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et l'on saura où les trouver quand on aura besoin de les consulter. Nous recommandons ce travail à toute l'attention de nos lecteurs. A. BONNETTY.

« Dans la grande question qui de nos jours agite si profondément l'univers catholique au sujet du gouvernement temporel des Etats de l'Eglise, il se rencontre des hommes, même sérieux, qui croient pouvoir affirmer que les Papes, depuis la fameuse donation faite par Pepin au Saint-Siége, n'ont pas exercé, pendant les sept siècles suivants, un pouvoir réel sur les Etats qui leur furent assignés, ou pour mieux dire restitués, par cet acte célèbre. Ils proclament bien haut que le gouvernement temporel des Papes ne date que du commencement du 16° siècle. Jules II et Clément VII, selon ces orateurs et ces publicistes, seraient les vrais et seuls fondateurs du gouvernement temporel des Etats du Saint-Siége.

» Pour excuser en quelque sorte l'erreur de ces savants, que par un scrupule de conscience nous ne voudrions pas accuser de mauvaise foi, il faut supposer qu'ils y ont été induits par l'ignorance des documents historiques relatifs aux actes gouvernementaux que les Papes ont exercés sur leurs Etats. Et cependant ces hommes instruits auraient pu avec facilité éviter cet étrange écueil, s'ils eussent seulement pris en considération que tous les empereurs d'Occident qui succédèrent à Charlemagne avaient confirmé aux Papes la donation de Pepin. Après ce roi, et surtout après la translation de la dignité impériale de la maison de France à celle d'Allemagne, il s'était formé entre le Saint-Siége et les Empereurs des rapports intimes, dont la première condition était qu'aucun empereur d'Allemagne, en prenant en même temps le titre d'Empereur romain, ne pût être reconnu comme tel et recevoir des mains du Pape la couronne impériale, s'il n'avait pas, avant son couronnement, confirmé par serment au Saint-Siége la donation de Pepin et renouvelé les confirmations de cette même donation, faites par les empereurs ses prédécesseurs. Dans ces confirmations, les empereurs ne reconnaissaient pas seulement la donation de Pepin, mais ils juraient aussi de conserver aux Paps leurs Etats et de les défendre dans la possession

légitime et pacifique de leurs droits contre tous ceux qui teneraient de les leur contester.

>> Des actes si solennels et tant de fois renouvelés de la part des empereurs romains, soit de la maison de France, soit de celle d'Allemagne, ne devaient-ils point mettre hors de doute que les Papes, à dater de cette époque, ont été souverains véritables des Etats qui leur étaient garantis par les empereurs?

» Les hommes de bonne foi peuvent, sans beaucoup de peine, se procurer les documents qui renferment les titres authentiques en vertu desquels les Papes possèdent leurs Etats. Le protestant Lunig a eu le premier la pensée de réunir le texte des différentes confirmations des empereurs relatives aux Etats du Saint-Siége. L'abbé Gaetan Cenni les a reproduites en les enrichissant de commentaires érudits et de plusieurs documents historiques assez précieux 2. Il leur suffirait au surplus, pour être édifiés sur la question, d'ouvrir les Annales de l'Eglise, rédigées par l'immortel cardinal Baronius, de la Congrégation de l'Oratoire, et continuées par son digne confrère Odoric Raynaldi.

» La souveraineté temporelle des Papes étant donc conslatée dans les formes les plus solennelles, il ne peut s'agir désormais que de prouver par des faits que les Papes, à partir de Pepin et de Charlemagne, ont réellement exercé le pouvoir. Or, ils l'exerçaient avec la même autorité et les mêmes prérogatives que les autres souverains. C'est ce qui apparaît de la manière la plus lumineuse, dès le moment que nous possédons les Registres des Papes, c'est-à-dire depuis Innocent III.

» Ces Registres, comme on le sait, contiennent, d'une manière plus ou moins complète, les actes officiels émanés des Papes sur les affaires religieuses de l'univers entier, et aussi les actes principaux relatifs au gouvernement de leurs propres Etats. Les pièces sont rangées dans un ordre plus ou moins chronologique, généralement à dater du jour du couronnement, point de départ du règne.

