tropicales, de même le type Mongolique semble s'être formé sous l'influence d'une température extrêmement basse. C'est une chose bien connue de nos paysans que le vent d'hiver a pour effet de resserrer et de relever l'angle externe de la paupière. Or, les tribus altaïques qui vivent le plus au nord sont celles aussi qui offrent les traits mongoliques les plus prononcés, par exemple les Lapons et les Samoyèdes du nord de la Russie, chez lesquels le type de race janne est infiniment plus prononcé que chez les Finnois et les Tatars de la Russie centrale. Enfin les Esquimaux, bien qu'appartenant par leur langue à la même race que leurs voisins du sud, les Peaux-Rouges, doivent cependant à leur séjour au milieu des glaces polaires, cette structure pyramidale du crâne, ces yeux bridés, cette chevelure raide et cassante qui les rapprochent d'une manière si frappante des peuples de l'extrême Orient. Il est à remarquer, en effet, que les traits du Mongol diffèrent encore plus des traits du Nègre que de ceux de l'Européen. Les seuls caractères communs aux deux premières races que nous venons de citer, à savoir le prognathisme et la rareté de la barbe, tiennent à des causes toutes spéciales, telles que le retour à la barbarie ou l'affaiblissement du système pileux qui se manifeste également sous les climats brûlants et dans les régions polaires. Au contraire, les différences abondent. Tandis qu'elles sont médiocrement développées chez l'Européen, les arcades zygomatiques sont très-écartées chez le Tatars, rétrécies chez le Nègre; la chevelure de l'habitant de la haute Asie est raide et longue, celle de l'Africain est au contraire courte et crépue. L'Européen a l'angle externe de la paupière parfaitement droit; chez le Mongol, cet angle se relève pour s'abaisser chez l'homme de race noire. L'on sait d'ailleurs que les mulâtres de Blancs et de Noirs ont toujours les cheveux crépus; au contraire, ceux de Nègres et de Mongols ou même d'Américains, possèdent une chevelure longue et frisée. La conclusion la plus naturelle à tirer de ces faits, c'est que si les habitants des régions tempérées ont gardé leur type primordial, le type caucasien, les races mongole et éthiopienne se sont formées chacune de son côté sous l'influence de climats opposés et extrêmes. Enfin le voisinage de la mer paraît avoir eu pour effet de prévenir les écarts trop considérables du type primitif en mettant obstacle aux variations extrêmes de la température. (On sait que dans tous les ports de mer, le thermomètre marque une moyenne beaucoup plus constante qu'il ne le fait dans l'intérieur des terres.) D'ailleurs il offrait une ressource à l'industrie de l'homme, facilitait les relations commerciales et atténuait ainsi en partie du moins les désastreux effets du retour à la barbarie. On remarque en effet que les Chinois qui habitent les rives de l'Océan Indien sont moins éloignés du type Européen que ne le sont les pasteurs de la Mongolie. Les Polynésiens, bien qu'apparentés de très-près aux hideux habitants des grandes îles de la Malaisie, n'en offrent pas moins des traits d'une beauté, d'une régularité remarquables. Au contraire, c'est sur les plateaux de la Tartarie ou de l'Afrique centrale que nous voyons les populations les plus parfaitement noires ou mongoles. Enfin, l'état électrique de l'atmosphère, la sécheresse ou l'humidité de l'air sont aussi des agents modificateurs d'une importance incontestable. C'est leur concours qui aujourd'hui encore contribue si rapidement à modifier les traits de ces descendants de colons anglais qui peuplent les États-Unis. On distingue sans peine aujourd'hui à ses cheveux noirs et cassants comme ceux de l'Indien, à ses gros yeux ronds, à la pâleur de son teint, le Yankee de New-York ou de Philadelphie, de l'homme né sur les rives de la Seine ou de la Tamise. Rien n'est plus favorable en effet à la délicatesse et à la blancheur du teint qu'un ciel doux et humide. C'est lui qui donne aux femmes anglaises cette brillante carnation, ce teint rose et transparent que l'on chercherait vainement en Russie, en Pologne, dans le nord de l'Asie, régions soumises à l'influence d'un climat sec et extrême. La chaleur n'est donc pas le seul, ni même le principal agent qui contribue à donner une teinte plus foncée à la peau de l'homme. Les Nègres les plus noirs ne sont pas ceux qui vivent sous la ligne, mais bien ceux qui habitent le Sénégal, pays dont le climat est généralement plus sec que celui de la Guinée. Les Esquimaux sont d'autant plus basanés qu'ils se rapprochent plus près du pôle, parce qu'alors ils se trouvent soumis à des variations de température moyenne de plus en plus considérables. M. d'Orbigny a rencontré dans les forêts humides du Bas-Pérou, une race presque aussi blanche que les races de l'Europe, ce sont les Yurakarès. Au contraire, le teint des montagnards des Andes devient d'autant plus foncé qu'ils habitent plus haut dans la montagne, parce qu'alors si la température tend à se refroidir, elle ne tend pas moins à acquérir un plus haut degré de sécheresse. Certaines tribus de l'Indo-Chine confinées dans des plaines boisées et humides se font également remarquer par un teint très-clair qui contraste avec celui des populations voisines. Les descendants des noirs africains transportés aux Antilles, perdent généralement au bout d'une seule génération, cette belle teinte bleue et luisante, que donnait à leurs ancêtres le climat brûlant de la Négritie et prennent une teinte d'un jaune foncé qui rappelle quelque parcelle des noirs d'Océanie. La raréfaction de l'air dans les chaînes de montagnes d'une élévation considérable, a, comme