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Liber privilegiorum S. Romanæ Ecclesiæ. Le premier de ces recueils, selon l'opinion reçue des savants, date du 13° siècle, quoiqu'il ait été continué postérieurement et à plusieurs reprises, et le second a été écrit à la fin du 15° siècle. C'est en effet le grand pontife Sixte IV qui a le premier conçu la pensée de réunir en un seul corps tous les documents qui concernaient les droits imprescriptibles que les Papes avaient nonseulement sur leurs propres Etats, mais encore sur les Etats des autres souverains, principalement en matière ecclésiastique. Le célèbre Platina, bibliothécaire du Saint-Siége, a rédigé ce précieux recueil; mais on doit regretter qu'on y ait mis si peu d'ordre et que les originaux aient été copiés avec une si grande inexactitude. Ces détails se font encore sentir davantage dans l'informe recueil de Cencius Cameriarus. Aussi, chaque fois qu'ils existaient, nous sommes-nous attachés à reproduire les originaux.

» Une autre source bien importante et riche en détails trèscurieux sur l'administration temporelle des Etats du SaintSiége, sont les actes des syndics des communes et des grands feudataires, dont plusieurs se sont conservés, ainsi que les livres qui contiennent un compte rendu assez exact et parfois minutieux des dépenses et des revenus de la Chambre apostolique. Dans ces documents on trouve encore des détails relatifs aux impôts publics, soit en argent, soit en nature, fondés plus ou moins sur le système des dimes ecclésiastiques. Le plus ancien de ces comptes rendus, fort incomplet cependant, date de Boniface VIII, en l'année 1299.

» Ces livres, appelés Liber exituum et introituum, se multiplient sous les Papes d'Avignon. C'est aussi à dater de cette époque que nous possédons sur le gouvernement et l'admi

auri optimi libram unam: qui vero pia devotione observator esse studuerit, precibus apostolorum principum Petri et Pauli peccatorum suorum omnium ab omnipotenti Deo veniam eterne retributionis consequatur et gloriam.

Scriptum per manum Octaviani scriniarii et notarii sacri Palatii in mense Aprilis, Indictione x. Datum Rome x Kalendas Martii, Anno ab Incarnatione Domini nostri Jhesu Christi MLX, per manus Humberti sancte Ecclesie Silvecandide episcopi et Apostolice Sedis Bibliothecarii, Anno secundo Pontificatus Domini Pape Nicolai secundi, Indictione XIII.

Ex Reg. orig. Gregorii PP. XI. Tom. XXIX, Cod. Chartac. fol. 158.

nistration des Etats-Pontificaux une abondance de documents bien plus grande que sous les Papes résidant à Rome. Cette circonstance s'explique aisément, par la raison que les Papes d'Avignon ne pouvaient, comme ceux résidant à Rome, décider les petites contestations qui s'élevaient assez souvent entre les communes et les feudataires. L'accès de la Cour de Rome étant facile et commode, une quantité d'affaires s'arrangeaient verbalement avec le Pape, en présence des parties. Lorsqu'au contraire la Cour de Rome se tint à Avignon, tout dut se faire par écrit, et on ne recourut personnellement à son audience que dans les affaires d'un intérêt majeur, à cause du peu de sûreté des routes dans ces temps de discorde civile, et des grands frais, conséquence naturelle de ces voyages.

» Une autre source de documents appelés Condemnationes et Compositiones, n'est pas moins intéressante pour le sujet qui nous occupe. Ces Condemnationes et Compositiones sont des actes judiciaires émanant des légats du Saint-Siége et des recteurs ou présidents des différentes provinces des Etats du Pape, sorte de Code pénal pratique qui nous découvre l'état moral de la société.

