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Histoire de l'humanité.

ESSAI

SUR LES SACRIFICES HUMAINS

DANS L'ANTIQUITÉ ET DANS LES TEMPS MODERNES.

Comment les hommes auraient-ils pu connaître

>> toutes ces choses, si les démons eux-mêmes ne » les leur eussent enseignées? >>

Πόθεν γὰρ ἀνθρώποις ταῦτα παρῆν εἰδέναι, ἢ τῶν δαιμόνων αὐτῶν τὰ περὶ ἑαυτῶν ἐξειπόντων ;

(Eusèbe, Prépar. évang., 1. v, ch. 10.)

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Si quittant Thèbes nous remontons vers le nord de la Grèce, nous trouvons en Epire, sur les bords même de la Méditerranée, Pyrrhus le conquérant malheureux, imbu des mêmes croyances homicides. En effet, pour venger la mort de son fils Ptolémée, tué dans un combat contre les Lacédémoniens, il fait un grand carnage des ennemis, et, ajoute Plutarque, « il >> fit ainsi un sacrifice à son fils, et livra cette bataille, comme >> des jeux funèbres célébrés en son honneur 2. >>

12. Des sacrifices humains chez les Achéens.

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Xerxès étant entré en Grèce, vers l'an 480 avant notre ère, traversait l'Achaïe supérieure; or voici ce qu'Hérodote nous dit qu'on lui raconta sur le lieu consacré à Jupiter laphystien :

<< Athamas, fils d'Éole, trama avec Ino la perte de Phrixus; » mais voici la récompense qu'en reçurent ses descendants » par l'ordre d'un oracle. Les Achéens interdirent à l'aîné de » cette maison l'entrée de leur Prytanée, qu'ils appellent

Voir le 3 article, numéro de Juillet, ci-dessus, p. 45.

· ὁ δὲ Πύῤῥος ὥσπερ ἐναγισμόν τινα τῷ παιδὶ τελέσας, καὶ λαμπρὸν ἐπιτάφιον ἀγωνισάμενος.

(Plutarque, Vie de Pyrrhus, c. 31.)

» Léilus. Ils veillent eux-mêmes à l'exécution de cette loi. Si » cet aîné y entre, il ne peut en sortir que pour être immolé... » Les descendants de Cytissore, fils de Phrixus, sont exposés à » ce traitement..., parce que Cytissore, revenant d'ŒEa, ville » de Colchide, délivra Athamas des mains des Achéens, qui » étaient sur le point de l'immoler, pour expier le pays, suivant » l'ordre qu'ils en avaient reçu d'un Oracle 1. »

Le Scholiaste d'Apollonius de Rhodes « assure que cet usage >> existait encore de son temps 2. »

Dans la ville de Patra, en Achaïe, on adorait Diane surnommée Triclaria. Là encore nous trouvons le sang humain coulant sur les autels, sur la demande des Oracles.

La prêtresse ayant violé son vœu de chasteté dans le temple même, la stérilité et les maladies affligèrent toute la contrée, et le peuple ayant eu recours à l'oracle de Delphes, la Pythie lui apprit... « que le seul moyen d'apaiser la déesse était de >> lui sacrifier à l'avenir, tous les ans, un jeune garçon et une » jeune fille qui surpassent en beauté tous les autres 3. » Ce n'est qu'après la guerre de Troie que cette immolation fut interrompue.

13. Des sacrifices humains chez les Taulentiens.

A côté de l'Épire se trouvent les Taulentiens, peuple chez lequel Arrien nous raconte le sacrifice suivant, qui avait lieu en l'année 335 avant Jésus-Christ :

« Se voyant menacés par Alexandre, les ennemis après » avoir immolé trois adolescents, trois jeunes filles et trois >> béliers noirs, font un mouvement comme pour en venir >> aux mains avec les Macédoniens; mais, lorsqu'ils se furent >> approchés, ils abandonnèrent les lieux qu'ils avaient occu

* Μετὰ δὲ, ὡς ἐκ Θεοπροπίον ̓Αχαιοὶ προτιθεῖσι τοῖσι ἐκείνου ἀπογόνοισι ἀέθλους τοιούσδε.... ἣν δὲ ἐσέλθη, οὐκ ἔστι ὅκως ἔξεισι, πρὶν ἢ θύσεσθαι μέλλῃ... Διότι καθαρμὸν τῆς χώρης ποιευμένων ̓Αχαιῶν ἐκ Θεοπροπίου ̓Αθάμαντα τὸν Αιόλου, καὶ μellóvтwv μiv Ovey, etc. (Hérodote, 1. vi, c. 197.)

2 Ενα τῶν Φρίξον ἀπογόνων εισιέναι εἰς τὸ πρυτανεῖον καὶ θύειν τῷ εἰρημένῳ Διΐ. (Apollonius, 11, 655; dans l'Hérodote de Wesseling, in-fol., p. 597.)