nous l'avons dit, pour résultat de développer outre mesure l'appareil thoracique. Quant aux habitants des contrées plates ou marécageuses, ils se font généralement remarquer par des traits de visage peu saillants et une tendance marquée à l'obésité. Les habitants des grandes plaines de la Russie méridionale ou de la Pologne, ont en général les arcades maxillaires très-développées, et cela dans une foule de localités où cependant leur sang s'est évidemment maintenu pur de tout mélange étranger. Au reste l'aplatissement de la face chez les Mongols, ne doit-il pas être regardé comme une preuve de la formation primitive de leur race au sein de ces grandes plaines monotones et sablonneuses qui s'étendent depuis la Caspienne jusqu'à l'Océan Glacial? Les effets du climat sur l'organisme humain sont d'ailleurs trop nombreux pour que nous puissions les énumérer lous, et ne s'en trouvent pas toujours plus faciles à expliquer. Qui dira, par exemple, pourquoi le ciel de l'Australie est si contraire au développement de certaines parties charnues du corps humain et notamment du mollet? Les descendants des colons anglais qui y sont établis depuis un siècle à peine se rapprochent chaque jour sensiblement, sous le rapport de la diminution du volume de cet organe, des populations indigènes. 3o Des causes qui ont pu amener le retour à l'état sauvage.On pourrait être tenté peut-être de nous faire l'objection suivante: L'on ne voit guère d'exemples, depuis le commencement de l'ère historique, de ces retours à l'état sauvage que nous regardons comme la cause la plus efficace des principales modifications de type, et comme le disait le célèbre Robertson, qu'un peuple soumis à l'influence de causes défavorables perde tous les arts d'agrément, qu'il ne conserve plus ni artistes, ni poëtes, ni littérateurs, cela se conçoit sans peine; c'est précisément ce qui a eu lieu pour l'empire romain à la suite de l'invasion des barbares. Mais ce qu'on ne saurait s'expliquer en aucune façon, c'est que ce même peuple en vienne à perdre les arts les plus indispensables à la vie, tels que l'usage des métaux ou la pratique de l'agriculture. Nous répondrons ici à l'historien anglais que son assertion vraie en général n'est peut-être pas d'une exactitude rigoureuse. Le docteur Yvon n'a-t-il pas visité dans les forêts de Malacca, des villages entiers de colons espagnols qui, grâce à la difficulté des communications avec leurs compatriotes, en sont venus à être presque aussi sauvages que les populations nègres dont ils se trouvent environnés ? Et qui oserait affirmer que si l'adoption d'un genre de vie nomade fût venue joindre son influence désastreuse à celle de l'absence de la civilisation, ces malheureux débris d'une race européenne n'eussent vu leur type subir des modifications analogues à celles qui se sont manifestées chez le Malai ou le Papoua? Est-il bien prudent d'ailleurs de toujours juger du temps passé par le temps actuel? Que l'on se figure le genre humain réduit à une seule tribu, à une seule famille, et environné de toutes parts d'affreux déserts, d'une profonde solitude! Les premiers hommes qui se séparèrent de la société commune durent immédiatement entrer en lutte contre une nature impitoyable et rebelle à tous leurs efforts, qui cherchait dans la satisfaction de ses passions animales l'oubli des souffrances dont elle était accablée. L'homme ne put prendre, suivant l'expression de M. Mollard, possession du champ de bataille qu'affaibli et demi-vaincu, et portant dans sa chair l'empreinte ineffaçable non de l'effort qu'il a fait, mais de la main puissante qui s'est appesantie sur lui. Ce fut bien pis encore pour ces tribus primitives qui sur de frêles embarcations traversèrent les immenses étendues d'eau séparant l'Ancien et le Nouveau-Monde, l'Asie et le continent austral. Ne pouvant plus emporter avec lui, même ces animaux domestiques qui l'aidaient dans son duel inégal contre les puissances du monde physique, l'homme ne tarda pas à retomber au dernier échelon de la barbarie, et de là on le vit adonné à l'anthropophagie, aux vices les plus affreux et s'abaisser au-dessous du niveau même des brutes. On peut prévoir, par tout ce que nous venons de dire, que l'altération du type primitif doit être d'autant plus considérable que les hommes se sont davantage écartés de ce séjour regardé par la Bible comme le berceau de la race des fils de Noé et que leur migration remonte à une époque plus ancienne; et c'est en effet ce qui a lieu le plus généralement. Les régions de l'Asie occidentale regardées par les Aryens et les Sémites comme le berceau de l'humanité sont aussi celles où le type Caucasien s'est maintenu avec le plus de persistance. Plus au contraire nous nous éloignons de cette contrée, plus le type tend à s'altérer; chez les Italiens par exemple, il n'est plus aussi pur que chez les Syriens, les Persans ou les Grecs. Enfin la dégénérescence s'accroît encore chez les peuples de l'ouest et du nord de l'Europe. Si maintenant nous portons nos regards vers les races mongole et nègre, nous verrons le même fait se reproduire. Les Finnois, les Esthoniens et les Ostyaks, que l'étude de leur langue nous oblige à regarder comme les ancêtres de la grande famille Altaïque, ont encore des traits presque caucasiens. Nous retrouvons parmi eux, cette teinte rosée, ces yeux bleus, ces cheveux clairs dont on s'est habitué à faire un des caractères de la race blanche; plus au contraire on s'avance vers le nord et l'est, plus le type mongol tend à prédominer. Enfin il atteint son apogée chez les Kalmouks, les Samoyèdes et les Japonais. De même les Caffres, les Gallas, les |