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l'Orient. Comme nous l'avons dit en commençant, quel qu'ait été le degré de civilisation de tous ces peuples, il n'y a qu'aux adorateurs de Jéhovah qu'il ait été défendu d'immoler des victimes humaines.

Dr BOUDIN.

Traditions primitives.

TABLEAU DES PROGRES

FAITS

DANS L'ÉTUDE DES LANGUES, DE L'HISTOIRE ET DES TRADITIONS RELIGIEUSES DES PEUPLES DE L'ORIENT,

PENDANT LES ANNÉES 1860 ET 1861.

QUATRIÈME ET DERNIER ARTICLE '.

Histoire de l'ancienne littérature sans

12. Progrès dans l'histoire de l'Inde.

crite.

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Antiquités indiennes. Drames et fables traduits. - Publication de textes sanscrits. - Catalogue de manuscrits. Manuel de l'astronomie Traduction du Sura siddhanta. Grammaire et dictionnaire

indienne. sanscrits.

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-

Je passe aux travaux sur l'Inde et je commence par celui qui remonte le plus haut dans l'histoire de cette littérature : c'est l'ouvrage de M. Max Müller, qui prend l'Inde au commencement de son histoire par les monuments écrits 2. Ce travail est une introduction aux Védas et traite de toutes les parties, ou plutôt des couches successives de la littérature védique. Il va du connu à l'inconnu; il commence par les poëmes épiques et prouve qu'ils présupposent, dans la forme sous Jaquelle nous les avons, l'existence du système Brahmanique tel qu'il est sorti des dernières époques de la littérature Védique, puis il remonte à l'époque la plus récente de cette littérature, celle des Sutras, qui supposent l'existence des Brahmanas, lesquels dépendent de l'existence préalable des hymnes qui forment les Védas proprement dits, et qui euxmêmes sont d'époques essentiellement différentes. En remontant ainsi d'époque en époque, il donne les caractères littéraires des ouvrages qui font partie de chacune, montre leurs subdivisions, leur but et leur contenu, leur forme littéraire

Voir le 3 article au N° précédent ci-dessus, p. 341.

2 A History of ancient sanskrit litterature, so far as it illustrates the primitive religion of the Brahmans, by Max Müller. Londres, 1859; in-8° (XIX, 607 pages).

et l'état religieux et social auxquels ils répondent; il discute la manière de voir des commentateurs indiens sur tous ces points, et indique l'âge approximatif qu'il croit pouvoir assigner aux différentes époques. C'est là que gît la grande difficulté pour tout ce qui est indien, l'absence de dates fixes faisant qu'on est réduit, comme dans la géologie, à établir la série des couches successives et à ne pouvoir leur assigner qu'une durée vague et conjecturale. Pendant toute la période de la ittérature védique à ses différents âges, nous ne trouvons que des dates comparatives et aucune donnée précise; la première date certaine reste toujours celle de Sandracottus, du temps de l'invasion d'Alexandre; au delà tout est incertain; la date même de Bouddha, que l'on était à peu près convenu de placer dans le 6 siècle avant notre ère, est douteuse pour M. Müller. Mais si son ouvrage montre que la chronologie absolue de l'époque védique n'a pas fait beaucoup de progrès, il prouve aussi que la chronologie relative, le classement des époques, quant à leur antiquité comparative, en a fait de très-grands, grâce à l'étude plus étendue et plus attentive de toutes les classes de la littérature védique. Le but de l'auteur est de donner un tableau de cette littérature multiple, dont la formation a occupé l'Inde pendant de longues périodes successives; il ne traite du contenu de ces livres qu'autant que cela est nécessaire pour montrer à quel état des esprits et de la civilisation dans l'Inde ils correspondent, et quelle influence cet état a exercée sur la forme et la matière des ouvrages qu'il a produits. Les observations de M. Müller sur ces sujets sont pleines de finesse et d'un savoir qui ne se montre qu'autant qu'il est indispensable pour l'argumentation, et le résultat est un tableau du développement de la littérature sacrée chez les Indous, qui produit dans l'esprit l'impression, que les choses, à les prendre d'ensemble, ont dû se passer ainsi. Il n'est pas douteux que l'étude continuée de ces textes, dont la plupart sont encore inédits, ne doive donner de nouvelles lumières, remplir des lacunes, et remplacer, par des faits positifs, des parties encore conjecturales. Ainsi on voit déjà, par quelques observations de M. Müller, comment peut s'être fait le passage entre les hymnes et le développement philosophique que l'on

trouve dans les Upanischads. L'étude de la littérature védique sera encore longue et laborieuse, et occupera des générations entières de savants; mais rien n'est plus intéressant que ce développement spontané et unique, chez les Hindous, de la pensée à laquelle l'humanité doit les premières origines de toute la philosophie qu'elle ait jamais possédée.

