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l'Inde, qui oblige la femme veuve à se faire brûler sur le bûcher de son époux. Le nombre des victimes est très-considérable, et un auteur porte à 1,000 celles qui se font ainsi brûler dans le seul pays soumis aux Anglais. Toute la question est de savoir si cet usage est fondé sur les prescriptions des livres sacrės antiques, ou si c'est une invention des Brahmes, auteurs des livres religieux subséquents. La question est difficile à résoudre. Les Annales de philosophie ont cité le livre d'un récent brahme ayant pour titre Empiètements modernes sur les anciens droits des femmes indiennes, lequel prouvait que cette coutume n'avait aucun fondement dans les anciens livres 1. Nous y ajoutons les extraits suivants des livres sacrés des Hindous. Voici quelques textes des Lois de Manou, livre V•, qui sont explicites contre cette barbare coutume.

« 148. Pendant son enfance, une femme doit dépendre de » son père; pendant sa jeunesse, elle dépend de son mari, son » mari étant mort, de ses fils.

» 151. Celui auquel elle a été donnée par son père, ou par » son frère, avec l'assentiment paternel, elle doit le servir avec >> respect pendant sa vie, et ne point lui manquer après sa mort.

» 156. Une femme vertueuse, qui désire obtenir le même », séjour de félicité que son mari, ne doit rien faire qui puisse » lui déplaire, soit pendant sa vie, soit après sa mort.

» 157. Qu'elle amaigrisse son corps volontairement en vi» vant de fleurs, de racines et de fruits purs; mais, après » avoir perdu son époux, qu'elle ne prononce même pas le » nom d'un autre homme.

» 158. Que jusqu'à la mort elle se maintienne patiente et >> résignée.....

» 160. La femme vertueuse qui, après la mort de son mari, >> se conserve parfaitement chaste, va droit au ciel, quoiqu'elle » n'ait pas d'enfants 2. »

Ces textes sont parfaitement clairs, mais les commentaires. postérieurs des Brahmes ne sont pas moins clairs, pour l'immolation de la femme, et ce sont ceux qui ont prévalu.

'Par Rammohum Roy, imprimé en 1830 au Bengale. Voir Annales, t. 1, p. 424 (1re série).

Lois de Manou, dans les Livres sacrés de l'Orient, par M. Pauthier, p. 386

Nous nous contenterons de citer le texte suivant du Traité sur les lois d'Angiras, un des sept Richis que l'on dit fils de Brahma.

<«< La femme qui monte sur le bûcher de son mari s'égale » elle-même à Aroundhouti, l'épouse de Vashishtha, et jouit >> du bonheur dans le ciel avec son époux. En l'accompagnant » dans l'autre monde, elle habite au ciel pendant trois coti et » demi (35,000,000) d'années, autant qu'il y a de poils sur le >> corps de l'homme... Celle qui va avec son mari dans l'autre » monde purifie trois générations, savoir: celle du côté de sa » mère, celle du côté de son père et celle du côté de son mari. >> Elle est aussi reconnue pour la plus pure et la mieux famée » de son sexe. Après la mort de son mari, une femme chaste » n'a rien de mieux à faire que de se jeter dans les flammes 1. »

Colebrooke, si connu par ses travaux sur l'histoire des Indiens, cite dans un article spécial sur les devoirs d'une fidèle veuve indienne 2 un grand nombre d'autres textes extraits du Rig-véda, de Gotama, de Vyasa, etc. Mais comme il n'indique pas dans quel livre sont ces textes, nous nous contenterons de renvoyer à son article.