Codex Italiæ diplomaticus. Francofurti et Lipsiæ, 1726. In-fol. Tom. II, pag. 685 et seq.

2

Monumenta Dominationis Pontificia, etc. Romæ, 1760. In-4, 2 vol.

» Les Registres des Papes sont la source la plus féconde et la plus véridique pour l'étude du Moyen Age; les historiens ne peuvent se dispenser de les consulter.

» Quand, au sortir de cette époque, on commença à dégager l'histoire des fables et des mythes qui la défiguraient et à l'asseoir sur ses bases véritables, à l'aide des documents authentiques et contemporains, seuls propres à dissiper les nuages qui l'obscurcissaient, on reconnut vite l'immense importance de ces Registres. Il s'ensuivit une grande révolution intellectuelle, qui se fit d'abord sentir de la manière la plus heureuse dans l'histoire de l'Eglise, et le monde savant est redevable de ce bienfait au cardinal Baronius et à son continuateur. Car, en vérité, qui parle encore aujourd'hui de ces fameuses Centuries de Magdebourg, rédigées cependant par les hommes les plus éminents de la Réforme, qui se promettaient, avec l'esprit d'orgueil propre à l'erreur, de pouvoir ainsi renverser la Papauté et l'Eglise catholique? Les volumes des Annales de Baronius réduisirent ces centuriateurs à un éternel silence, en les couvrant en même temps d'une honte ineffaçable.

» Aujourd'hui, comme aux jours de la Réforme, et plus encore peut-être qu'à cette triste époque, c'est à l'aide des Registres des Papes qu'il convient de poursuivre la haute mission de rétablir la vérité dans les faits de l'histoire. La philosophie impure du dernier siècle, dont malheureusement nous ressentons encore la funeste influence, cette philosophie, fille naturelle de la Réforme du 16° siècle, a surtout porté ses ravages et sa profanation dans le sanctuaire immaculé de l'histoire. Et certes il convient de se réjouir en voyant que de nos jours, par une disposition bien admirable de la divine Providence, ce soient les protestants eux-mêmes qui aient fait les plus nobles efforts pour ramener l'histoire du Moyen Age à ses sources vraies, et que ce soit précisément aux Registres des Papes, jadis traités par eux avec un souverain mépris, qu'ils donnaient la plus grande attention pour les produire dans leurs magnifiques recueils historiques.

>> Deux grandes nations, l'Allemagne et l'Angleterre, à peine remises de l'ébranlement produit par la terrible catastrophe de 1793, ont frayé les premières la¡route pour cette réforme de

l'histoire. La Société historique de Francfort-sur-le-Mein, fondée par les savants avec le concours des gouvernements d'Allemagne, a donné le plus grand élan aux fortes études historiques, élan qui a été suivi en même temps par l'Angleterre. Les Scriptores Rerum Germanicarum, publiées par Pertz, et les nouvelles éditions du Monasticum anglicanum et des Acta et Fadera Magna Britanniæ, en portent le témoignage, car ils contiennent des milliers de lettres inédites des Papes, extraites, par une faveur insigne de Pie VII, de Léon XII et de Grégoire XVI, de leurs Registres conservés dans les archives du Vatican.

>> Depuis Innocent III, les documents relatifs aux affaires générales de l'Eglise et même au gouvernement temporel du Saint-Siége sont nombreux. Ils le sont beaucoup moins avant cette époque, surtout ceux qui concernent les actes gouvernementaux et administratifs. En effet, les Registres des anciens Papes antérieurs à Adrien Ier ont tous péri, à l'exception de ceux de saint Léon Ie et de saint Grégoire I, qui ont porté également le nom de Grand. Depuis Adrien Ier jusqu'à Innocent III, nous ne possédons que les Registres de Jean VIII et de Grégoire VII, et encore ces Registres ne contiennent-ils exclusivement que les actes purement ecclésiastiques ainsi, dans le Registre de Grégoire VII, on ne trouve pas même une trace de la fameuse donation faite à ce Pape par la comtesse Mathilde et renouvelée par cette princesse en 1102 à Pascal II, donation cependant si incontestée, qui, nous le mon.rerons dans une autre occasion, a été le sujet des plus terribles controverses entre les Papes et les empereurs de la Maison de Souabe. Naturellement on attachait un prix tout particulier à conserver les actes des Papes relatifs au gouvernement de l'Eglise, et combien de lacunes l'historien n'a-t-il pas encore à déplorer!

