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ment « Celui qui était le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs s'est fait obéissant et résigné jusqu'à la mort de la croix (1 Timo., 6) et, à la vue de ces grands exemples, il se sent lui aussi embrasé du désir de l'obéissance; il devient prêt, prompt et agile pour l'accomplissement de tout bien; il veut obéir non seu lement à Dieu et à ses supérieurs, mais encore à toute créature humaine, à tous les hommes quels qu'ils soient plus ceux-ci seront inférieurs, plus la soumission lui paraîtra douce, plus elle sera spontanée et volontaire; car il faut bien le reconnaître

il y a une mortification plus grande à obéir à ses inférieurs, qu'à s'incliner devant ses supérieurs.

Cependant, à mesure que nous nous renonçons davantage, nous devenons plus semblables à Celui qui, par amour pour nous, a obéi non seulement à son Père céleste, mais aux pécheurs entre les mains desquels il s'est livré, librement, sans une plainte, leur laissant faire de lui absolument tout ce qu'ils voulaient. Or, plus nous devenons semblables au Christ et plus nous plaisons à Dieu.

Sans doute il est grand et louable d'obéir à ses supérieurs pour Dieu; mais il est encore plus grand d'obéir à ses égaux; il est parfait enfin d'obéir à ses inférieurs, par égard pour Dieu, car cela demande une mortification et une humilité plus profondes. N'allez pas croire cependant que je vous demande d'obéir à vos inférieurs contre la volonté de vos supérieurs, ou que je veuille persuader à l'homme vraiment humble qu'il n'y a personne au dessous de lui. En ne tenant compte que de la dignité de l'état, le

prêtre est au dessus du laïque, le prélat au dessus d'un simple sous-diacre, un vieillard au dessus d'un jeune homme, et je ne comprends pas vraiment de quelle manière un homme humble peut se dire inférieur à un autre, et plus vil qu'un autre, s'il ne prend pas pour terme de comparaison la condition et l'état.

Enfin, comme les exemples entrainent plus fortement que les paroles, prenez l'histoire des saints; elle vous apprendra tous les miracles d'obéissance qu'ils ont faits et dont le souvenir se conserve dans la mémoire de leurs descendants. Il est raconté, entr'autres prodiges, qu'un jeune frère arrosa longtemps, par obéissance, un morceau de bois sec planté en terre. Il allait chercher l'eau bien loin, toujours par obéissance, lorsqu'un jour il s'aperçut que le bois sec portait des fruits. Ainsi en est-il pour nous. Il n'y a personne de si aride, de si dépourvu de la grâce divine qui ne puisse reverdir, porter des fleurs et des fruits si seulement il voulait se plier au joug suave de l'obéissance.

La place la plus apte, la plus capable à recevoir les grâces de toutes sortes, c'est sans nul doute celle qui est faite par l'obéissance. Par conséquent, quiconque jugera sans parti pris ce que je viens d'écrire, et aimera la sainte obéissance, celui-là en portera le joug sans murmurer; il se soumettra de bon cœur, joyeusement et spontanément à la volonté des autres. Plus l'obéissance sera dure et plus la joie de son es prit sera grande il deviendra plus prompt à obéir pour la gloire de Dieu, que n'importe qui peut l'être pour commander.

CHAPITRE XIV

Du renoncement à la volonté propre. nous devons faire des choses temporelles.

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devons accomplir les œuvres extérieures d'après un

fond pur et bon.

vres en esprit.

Que nous devons enfin étre pau

De l'obéissance découle le renoncement à la volonté. propre et au sens propre. Il n'ya, en effet, que l'homme vraiment obéissant qui puisse abandonner en tout sa propre volonté à la volonté d'un autre, encore que les actions extérieures soient accomplies de plein gré.

