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M. Eug. Veuillot avec Mlle Louise d'Aquin.
Gaume.

In-8°, chez

En 1859: Lettre formant préface au livre de l'Inspiration des Camisards. In-8°, chez Plon.

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En 1861, Lettre formant préface au livre la Magie au 19° siècle, ses agents, ses vérités, ses mensonges, par M. Gougenot, in-8°, chez Plon.

Mais ce ne sont pas les seuls travaux du P. Ventura pendant les dernières années de sa vie. Depuis plus d'un an il travaillait à un grand ouvrage où, prenant pour base la philosophie de saint Thomas, il traitait de toutes les sciences humaines, et voulait montrer que, dans leurs bases essentielles, elles n'ont guère gagné à changer la constitution de la science, toutes les fois au contraire qu'elles n'ont pas perdu. Deux volumes sont achevés et imprimés; il ne manque que l'Introduction, qui était grandement avancée, et que la mort l'a empêché d'achever. On s'occupe de coordonner ce que le Père en avait écrit, et l'ouvrage paraîtra dans quelques semaines. Tant il est vrai que le généreux athlète a combattu le bon combat jusqu'à la mort!

Nous ne devons pas oublier ici la satisfaction légitime que goûta le P. Ventura en lisant à cette époque le savant programme chrétien, formulé par Mgr d'Avanzo, évêque de Castellaneta, et mis en pratique dans son séminaire et dans celui de plusieurs évêques du royaume de Naples. Ce programme annonçait courageusement que les cours de philosophie et de théologie seraient faits d'après les principes de Mgr de Langres, de Mgr Gaume, du P. Ventura et de M. Bonnetty, principes compris dans leur véritable signification et appliqués dans leur juste mesure. Bien que ce programme publié par les Annales 1 n'ait été signalé par aucun autre journal catholique, le P. Ventura sut qu'il avait fait une sensation profonde, et que bien des professeurs en France et en Italie y conformaient leur enseignement.

9. Maladie et mort du P. Ventura.

Malheureusement, la fin de tant de travaux approchait, et le

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juste Juge l'appelait pour lui donner la récompense due au serviteur fidèle. Comme nous l'avons dit, la santé du P. Ventura avait toujours été précaire et chancelante depuis l'attaque de congestion cérébrale qu'il avait eue en 1856. Vers le mois de juillet 1861, il quitta son habitation de la rue Duphot, à Paris, pour aller passer l'été et se fixer définitivement à Versailles. Il pensait y être plus tranquille, et surtout il y était attiré par la tendre affection que lui témoignait Mgr Mabile qui estimait sa grande science, sa piété et les services qu'il rendait à l'Eglise. C'est là que se développa le mal qui devait le conduire au tombeau. C'était un cancer à l'estomac qui fut rebelle à toute la science des nombreux médecins, ses admirateurs et ses amis. L'auguste vieillard était admirable de foi et de résignation. Nous nous souviendrons toujours de cette noble figure étendue sur un petit lit blanc, et tenant couchée sur sa poitrine et serrée dans ses bras une grande croix en ébène, dont il baisait de temps à autre affectueusement le crucifix. Nous lui dimes que nous espérions que Dieu lui rendrait la santé pour achever son dernier ouvrage, et travailler encore pour la défense de son Eglise. «Que Dieu fasse de moi ce qu'il >> voudra, » nous dit-il d'une voix éteinte. Et quand nous nous retirâmes, il nous tendit ses deux bras, et comme nous nous contentions de lui serrer les mains, il fit un effort pour se mettre sur son séant, et nous embrassa avec une effusion que nous n'oublierons jamais.

Dès que l'auguste malade vit que la maladie faisait des progrès, il demanda lui-même à recevoir le saint Viatique. Mgr Mabile ne voulut pas confier à d'autres la pieuse mission de l'assister à ce moment solennel. Aussi le jeudi 18 juillet il vint lui-même lui apporter le pain des forts. En l'attendant le P. Ventura pria le Père Gardien des capucins, qui l'assistait, de lui réciter les sept psaumes de la Pénitence. Pendant cette lecture, ses soupirs, ses gestes, témoignaient de ses sentiments d'humilité, de contrition, de foi, d'amour; et au moment où l'on prononçait ces paroles: Ad te, Domine, expandi manus meas, ses bras se levèrent vers le ciel.

