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pienne avec celles de l'arabe, de l'hébreu et du syriaque, et en seconde ligne avec celles de l'himyarite, du copte et les dialectes nabatéens, autant que ces derniers nous sont accessibles.

M. Meier, à Tubingue 1, soumet les inscriptions phéniciennes à un nouvel examen et publie ses remarques sur celles qui ont été trouvées à Chypre, à Malte et en Sicile, rectifiant, où il croit pouvoir le faire, les anciennes lectures et les interprétations données avant lui. Quand on pense au petit nombre des inscriptions phéniciennes que nous possédons et à la manière négligée dont la plupart sont gravées, on doit admirer les progrès que leur interprétation a faits, grâce aux progrès des études de tous les dialectes sémitiques et à la rigueur des méthodes employées. Tout ce qu'il faudrait à cette branche d'études serait un plus grand nombre d'inscriptions longues et bien gravées, et l'on devait naturellement s'attendre à ce que les belles fouilles que M. Renan fait dans ce moment encore en Phénicie nous auraient fourni une abondance de monuments gravés, recueillis dans les centres mêmes de la civilisation phénicienne. Le malheur veut que ces fouilles, qui ont mis à jour tant de restes intéressants de la grandeur ancienne de Tyr et de Sidon, aient trompé toutes les espérances relatives aux inscriptions, et il faut se résoudre à n'attendre que du hasard une augmentation lente de nos ressources dans ce genre, car les Phéniciens et les Juifs paraissent être de tous les peuples de l'antiquité, ceux qui avaient le moins l'habitude de graver des inscriptions sur leurs inonuments. Dans cette occasion ce n'est ni le zèle, ni le savoir, ni les-moyens d'exploration qui ont manqué, c'est la matière qui a fait défaut.

M. Nève, à Louvain, nous a fait connaître, il y a quelques années, dans le Journal asiatique, un historien arménien inédit, Thomas de Medzoph, dont il prépare une édition. Il nous donne aujourd'hui la traduction des chapitres de cet auteur qui se rapporte aux guerres de Timour et de Schah-Rokh2

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1 Erklarung phænikischer Sprachdenkmale, die man auf Cypern, Malta und Sicilica gefunden, von D. É. Meier. Tubingue, 1860; in-4° (53 p. et 1 planche). 2 Exposé des guerres de Tamerlan et de Schah-Rokh dans l'Asie occidentale,

dont l'Arménie a eu à souffrir. Thomas était contemporain de ces événements, et il raconte les faits dont il a été témoin, ou qu'il a pu recueillir de la bouche de témoins oculaires, avec toute l'exactitude qu'admet le style passionné et lamentable des Arméniens, dont toute l'histoire ne paraît qu'un cri de douleur et d'angoisse. En général nous n'avons que les annales des vainqueurs, et il est bon de trouver quelquefois aussi celles des vaincus, pour voir ce que les conquêtes et leur gloire coûtent à l'humanité. Les Arméniens nous offrent sous ce rapport tout ce qu'on peut souhaiter, car ils ont été presque toujours les vaincus, quoique ce fût une vaillante nation. M. Nève a pris soin de lier et d'éclaircir le récit de son auteur par les renseignements fournis par d'autres auteurs, et a produit ainsi un tableau saisissant d'une époque épouvantable.

Il me reste à annoncer un livre que je ne saurais rattacher à aucune classe et que je ne dois pourtant pas laisser passer sans mention, c'est la grammaire de la langue des Touareks par M. Hanotau1. Il ne s'agit pas d'une langue orientale dans la rigueur du terme ; mais l'Afrique du nord fait virtuellement partie de l'Orient depuis l'époque des Carthaginois. M. Hanotau avait déjà publié une grammaire de la langue kabyle, c'est-à-dire de la langue des tribus sédentaires de la même race dont les Touareks forment la partie nomade. Le Tamachek, nom que les tribus du désert donnent à leur langue, n'est que la langue berbère dans toute sa pureté; elle s'est défendue dans le désert des innombrables additions que le contact avec les Arabes lui a fait adopter dans les pays kabyles, et elle a conservé sa propre écriture, qui est reproduite dans l'ouvrage de M. Hanotau pour la première fois par l'imprimerie. L'auteur a voulu donner dans un appendice une dizaine de pages lithographiées, représentant les originaux mêmes écrits par les Touareks, et l'on y verra qu'on a pu réduire cette d'après la chronique arménienne inédite de Thomas de Medzoph, par F. Nève. Bruxelles, 1860; in-8° (158 pages).

1 Essai de grammaire de la lanque tamachek, renfermant les principes du langage parlé par les Imouchar ou Touareg, des conversations en tamachek, des fac-simile en caractère tifinar, et une carte indiquant les parties de l'Algérie où la langue berbère est encore en usage, par A. Hanotau, chef de bataillon du génie. Paris, 1860; in-8° (xxx1 et 294 pages, 6 planches et une carte).