$ Καταφυγόντων δὲ αὐτῶν ἐπὶ χρηστήριον τὸ ἐν Δελφοῖς, ἤλεγχεν ἡ Πυθία... ἐκεί νους τὲ αὐτοὺς μάντευμα ἀφίκετο θύσαι τῇ ̓Αρτέμιδι, καὶ ἀνὰ πᾶν ἔτος παρθένον καὶ παῖδα, οἳ τὸ εἶδος εἶεν κάλλιστοι τῇ Θεῷ θύειν. (Pausanias, I. VII, Achaie, c. 19.

» pés, quelque âpres et fortifiés qu'ils fussent, et l'on y trouva » encore les restes des victimes 1. >>

14. Des sacrifices humains chez les Leucadiens.

Strabon note encore l'usage d'un sacrifice humain dans cette même contrée du nord de la Grèce :

« Il y avait, dit-il, chez les Leucadiens, la coutume léguée » par leurs ancêtres, de jeter tous les ans un criminel du >> haut d'un rocher, comme sacrifice à Apollon et pour dé» tourner sa colère. On entourait ce criminel de toutes sortes » de plumes et d'oiseaux dont le vol devait aider le saut. Au» dessous, on disposait en rond un grand nombre de petites » barques, dans lesquelles il était reçu autant que cela pouvait » se faire, puis on l'envoyait hors du pays 2. »

15. Des sacrifices humains chez les Thessaliens.

Si de chez les Leucadiens nous nous transportons en Thessalie, nous trouvons encore la tradition d'un Oracle demandant des victimes humaines. « Le roi Admète avait épousé » Alceste. Mais dans ses noces, ayant oublié de sacrifier à Diane, » quand il ouvrit sa chambre nuptiale, il la trouva pleine de >> serpents. Apollon (qui avait servi sous ce roi), après lui » avoir conseillé d'apaiser la déesse irritée, avait demandé aux >> Parques qu'au moment où Admète serait sur le point de » mourir, il pourrait se racheter de la mort, si son père, sa >> mère ou sa femme la subissaient volontairement. Lors donc >> qu'il fut sur le point de mourir, comme ni son père, ni sa >> mère ne voulaient mourir pour lui, Alceste mourut à sa » place. Koré (Proserpine) la renvoya de nouveau en ce monde; » ou, comme d'autres fe disent, ce fut Hercule après avoir » combattu Adès (Pluton) 3. »>

* Οἱ δὲ πολέμιοι σφαγιασάμενοι παῖδας τρεῖς καὶ κόρας ἴσας τὸν ἀριθμὸν καὶ κριοὺς μélaves rpets, etc. (Arrien, Expéd. d'Alexandre, l. 1, č. 5, n. 7.)

2 Ἦν δὲ καὶ πάτριον τοῖς Λευκαδίοις κατ ̓ ἐνιαυτὸν ἐν τῇ θυσίᾳ τοῦ ̓Απόλλωνος, ἀπὸ τῆς σκοπῆς ̔ριπτεῖσθαι τινα τῶν ἐν αἰτίαις ὄντων, etc. (Strabon, Geographie, 1. x, c. 3, p. 694, Amster., 1707, in-fol.)

3 Αν ἑκουσίος τις ὑπὲρ αὐτοῦ θυήσκειν ἔληται, πατὴρ ἡ μήτηρ, ή γυνή etc. (ApolIodore, Biblioth. I. 1, c. 9, n. 15; voir en outre Euripide, Alceste, p. 11, 152, Pausanias, Élide, 17, et Hygin, fable 251.

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Faisons maintenant une visite rapide dans ces îles de la Grèce si policées, et qu'on nous représente comme toutes peuplées de divinités et de nymphes douces et riantes. En commençant par le nord, nous trouvons d'abord Chio et Ténédos, île de si grande réputation, notissima famâ, comine le dit Virgile. Nous en avons déjà fait mention, d'après Porphyre, et nous en donnons ici le texte :

<< A Chio, on mettait un homme en morceaux qu'on offrait en sacrifice à Bacchus Omadios (mangeur de chair crue); on faisait de même à Ténédos, comme le rapporte Euelpis de Caryste1. >>

17.

Des sacrifices humains dans les îles de Lesbos et de Rhodes. Les Lesbiens aussi immolaient à Bacchus des victimes humaines.

