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le fameux Concordat de Worms, fruit de la célèbre lutte soutenue par les Papes contre les Empereurs, communément appelée guerre des investitures.

» Les Papes ayant une fois repris leur liberté d'action, retrouvèrent dès ce moment leur légitime position, non-seulement vis-à-vis de l'Eglise universelle, mais aussi vis-à-vis de leurs propres Etals temporels. Chefs indépendants de l'Eglise, ils le devenaient sur leurs domaines par la marche irrésistible des événements. Alexandre Il, le libérateur de l'Italie, consomma presque cette œuvre de l'indépendance des Etats du Saint-Siége, bien que les deux Frédéric de la maison de Souabe, tout en la reconnaissant et la confirmant dans les formes les plus solennelles, la contestèrent néanmoins souvent, mais toujours en vain. Les Papes sortirent victorieux encore de cette lutte orageuse, qui, pour le bonheur de l'Eglise et de la chrétienté, se termina à l'avénement de Rodolphe de Habsbourg au trône impérial d'Allemagne. Ce grand empereur, digne émule de Pepin, renonça entièrement et sans arrièrepensée à toutes les anciennes prétentions des empereurs ses prédécesseurs sur le gouvernement temporel du Saint-Siége, en le reconnaissant dans la forme la plus entière, comme aucun de ses prédécesseurs ne l'avait fait.

» Pour donner à cet acte la solennité la plus grande, et même plus de force légale, il le fit confirmer en 1279 par les princes de l'empire 1, ce que d'ailleurs Frédéric II de Hohens

' Qu'il est beau, le langage de ce temps! Laissons parler ces hommes de foi: « Nous, princes électeurs du Saint-Empire romain, à tous ceux qui verront la présente :

La mère Eglise de Rome embrassant depuis longtemps l'Allemagne d'un amour quasi fraternel, l'a honorée d'une dignité terrestre, dont le nom est au-dessus de tout nom, parmi les pouvoirs temporels. Elle y a établi des princes comme des arbres choisis, a répandu sur eux des gràces particulières, et leur a ainsi donné cet accroissement d'une admirable puissance, afin que soutenus par l'autorité de cette Eglise, ils fissent, germer par leur élection comme une semence précieuse celui qui devait tenir les rênes de l'Empire romain. C'est lui qui, à la volonté de ce dernier, prend et dépose le glaive matériel, afin qu'aidé par son secours, le Pasteur des pasteurs donne la paix et la vie aux brebis qui lui sont confiées, en les protégeant de son glaive spirituel, et qu'avec le glaive temporel il réprime et corrige, punissant les coupables, honorant les bons et les croyants.

Afin donc que toute cause de dissension et de scandale ou même toute occa

tauffen avait fait aussi, quoique moins solennellement, dans la grande Diète de Francfort-sur-le-Mein, en 1220. Dès ce moment, l'intégrité et l'inviolabilité des Etats du Saint-Siége devenaient une loi sacrée de l'empire et même de la chrétienté tout entière, puisque les empereurs allemands résumaient en eux, selon l'idée sublime du Moyen Age, la suprême advocatie de l'Eglise et la protection de tous les royaumes chrétiens, idée que la mesquine et aride réforme du 16° siècle a détruite.

