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son siècle, sans l'avoir relevé par une philosophie plus pure.

L'Italie corrigea, pour ainsi dire, l'esprit historique de Machiavel par la politique idéale et platonicienne de Vico. J'ai caractérisé ailleurs cet illustre Napolitain dans une analyse dont des Italiens compétens ont estimé l'exactitude *. Filangieri et Beccaria importèrent dans la péninsule les leçons de la philosophie française.

Depuis le xviie siècle, l'Italie se tourne vers la France. Après nous avoir envoyé deux fois la civilisation, elle réclame aujourd'hui notre appui. Lutèce, ce petit bourg où habitait Julien, où passaient quelquefois les empereurs romains, est devenue l'espoir de la péninsule. L'Italie ne devra sa liberté et sa nationalité qu'à elle-même, mais elle demande que nous lui tendions la main ; c'est un guerrier généreux qui a besoin de son frère d'armes pour se relever. Napoléon avait tout-à-fait compris l'union de la France et de l'Italie. Il n'avait voulu entrer dans Rome que pour y faire couronner son fils devenu majeur ; il avait ajourné à cette époque sa visite impériale. Il faut ici dégager la pensée même des illusions du conquérant; cette pensée était l'unité de l'Italie avec l'alliance de la France.

* Introduction à l'Histoire du Droit, chap. 13.

CHAPITRE VI.

Hobbes. Locke.

Quand la révolution anglaise éclata, elle épou. vanta l'Europe; l'insurrection n'avait pas encore revendiqué aussi haut les franchises nationales. Assurément il y avait eu des commotions, des factions, des guerres civiles; mais tout un peuple se levant contre une autorité qu'il avait révérée jusqu'alors, un parlement faisant légalement la guerre à son roi; ce roi battu, captif, condamné; une race royale expulsée, la légitimité historique proscrite, les intérêts nouveaux représentés par un homme de bonheur et de génie; voilà ce que l'Europe n'avait pas encore vu. Presque partout sur le continent, on passa de l'étonnement à l'indignation; on épousa les intérêts jacobites, et la révolution anglaise fut regardée

dans les premiers temps comme une usurpation monstrueuse. Il se trouva que, dans le cœur même d'un Anglais, elle excita un ressentiment amer; que, spectateur de ces événemens inouis, au lieu de s'enflammer pour la liberté, un homme s'enflamma pour le despotisme; que, prenant avec acharnement le contrepied du mouvement populaire, il résolut d'écrire l'utopie du pouvoir absolu. Cet Anglais avait l'âme honnête et l'esprit grand; mais tempérament mélancolique, imagination ardente et solitaire, il se passionna pour les puissances déchues, ou plutôt pour le despotisme en quelques mains qu'il le trouvât, chez Cromwell, Charles ou Jacques. La démocratie l'exaspérait : elle avait inspiré Milton; elle fit horreur au philosophe de Malmesbury.

Ce contemporain de Descartes embrassa toutes les parties de la spéculation; mais nous n'avons à le suivre que dans sa philosophie politique. Nous la trouvons dans deux ouvrages, le De Cive et le Leviathan, écrits d'un style énergique et sombre.

Hobbes désirait surtout la liberté abstraite et spéculative de la pensée ; il voulait être libre sur cette terre de ne pas croire à l'existence de Dieu, de croire uniquement à la sensation et à la matière, et de se séparer individuellement du christianisme. Sans intelligence du mouvement révo

lutionnaire qui remuait son pays, des progrès de la liberté civile, sans amour pour elle, il unit l'indépendance du métaphysicien à une servilité presque orientale. Le De Cive se divise en trois parties, la liberté, l'état, la religion. C'est une erreur d'avoir considéré l'homme comme sociable. L'homme n'aime par son semblable, il le craint et le hait. La relation des hommes entre eux n'est pas dans l'affection et la sympathie, mais dans l'égoïsme et la crainte. L'intérêt seul les rassemble. « Si coeant enim commercii causa, >> unusquisque non socium, sed rem suam colit, » si officii causa, nascitur forensis quædam ami>> citia, plus habens metus quam amoris, unde >> factio aliquando nascitur, sed benevolentia »> nunquam..... Statuendum igitur est originem >> magnarum et diuturnarum societatum non a >> mutua hominum benevolentia, sed a mutuo >> metu extitisse.» Dans cet état de nature tout homme pourra faire par lui-même et par ses propres forces tout ce qui lui conviendra pour se protéger; il n'y a plus rien de rationnel et de normal: l'homme n'est plus en proie qu'à des passions animales; s'il frappe son voisin, et s'il est le plus fort, il aura raison; si plus faible, il aura tort. << Juris naturalis fundamentum primum >> est ut quisque vitam et membra sua quantum >> potest tueatur; quoniam autem jus ad finem

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>> frustra habet cui jus ad media necessaria de»> negatur, consequens est, cum unusquisque se >> conservandi jus habeat, ut unusquisque jus >> etiam habeat utendi omnibus mediis et agendi » omnem actionem, sine qua conservare se non » potest. » Quelle sera la conséquence de cette lutte qui n'a sa raison que dans la mesure des forces physiques? c'est que l'Etat naturel de l'homme sera la guerre, la guerre de tous contre tous, une mêlée générale de toutes les passions brutales. (. Negari non potest quin status >> hominum naturalis antequam in societatem >> coïretur, bellum fuerit, neque hoc simpliciter, >> sed bellum omnium in omnes. Bellum enim » quid est, præter tempus illud in quo voluntas >> certandi per vim verbis factisve satis declara» tur? Tempus reliquum pax vocatur. » Mais on ne peut vivre ainsi dans une guerre continuelle de tous contre tous; la raison s'y refuse et réclame la paix. Or, et voici le nœud de la doctrine de Hobbes, la paix, impossible dans l'Etat de nature, se réalisera par la société. La société s'établira par l'unité, l'unité par le pouvoir absolu; un despotisme sans exceptions comme sans limites peut seul sauver l'homme de l'anarchie naturelle. Les hommes jouiront de la paix à cette condition, qu'ils remettront à l'Etat tous leurs droits et toutes leurs prérogatives. Ils l'en char

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