M. Lassen a publié la première moitié du quatrième volume deses Antiquités indiennes1. Jamais historien n'a eu, je crois, devant lui une tâche plus laborieuse que M. Lassen, lorsqu'il a entrepris de reconstruire l'histoire de l'Inde jusqu'à la conquête des musulmans. Le nombre des siècles qu'embrasse cette histoire, l'étendue du pays, la diversité des langues et des races, la multiplicité des dynasties, l'absence presque entière d'historiens indigènes; la masse énorme de matériaux de toute nature, souvent très-mal préparés; la nécessité de tirer les faits des documents les plus variés, d'inscriptions, de sceaux, de monnaies, d'actes de donations, de monuments d'architecture, de chroniques étrangères de toutes sortes, d'indices cachés dans la littérature indigène, de rapports de voyageurs ou de conquérants, paraissaient rendre une histoire de l'Inde une entreprise désespérée; et pourtant le problème a été résolu, autant que cela est possible aujourd'hui, par le savoir, la saine critique et le travail infatigable de M. Lassen, qui est parvenu à élever cet édifice de mosaïque. La première partie du IV volume contient l'histoire du Deccan, de Ceylan, de l'Inde au delà du Gange et de Java, à partir du 4° siècle de notre ère. Il me serait impossible d'entrer dans des détails sur les faits relatifs à l'histoire et à la civilisation de l'Inde, que contient cette partie de l'ouvrage; je n'ai qu'à souhaiter que la santé de l'auteur lui permette de terminer ce magnifique travail.

La littérature proprement dite de l'Inde a gagné, dans ces derniers temps, moins en étendue, par la publication d'ouvrages auparavant inédits, qu'en popularité, par de nouvelles traductions destinées à en faire connaître les œuvres les plus importantes à des lecteurs de plus en plus nombreux, et à les faire 1 Indische Alterthumskunde, von Ch. Lassen, vol. iv, part. 1. Bonn, 1861; in-8° (vi et 528 pages).

entrer dans le cercle restreint de chefs-d'œuvre de l'esprit humain, que doit connaître tout homme cultivé, de quelque nation qu'il soit. Chaque littérature ne peut naturellement présenter que très-peu de noms pour une liste aussi choisie; et si l'inde peut prétendre y entrer, c'est surtout par quelques. uns de ses drames. Aussi le nombre des traductions des chefsd'œuvre de la littérature dramatique des Hindous augmente-til tous les ans. M. Foucaux vient de traduire le drame de Vicramorvasi attribué à Kalidasa ', et le même drame a trouvé sa place dans la traduction complète des Œuvres de Kalidasa publiée par M. Fauche2, à Juilly. M. Fauche est un traducteur infatigable. Après nous avoir donné la première version française du Ramayana entier 3, il publie une traduction de tous les ouvrages attribués à l'auteur de Sacountala; il doute lui même de l'authenticité de quelques-unes de ces poésies, et, parmi elles, je crois qu'on ne peut attribuer, avec vraisemblance, au véritable Kalidasa que certains drames; mais M. Fauche, qui s'adresse avant tout au public lecteur, n'entre pas dans le détail de ces questions de critique, et se contente de revendiquer pour les Hindous, avec de très-bonnes raisons, l'originalité de leur littérature dramatique. Il a fait suivre ce travail par le premier volume d'une collection qu'il intitule Une tétrade, parce qu'elle doit réunir la traduction de quatre ouvrages. Le premier volume contient le drame du Chariot d'argile, qui est peut-être le plus parfait des drames indiens. et un hymne d'une origine inconnue. J'ai déjà cité plus haut la traction française, par M. Burnouf, à Nancy, du célèbre épisode du Mahabharat, la Bhagavatguita, et M. Foucaux a publié une version d'une épisode du Mahabharat qui n'avait

' Vicramorvasi, ouvrage donné pour prix de l'héroïsme, drame en cinq actes, par Kalidasa, traduit du sanscrit par Ph. É. Foucaux. Paris, 1861; in-8° (96 pages).

2 OEuvres complètes de Kalidasa, traduites du sanscrit en français pour la première fois par M. Hippolyte Fauche. Paris, 1859-1860; 2 vol. in-8° (483, XXXI et 439 pages).

3 Ramayana, poëme sanscrit de Valmiki, traduit complétement pour la première fois en français par M. H. Fauche. Paris, 1854-1858; 9 vol. in-12.

4 Une tétrade, ou drame, hymne, roman et poëme, traduits pour la première fois du sanscrit en français par M. Fauche. Vol. in-8°, Paris, 1861 (LXXVI et 372 pages).

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