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delà du travail. S. CHRYS. Ceux qui pleurent les péchés d'autrui seront consolés; car voyant le plan de Dieu à la lumière de cet autre monde, ils comprendront que ceux qui ont péri n'étaient pas de Dieu dont la main ne se laisse pas arracher ce qu'elle tient. Cessant de les pleurer, ils se réjouiront dans le bonheur. - S. AUG. Le deuil est la tristesse que nous fait éprouver la perte de ceux qui nous sont chers. Ceux qui se convertissent à Dieu perdent ce qu'ils aimaient dans le monde. Leurs joies ne sont pas puisées aux mêmes sources qu'auparavant, et épris de l'amour des choses éternelles, ils ne sont pas exempts de tristesse à cause de cet amour. Leur consolation est l'Esprit-Saint lui-même qui, à cause de cela, a pour nom principal Paraclet (1) ou consolateur; il les enrichit de la joie éternelle au moment où ils perdent celle de ce monde, et c'est pour cela qu'il est dit qu'ils seront consolés.

Par deuil l'on peut entendre deux brisements de cœur différents, résultant l'un des misères de ce monde, l'autre du désir du ciel. C'est pour cela que la fille de Caleb demanda des champs arrosés en bas et en haut (2). Ce deuil est particulier à celui qui est doux et pauvre, et qui n'aimant pas le monde, reconnait sa misère, et par elle s'élève au désir du ciel. C'est avec raison que la consolation convient à ceux qui sont dans la peine, et que la joie est donnée dans l'autre monde à celui qui a eu la souffrance dans celui-ci. Or, la ré

(1) Du grec παράκλητος.

(2) Josué, 15, v. 19, jug. 1, 15. Voyez sur le sens mystique de ce passage saint Grég., 3. Dial., chap. 34, et le registre, liv. 6. Indict. 15. Ep. 23, qui a pour titre : Theotista pariter et Andreæ.

gent, consolabuntur indulgentiam conse- | amittunt : non enim gaudent iis rebus cuti. CHRYS., in hom. (15, ut sup.). Et licet talibus sufficiat venia frui, non terminat retributionem in peccatorum remissione, sed et multarum facit participes consolationum, et hic, et in futuro: semper enim majores laboribus Deus dat retributiones.

ante quibus gaudebant, et donec fiat in illis amor æternorum, nonnulla mostitia sau ciantur. Consolabuntur ergo Spiritu Sancto, qui maxime propterea Paracletus nominatur, id est, consolator; ut temporalem amittentes, æterna lætitia ditet et ideo dicit: Quoniam ipsi consolabuntur.

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GLOSSA. Vel per luctum duo genera compunctionis intelliguntur : scilicet pro miseriis hujus mundi, et pro desiderio cœlestium: unde filia Caleph petivit irriguum superius et inferius. Hujusmodi autem luctus non habet nisi pauper et mitis, qui cum mundum non diligat, quod miser est

CHRYS., sup. Matth. (in opere imperf. ut sup.). Qui vero aliena peccata lugent, consolabuntur; qui cum in seculo illo providentiam cognoverint Dei, et intellexerint quod qui perierunt non fuerunt Dei, de cujus manu nemo rapere potest, de eis luctu derelicto in sua beatitudine lætabuntur. Vel aliter. AUG., in serm. Domini in mon, (lib. 1, cap, 4). Luctus est tristitia de amis-recognoscit, et ideo coelum concupiscit. sione charorum conversi autem ad Deum ea quæ in hoc mundo chara habebant,

Convenienter ergo lugentibus promittitur consolatio, ut qui tristatus est in præsenti,

compense de celui qui pleure est plus grande que celle de celui qui est pauvre et de celui qui est doux; car se réjouir dans le royaume vaut mieux que l'avoir et le posséder; que de choses que l'on a et que l'on possède dans la douleur !

