait ceux qui sont plus élevés, plus dégagés de la matière et qui ne s'attachent pas comme les précédents, à leurs propres concepts et à leurs théories. Mais ils doivent souvent s'extérioriser par la pratique des vertus, obligés qu'ils sont de commander aux autres, d'enseigner, de consoler, de se rendre utiles de mille manières, en parlant, en écrivant, en remplissant, en un mot, toutes les charges qui leur sont confiées. Bien que dans cette multiplicité, ils conservent une intention pure, cependant l'homme intérieur se trouve gêné par l'opération des sens; l'intention en est plus ou moins captive et obscurcie, de sorte qu'en ce moment l'esprit ne peut pas voir Dieu clairement. Mais dès qu'ils se retournent, ils se trouvent en face de Dieu et ils l'aperçoivent immédiatement dans leur esprit, dans le fond de leur âme (mentis)

bien préparée et libre, qui jamais n'a cherché et voulu autre chose que Dieu. Et alors, Dieu opère soudain et rapidement dans ces âmes.

Le troisième personnage qui était soulevé au-dessus de terre et qui allait et venait autour du Christ signifie ceux qui se dégagent de tout acte extérieur et de toute occupation terrestre, ceux qui ne s'impliquent pas dans les affaires extérieures et qui par là même laissent Dieu, sans cesse, faire en eux ses œuvres comme il l'entend. Ceux-ci, vraiment planent entre le ciel et la terre; leur avancement est rapide comme celui des nuées ; ils ne sont aucunement affectés par les créatures, même d'une manière très légère; ils sont libres, dégagés de tout et pleinement exempts de toute attache.

Il est très certain que ce qu'il y a de meilleur c'est Dieu; par conséquent l'action et l'œuvre de Dieu l'emporte de beaucoup sur toutes les œuvres humaines. Or, comme ceux-ci laissent à Dieu la place de tout faire en eux-mêmes, ils lui sont de beaucoup les plus agréables. Tout leur être, tout ce qu'ils ont et tout ce qu'ils sont, apporte plus de joie et d'honneur à Dieu que toutes les actions et opérations des autres hommes.

CHAPITRE XXIX

De la Passion de Notre Seigneur et de quelques autres pieuses leçons.

Notre Seigneur Jésus-Christ s'adressa ainsi, intérieurement, à une personne :

« 1° Lorsque tu t'appliques avec ferveur à la prière, <<< tu m'attires du haut du ciel et tu me fais descen<< dre jusqu'à toi. Et là, j'agis avec toi familièrement, << comme un ami avec son ami.

«< 2o Lorsque tu sors et que tu fais abnégation de << toi-même pour remplir une œuvre de charité, dans << l'intérêt de ton âme ou le bien de ton prochain,

quelle que soit cette œuvre, si tu la fais uniquement pour moi, tu te conformes à ce que j'ai fait << moi-même, quand, par amour pour toi, pour te << venir au secours, et te reconcilier parfaitement << avec mon Père céleste, je me suis offert spontané<<ment sur la croix.

« 3o Lorsque tu me contemples avec les regards << intérieurs de ton âme, comme ont fait tous les << Saints, tu apparais à mes yeux comme un arbre, << au printemps, chargé de fleurs splendides.

<< 4° Lorsque tu te représentes ma personne, sor<< tant du sein de mon Père dans cette admirable « génération et descendant ensuite dans ce misérable « exil, jusqu'à la honte de la croix et la mort la plus <<< ignominieuse; lorsque tu me vois, comme si j'étais là

<< devant tes yeux, que tu me rends grâces et que tu « voudrais souffrir avec moi tout ce que j'ai souffert «<ettout ce qu'ont souffert mes amis après moi, alors tu « me fait habiter dans ton âme, comme un tout puissant « roi habite dans son palais, et, de là, fait rayonner «sa justice dans tout son royaume et protège tous <«< ceux qui sont soumis à sa juridiction, contre les « tumultes de la guerre.

«< 5° Lorsque, écartant tous les obstacles, oubliant <<< toutes les créatures périssables, tu te soulèves vers « moi de toutes tes forces et que tu t'envoles en moi, << transporté, ravi au-dessus du temps, tu m'obliges « à perdre tellement le souvenir de mon excellence « que je suis forcé de descendre dans ton âme « pour y être engendré d'une manière ineffable par «mon Père, et pour t'adopter comme mon fils, et «<là, au-dedans de toi, je dispose, je conduis, je gouaverne le ciel et la terre ».

Un esprit céleste apparaissait assez souvent à un grand ami de Dieu. Celui-ci, entr'autres choses qu'il avait l'habitude de lui dire, lui demanda un jour quelle était la voie la plus parfaite et la plus pure pour arriver à la fin dernière. L'esprit lui répondit : « C'est « d'avoir toujours présente au-dedans de soi la Pas<«<sion du Sauveur et de s'y attacher avec reconnais<«<sance et amour; c'est surtout de s'efforcer d'expri

mer au-dedans et au-dehors, par la vie et les « mœurs, les souffrances de notre Seigneur; c'est d'être << bien attentif, toutes les fois qu'une faute nous « échappe, à reconnaître combien notre vie ressemble peu à la sienne; c'est de bien surveiller ce qui

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