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tres. Qu'il ne condamne même personne pour ses défauts quels qu'ils soient, mais qu'il se regarde comme l'égal, au point de vue des vices, du plus vil scélérat.

Car enfin s'il a un peu plus de vertu que celui-ci, cette vertu ne lui appartient pas; elle vient de Dieu, non pas de lui, et il doit humblement avouer qu'elle n'appartient qu'à Dieu seul. Par conséquent, tout ce qu'il a reçu de Dieu, il doit le rapporter à Dieu en toute reconnaissance et avec une humble crainte. Autant qu'Il dépendra de lui, qu'il garde la paix avec tous qu'il pardonne à tous, comme il désire que Dieu lui pardonne à lui-même. Qu'il se conserve libre, à l'intérieur et au dehors, de toutes les créatures mortelles et de toutes les occupations auxquelles il se préte, pour se tenir recueilli en lui-même, dans son fond. Qu'il laisse à chacun le soin de traiter ses propres affaires, quant a lui, qu'il cherche son salut et son avancement en tout. Ah! qu'il aime Dieu, qu'il tende à Lui, par tout son être, par le fond complet de son âme, qu'il y tende purement et simplement! Qu'il rejette la pompe dans ses discours, la prétention dans son intelligence, le faste et la curiosité, de peur d'être séduit par l'erreur, mais qu'il demeure fixé dans l'humilité et dans la véritable abnégation.

Tout ce qui lui viendra, au dedans et au dehors, en fait de douleurs et de calamités, il le recevra, sans réserve, de la main du Seigneur et il le supportera patiemment jusqu'à la mort, par amour pour lui et pour sa gloire.

Accusé, il ne se défendra pas, si ce n'est peut-être en quelques mots très courts et très simples; il souffra magnanimement tous les reproches, en se renonçant lui même.

CHAPITRE XXIV

+ Que nous devons devenir un avec le Christ et avoir notre conversation dans le ciel.

« Je connais un homme dans le Christ », dit l'Apôtre (2 Corinth., 12). Il y en a bien peu qui comprennent, comme il faudrait, ces paroles. Pour que nous soyons vraiment UN dans le Christ, il est absolument nécessaire que nous renoncions complètement et que nous disions adieu à tout ce qui n'est pas un, à tout ce qui a trait, soit au-dedans, soit au-dehors, à ce qui n'est pas le Christ. Tous ceux qui jouissent de la béatitude céleste sont tellement un, que chacun se réjouit, dans une sympathie et une bienveillance sans bornes, du bonheur et de la gloire des autres. Leur volonté est si parfaitement en accord avec la volonté divine que le plus petit d'entr'eux n'envie pas la béatitude du plus élevé. C'est ainsi qu'il faudrait que notre volonté fût unie à la volonté divine. « Auprès de Dieu, en effet, il n'y a pas de distinction entre le Juif et le Grec » (Rom., 10). Si Paul, ce vase d'élection, vivait encore, il n'est pas douteux qu'il pourrait encore avoir une affection et une intimité plus grandes pour l'un que pour l'autre; mais, à coup sûr, son affection, jusque dans les plus petits détails, serait réglée en tout sur la contemplation du Christ, et, ou bien il trouverait tout dans le Christ, ou bien il ramènerait tout au Christ, sans rien lui soustraire en aucune façon. De même,

en nous, il ne devrait rien y avoir qui ne fût conforme à la volonté divine. Que dis-je ? nous ne devons aimer et désirer notre propre béatitude elle-même que dans le Christ et nous n'avons pas à vouloir être placés dans la patrie céleste, ni plus près ni plus loin, ni plus haut ni plus bas qu'il n'est décidé maintenant et de toute éternité par la Sagesse divine, et cette volonté souveraine nous sera tellement chère et agréable que nous ne désirerons pas autre chose.

Or, rien ne me paraît plus utile que de vivre, avec les sens en quelque sorte fermés, dégagé de la chair et du monde, recueilli dans son intérieur, bannissant complètement de l'esprit la préoccupation des choses qui passent, parlant continuellement à soi-même ou à Dieu. Puisse chacun entendre parler des choses invisibles toujours avec plaisir, avoir son esprit fixé au ciel! Le ciel n'est-il pas l'héritage que nous devons posséder un jour, et quoi de plus juste que tous nos sens soit remplis de la pensée et de l'idée des choses célestes? Il convient donc de se séparer, de s'abstraire de toute image terrestre, afin que notre âme (mens), ce miroir sans tâche de la divine image, reçoive toujours la lumière de la Lumière (lumen de lumine) et que nous trouvions en elle le prélude du siècle à venir.

Sans doute, par notre corps nous sommes attachés encore aux choses d'en bas, cependant tâchons par nos prières enflammées et tout intimes de nous attirer la bienveillance et la familiarité de nos compagnons du ciel et commençons, en quelque manière, à jouir avec eux, méprisant toute jouissance terrestre,

fuyant et laissant de côté toute vanité, pour permettre à nos sens d'être tout en Dieu.

Mais celui-là seul peut comprendre ces choses qui a mérité d'en faire l'heureuse expérience et d'en sentir la saveur par une sorte d'odorat intérieur de l'esprit : les autres ne comprennent pas. Voilà pourquoi il est raconté que Notre Seigneur dit un jour à saint Augustin: « Si tu veux me recvoir, ô homme, com«mence par te donner pour moi, alors je te rece« vrai et je te rendrai à toi même, et, m'arrachant en a quelque sorte à moi-même, je me donnerai réelle<<ment à toi ».

Un docteur d'une grande réputation demandait un jour à une jeune fille dont la vie était parfaite, par quels exercices elle était parvenue à la sainteté. Celleci, très humblement et par obéissance, répondit en disant que c'était par la pratique des dix conseils

suivants :

« Le premier, dit-elle, c'est que partout ou je rencontrais un sujet de recherche propre, immédiatement, je me renonçais.

Deuxièmement, je n'ai jamais opposé une excuse aux calomnies formulées contre moi, mais j'ai laissé à la vérité le soin de me justifier.

Troisièmement, je me suis toujours appliquée à la pauvreté et je n'ai jamais cherché l'appui et la consolation des créatures périssables.

Quatrièmement, j'ai fui toujours les honneurs qu'on m'a proposés; mais quand, au contraire, l'injure et le mépris se sont offerts, j'ai accepté.

Cinquièmement, je n'ai jamais été tellement oppri

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