« L'athénien Anticlide, dans son livre des Retours, parlant » de Gra qui, de concert avec d'autres chefs, envoya une co>> lonie dans l'île de Lesbos, assure qu'un oracle avait de» mandé, que dans la traversée ils jetteraient à la mer une » jeune fille à Neptune 2. »

<< Aussi Dosiades dit que les Lesbiens immolaient à Bacchus >> un homme que l'on mettait en pièces 3. »

Nous avons déjà dit, d'après Porphyre, qu'à Rhodes on immolait un homme à Saturne le 6 du metageitnion (août), et que c'était à peu près une répétition des Thargelies, avec cette différence que la victime était sacrifiée à la déesse du bon conseil 4.

· Ἔθυον δὲ καὶ ἐν Χίῳ τῷ Ωμαδίῳ Διονύσῳ ἄνθρωπον διασπῶντες, καὶ ἐν Τενέδῳ, ås gnoiv Eűɛdmis ó Kapústios (Porphyre, De l'abstinence, 11, n. 55, et dans Eusèbe, Prép. Evang., iv, c. 16: Patr. grecque, t. 21, p. 271).

2

Περὶ Γρᾶ διηγούμενος, τοῦ τὴν ἀποικίαν εἰς Λέσβου στείλαντος σὺν ἄλλοις βασι λεῦσι, καὶ ὅτι χρησμὸς ἦν αὐτοῖς, δηλώσας καθεῖναι διαπλέοντας τῷ Ποσειδῶνι εἰς rò méλayos пaρlivov, etc. (Athénée, Deipn., 1. XI, p. 466; et Fragm. hist., d'Alexandre, p. 148, dans l'Arrien de Didot.)

3 Καὶ Λεσβίους Διονύσιῳ τὴν ὁμοίαν προσάγειν θυσίαν Δωτίδας λέγει. (Clément d'Al.., Protrep., c. 3; et dans Eusèbe, ibid., p. 274.)

4 Voir Annales, t. I, p. 300; Théodoret en fait aussi mention dans son Protreptique, 1. vi; dans Patrol. grecque, t. 83, p. 103.

18. Des sacrifices humains dans les îles de Crète et de Salamine.

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Porphyre nous a déjà dit1 que, d'après l'historien Ister, les Curètes immolaient des enfants à Saturne 2.

Anticlide ajoute que les Lyctiens (peuple de l'île de Crète), immolaient des hommes à Jupiter 3.

On connaît aussi le fameux vou d'Idoménée, à la suite duquel il sacrifia son fils, vœu que Servius raconte en ces termes:

<< Voici quelle est cette histoire. Comme Idoménée, fils de >> Deucalion, roi de Crète, retournait dans son pays après la » ruine de Troie, il fut surpris par une tempête, et fit vœu >> aux dieux de sacrifier la première chose qui se présenterait » à lui. Ce fut son fils qui s'offrit le premier à lui, et il l'im>> mola. Peu après, une peste ayant ravagé le pays, il fut dé» pouillé de son trône et chassé par ses sujets; il aborda au » promontoire de Salente, dans la Calabre, et y bâtit la ville >> de ce nom 4. »

Quant à Salamine, nous avons déjà cité le témoignage de Porphyre, qui nous apprend « qu'on y immolait un homme à » Aglaure, puis à Diomède, et qui nous décrit les cérémonies » de ce sacrifice 5. >>

Nous avons parcouru toute la Grèce, et nous avons trouvé partout établi le funeste usage des sacrifices humains offerts aux dieux; nous pouvons donc demander de nouveau comment Platon a pu dire avec tant d'assurance: «<Ainsi parmi » nous il n'y a pas de loi qui prescrive les sacrifices huIbid., p. 301. Fragm. hist. sur Alexandre, p. 149; dans l'Arrien de Didot; et dans Clément d'Alex., et Eusèbe ubi supra.

2 Ἴστρος... φησί, τούς Κούρητας τὸ παλαιὸν τῷ Κρόνῳ θύειν παῖδας. (Ister, frag. 47 dans frag. hist. græc. de Didot, t. 1, p. 424; et dans Eusèbe, d'après Porphyre.)

2 Λυκτίους γὰρ (Κρητῶν δὲ ἔθνος εἰσὶν οὗτοι) ἀνθρώπους ἀποσφάττειν τῷ Διί. Frag. hist. sur Alexandre, p. 149; dans l'Arrien de Didot; et dans Clément d'Alex. et Eusèbe, ubi supra.

Sed talis historia est : Idomeneus de semine Deucalionis natus, Cretensium rex, cum post eversam Trojam reverteretur, in tempestate devovit diis sacrificaturum, sed de re quæ primum occurrisset. Contigit ut filius ejus primum occurreret. Quem cum immolasset, ut alii verò immolare voluisset, et post orta esset pestilentia, à civibus pulsus est regno, Sallentinum Calabriæ promontorium tenuit, juxta quod condidit civitatem. (Servius, sur l'Enéide, 1, 122.) 5 Voir Annales, t. I, p. 300 et Porphyre, de l'Abstinence.

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