S. CHRYS. Remarquez que c'est avec intention (1) que dans l'énoncé de cette béatitude il dit, non pas ceux qui sont dans la tristesse, mais ceux qui sont dans le deuil, et en cela il nous donne une leçon de haute sagesse; car si ceux qui sur cette terre portent le deuil de leurs enfants ou d'autres défunts ne se laissent pas attirer par le tumulte, ni ne se livrent aux désirs de l'argent, de la gloire, et aux sollicitations des passions, à combien plus forte raison devrait-on remarquer ces signes de deuil en ceux qui pleurent leurs péchés.

Bienheureux ceux qui sont affamés et altérés de la justice, parce qu'ils seront rassasiés.

S. AMB.

· Après que j'ai pleuré les péchés, je commence à ressentir la faim et la soif de la justice. Le malade ne ressent pas ces besoins au fort de la maladie, et c'est pour cela qu'il ajoute : « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice. >> S. JER. Il ne nous suffit pas de vouloir la justice, il faut en ressentir la faim, et sous cette figure nous est enseigné que nous ne devons jamais nous considérer comme assez justes, mais désirer toujours ardemment les œuvres de justice. S. CHRYS. Tout bien que les hommes ne font pas par l'amour du bien lui-même est déplaisant aux yeux de Dieu. Or, avoir

(1) Le sens du grec ¿ñɩτáσɛwç est plutôt cum intentione dans un sens plus étendu, que cum intentione, avec intention.

ipsi saturabuntur.

gaudeat in futuro. Major est autem retri- | Beati qui esuriunt et sitiunt justitiam, quoniam butio lugentis, quam pauperis et mitis: plus enim est gaudere in regno, quam habere et possidere: multa enim cum dolore habemus et possidemus.

CHRYS., in homil. (5, ut sup.). Notandum autem quod hanc beatitudinem cum intentione quadam proposuit ideo non dixit: Qui tristantur; sed qui lugent in quo etiam perfectioris sapientiæ magisterium dedit si enim qui filios vel alios defunctos lugent, secundum illud tempus non desiderant pecuniam, nec gloriam, nec conviciis exacuuntur, neque aliqua passione capiuntur, multo magis hæc servare debent, qui lugent sua peccata.

AMBR., sup. Luc. (lib. 4, ut sup.). Postquam delicta deflevi, esurire incipio et sitire justitiam : æger enim cum in gravi morbo est, non esurit : unde sequitur: Beati qui esuriunt et sitiunt justitiam. HIER. Non nobis sufficit velle justitiam, nisi justitiæ patiamur famem, ut sub hoc exemplo nunquam nos satis justos esse, sed semper esurire justitiæ opera intelligamus. CHRYS., sup. Matth. (in opere imperf. ut sup.). Quoniam omne bonum quod non ex amore ipsius boni faciunt homines, ingratum est ante Deum esurit autem justitiam qui

faim de la justice, c'est désirer vivre selon la justice divine; avoir soif

de la justice, c'est en désirer la science.

S. CHRYS. La justice dans son sens le plus étendu ou le plus restreint est le contraire de l'avarice. Ayant à parler de la charité, il nous montre comment nous devons la faire, et que nous ne devons pas la puiser aux sources de l'avarice ou du vol. C'est pour cela aussi qu'il donne à la justice les attributs de l'avarice, la faim et la soif. S. HIL. Il attribue le bonheur à la faim et à la soif de la justice, et nous montre ainsi que l'avidité des saints vers la doctrine divine aboutira dans le ciel à une complète satiété. C'est le sens de ces mots : « Parce qu'ils seront rassasiés. » — S. CHRYS. Par l'abondance des récompenses de Dieu, parce qu'elles dépasseront les désirs des saints. - S. AUG. C'est peut-être qu'ils seront rassasiés en ce monde de cette nourriture dont le Seigneur a dit : « Ma nourriture est de faire la volonté de mon Père » (1) (ce qui est la justice), et de cette eau dont il est dit qu'elle deviendre une source d'eau rejaillissant jusqu'à la vie éternelle.