24. Des sacrifices humains chez les Chinois.

Les Chinois passent pour un des peuples les plus policés de 'Orient. Dans leurs livres sacrés on ne trouve, il est vrai, aucun texte qui prescrive l'immolation des victimes humaines; et cependant, comme celle des autres peuples de l'Orient, son histoire nous offre plusieurs exemples de ces exécutions. Voici en effet ce que nous lisons dans l'histoire de la Chine de M. Pauthier, qui cite le texte des livres chinois :

« Le dernier chapitre du Livre sacré des Annales rapporte un discours sur la bataille que Mou-koung, prince de Thsin, dans le Chen-si (occident frontière), perdit contre le prince de Tsi, dans le Chan-si (occident montagneux). Cette bataille fut livrée au commencement de l'année 624 avant notre ère et Mou

1 Dans Mélanges asiatiques d'Abel Rémusat (t. 1, p. 393), analysant le Mémoire d'un brahme indien.

2 Voir Recherches asiatiques, t. IV, p. 209, et ses Miscellaneous essays, t. 1, p. 114.

C'est l'époque à peu près des lois de Dracon chez les Athéniens.

koung mourut trois ans après. C'est à son enterreinent qu'eut lieu un événement inconnu jusque-là dans l'histoire chinoise, et qui prouve, à lui seul, de la manière la plus évidente, qu'un élément étranger de civilisation, ou plutôt de barbarie, s'était introduit dans les contrées occidentales de la Chine. A l'enterrement de Mou-koung, 177 personnes se donnèrent la mort. Plusieurs eurent ordre de se tuer, afin d'accompagner le prince dans l'autre monde. Voici ce qu'on trouve à ce sujet dans les grands Tableaux chronologiques, souvent cités :

« Année cyclique Keng-tseu, 33° du règne de Siang-wang, 39o » de celui de Mou, prince de Thsin (621 avant notre ère), en été, » Mou-koung (le prince Mou) meurt. Son fils Ying lui succède. » C'est lui qui est (nommé) Kang-koung (le prince Kang). Un » fils du prince décédé, son char, trois enfants de sa famille, » des tigres enchaînés, qui marchaient à la suite furent ense» velis avec lui. Les habitants du royaume gémirent sur eux. » L'oiseau jaune fit naître des terreurs. »

» Il est dit dans le Sse-ki (histoire générale chinoise de Ssema-thsian, composée plus de 100 ans avant notre ère) :

« On ensevelit avec le mort 177 personnes qui avaient suivi e convoi. >>

« Tchou tseu a dit : Le gouvernement royal n'avait point » de contrôle (sur ces actions). Les vassaux n'avaient point » d'autorité les uns sur les autres, on ne craignait pas de faire >> mourir des hommes. Cette coutume était regardée comme >> usuelle. Aucun roi éclairé, aucun prince vassal sage ne >> l'avait poursuivie par des châtiments; on ne pouvait qu'en » gémir.» (Li-taï-ki-sse; Kiouan 10, f. 49.)

M. Pauthier ajoute à ces textes les considérations suivantes :

« Le P. Gaubil1 dit que cette coutume barbare venait des Tartares occidentaux, et que l'histoire chinoise en parle, pour la première fois, en 621 avant notre ère; nous n'en avons trouvé effectivement aucune mention antérieure. Ces Tartares

Voir son Traité de la Chronologie chinoise, p. 46. Le P. Mailla, dans sa grande Histoire de la Chine, ne dit pas un mot de cette cérémonie barbare, en rapportant la mort de Mou-Kong, t. 1, p. 145.

occidentaux sont donc des peuples différents des Tartares ou Joung du Nord, que nous avons déjà vus si souvent faire des excursions en Chine. Leur dénomination placerait leur séjour dans les contrées visitées par Mou-wang, 400 ans plus tôt. La nature de cette coutume ferait penser qu'elle venait des peuples scythes, que l'on sait avoir observé, dès la plus haute antiquité, un semblable usage1. »

La même cérémonie homicide se renouvelait encore 411 ans après, 210 ans avant notre ère 2.