» Plusieurs autres documents nous ont fourni des renseignements curieux et tout nouveaux sur la composition et la solde des troupes au service des Papes, troupes nécessaires pour maintenir l'ordre public et pour abaisser l'orgueil des communes, qui tantôt refusaient de payer le cens dû, ou les condamnations subies, et tantôt faisaient la guerre entre elles pour des territoires qu'elles prétendaient leur appartenir; troupes nécessaires encore pour abattre l'audace des grands feudataires qui, trop souvent, comme il arrivait de même dans les autres gouvernements séculiers, ne cherchaient qu'à se soustraire à la souveraineté du Saint-Siége et à se rendre indépendants en invoquant le plus ordinairement la faveur des empereurs d'Allemagne.

>> Telles sont les sources où nous avons puisé les documents que nous publions dans ce volume, qui sera bientôt suivi d'un second, embrassant les pontificats de Benoît XII, de Clément VI, d'Innocent VI, d'Urbain V et de Grégoire XI, jusqu'au grand schisme d'Occident. Toute cette longue époque,

qui commence à la donation de Pepin et qui dure pendant sept siècles entiers, forme un ensemble qui ne peut être séparé, à cause de la nature des rapports sociaux développés sous le système féodal dans le cours de ces siècles. Aussi aurions-nous souhaité pouvoir renfermer les documents de toute cette époque dans un seul volume, mais bien que nous nous soyons restreints aux choses les plus essentielles, les matériaux se sont tellement accrus que nous nous sommes vus obligés d'en faire deux volumes séparés.

>> Nous aurions désiré également présenter dès à présent un juste développement sur tous les sujets que nous venons à peine d'indiquer. Nous le ferons d'une manière plus convenable au commencement du second volume.

» Dans ce discours préliminaire, nous jetterons d'abord un coup d'œil rapide sur l'origine de la puissance temporelle des Papes, du moment où l'Eglise, à peine sortie des catacombes, eut acquis une existence publique. Nous montrerons comment cette puissance s'est formée, par un concours de circonstances merveilleuses, par une sorte de loi invisible, et, disons-le hautement, par une admirable disposition de la divine Providence, pour le plus grand bienfait de la religion, de la société, et aussi pour le salut et la gloire de l'Italie. Ce temps peut se nommer la première époque de la puissance temporelle des Papes.

>> Nous examinerons ensuite les donations de Pepin, de Charlemagne et de leurs successeurs jusqu'à Henri III, depuis 756 jusqu'à 1040. Ce temps est la seconde époque de la puissance temporelle des Papes, lorsque cette puissance encore indécise était souvent contestée par les grandes familles de Rome et des provinces appuyées malheureusement par les Empereurs. On reconnaîtra que la donation de Pepin doit se dire plus justement une restitution, mot employé au surplus par l'empereur Louis le Débonnaire 1. C'est une donation, en ce sens seulement que les Papes, impuissants à défendre les Etats qu'ils possédaient, se firent mettre dans la possession légale de ces

'Exarchatum, quem.... Pipinus rex.... et genitor meus Carolus imperator B. Petro et predecessoribus vestris jamdudum per donationis paginam restituerunt, etc. (Voir la pièce N. 3 de notre Cod. diplom., p. 3.)

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mêmes Etats, qui, dès ce moment, pour nous servir du langage de nos publicistes, se trouvèrent placés sous la sauvegarde du droit public. Par un juste sentiment de reconnaissance, les Papes se plurent à donner à cet acte de justice le nom de donation, et les empereurs s'empressèrent d'accepter un titre qu'ils devaient opposer aux Papes, pour leur rappeler les services rendus, pour leur en demander et en exiger, même parfois au détriment de l'Eglise, de tristes et douloureuses récompenses.

» Heureux les empereurs, si l'esprit généreux de Pepin se fût transmis et perpétué en eux! On admirera toujours la réponse de ce roi à l'ambassadeur de l'empereur grec, qui tentait par tous les moyens, par promesse et par ruse, de lui persuader de rendre à son maître, le souverain de Bysance, les provinces restituées au Pape.