écriture à la régularité qu'exige l'impression, sans lui faire aucune violence. M. Hanotau, qui possède la langue des Kabyles, a pu facilement s'entendre avec les gens du désert avec lesquels il était en contact, et qui paraissent avoir été flattés de l'attention que l'on faisait à leur langue; ils se sont prêtés à lui donner toutes les explications dont il avait besoin et à écrire pour lui les textes en prose et en vers qu'il désirait recueillir. On sait quelle difficulté il y a de retrouver, par les conversations et les explications de gens très-illettrés, le système grammatical d'une langue, et quelle méthode ferme et quelle persévérance il faut pour y réussir; il est probable que de nouvelles facilités et des études prolongées fourniront à l'auteur lui-même, et à d'autres, des suppléments aux formes qu'il a observées; mais il est certain que nous possédons, grâce à lui, la charpente de cette langue, qui, outre son importance pratique, offrira à la grammaire comparée de nouveaux matériaux, et donnera sans aucun doute des résultats ethnologiques sur la population de l'Afrique dans toute la zone qui s'étend de la mer Rouge jusqu'à l'Atlantique, entre les pays du bord de la Méditerranée et le Soudan.

Jules MOHL, de l'Institut.

Histoire ecclésiastique.

ORIGINES DU CHRISTIANISME DANS LES GAULES

OU

DISSERTATION SUR L'ÉPISCOPAT DE SAINT GEORGES,

Premier évêque du Velay '.

Comme tous nos abonnés le savent, les Annales sont spécialement destinées à rectifier les erreurs historiques, d'après les recherches nouvelles, et plus consciencieuses que celles du 17 et du 18° siècle, qui se font de toutes parts en France; c'est pour cela qu'elles tiennent surtout à mentionner, et autant que possible, à enregistrer dans leurs pages, le résultat de tous les travaux qui ont pour but de prouver que nos Eglises doivent leur origine aux Apôtres ou à leurs disciples immédiats. Dans notre précédent volume 2, nous avons fait connaître la dissertation de M. l'abbé Arbellot, ayant pour but de prouver que saint Martial, 1er évêque de Limoges, était bien un disciple de saint Pierre, et qu'il en avait reçu la mission d'évangéliser cette partie de notre Gaule; et nous avons publié le texte du Monument nouveau découvert par cet infatigable investigateur de nos origines. Or, voilà que nous venons de recevoir la Dissertation dont nous avons donné le titre, et dans laquelle nous trouvons des recherches nouvelles sur les origines des Eglises de France, et sur celle du Velay en particulier. Nous ne pouvons que féliciter M. de Fages de ce travail. La réfutation du passage où Grégoire de Tours renvoie au 3° siècle l'évangélisation de la Gaule, est solide, et nous pouvons dire décisive; et l'épiscopat de saint Georges est entouré de preuves telles qu'il est difficile de ne pas croire à sa mission apostolique. C'est de l'érudition sobre, ferme, allant au

Par Gabriel de Fages de Chaulnes, de la Société académique du Puy, de celle de la Lozère, et de la Société française d'archéologie. Brochure in-12 de 49 pages; au Puy, imprimerie de Marcheson, 1861.

2 Voir le cahier de mars dernier, t. 1, p. 165.

ve SÉRIE. TOME IV.

· No 22; 1861. (63° vol. de la coll.) 20

but, et comprenant, dans un petit nombre de pages, la réfutation d'un grand nombre de gros volumes. C'est ce qui nous décide à la consigner dans nos Annales, en ayant soin de rectifier quelques citations et d'ajouter les textes des auteurs, qui ne sont le plus souvent qu'indiqués. Car on sait que les Annales sont destinées à remplacer les auteurs mêmes qui ne se trouvent que dans les grandes collections, et que les travailleurs ne peuvent consulter qu'avec de grands frais et de grandes peines.

La Dissertation se divise en deux parties bien distinctes: dans la 1, l'auteur réfute Grégoire de Tours, et donne les preuves de la prédication apostolique dans les Gaules. Dans la 2, il établit la mission de saint Georges dans le Velay. Nous donnons aujourd'hui la 1re partie.

Après un court préliminaire, l'auteur entre ainsi en matière:

I

« La question de l'évangélisation des Gaules a donné naissance à deux écoles principales; l'une que l'on est convenu d'appeler légendaire, parce qu'elle soutient les légendes et admet la fondation de quelques Eglises dans les Gaules par les envoyés des Apôtres; les principaux écrivains de cette école sont:

De Marca, Dom Lirom 2, Jean Bou- | Millet, André du Saussay', Dudin donnet 3, Chiflet, Réné Ouvrard 3, | d'Hauteserre *, François Pagi, Jean

'Epistol. ad Henr. Valesium de tempore quo primum in Galliis suscepta Christi fides, 1658, in-8°.

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Réfutation des trois dissertations de M. Launoy touchant la mission apostolique dans les Gaules.

* Dissertatio de uno Dyonisio primum Areopagita et episcopo Atheniensi, deinde Parisiorum apostolo et martyre, 1676, in-8°.

5

Défense de l'ancienne tradition des Églises de France en la mission des pre

miers prédicateurs dans les Gaules du temps des Apôtres.

• Vindicata Ecclesiæ Gallic. de suo Dionysio gloria, p. 34. 1638, in-4°.

' De Myster. Gall. scrip., p. 302.

• Rerum Aquitan. lib. ix, cap. 9.

"De temp. prædicat. primum in Gallis (act. SS. tomo v junii).

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