S. CHRYS. Peut-être s'agit-il ici de récompense terrestre, et comme l'on pense communément que c'est l'avarice qui nous fait abonder, il affirme le contraire, le dit de la justice; car celui qui la désire possède tout d'une manière stable.

(1) Au chap. 14, v. 4 de saint Jean où le Sauveur ajoute: Ut perficiam opus ejus. Ce qui est dit à la Samaritaine (Jean, 3, v. 43).

secundum justitiam Dei desiderat conversari: sitit autem justitiam, qui scientiam ejus acquirere cupit.

CHRYS., in homil. (15, ut sup.). Justitiam autem dicit, vel universalem, vel particularem, avaritiæ contrariam. Quia enim de misericordia dicturus erat, præmonstrat qualiter misereri oporteat; quia non ex rapina, neque ex avaritia : unde etiam quod est avaritiæ proprium, scilicet esurire et sitire, justitiæ attribuit.

HILAR. (can. 4, ut sup.). Sitientibus autem et esurientibus justitiam, beatitudinem tribuit; significans extensam in Dei doctrinam sanctorum aviditatem, perfecta in cœlo satietate repleri et hoc est quod di

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Bienheureux ceux qui sont miséricordieux, parce qu'ils obtiendront euxmêmes miséricorde.

LA GLOSE (4).

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La justice et la miséricorde doivent s'unir ensemble, et se tempèrent l'une par l'autre. La justice sans miséricorde n'est que cruauté, et la miséricorde sans justice rien qu'un dissolvant. C'est pour cela qu'ici la miséricorde vient après la justice en ces termes: «Bienheureux les miséricordieux. » — RÉMIG. - Le mot miséricorde exprime que l'on porte en soi le cœur des malheureux; car l'homme miséricordieux regarde comme sienne la misère d'autrui, et en souffre comme de la sienne propre. - S. JÉR. - La miséricorde ne se manifeste pas seulement par aumônes; elle peut se déclarer aussi dans le support du mal que le prochain commet; elle consiste à porter les fardeaux les uns des autres.-S. ACG. Il dit heureux ceux qui viennent au secours de leurs frères; leur récompense est d'ètre délivrés de leurs propres maux; d'où suivent ces mots : « Puisqu'ils recevront une même miséricorde. » S. HIL.-Dieu se réjouit tellement dans le sentiment qui nous rend bienveillants pour les autres, qu'il ne promet sa miséricorde qu'aux seuls miséricordieux.

S. CHRYS. La récompense paraît égale au mérite, mais elle l'emporte, puisque la miséricorde divine est supérieure à celle qui est humaine.-LA GLOSE.-C'est avec raison que la miséricorde est promise aux miséricordieux, et de telle manière qu'ils reçoivent plus qu'ils n'ont mérité; ainsi que celui qui n'a que ce qu'il lui faut a moins

(1) Ou plutôt saint Anselme, car l'on ne trouve rien de semblable dans la Glose actuelle.

Beati misericordes, quoniam ipsi misericordiam | veniunt miseris; quod eis ita rependitur, ut

consequentur,

GLOSSA. Justitia et misericorda ita conjunctæ sunt, ut altera ab altera debeat temperari justitia enim sine misericordia crudelitas est; misericordia sine justitia, dissolutio: unde de misericordia post justitiam subdit, dicens: Beati misericordes. REMIG. Misericors dicitur quasi miserum habens cor; quia alterius miseriam quasi suam reputat, et de malo alterius quasi de suo dolet. HIER. Misericordia hic non solum in eleemosynis intelligitur, sed in omni peccato fratris, si alter alterius onera portemus. AUG., de serm. Dom. (lib. 1, cap. 2, vel. 6). Beatos autem dicit esse, qui sub

de miseria liberentur : unde sequitur: Quoniam ipsi misericordiam consequentur. HiLAR. (can. 4, ut sup.). In tantum enim Deus benevolentiæ nostræ in omnes delectatur affectu, ut suam misericordiam sit solis misericordibus præstaturus.