En entrant dans sa chambre, Monseigneur le trouva dans l'attitude du plus profond recueillement, tenant le Crucifix qu'il baisait avec une tendre affection; il lui adressa ces paroles:

« Mon Révérend Père,

» Voici votre Dieu, votre Sauveur, qui vient vous consoler, vous encourager. C'est le Dieu que vous avez si bien connu, que vous avez fait si bien connaitre au monde par vos éloquentes prédications et vos savants écrits. Renouvelez en vous les sentiments de contrition, répétant avec le Roi-Prophète : Amplius lava me ab iniquitate mea, et a peccato meo munda me... Asperges me hyssopo et mundabor; lavabis me et super nivem dealbabor... Recevez votre Dieu avec la foi la plus vive, la charité la plus ardente, et surtout avec la plus grande confiance: Deus meus et omnia, mon Dieu et mon tout; soyez ma force, ma consolation et ma vie ! In te Domine speravi, non confundar in æternum..... fiat vo

luntas tua. »

Immédiatement après on lui lut la profession de foi de S. Pie V, et l'auguste malade, du geste et de sa voix affaiblie, donnait son assentiment à chacun des paragraphies de cette charte du prêtre chrétien.

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« Je reconnais la sainte Eglise catholique, apostolique et >> romaine comme la mère et la maîtresse de toutes les Eglises. »Je jure complète, entière obéissance au Pontife romain, » successeur du bienheureux Pierre, prince des apôtres el >> vicaire de Jésus-Christ. Je crois et je professe infaillibles » toutes les décisions des sacrés canons, des conciles œcumé»niques, et principalement tout ce qu'a décrété le saint » Concile de Trente. Je condamne, repousse et anathéma>>tise ce qui leur est contraire, et toutes les hérésies, quelles qu'elles soient, condamnées, repoussées, anathématisées » par l'Eglise! >>

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Quand cette lecture fut finie, l'auguste malade réunissant toutes ses forces, ajouta distinctement:

« Je veux que l'on sache que je meurs dans la foi de la » sainte Eglise catholique, apostolique et romaine, que j'ai tou» jours tendrement aimée.

Cependant le mal empira de plus en plus, et le vendredi 20 juillet, à 5 heures du soir, Mgr Mabile vint lui administrer le sacrement de l'Extrême-Onction. Ici encore une scène touchante eut lieu et une bien belle parole fut prononcée. Quand la cérémonie fut achevée, le P. Ventura fil un effort pour attirer à lui Sa Grandeur, et il l'embrassa en disant : « Vous êtes l'Eglise, Monseigneur, en vous embrassant j'em» brasse l'Eglise, et je meurs dans l'amour de l'Eglise. »

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Ces paroles sont en effet l'expression de toute sa vie.

Alors une dernière pensée occupa le P. Ventura, la pensée du successeur de Pierre, du chef suprême de l'Eglise. Il désira recevoir sa bénédiction. Mgr de Versailles adressa à Rome la dépêche suivante :

« Évêché de Versailles, 20 juillet.

» Le R. P. Ventura est très-malade; il a été administré » le 18 juillet; il désire recevoir la bénédiction du Saint-Père.

>> + PIERRE,

» Evêque de Versailles. »

Le 22 juillet, Monseigneur recevait cette réponse :

« Rome, 22 juillet, 10 h. 50 m. matin.

» Monseigneur l'Evêque de Versailles,

» Le Saint Père est bien fâché d'apprendre l'état dangereux » du P. Ventura de Raulica; il lui accorde la Bénédiction » qu'il a sollicitée.

» Signé : Cardinal ANTONELLI. »

Une autre consolation lui vint encore de Rome; le Général de son Ordre, le P. Cirino, son ami, arriva à Paris lui apportant avec les preuves de l'affection de tout son Ordre, de nouvelles assurances des vœux et des bénédictions du Souverain Pontife.

C'est au milieu de ces preuves touchantes de l'affection et de la grande estime de tous ses amis, que s'éteignit le P. Ventura, le vendredi 2 août, à 10 heures du matin.

Ses obsèques eurent lieu le lundi 6. Mgr de Versailles voulut donner une dernière preuve de son estime et de son affection au grand homme que l'Eglise venait de perdre. Il vint lui-même, la mitre en tête, recevoir le corps à la porte de son église cathédrale, célébra le saint sacrifice et fit l'absoute, entouré de son Chapitre. Puis un second service fut célébré solennellement à l'Eglise des PP. Capucins. L'Internonce de Sa Sainteté, Mgr Meglia, était venu de Paris, pour montrer officiellement l'estime que le Saint-Siége faisait du

P. Ventura. Un grand nombre de prêtres et de laïques étaient venus aussi pour rendre leurs derniers devoirs au défunt. Un journal, la Gazette de France, a remarqué que l'on regrettait de n'y voir aucun représentant de l'Archevêché, ni de MM. les curés de Paris.

Le R. P. Cirino a ramené le corps de son ami, à Rome, où il attend un service solennel digne de lui.

A. BONNETTY.

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