» C'est donc seulement par hasard que jusqu'à Innocent III, à la fin du 12° siècle, on découvre çà et là épars des documents prouvant l'exercice pratique du pouvoir temporel des Papes sur leurs Etats 1.

'Nous avons été nous-même assez heureux pour rencontrer dans les Registres des Papes postérieurs des pièces relatives à cette époque primitive, par

>> Pour remplir en quelque manière la lacune qui existe sur ce point, nous avons compulsé les recueils bien connus, l'un sous le nom de Cencius Cameriarus, l'autre sous le titre de

exemple deux inféodations faites par Benoît X, en 1058, dans le duché de Ferme et dans le Ferrarais. (Voyez N. VIII et IX, p. 8, etc.) Ces pièces sont encore, sous le rapport ecclésiastique, d'un grand intérêt, puisqu'elles prouvent que le Pape Benoît X a été considéré par ses successeurs comme vrai Pontife romain, ce que les historiens de l'Eglise mettent en doute. Ce sont aussi les seuls documents qui émanent de ce Pape. Par une autre inféodation de Nicolas 11, de 1060, conservée dans les Registres de Grégoire XI († 1378), nous apprenons que ce Pape avait acheté la terre de Rocca Antiqua avec toutes ses appartenances dans la Sabine, près de Rieti, pour l'incorporer aux possessions de l'Eglise de Rome, et qu'il l'a conférée ensuite en fief, au nom de cette même Eglise, à certaines families nobles, sous des conditions assez généreuses. Voici cette intéressante pièce :

Nicolaus Episcopus Servus Servorum Dei, Grimaldo Iohanni presbitero, Be nedicto Lupo presbitero, Uberto presbitero, Benedicto Dativo Judici, Martino filio Sabini, Hitto de Raynerio, Johanni de Albiza, Martino de Johanne, Petro de Urso, Leoni de Lupo, Petro de Erlo, Omo de Martino, seu filiis et heredibus eorum atque consortibus quibuscumque ab eis advocatis in se inferius legenda in perpetuum. Cum officii nostri sit omnium ecclesiarum Dei utilitatibus invigilare, Romane tamen et Apostolice Sedis, cui auctore Deo presidemus, oportet nos commodis sollicitius studere. Quapropter Castellum, quod vocatur Rocca de Antiqua, quam a Grimaldo filio Benedicti de Obaldo cum omnibus appendiciis et pertinenciis suis sancto Petro perpetuo jure acquisimus, tibi et ipsis consortibus, et hiis atque aliis in eadem re advocatis a vobis, seu filiis et heredibus vestris per hujusmodi nostri privilegii paginam concedimus et confirmamus, atque imperpetuum eo modo ac tenore corroboramus, ut eam cum appendiciis ejus domibus pro posse reedificetis, et habitatores ibi, quantos potestis, advocetis, et singuli vestrum per domos et familias, quique secundum quantitatem possibilitatis sue annualiter persolvetis pensionis nomine in Pascha resurrectionis Domini beato Petro, et nobis ac successoribus nostris vos et heredes ac successores vestri, majores scilicet, denarios duodecim, inferiores autem retrogradu octo denarios, tercio denarios sex, quarto denarios duos, necnon et fodrum facietis et placita fideliter observetis nobis et successoribus ac nunciis nostris.

Et pro ipsis rebus sitis in Territorio Sabinensi statuimus quoque et apostolica auctoritate sancimus, ut sitis sub apostolice defensionis protectione quieti et ab omni molestatione et infestatione securi, nec alicui Imperatori, Duci, Marchioni vel Comiti subditi, sed ut amodo Romane et Apostolice Sedi vel vicario ac nunciis suis subiecti.

Si qua igitur persona magna aut parva contra hujusmodi privilegii paginam ire presumpserit, sciat se anathematis vinculo innodandum. Et insuper, si quis vestrum aut successorum vestrorum, aut aliquis vestrum seu heredum, successorumve aut consortium vestrorum hec omnia, que pacta et statuta sunt, non observaret, noverit se compositurum per unamquamque domum aut familiam

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