« Aucune raison, lui disait-il, entouré dans le camp de Pavie » de la noble phalange de ses guerriers victorieux, aucune » raison ne sera capable de me faire enlever de nouveau ces pro» vinces au pouvoir du Bienheureux Pierre et au droit de l'E» glise de Rome et au Saint-Siége apostolique. Je l'assure par » serment: je n'ai pas entrepris si souvent ces combats pour » la restitution des Elats au Pape en vue de quelque faveur >> humaine, mais par mon seul amour envers le Bienheureux >> Pierre et par le désir d'obtenir ainsi le pardon de mes péchés. » Aucun trésor du monde ne pourra donc m'engager à enlever >> au Bienheureux Pierre ce qu'une fois je lui ai offert. »>

» La dignité du patriciat des Romains, conférée par Adrien I11 à Charlemagne, toute sublime qu'elle fût dans son origine, apporta bientôt des conséquences funestes pour la Papauté, en entravant malheureusement, du vivant même de Charlemagne, le libre exercice de son pouvoir temporel.

» Par un égal malheur, les empereurs s'attribuèrent, dans leurs confirmations des donations de Pepin, les mêmes droits sur l'élection et la confirmation des Papes, que les empereurs de Bysance avaient déjà exercés. Les Papes durent fléchir sous cette nécessité, en attendant des temps plus propices, qui leur ménageassent la possibilité de briser cette chaîne aussi pesante que dangereuse.

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>> La confirmation des Papes, revendiquée par les empereurs, était un reste, sans doute, de l'ancienne coutume de l'Eglise des premiers siècles, où les évêques furent élus presque généralement par le concours du clergé et du peuple. Tout vénérable que fût ce principe, il n'en a pas moins apporté les plus grands maux à l'Eglise au sortir même des catacombes. Nous l'avons déjà montré dans une autre occasion 1. C'est par une application de ce principe que l'Eglise a été amenée insensiblement à son plus grand avilissement, venu à son comble dans le 11° siècle, lorsqu'elle fut envahie par la simonie et le concubinage de ses ministres. Le Siége suprême de Rome a, lui aussi, subi les mêmes phases que tous les autres siéges épiscopaux d'Occident; ils étaient, dans ces tristes jours, au pouvoir des souverains et des nobles, qui, pour s'enrichir des biens de l'Eglise, mirent, à peu d'exceptions près, les hommes les plus indignes sur les vénérables trônes de la chrétienté.

» Les grands papes du 11° siècle connurent ce triste état de choses et tentèrent d'y porter remède. Clément II (28 déc. 1046,-9 oct. 1047), saint Léon IX (déc. 1048, -19 avril 1054), Victor II (19 avril 1055,-28 juillet 1057), et Etienne IX (2 août 1057,29 mars 1058), firent les plus généreux efforts, demeurés cependant inutiles, tant le mal était général et profondément enraciné!

» Mais c'est surtout Nicolas II qui, inspiré déjà par l'incomparable cardinal Hildebrand, depuis Grégoire VII, auquel il dut en grande partie son élection, fit le premier pas vers l'affranchissement de l'Eglise, en attribuant pour toujours aux cardinaux presque exclusivement l'élection du Pape. C'était attaquer le mal dans sa racine. La libre élection du Pape faite par le plus haut clergé de l'Eglise, par son sénat, le Sacré-Collége des Cardinaux, devait nécessairement conduire à la libre élection des Evêques par leurs Chapitres: œuvre sainte et gigantesque, qui sauva l'Eglise, et qui, entreprise par l'intrépide Grégoire VII, fut consommée par Callixte II, en 1123, dans

'Lettere storico-critiche intorno alle cinque piaghe della Santa Chiesa del chiar. sacerdote D. Antonio de Rosmini-Serbati. Napoli, 1849. Version française de M. l'abbé P. de Geslin, etc. Avignon, 1851.

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