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le seul, qui convienne à des agents moraux, en ce qu'il les laisse sous une impulsion morale, et non matérielle. « Nous ne voyons, dit l'apôtre, qu'imparfaitement. ». Cette imperfection est donc avouée par la révélation. L'homme qui peut-être a le mieux réussi à tout dire et à tout bien dire avec le plus de clarté et le moins de mots possible, a résumé tout cela en une phrase où l'on reconnaît à la fois la théologie de l'école de PortRoyal et le génie de son plus illustre défenseur : << Il y a assez de lumière pour éclairer les élus, et assez de ténèbres pour aveugler les réprouvés. »

Notre seconde remarque a rapport à la méthode généralement employée par les adversaires de la Bible. Cette méthode consiste à examiner non la réalité, mais la possibilité des faits qu'elle renferme. Ils ne recherchent pas si un miracle a existé, si une doctrine a été révélée, mais si l'un est possible et si l'autre est raisonnable. Au lieu d'invalider le témoignage prétendu historique par un témoignage con

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traire, prouvant ainsi que les faits affirmés comme certains ne le sont pas, ils aiment mieux prendre la tâche de prouver qu'ils ne peuvent pas l'être. Cette méthode fait pressentir une grande faiblesse dans la cause de l'incrédulité, une répugnance injuste pour l'examen direct du témoignage, une frayeur peu naturelle de ses résultats. Il importe de faire attention à ce refus de nous suivre sur le terrain de l'évidence historique. Il est significatif.

En effet, les défenseurs de la révélation établissent d'abord son authenticité, la vérité des faits qui y sont contenus, la compétence des témoins qui les ont affirmés, puis ils insistent sur la réalité des miracles, l'accomplissement des prophéties, etc., etc., et concluent l'autorité absolue de la Bible. Que font leurs adversaires? Opposent-ils document à document, témoin à témoin? S'offorcent-ils de prouver que les écrivains sacrés ont manqué des moyens de connaître ce qu'ils racontent, ou de désintéressement dans la

question? Peuvent-ils les convaincre de duplicité, d'accord frauduleux ou de contradiction? Nullement. Que Rousseau soit pris pour exemple, « Dirons-nous que l'histoire de l'Évangile est inventée à plaisir; ce n'est pas ainsi qu'on invente, et les faits de Socrate, dont personne ne doute, sont moins attestés que ceux de JésusChrist. » A la véracité de cette histoire dont l'invention ne lui paraît pas possible, qu'oppose le philosophe de Genève? Écoutons-le : « Avec tout cela ce même Évangile est plein de choses incroyables, de choses qui répugnent à la raison, et qu'il est impossible de concevoir et d'admettre. » Ainsi, c'est bien sur la possibilité ou l'impossibilité de certains faits, la conformité ou l'opposition de certaines doctrines à sa raison, que Rousseau fait reposer toute la question. Et en cela il ne diffère pas des autres adversaires de la Bible, qui la rejettent parce qu'ils né peuvent comprendre ses mystères et ses révélations. A leurs yeux, la Trinité est une con

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tradiction, l'incarnation est une absurdité, la résurrection est une impossibilité, donc le livre qui enseigne ces choses n'est pas le Livre de Dieu.

Mais une telle méthode est-elle justifiable? Est-ce bien celle que l'on emploie dans tout autre cas ? Dans une procédure judiciaire, dans une recherche historique, que fait-on? On appelle les témoins, on examine leur position, on scrute et compare les témoignages, les preuves, on établit enquête et contre-enquête, et c'est sur le produit net des investigations que la conviction est formée et la sentence prononcée. Que fait au contraire l'incrédule? Il intervertit l'ordre naturel. Il n'examine pas si Dieu a parlé, où sont et quelles sont les preuves qu'Il a parlé, mais il veut examiner ce que Dieu a dit. Et que sont donc ces êtres qui décident si à l'aise sur la possibilité ou l'impossibilité des choses? Est-ce que leur esprit embrasse d'un seul coup-d'œil l'univers et l'infini, les choses créées, et le Créateur? Loin de là; ils ne connaissent pas

même leur propre nature, leur origine et leur destinée. Loin d'avoir arraché à l'infini ses impénétrables secrets, ils ne peuvent pas même expliquer un ciron, un brin d'herbe ! Certes, le bon sens a un rôle à jouer, nous le reconnaissons, et il demandé qu'une absurdité ou une contradiction bien constatée soit rejetée. Dans un sujet qui nous est parfaitement connu le témoignage ne pourrait l'emporter sur l'évidence propre et intrinsèque des choses. Le conditionnel est ici employé à dessein, car c'est une supposition qui ne s'est jamais réalisée. Jamais des témoignages valides ne soutinrent un fait qui impliquait impossibilité. L'obligation d'opter entre le témoignage bien avéré et l'absurdité bien constatée n'exista jamais. Pourquoi donc s'effrayer du témoignage? N'est-ce pas la source la plus simple et la plus sûre de la vé

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rité dans des questions mystérieuses de leur nature, qui n'ont jamais été soumises à notre observation et échappent aux efforts

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