Obrazy na stronie
PDF
ePub

III.

Ce qui est vrai pour les natures personnelles est également vrai pour toutes les natures spiritualistes, celles qui ne s'harmonisent qu'avec les esprits.

Ainsi nous avons une idée de la persévérance en contemplant un homme persévérant.

Une idée de l'attention, de la réflexion, de la méditation en considérant un homme attentif, qui réfléchit ou médite.

Lorsque Louis XIV entra dans le parlement en habit de chasse le fouet à la main, en disant : L'Etat, c'est moi! voilà l'orgueil. Cette parole du monarque est un effet dû à l'existence de cette nature spiritualiste. Par cette réponse du grand roi, nous avons une idée parfaite de cette nature spiritualiste qui s'harmonisait avec son esprit.

Lorsque les catholiques et les protestants déchirèrent la France par leurs dissensions et leurs guerres de religion, voilà l'intolérance, qui est une nature des esprits, c'est-à-dire une nature spiritualiste. Eh bien! c'est en considérant ces chrétiens, qui s'égorgèrent en invoquant le Dieu d'amour et de bonté, que nous avons une idée complète de l'intolérance, et que nous comprenons cette nature.

Nous avons une idée de cette nature à cause qu'il nous est possible d'en considérer les effets dans les individualités avec lesquelles elle s'est harmonisée.

Lorsque le Christ montait péniblement le Calvaire chargé de sa lourde croix, les femmes qui le suivaient se lamentaient sur ses souffrances et le mal qu'il endurait; mais Jésus leur dit : a Filles de Jérusalem, ne pleurez point sur moi, mais pleurez << sur vous-mêmes et sur vos enfants, car les jours viendront où « l'on dira: Heureuses les stériles, les femmes qui n'ont point « enfanté, et les mamelles qui n'ont point allaité ! » (Saint Luc, chap. XXIII, v. 28 et 29. Ostervald.)

Et lorsque les bourreaux le clouaient sur la croix, il priait pour eux en disant :

« Mon père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font (Saint Luc, chap. XXIII, v. 34. Ostervald.)

Ces paroles du Christ nous donnent une idée parfaite de cetle nature que nous appelons l'amour.

L'amour, comme on le voit, est une nature spiritualiste, c'està-dire qui s'harmonise avec les esprits. Cette nature de l'amour s'harmonisait avec l'esprit de Jésus-Christ, et ce n'est qu'en contemplant cette nature dans l'individualité avec laquelle elle s'harmonisait, qu'il nous est possible de la comprendre et d'en avoir une idée.

Ce n'est pas seulement l'amour, mais encore la justice et l'humilité, deux autres natures spiritualistes qui s'harmonisaient avec l'individualité de Jésus-Christ, et dont nous avons une idée parfaite par la contemplation de sa personnalité.

IV.

L'humanité tout entière n'aurait jamais pu avoir une idée complète de la perfection, c'est-à-dire d'un amour parfait, d'une justice parfaite, d'une humilité parfaite, si Jésus-Christ n'était pas venu sur la terre, s'il n'avait pas vécu au milieu de nous. Mais aujourd'hui, en contemplant le caractère du Christ, nous avons une idée certaine de toutes ces natures, nous les comprenons parfaitement, à cause que toutes ces natures s'harmonisaient avec son individualité et qu'il nous est possible de les considérer, de les étudier, de les contempler dans sa personne et son individualité.

-

V. Serait-il possible de comprendre la persévérance en dehors de l'homme qui persévère, d'en avoir une idée et de savoir ce que c'est que la persévérance? Non! Serait-il possible de comprendre la perfection en dehors de l'homme parfait et d'avoir une idée de cette nature, de savoir ce que c'est que la perfection? Non! ctc., etc.

Donc il est vrai de dire:

Nous ne pouvons comprendre les natures, les concevoir et en avoir une idée qu'en les observant dans les individualités qui les possèdent et avec lesquelles elles s'harmonisent.

OBSERVATION.

Dans notre Théologie spiritualiste nous aurons souvent l'occasion de rappeler ce phénomène que nous venons de développer. Il nous servira alors à expliquer et à démontrer le véritable caractère de la personnalité de Jésus-Christ. En même temps nous pourrons, à l'aide de ce phénomène, nous rendre compte des véritables éléments qui constituent la Divinité et qui sont partie intégrante de son essence.

VII

IL EST IMPORTANT D'HABITUER NOTRE ESPRIT A SÉPARER LES NATURES DES INDIVIDUALITÉS AVEC LESQUELLES ELLES S'HARMONISENT ET DONT ELLES SONT COMPOSÉES; IL FAUT CONSIDÉRER LES NATURES EN DEHORS DES INDIVIDUALITÉS QUI EN SONT REVÊTUES ET APPRENDRE A LES ÉTUDIER EN ELLES-MÊMES DANS LEUR INDIVIDUALISATION PROPre.