« Le premier soin de Eul-chi-hoang-ti, après être monté sur » le trône, fut d'ordonner un deuil général et de pourvoir aux >> funérailles de son père Tsin-chi-hoang-ti (le brûleur des » livres sacrés). La pompe de cette cérémonie devait sur» passer tout ce qui s'était fait jusqu'alors en ce genre. La

montagne de Li-chan fut choisie pour être le lieu de sa sé» pulture. Le jeune empereur y fit construire un magnifique >> tombeau qu'il enrichit de tout ce qu'il trouva de plus pré>> cieux parmi les trésors de son père. Il ordonna que toutes » les personnes de l'un et de l'autre sexe qui avaient servi >> aux plaisirs et aux amusements de celui qu'il pleurait >> eussent à accompagner le convoi. Arrivé à Li-chan, il fit » ranger cette troupe de femmes, d'ennuques et de jeunes » efféminés autour du sépulcre, et lorsque le corps y eut été » déposé, il ordonna aux soldats de sa suite de percer de leurs » traits ces infortunées victimes, pour les envoyer servir encore » son père dans le séjour des morts 3. »

25. Des sacrifices humains chez les Japonais.

Il ne nous reste plus qu'une contrée à visiter dans l'extrême Orient, c'est le Japon. Ici encore nous voyons des êtres humains offerts en holocauste aux divinités. Nous allons citer

Voir La Chine, p. 109, par M. Pauthier, dans l'Univers pittoresque de M. Didot.

2 C'est l'époque d'Annibal en italie et d'Antiochus le Grand en Syrie. 3 Mémoires chinois, t. 1, p. 298. - Voir aussi M. Pauthier, ouvrage cité, p. 229, et le P. Gaubil, ibid. Le P. Mailla n'en fait aucune mention, t. II, p. 404.

un auteur, qui a réuni en un seul tàbleau, ce que disent les divers historiens et missionnaires sur ces pratiques.

« Divers voyageurs racontent qu'au Japon les adorateurs du dieu Amida s'imaginent qu'en se suicidant en l'honneur de cette divinité, ils sont certains d'obtenir une béatitude immense dans l'autre monde. Il n'est donc pas rare qu'un dévot se noie pour donner un témoignage éclatant de sa piété. Il veut donner de l'éclat à l'accomplissement de sa résolution, et il s'efforce de réunir des prosélytes décidés à l'accompagner dans l'autre monde. Il prêche dans tous les carrefours qu'il fait retentir de ses invectives contre la corruption du siècle et les faux biens du monde ; il retrace éloquemment les misères qui affligent l'existence de l'homme; il fait un tableau séduisant des récompenses magnifiques réservées à ceux qui meurent pour Amida. Il arrive souvent que l'orateur trouve quelque fanatique dégoûté de la vie et disposé à saisir cette occasion de mourir avec gloire. Les victimes volontaires se dirigent vers un fleuve ou vers la mer; leurs parents et leurs amis les escortent; un grand nombre de bonzes grossissent le cortége. On monte sur une barque réservée pour cet usage: elle est dorée et ornée d'étoffes de soie. L'adorateur d'Amida témoigne sa joie en dansant au son des instruments de musique peu harmonieux en usage dans le pays; il s'attache ensuite de grosses pierres au cou, à la ceinture et aux jambes, et il se précipite dans les flots tête baissée, en récitant certaines prières. Il existe aussi une autre manière de s'immoler en l'honneur d'Amida: elle consiste à s'enterrer tout vivant. La victime choisit une grotte ayant à peu près la forme d'un tombeau, et si étroite qu'il est impossible de s'y asseoir. Elle s'y enferme; on en mure l'ouverture, en n'y laissant qu'un petit soupirail. Ajoutons que le dieu qu'on pense honorer par de semblables pratiques est habituellement représenté avec la tête d'un chien et monté sur un cheval à sept têtes; elles sont l'emblème de sept mille siècles 1. »

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Tel est le tableau que nous offre l'ancien monde dans tout

1 Curiosités théologiques par un bibliophile, in-8°. Paris, 1861. Voir de plus : Epistolæ japonica d'Aloysius Froes, dans Kircher, OEdipus ægyptiacus, t. 11, p. 337, et Alphabetum Tibetanum, p. 132.

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