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regarde pas ce qu'elles ont été autrefois, mais ce qu'elles sont actuellement.

Voilà pourquoi Dieu, infiniment miséricordieux, supporte volontiers le mépris et l'injure que lui font les péchés pendant de longues années il patiente avec bonté, afin qu'un jour cet homme arrive à connaitre ses fautes et l'immense charité divine qui l'a attendu; et c'est ainsi que son amour, sa reconnaissance, son respect, son zèle envers le Créateur s'accroissent, deviennent plus ardents et s'enflamment enfin. Il n'est pas rare que ceci soit l'effet de la connaissance même des péchés. Et c'est pour cette raison que Dieu tolère patiemment de la part de ses élus tant de désordres et d'injures qui lui sont faites. Il veut les conduire, un jour, à de grandes et sublimes choses.

Qui donc, je vous le demande, a été jamais plus cher, plus intime à Notre-Seigneur Jésus-Christ que ces vases d'élection, je veux dire les Apôtres, dont pas un cependant ne resta ferme : tous tombèrent dans le péché, encore que la gravité des fautes ne fut pas la même pour tous? Ces défaillances ou ces chutes, Dieu les a souvent tolérées, dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament, de la part de ceux qui plus tard devinrent ses plus chers amis. Je vais plus loin : il est bien rare que quelqu'un soit élevé à de grandes choses, sans avoir fait auparavant quelque chute.

Et pourquoi notre amant fidèle dispose-t-il de læ sorte ces tristes événements à notre endroit, sinon pour nous apprendre, en voyant l'immensité de sa

miséricorde, à être plus humbles et à nous fondre d'amour et d'attentions pour Lui. Oui, Il veut qu'après cela, nous soyons à Lui, toujours, toujours, et que nous n'ayons d'autre pensée que Lui. Toutes les fois, en effet, qu'au souvenir de nos fautes, la douleur et la contrition se renouvellent, l'amour aussi envers Dieu et notre zèle ardent se renouvellent.

Ainsi donc, es-tu tombé dans quelque faute? retourne-toi amoureusement vers Dieu, de toutes tes forces, en ayant un souverain mépris de toi-même. Et, en t'écartant par tout ton être du péché, estime que la plus petite injure que tu as faites à l'honneur et à la volonté de Dieu, a plus de poids que toute la confusion, tout le préjudice, toute la peine, toute l'ignominie que tu as mérités par ta faute. Après cela tourne-toi vers Dieu, comme j'ai dit, avec le ferme propos de ne plus pécher.

Mais cette conversion sera jointe à une affection stable et immobile à ton Dieu, ton ami toujours fidèle. Oui, Il est si fidèle qu'il ne peut, qu'il n'a jamais pû abandonner celui qui mettait en Lui toute sa confiance. Et de fait, la vraie pénitence, qu'est-ce ? sinon un souverain mépris et dédain pour nous avec le ferme propos de ne plus pécher, puis, le retour amoureux vers Dieu avec une confiance inébranlable puisée dans son amour infini et dans sa douloureuse Passion.

Lorsqu'un pénitent met au-dessus du tort qu'il s'est fait à lui-même, le déplaisir qu'il a fait à Dieu, et qu'il regrette celui-ci plus que tout le reste, il commence à avoir le véritable amour et il conçoit la

ferme confiance que Dieu lui pardonnera de grand cœur tous ses péchés. Cette contrition ne vient plus de la crainte servile, mais elle tire son origine de l'amour pur. Par cette contrition, l'àme se trouve remplie d'une joie toute spirituelle qui la soulève audessus de toutes les misères et de toutes les douleurs, en Dieu, avec qui elle fait un pacte inviolable et qui Lui-même la console.

Or, plus cette consolation est grande, plus aussi la vraie contrition augmente, de telle sorte que cette âme s'offre joyeusement et s'abandonne par amour à la justice divine, prête à supporter les punitions et les châtiments que cette justice réclame, pour l'honneur éternel de Dieu. Il n'est pas possible qu'une âme ainsi transportée en Dieu par cette contrition surnaturelle n'obtienne pas le pardon de ses fautes, surtout si elle sait s'en remettre pleinement à sa miséricorde. Il n'y a pas de malice, en effet, si grande soitelle, qui approche du premier degré de la bonté divine.

Cela étant, n'est-il pas surprenant vraiment que l'homme puisse se contenir et refuser d'aimer Dieu de toutes les forces de son âme; Dieu qui l'a attendu à la pénitence, Dieu qui l'a miséricordieusement reçu, Dieu qui s'est livré à la mort pour ses péchés, à lui ? Ah! certes, il est trop avare celui à qui Dieu ne suffit pas, Dieu en qui réside la plénitude des biens, plus que personne ne peut en désirer! Oui, les richesses de Dieu dépassent toute mesure, tout ce qu'on peut imaginer! Qu'il te suffise donc, ce Dieu, ô mon âme ; et fais en sorte de mériter sa sainte vie, sa bien-ai

mée Passion et sa mort douloureuse! Qu'il te suffise de penser qu'Il saura miséricordieusement récompenser toutes tes œuvres. Celles que Dieu ignore, ou bien il les a oubliées pour toujours, ou bien il a résolu de les punir suivant sa justice.

Enfin, rapppelons-nous que Dieu est le Rédempteur universel du genre humain, et à ce titre nous devons l'aimer encore davantage, le louer avec plus de ferveur, lui rendre des actions de grâces plus intenses que s'Il n'avait racheté seulement que quelques-uns d'entre nous. Nous aurons au ciel une joie particulière qui nous viendra du bonheur de chacun des élus. Toutes les fois qu'un de ces bienheureux le louera dans la patrie céleste, nous ressentirons un tressaillement nouveau, en voyant exalter Celui que nous aimons de toutes les forces de notre àme, Celui qui a daigné réformer, reconstituer et sauver ce que nous avions détruit par nos péchés.

Mais je n'insiste pas sur cette contrition et cette pénitence surnaturelles, puisque déjà, dans un chapitre précédent, nous en avons parlé.

CHAPITRE XXI

Ceux qui ne peuvent pas mener une vie trop austère ne doivent pas cependant se croire éloignés ou séparés de Dieu; mais ils devront imiter le Christ dans sa charité et toutes ses vertus.

Il est des personnnes faibles de santé qui voyant tant d'austérités et de travaux dans la vie du Christ et des saints et se sentant elles-mêmes incapables de cet effort vers lequel intérieurement elles ne sont pas d'ailleurs portées, deviennent craintives: elles se croient tout à fait éloignées de Dieu, parce qu'elles ne mènent pas une vie assez sévère.

Cette disposition n'est pas sage. Pour aucun prétexte, en effet, qu'il s'agisse de quelques imperfections, d'une infirmité naturelle, d'une impuissance à s'élever extérieurement à un mode de vivre plus rigoureux, ou d'une certaine irrégularité dans le goût que nous éprouvons pour le service de Dieu, rien ne doit faire supposer à un homme de bonne volonté qu'il est plus éloigné de Dieu. L'essentiel, c'est qu'il ait toujours grand soin d'extirper jusqu'à la racine tous les vices graves et tous les défauts importants, de

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