L'abandon ou le renoncement de la volonté propre dont nous avons déjà assez longuement parlé, place l'homme en dehors de toute élection pour faire ou laisser ceci ou cela; il le fait vivre, pour la gloire de Dieu et avec une sage discrétion, conformément à la volonté de ses supérieurs et d'après le conseil des hommes prudents qui l'entourent. Vivre, au contraire, en propriété, n'est ce pas le fait de celui qui ne veut avoir rien de commun avec Dieu ou avec ses représentants? Un tel homme s'attache, en maître, à ses pensées, à ses desseins; il y tient avec ténacité, sans en vouloir démordre, il est presque impossible de l'en arracher. Il a une si haute estime de luimême, qu'il ne saurait se renoncer autant de choses qui, évidemment, ont pour principe l'orgueil. Par

suite, il n'a jamais la paix; toutes les bonnes œuvres qu'il fait, si grandes soient-elles, le laissent sans goût, pour la raison bien simple qu'il n'est pas apte à la réception de la grâce divine. Par suite encore, il désire tantôt une chose et tantôt une autre, ne se reposant dans aucune.

Quelquefois, en effet, il souhaiterait passer par des épreuves, avoir la paix avec Dieu et revenir à lui par une conversion solide. Volontiers, dans ces moments, il serait pauvre et se ferait mendiant. D'autres fois il a envie de se retirer dans un ermitage, ou d'entrer dans une Congrégation meilleure. Et en tout cela il croit être bien inspiré. Mais, en réalité, il n'est mû que par lui-même; il n'y a d'autre inspiration ici que celle de la volonté propre, encore qu'il n'en sache rien et qu'il n'y pense en aucune manière. Il est bien rare, pour ne pas dire inouï, qu'un trouble quelconque naisse dans l'homme, sans avoir pour cause la volonté propre, que celui-ci le remarque ou non.

La semence de la paix parmi les hommes, c'est l'amour. Or, ce qui empoisonne l'amour, c'est la volonté propre qui est juste l'opposé. Dieu ne hait rien tant que la volonté propre. « Enlevez la volonté propre, disait saint Bernard, et il n'y a plus d'enfer. » Et contre quoi le feu de l'enfer pourrait-il sévir sinon contre la volonté propre ?

Il se rencontre bon nombre d'hommes qui se dispensent d'une foule de choses, pour courir après des modes singuliers de vivre, passer d'un lieu à un autre, d'une œuvre à une autre. Ce ne sont pas les choses qui leur sont un obstacle, ce sont eux qui

s'embrouillent dans les choses; ils s'y perdent, en les cherchant avec un amour désordonné. Etes-vous de ce nombre? commencez d'abord par vous-même; renoncez à vous-même. Sûrement, tant que vous n'aurez pas arraché et rejeté l'amour désordonné et spécial que vous avez de vous-même dans les choses, vous trouverez toujours, n'importe où vous alliez, quelque chose qui vous sera un obstacle et qui vous troublera. Celui, en effet, qui ne se renonce pas et ne fait aucun effort dans ce but, a beau fuir, plus il ira loin chercher ce qu'il désire, moins il le trouvera; absolument comme celui qui s'est écarté du droit chemin plus il portera son choix sur telle voie ou sur telle autre, plus il se perdra. Que devons-nous faire dans ces circonstances? Simplement ceci : dès qu'une chose se présente à faire dans laquelle notre amour propre trouverait une place, immédiatement, renonçons à nous-mêmes, sortons de nous-mêmes; alors, nous avons tout laissé, reliquimus omnia.

Expliquons maintenant ce qu'il faut entendre par l'amour déréglé. Suis-je confus, troublé, quand une chose m'est enlevée; le mal qui m'arrive me laisse-t-il de la tristesse, de l'ennui? C'est le signe évident que je suis dominé par l'amour propre, c'est le moi qui m'occupe. Car si pareille chose arrivait à un autre qui me fut moins cher, serait-il de beaucoup meilleur que moi, je ne souffrirais pas, je ne m'attristerais pas ainsi.

Tout cela provient, sans nul doute, de l'amour désordonné, de l'amour privé. Celui, en effet, qui est meilleur mérite d'être aimé par nous plus que nous,

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