>> horizontale, ou l'on mettait le corps enseveli comme celui » d'un mort, avec une écuelle de merisa, boisson faite avec » du doura fermenté, une pipe, une pioche et une ou deux >> onces d'or, suivant la fortune de chacun, pour payer le nau>> tonnier qui conduit les morts sur le grand fleuve, entre le » ciel et l'enfer... Cette coutume d'enterrer vifs les vieillards >> se trouve aussi, comme je l'appris plus tard, continue » M. Lepsius, chez les nègres au sud du Kerdosan. Là on met » aussi à mort, de la même façon, les malades, les infirmes, >> surtout ceux qui ont une maladie contagieuse. La famille du » malade lui représente que personne ne voudra approcher de » lui, qu'il est malheureux et que la mort sera pour lui-même » un avantage; qu'il retrouvera ses parents dans l'autre monde, » où il sera sain et joyeux. On le charge de saluer les morts » et on l'enterre, comme dans le Fazogl, ou dans un puits >> vertical. >> Que vous semble de « l'état de nature? » Traditions primitives. TABLEAU DES PROGRES FAITS DANS L'ÉTUDE DES LANGUES, DE L'HISTOIRE ET DES TRADITIONS RELIGIEUSES DES PEUPLES DE L'ORIENT, PENDANT LES ANNÉES 1860 ET 1861. PREMIER ARTICLE. Nous continuons ici le Tableau, commencé en 1839, de tous les travaux et de toutes les découvertes faites dans l'histoire, la poésie, la littérature, la philosophie, les religions des peuples de l'Orient. Nous n'avons pas besoin d'en faire sentir de nouveau l'importance. C'est une révélation continue, et on peut dire providentielle, du berceau de l'humanité. Les lecteurs des Annales peuvent se vanter d'avoir suivi pas à pas, et d'avoir comme assisté à ces découvertes, guidés par un de ces savants qui, sans passion et sans préjugés, avec une sagacité incontestable et une érudition universelle, les font passer toutes sous leurs yeux. Nous remercions de nouveau ici M. Mohl, qui veut bien continuer à nous permettre de les emprunter au Journal asiatique de Paris. A. B. 1. - Progrès dans l'étude de l'Histoire arabe. Édition du Coran avec les commentaires. Résumé de la vie de Muhammed. Histoire du Coran. Biographie de Muhammed. Textes qui se rapportent à l'histoire de la Histoire du kalifat. Mecque. Histoire de Médine. Okba, le conqué rant du nord de l'Afrique. Histoire des Arabes d'Espagne. Les commencements de l'islam ont été et continuent à être l'objet des travaux les plus persévérants et les plus variés des savants, et il ne peut en être autrement. La naissance de cette religion est un événement si considérable; les causes qui l'ont produite étaient, en apparence, si inférieures aux résultats qu'elles ont amenés; l'influence de l'islam est encore aujourd'hui, après douze siècles, si étendue, et il est si important d'en bien comprendre la nature, que tout ce qui peut en éclaircir l'origine et en expliquer la marche restera un sujet d'étude et de réflexions inépuisables; car chaque époque considère naturellement les grands faits de l'histoire sous un point de vue nouveau, et des côtés, qui auparavant n'avaient frappé personne, apparaissent tout à coup sous un jour inattendu. Les études sur le texte du Coran continuent. Deux nouvelles traductions en hollandais viennent de paraître 1, et le capitaine Lees a réussi à mener à bonne fin, à force de sacrifices, de soin et de savoir, son édition du Coran 2, accompagnée du commentaire complet de Zamakschari... Zamakschari s'attache, dans son commentaire, surtout à la partie historique du Coran et aux légendes auxquelles Muhammed fait allusion, et la publication de M. Lees est d'autant plus à propos aujourd'hui, que la critique historique s'occupe du Coran sous de nouveaux points de vue qui soulèvent une foule de questions à peine effleurées auparavant. L'opinion du moyen âge sur Muhammed était très-simple : elle se résumait dans l'épithète de grand imposteur, et tout était dit; les nuances et les détails paraissaient superflus quand il s'agissait d'un réprouvé. Plus tard, et à mesure que la puissance des nations musulmanes cessait d'inspirer des craintes, les opinions changèrent, au point que, dans le dernier siècle, on voyait en lui un législateur presque philosophe. De notre temps nous pouvons le juger sans haine et sans faveur, et, grâce à une série de travaux savants et sérieux qui ont paru depuis une vingtaine d'années, nous le jugeons avec une connaissance infiniment plus exacte des faits. On peut voir dans un résumé de la vie de Muhammed que vient de publier M. Reinaud, où en sont arrivés les travaux de la critique historique sur ce sujet, et quels points restent encore à préciser dans le rôle que cet homme a joué dans le monde. Aujourd'hui on aime à observer en lui une grande manifesta 'De Koran, voorafgegaan door het leven van Mahomet, van Dr. S. Keyser. Harlem, 1860; in-8°. Mahomeds Koran, gefolgt naar de fransche vertaaling van Kasimirski, etc. door L. S. A. Tollens. Batavia (LXIX et 666 pages), 1859; in-8°. 