» L'exemple de Rodolphe de Habsbourg fut suivi par ses successeurs. La dernière et malheureuse lutte de Louis de Bavière sion de froideur disparaisse entre cette Eglise et l'Empire, et que ces deux glaives établis dans la maison du Seigneur, unis par une juste alliance, puissent concourir à l'utile direction du gouvernement du monde, et afin que notre volonté et nos actes montrent que nous sommes des fils dévoués et pacifiques nous qui sommes tenus à défendre ensemble dans notre amour l'Eglise et l'Empire, tout ce qu'à notre très-saint Père et seigneur le pape Nicolas III et à ses successeurs et à l'Eglise romaine, notre seigneur Rodolphe, par la grâce de Dieu roi des Romains, toujours auguste, a reconnu, confirmé, ratifié, innové, donné de nouveau, déclaré ou concédé, juré, fait ou accompli par acte spécial ou par quelque autre écrit, en quelque terme que ce soit, au sujet des reconnaissances, ratifications, approbations, innovations, confirmations, donations, concessions, faits ou gestes, tant des autres empereurs et rois des Romains ses prédécesseurs que de ce roi lui-même, et spécialement au sujet de la fidélité, obéissance, honneur, révérence que les empereurs et rois des Romains doivent rendre aux Pontifes de l'Eglise de Rome et à l'Eglise clle-même, comme aussi au sujet des possessions, prérogatives et droits de cette Eglise, nommément sur toute la terre qui s'étend de Radicofani à Ceprano, la Marche d'Ancône, le duché de Spolète, la terre de la comtesse Matilde, la ville de Ravenne et l'Emilie, Bobbio, Cesene, Forlimpopoli, Forli, Faenze, Imola, Bologne, Ferrare, Commachio, Adria, Gabello, Rimini, Urbin, Montfeltre, le territoire de Bagno, le comté de Bretinore, l'exarchat de Ravenne, la Pentapole, Massa Trabaria avec les terres adjacentes et toutes autres appartenant à la susdite Eglise, avec tous les domaines, territoires et iles sur terre et sur mer, qui appartiennent en quelque manière que ce soit aux provinces, villes, territoires et lieux susdits, et aussi sur la ville de Rome et le royaume de Sicile, avec toutes les possessions de l'Eglise tant en deçà qu'au delà du cap de Faro, et aussi la Corse et la Sardaigne et les autres terres et droits appartenant à la susdite Eglise.

Nous....... approuvons et ratifions et à toutes et chacune des choses faites et à faire dans l'avenir par ledit roi, tous ensemble et d'une voix unanime, nous donnons notre assentiment et consentement, et nous promettons qu'en aucun temps nous ne viendrons contre toutes ou quelqu'une des choses susdites, mais que, selon notre pouvoir, nous ferons en sorte que toutes et chacune soient inviolablement observées. Et afin que notre volonté, etc. (Voir la pièce N° 393, page 247.)

ne put porter atteinte à la souveraineté temporelle du SaintSiége.

» Cette heureuse pacification entre le sacerdoce et l'empire, consommée par Rodolphe, est due aux sages et magnanimes efforts des papes Grégoire X, Innocent V, Adrien V, Jean XXI, et surtout Nicolas III.

» Nous appellerons alors les temps écoulés dans cette grande lutte, depuis Henri III jusqu'à Rodolphe de Habsbourg, la troisième et dernière époque des luttes pour l'indépendance du Saint-Siége, puisque depuis ce temps cette indépendance ne devait plus être contestée.

» Depuis ce moment, les Papes ont gouverné leurs Etats sans restriction, dans toute la plénitude de leur autorité. Pour s'en convaincre, il suffira de lire nos documents, à commencer de Martin IV (22 février 1281 – 28 mars 1285). Les papes d'Avignon, chose étrange, mais expliquée par les circonstances déjà indiquées, gouvernèrent avec bien plus d'autorité leurs Etats que ne le firent les Papes leurs prédécesseurs à Rome. Jean XXII fut bien plus souverain dans ses Etats qu'aucun des princes temporels de son siècle.

» Qu'on ne nous dise donc plus que Juies II et Clément VII ont été les fondateurs du pouvoir temporel des Papes. Ces tissus de mensonges historiques disparaissent comme un nuage léger devant l'éclat de nos documents. Que diront, par exemple, pour ne citer qu'un fait, les Ancônitains et les Bolonais, comme en général les Romagnols, auxquels, par d'insidieux mensonges, on persuade, comme on le fait accepter encore à l'Europe étourdie et crédule, que leurs provinces ne sont sous la puissance du Saint-Siége que depuis le 16 siècle, quand ils verront qu'elles lui ont déjà été soumises au temps d'Innocent III, sans parler des époques plus reculées encore? Les Bolonais surtout, malgré leur esprit remuant, qui les poussait souvent à usurper les terres des autres communes appartenant au Saint-Siége ou placées sous sa protection, étaient cependant si jaloux de demeurer sous le doux et paternel gouvernement des Papes, qu'en 1332 ils envoyèrent à Avignon leurs ambassadeurs conjurer Jean XXII de ne vouloir jamais permettre qu'ils passassent sous la domination d'aucun autre

prince séculier, et lui demander son appui contre les tentatives semblables à celles fomentées, comme ils s'en plaignaient, par les Visconti de Milan? Que diront-ils encore lorsqu'ils liront, qu'afin d'avoir un gage plus sûr pour l'accomplissement de leurs vœux ardents, leurs pères ont supplié en même temps le Pontife de quitter Avignon et d'établir son siége dans leur capitale?