1. Il faut savoir considérer la blancheur en dehors de la neige, de la farine, du lait, individualités avec lesquelles cette nature s'harmonise.

Il faut s'habituer à considérer la forme de la sphère en dehors de la bille de billard, celle du cercle en dehors du cerceau de l'enfant; celle du cube en dehors du dé à jouer; celle de la hauteur en dehors des hautes montagnes; celle de la profondeur en dehors d'un ravin profond, etc.

II. Il faut habituer notre esprit à considérer la beauté en dehors de la personne belle ou du bel animal; la jeunesse en dehors de la personne jeune ou de l'animal qui est jeune; la richesse en dehors de la personne opulente; la pauvreté en dehors du mendiant; la maladie en dehors de la personne malade, etc., etc.

III. — Il faut habituer notre esprit à considérer la prudence,

la sagesse, la bonté en dehors de la personne dont l'esprit est revêtu de prudence, de sagesse, de bonté; la justice et la modestie en dehors de la personne dont l'esprit possède cette justice et cette modestie.

Enfin il faut savoir étudier et considérer en dehors de la personne ou de l'individualité de Jésus-Christ: l'amour, la justice, l'humilité et toutes les autres natures spiritualistes dont il était revêtu; en un mot, toutes les perfections qui s'harmonisaient avec son individualité humaine.

OBSERVATION.

Lorsque nous analyserons le christianisme, cette considération, que nous venons de développer dans ce paragraphe, nous sera très utile, et nous en ferons un fréquent usage 'pour expliquer l'esprit du texte des évangiles.

Nous pouvons annoncer même, que ce sera uniquement grâce à cette distinction des natures, considérées en dehors des individualités, que nous pourrons pénétrer toutes les profondeurs de la doctrine de Jésus-Christ et connaître enfin le dernier mot du christianisme.

VIII

UNE NATURE NE SAURAIT JAMAIS SE TRANSFORMER POUR DEVENIR L'INDIVI DUALITÉ AVEC Laquelle elle S'HARMONISE, ET RÉCIPROQUEMENT UNE INDIVIDUALITÉ NE SAURAIT JAMAIS SE TRANSFORMER POUR DEVENIR LA NATURE QUI S'HARMONISE AVEC elle.

I.- Si je considère une feuille de papier blanc, il s'agit d'une individualité d'objet, savoir: la feuille de papier, qui s'harmonise avec la nature que nous appelons la blancheur. Or il est de toute impossibilité que la blancheur puisse se transformer pour devenir la feuille de papier, et il est tout aussi impossible que la feuille

de papier puisse se transformer pour devenir la blancheur, qui est la nature avec laquelle s'harmonise cette individualité.

II. Si mon chien est petit, je dis que la nature qui s'harmonise avec mon chien ne saurait se transformer pour devenir elle-même cette individualité; pas plus que mon chien, cette individualité de la classe des animaux, ne saurait se transformer pour devenir lui-même cette nature avec laquelle il s'harmonise.

III. Si une personne est jeune et riche, par exemple, il est encore certain que cette personne ne saurait se transformer pour devenir elle-même la jeunesse et la richesse, qui sont les deux natures avec lesquelles elle s'harmonise; de même que ces deux natures, la jeunesse et la richesse, ne sauraient se transformer et devenir cette individualité de personne avec laquelle elles s'harmonisent.

IV. Si je considère un homme juste, c'est-à-dire dont l'esprit est revêtu de la nature que nous appelons la justice; il m'est impossible de confondre cette individualité d'homme avec le principe de la justice, qui s'harmonise avec elle.

L'individualité humaine ne saurait se transformer et devenir le principe de la justice, pas plus que le principe de la justice ne saurait se transformer et devenir cette individualité humaine.

Sije considère encore une personne sage et dévouée, il est certain qu'aucune des deux natures, la sagesse et le dévouement, ne saurait se transformer pour devenir cette personne, et cette personne ne saurait se transformer pour devenir l'une de ces deux natures, exprimée par les mots sage et dévouée.

Les applications sont multiples à l'infini; donc il est vrai qu'aucune nature (soit principe, soit qualité, soit élément), ne saurait jamais se transformer pour devenir l'individualité avec laquelle elle s'harmonise, et que réciproquement aucune individualité (soit esprit, soit humaine, soit animale, soit objet), ne saurait jamais se transformer pour devenir la nature qui s'harmonise avec elle.

« PoprzedniaDalej »