2 The Qoran, with the commentary of Al-Zamakshari, entitled the Kashaf edited by W. Nassau Lees. Calcutta, 1861; in-4° (en six parties, formant deux volumes). 3 Notice sur Mahomel, par M. Reinaud. Extrait de la Nouvelle biographie générale, avec quelques additions. Paris, 1860; in-8° (92 pages). tion, ou, si on l'aime mieux, une grande aberration de l'instinct prophétique de la race sémitique, instinct qui a produit, surtout parmi les Arabes et jusqu'à nos jours, un si grand nombre de réformateurs semi-politiques et semi-religieux. On veut étudier dans l'islam la plus récente des grandes religions du monde, que l'époque où elle a paru rend plus accessible à l'observation et à la critique historique que toute autre. On veut connaître l'homme et son temps, et s'expliquer son succès; on veut pénétrer dans ce caractère mystérieux, suivre ses incertitudes, ses variations et ses doutes sur lui-même et sur sa mission; on veut faire la part de son enthousiasme réel et de sa conviction honnête, et celle des fautes et des fraudes auxquelles ses passions et sa position l'ont entraîné. L'Académie des Inscriptions a voulu, il y a deux ans, appeler l'attention des savants sur ces études, en proposant un prix sur l'ordre dans lequel les différentes parties du Coran ont été originairement composées, et tous ceux qui connaissaient l'état de cette question, en apparence si limitée, savaient qu'elle contenait une foule d'autres questions pleines d'intérêt. L'Académie reçut trois mémoires par MM. Amari, Nældeke et Sprenger, entre lesquels elle partagea le prix, et dont un vient de paraître sous le titre d'Histoire du Coran 1, par M. Nældeke. L'auteur avait été obligé par les règlements de l'Académie, qui n'admettent que des mémoires en latin ou en français, de composer son ouvrage en latin; mais il a trèsbien fait de le publier en allemand, car le latin est un triste interprète d'idées modernes, et l'on ferait bien de renoncer à une habitude que le monde savant abandonne tous les jours de plus en plus. M. Noeldeke traite dans son ouvrage du rôle de Muhammed comme prophète, de sa doctrine et des variations qu'elle a subies; de l'ordre dans lequel les différentes prophéties ont été prononcées, et des changements que leur rédaction a éprouvés du vivant de leur auteur; de la manière dont le Coran a été formé après la mort du Prophète, et de l'histoire du livre depuis ce temps., Ce n'est pas ici le lieu 'Geschischte des Corans, von Theodor Noldeke. Gættingue, 1860; in-8° (XXXII et 358 pages). d'entrer dans des détails sur les points que l'auteur a traités avec le plus de succès, mais on lira avec intérêt et profit un travail fait avec beaucoup de savoir et la critique la plus saine. Je crois que nous verrons aussi le mémoire de M. Sprenger, incorporé dans la biographie de Muhammed, que le monde savant attend avec impatience de la main de cet auteur, car c'est M. Sprenger qui, par ses recherches sur les véritables sources de la vie de Muhammed et sur les traditionnistes arabes, a donné une direction aux travaux sur ce sujet dont l'influence se sent dans tout ce qui a été écrit sur cette matière depuis plusieurs années. A côté de ces travaux de critique littéraire et historique se continue la publication des textes qui en fournissent la matière. M. Wüstenfeld a fait paraître la 4° et dernière partie de la biographie de Muhammed par Ibn Hischam1, qui est la source principale de tout ce que les Arabes ont écrit sur la vie de leur prophète. M. Wüstenfeld a accompagné le texte d'une longue et curieuse dissertation critique et l'a fait suivre d'une ample collection de variantes. J'ai annoncé déjà plusieurs fois cette excellente publication, et je ne voudrais pas répéter ce que j'en ai déjà dit; je me permets seulement d'exprimer l'espoir que l'éditeur lui-même, ou, si ses nombreux travaux ne lui en laissaient pas le loisir, un autre savant nous donne une traduction de cet ouvrage important. M. Wüstenfeld a terminé, en même temps que la vie de Muhammed, une collection qui a une étroite liaison avec ce sujet, et qui comprend la réunion des textes qui se rapportent à l'histoire de la Mecque 2. Le 1er et le 2e volume de cette collection avaient déjà paru antérieurement; l'éditeur a maintenant rempli la lacune qui restait, en réunissant dans le 3o volume un certain nombre d'extraits qui forment, en partie le complément, en partie la continuation des ouvrages com Das Leben Muhammeds nach Muhammed Ibn Ishak überliefert von Abd el Melik Ibn Hischam, herausgegeben von Ferdinand Wüstenfeld, 2 vol. in-8°. Gættingue, 1851. 2 Die Chroniken der Stadt Mekka gessameldt und herausgegeben von E. Wüstenfeld. Vol. 1, contenant des extraits des historiens El-Fakihi, El-Fasi et Ibn Dhuheira, et des tables de matières pour les trois volumes. Leipzig, 1859; in-8° (XXIII et 391 pages). |