» Avec la pacification du monde chrétien par l'extinction du schisme opérée au Concile de Constance, commence un nouvel ordre social. L'ancienne société va se dissoudre peu à peu, jusqu'à ce qu'elle vienne se briser en grande partie par la terrible révolution religieuse et politique du 16° siècle, qui reçut son complément dans la révolution de 1789. Cette époque formera un 3 volume déjà préparé, et qui paraîtra inmédiatement après le 2o. Il sera de même accompagné d'un discours préliminaire où nous ferons voir comment et par quelles voies s'était aussi opérée dans les Etats pontificaux cette transformation sociale.

>> Nous nous limitons dans ce recueil aux seuls Elats qui forment actuellement les possessions territoriales du SaintSiége. Si Dieu nous donne la force et nous fournit les moyens pour exécuter cette entreprise, si honorable à l'Eglise et si utile à la science historique, nous traiterons dans des volumes successifs des autres Etats sur lesquels le Saint-Siége exerçait jadis la souveraineté, comme sur Parme et Plaisance, sur Avignon et le Comtat Venaissin, sur la Corse, la Sardaigne et sur le royaume des Deux-Siciles. Bien que dans les investitures faites par les Papes de ce royaume, ils en exceptassent toujours Bénévent et Ponte-Corvo, qui s'y trouvaient enclavés, et sont encore aujourd'hui possédés par le Saint-Siége, nous n'avons pas cru devoir détacher la question de ces duchés de celle du royaume des Deux-Siciles, et nous la traiterons dans le volume qui y sera relatif.

» La publication de ces documents détruira, nous l'espérons, bien des préjugés nourris et répandus jusqu'à présent, par l'ignorance ou par la mauvaise foi au sujet des Papes et du gouvernement temporel du Saint-Siége, préjugés terribles dont le célèbre Muratori lui-même n'a pas su s'affranchir, car,

après avoir cité ce grand nom, comment pourrions-nous descendre jusqu'à cette troupe innombrable d'écrivains dont l'ignorance n'a d'égale que l'audace, et qui ont pour principe honteux de calomnier, partout et toujours, le Saint-Siége apostolique ?

» Il est donc à désirer que les hommes sérieux fassent de ces documents une étude attentive, pour démasquer les calomniateurs de profession, et surtout pour détromper ceux qui, peut-être involontairement, ont conçu de fâcheuses impressions contre le gouvernement temporel des Papes. C'est un beau service à rendre, fût-il encore seulement entrepris dans le but de la science, de la justice et de la vérité. Nousmêmes nous aurions voulu prendre cette tâche si nous n'étions pas engagés dans d'autres travaux historiques considérables, dont le prompt achèvement est devenu pour nous un devoir de conscience. Nous sommes donc heureux de pouvoir annoncer en terminant que M. Henri de l'Epinois, ancien élève de l'Ecole des Chartes de Paris, qui (nous soit-il permis de le dire sans blesser sa modestie), réunit à un parfait goût historique une science solide, un grand amour pour la vérité et une foi vive et ardente, veut bien se charger de cette noble tâche, qui ne peut que lui concilier la reconnaissance de l'Eglise et l'approbation de tous les amis de la vérité et de l'histoire.

» Aujourd'hui que le nombre des hommes généreux qui favorisent encore les lettres devient si minime en comparaison des siècles passés, il nous est bien doux de nous acquitter d'une dette de reconnaissance envers $. Ex. sérénissime Mgr le landgrave de Furstemberg, prince-archevêque d'Olmutz, qui, animé d'un noble amour pour l'Eglise, a voulu nous aider dans notre entreprise en nous fournissant pour l'impression de l'ouvrage les beaux caractères fondus à Prague par MM. Haase et fils.

>> Rome, jour de l'octave de la fête des princes des Apôtres, 1861.

» Le P. AUG. Theiner, » Prêtre de l'Oratoire.

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