CHRYS., in homil. (15, ut sup.). Videtur autem esse æqualis retributio, sed est multo major: non enim est æqualis humana misericordia et divina. GLOSSA. Merito ergo misericordibus misericordia impenditur, ut plus accipiant quam meruissent; et sicut plus recipit qui ultra saturita tem habet, quam ille qui habet tantum ad saturitatem, sic major est gloria misericordium quam præcedentium.

que celui qui a au-delà; ainsi la gloire de la miséricorde l'emporte sur celle des béatitudes précédentes.

Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu.

S. AMB. Celui qui fait miséricorde perd la miséricorde du Seigneur, à moins qu'il n'ait agi par une intention pure; car s'il a agi par vanité, il ne lui en revient aucun fruit, et c'est pour cela qu'il est dit: «Bienheureux ceux qui ont le cœur pur. » · LA GLOSE (1). — C'est avec raison que la pureté de cœur est placée en sixième lieu, car c'est le sixième jour que l'homme a été créé à l'image de Dieu, image qui avait été obscurcie en lui par le péché, et qui a été restaurée en lui par la grâce. C'est avec raison que cette béatitude vient après les autres; la pureté de cœur résulte de toutes les autres vertus qui précèdent. — S. CHRYS. Il appelle purs ou ceux qui ont toutes les vertus, et n'ont conscience d'aucun mal en eux; ou bien ceux qui savent arrêter les désirs de leur chair, ce qui est surtout nécessaire pour voir Dieu, ainsi que nous l'apprend l'Apôtre en ces termes : « Cherchez à être en paix avec tous, cherchez la sainteté sans laquelle personne ne peut voir Dieu. » Il en est, en effet, beaucoup qui se montrent miséricordieux, mais qui ne savent pas vaincre l'impureté, et le Sauveur ajoute ces mots pour leur montrer que cela ne suffit pas.

S. JER.

Dieu pur ne peut être vu que par un cœur pur, et le temple de Dieu ne doit pas être souillé; c'est pour cela qu'il ajoute :

(1) Dans saint Anselme, car la Glose ne présente rien de semblable au moins quant à l'expression. Dans saint Anselme, c'est à peu près dans les mêmes termes.

Beati mundo corde, quoniam ipsi Deum ridebunt

AMBR. (lib. 4, in Luc., ubi sup.). Qui misericordiam defert, misericordiam amittit, nisi mundo corde misereatur: nam si jactantiam quærit, nullus est fructus unde sequitur: Beati mundo corde. GLOSSA. Convenienter autem sexto loco ponitur cordis munditia; quia sexto die homo conditus est ad imaginem Dei; quæ quidem obtenebrata erat in homine per culpam, sed in mundis corde reformatur per gratiam merito autem post prædicta sequitur; quia nisi illa præcedant, mundum cor in homine non creatur. CHRYS., in homil. (15, ut sup.). Mundos autem hic ait, vel

eos qui universalem virtutem possident, et nullius sibi malitiæ conscii sunt; vel eos qui in temperantia consistunt, quæ maxime necessaria est ad videndum Deum; secundum illud Pauli (ad Hebr., 12): Pacem sequimini cum omnibus, et sanctimoniam, sine qua nemo videbit Deum : quia enim multi miserentur quidem, sed impudica agunt, monstrans quod non sufficit primum (scilicet misereri), hoc de munditia apposuit.

HIER. Mundus autem Deus a mundo corde conspicitur: templum enim Dei non potest esse pollutum : et hoc est quod dicitur : Quoniam ipsi Deum videbunt. CHRYS., sup. Matth. (in oper. imperf. ut sup.). Qui enim omnem justitiam facit et cogitat,

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