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pour remplacer le purgatoire ou l'enfer. Car toute âme vraiment pure, résignée et patiente, s'envole libre et sainte des lèvres expirantes, jusqu'au palais du royaume céleste où mille ans sont plus court qu'ici bas un seul jour.

Ne laisse passer aucune souffrance sans en tirer des fruits, mais répète dans le fond de ton cœur : « 0 mon Seigneur et mon Dieu, je vous offre cette peine <«< que j'ai méritée, certes, mais qui me coûte je « l'unis et la confonds en ce moment à votre très << sainte et douloureuse passion, afin qu'elle puise sa << vertu dans la vôtre et qu'elle soit agréable au Père << céleste, comme lui fût agréable la souffrance du bon << larron crucifié avec vous, grâce aux mérites de votre «propre croix. »>

Ainsi donc quand tu es plongé dans le malheur, évite tout désordre. Un désordre en enfante un autre et bientôt l'âme est jetée dans le trouble. Or, un esprit troublé est une croix intérieure plus lourde pour l'âme, que la souffrance extérieure elle-même. Tâche donc de rester calme et réglé dans toute adversité. C'est par là, ne l'oublie pas, que Dieu prépare ses élus. A l'heure même où ceux-ci n'éprouvent extérieurement que la cuisson de la souffrance et, intérieurement, une amertume intolérable, c'est alors que la grâce divine, en vertu même de la douleur, opère plus profondément en eux. Au dehors, c'est la rouille invétérée du péché qui est enlevée; au-dedans ce sont les mauvais penchants, les instincts de la bête que la souffrance épure et fait disparaître. En même temps c'est l'esprit qui découvre à l'âme la face de

Dieu et qui la transforme, de clarté en clarté, en l'image même de la divinité.

Enfin il n'est pas jusqu'aux tentations de la chair corrompue et pourrie et du démon lui-même qui ne soient une préparation de l'âme; et quand celle-ci en subira les assauts elle devra plus que jamais se fixer dans la résignation déifiante. Si impures en effet et si obscènes que soient les pensées qui surgissent dans l'âme, du moment que celle-ci leur oppose, à l'instant mème ou après, des pensées bonnes et se tourne vers Dieu, toutes les imaginations corrompues sont repoussées et se dissipent. Ces pensées, je le répète, ont beau être honteuses et sales, elles ne peuvent faire aucune tache, ni mettre aucune souillure dans l'âme, tant que la volonté raisonnable n'y consentira pas. C'est ce qui faisait dire à saint Augustin : « La chair engendre bien « des concupiscences charnelles, mais elle ne nuit << pas, tant que la raison ne veut pas consentir, mais << bien plutôt qu'elle lui résiste, aimant mieux ressem« bler aux anges du ciel par la pureté que de descen« dre dans la boue avec les bêtes, ou dans l'enfer avec « le démon. >> Dieu infiniment juste approuve et bénit cette conduite. Il ne laisse jamais sans récompense une âme qui par amour pour Lui qu'elle ne voit pas, fait le sacrifice et s'écarte de son ami le plus proche qu'elle voit, avec lequel elle est toujours liée, je veux dire son corps. Non seulement elle ne lui obéit pas, mais, par amour pour Dieu, elle le laisse dessécher et périr dans ses désirs et ses appétits immondes. La justice veut donc, elle exige, que ce sacrifice soit compensé au centuple dans la gloire éternelle par des

jouissances très pures et, ici-bas, par la grâce.

Et maintenant donc, ô âme, si tu es secouée par d'infâmes tentations, offre toi à Dieu avec une sincère résignation et dis-lui du fond du cœur : « O Seigneur, << mon Dieu, vous qui voyez l'intime de tous les cœurs, << vous qui connaissez toutes les intentions, vous savez << bien que je voudrais pouvoir vous offrir une âme << toute pure et toute céleste. Hélas! je n'ai qu'un vase << immonde. Il est plein de tentations impures, et ce<< pendant je vous l'offre tel que je l'ai. Si j'en possé<< dais un meilleur, ah! certes je vous en donnerais un << meilleur. Je vous en prie donc, ô mon Dieu, puri

fiez-le par votre précieux sang, afin qu'il devienne << capable de vos divins effluves et qu'ainsi, par la << grâce, il vous soit agréable. Daignez l'orner de cette << splendeur divine à laquelle vous m'avez appelé et prédestiné par une faveur toute paternelle et par << votre éternelle providence, avant même que les " cieux fussent créés et que la terre et l'univers eussent pris leur forme. »><

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En terminant, je vous indiquerai encore une autre résignation. C'est celle en vertu de laquelle un cœur rempli de bonne volonté s'incline si bien à l'obéissance qu'il ne veut plus vivre de lui-même. Il ne vit, il ne fait toutes ses actions que d'après le conseil salutaire et saint d'un confesseur éclairé et illuminé dans les voies spirituelles. Voilà vraiment le chemin le plus sûr pour aller au ciel et pour déjouer facilement et avec une simplicité parfaite les pièges du démon. Les œuvres accomplies par un homme même bien disposé, mais d'après son propre jugement,

viennent-elles de la nature ou de la grâce? Il est bien difficile de le discerner. Au contraire, le chemin qui conduit en enfer est fermé à celui qui a abdiqué sa volonté propre. Aussi, saint Bernard a-t-il pu dire: << En enfer, il n'y aura pour brûler que la volonté << propre. Enlevez la volonté propre et il n'y a plus « d'enfer. Car à mesure que l'homme se quitte et ⚫ sort de lui-même, Dieu pénètre et entre en lui ».

Oh! combien de religieux, qui sont des martyrs inutiles parce qu'ils sont remplis de la volonté propre et qu'ils sont à eux-mêmes leur guide en cherchant et en jugeant ce qui leur convient, d'où il suit qu'ils ne méritent que peu ou point de récompense pour leurs plus belles actions, tandis que s'ils les accomplissaient dans l'abandon de l'obéissance, ils deviendraient de grands saints devant Dieu!

CHAPITRE XII

De la suprême résignation et du ravissement en Dieu qui fait que l'esprit se plonge tout entier en Dieu et ne fait qu'un avec lui, dans la vraie pauvreté et l'anéantissement de soi-même.

Nous avons parlé jusqu'ici de cette résignation qui convient à l'âme, en tant que celle-ci communique la vie au corps. C'est ce qu'on appelle la résignation extérieure.

Or, il est temps d'aller plus avant et de parler de la résignation intérieure, celle qui convient à l'esprit, dont les opérations s'accomplissent sans le secours d'aucun instrument corporel. Ces opérations de l'esprit sont pures, immatérielles et au-dessus du temps; elles tendent, d'une manière fixe, à un bien spirituel et incréé qui n'est autre que Dieu même, et quand cet esprit attiré en haut et tendu vers Dieu de tout son pouvoir, opère par une force surnaturelle, il a sa vision dans la lumière surnaturelle, il brûle et se consume dans l'amour surnaturel, il s'attache enfin à cette substance très pure et immatérielle qui est Dieu. Ah! certes, il ne brille pas pour le temps; mais, assoiffé, il aspire à l'éternité; il s'est quitté totalement luimême; il a abandonné purement et simplement tout ce qu'il est, tout ce qu'il peut, tout ce qu'il sait; il se

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