Obrazy na stronie
PDF
ePub
[merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small]

l'on doit préférer à tous les biens le bien de sagesse, par lequel l'on parvient à la source de tout bien. C'est cette sagesse qui porte si peu avec elle le dégoût, que celui qui s'en nourrit a encore faim, et que celui qui la boit ne cesse d'avoir soif. C'est elle qui est si opposée au péché, que celui qui la suit ne pèche jamais; c'est elle qui distribue à ceux qui sont ses ministres un pain si peu défaillant que ceux qui parviennent à déchirer le voile qui la couvre possèdent la vie éternelle. Sa douceur est supérieure à toute volupté, sa force à celle de tous les trônes et de tous les empires; ses avantages dépassent ceux de toutes les richesses. Comblé de ses faveurs et après en avoir goûté tout le charme, j'ai essayé, en empruntant les pensées des saints docteurs, de donner une exposition continue de cette sagesse qui, avant tous les siècles, reposait dans les mystérieuses profondeurs de l'éternité, d'où elle a été produite au jour par la sagesse incarnée. C'est à quoi m'avait d'abord convié l'ordre d'Urbain IV, d'heureuse mémoire. Mais comme après la mort de ce pontife il me restait encore l'exposition des trois Évangiles de saint Luc, de saint Marc et de saint Jean, je l'ai entreprise avec le même soin d'enchaîner les pensées des docteurs et de les faire précéder de leurs noms, pour ne pas laisser incomplet cet ouvrage, pour parfaire l'exposition des quatre évangélistes et afin que la négligence ne se trouvât pas au terme d'une entreprise qu'avait commencée l'obéissance. Et afin que cette exposition eût plus de suite et qu'elle fût plus complète, j'ai fait traduire du grec plusieurs passages des Pères de cette langue, les entremêlant à ceux des auteurs latins, et ayant toujours soin de les faire précéder de leurs noms. Et comme les prémices de tous les fruits que nous

quarti mandatum. Verum quia eodem Pon tifice ex hac vita subtracto, tria evangelia (Marci, Lucæ et Joannis) exponenda restabant, ne opus quod obedientia inceperat, negligentia imperfectum relinqueret, cum multo labore diligens adhibui studium ut quatuor evangeliorum expositionem comple

accedimus, omnibus humanis bonis secun- | primitus felicis recordationis Urbani papæ
dum rectæ rationis judicium præferatur.
Hæc est enim quæ fastidium nescit; ita ut
qui eam edit, adhuc esuriat; et qui eam bi-
bit, sitire non cesset. Hæc est quæ intantum
peccato repugnat ut qui secundum ipsam
operantur, non peccent; hæc est quæ inde-
ficientem fructum suis ministris largitur,
at qui eam elucidant, vitam possideant sem-retur, eadem in omnibus forma servata in
piternam. Præcellit itaque voluptates dul-
cedine, securitate sedes et regna, utilitate
divitias universas. Hujusmodi igitur delecta-
tus muneribus, evangelicæ sapientiæ a se
culis in mysterio abscondite quam in lucem
produxit Sapientia incarnata, ministerium
expositionis adhibui, sacrorum doctorum
senientias compilando; ad quod me induxit

ponendis sanctorum auctoritatibus et eorum nominibus præscribendis. Et ut magis integra et continua prædicta sanctorum expositio redderetur, quasdam expositiones doctorum græcorum in latinum feci transferri ex quibus plura expositionibus latinorum doctorum interserui, auctorum nominibus prænotatis. Verum, quia congruit ut de

donnent nos travaux appartiennent aux prètres, j'ai pensé devoir offrir cette exposition évangélique, ce fruit de mon travail, au prêtre des Douze Apôtres. Daignez l'agréer comme un hommage à votre autorité, et qu'en même temps que votre science la soumettra à son jugement, votre vieille amitié y voie un témoignage de mon affection.

laborum fructibus oblationes sacerdotibus | suscipiat auctoritas debitum, ut et scientis offerantur, expositionis evangelicæ opus industria judicii censuram exerceat, et an(laboris mei fructum) apostolorum presby-tiqua dilectio amoris affectum in offerentis tero censui offerendum, in quo sic vestra munerc comprehendat.

PRÉFACE DE SAINT THOMAS

A L'ÉVANGILE DE SAINT MATTHIEU

OU A L'EXPOSITION SUIVIE ET COMPLÈTE DE L'ÉVANGILE DE SAINT MATTHIEU.

Le prophète le plus explicite sur l'Évangile (1), Isaïe, disant en peu de mots la sublimité de la doctrine évangélique, son titre et ce qui en est la matière, s'adresse, au nom du Seigneur, en ces termes à l'écrivain sacré: Montez sur une haule montagne vous qui évangélisez Sion; élevez la voix avec force, vous qui évangélisez Jérusalem; criez, ne craignez pas; dites aux villes de Judée : Voici votre Dieu, voici que le Seigneur Dieu viendra accompagné de sa force et son bras gouver– nera; voici que sa récompense est avec lui.

Commençons par le nom d'Évangile.-S. AUGUSTIN. - Le mot évangile signifie en latin bon messager, bonne nouvelle (2). Ce mot peut ètre employé toutes les fois qu'il s'agit d'un bien qui est annoncé, mais il a été spécialement consacré à désigner la bonne nouvelle du Sauveur, et l'on appelle d'une manière toute spéciale évan

(1) Saint Augustin rapporté ici l'appelle prænuntiator apertior, lib. 9, Conf., cap. 5. (2) Du grec ɛu, bien, et ¿yyślλo, annoncer.

SUPER EVANGELIUM SANCTI MATTHÆI CONTINUUM

SIVE CONTINUATAM EXPOSITIONEM

PROCEMIUM SANCTI THOME.

merces ejus cum eo.

Evangelii prænuntiator apertior Esaias | veniet, et brachium ejus dominabitur; ecce propheta, evangelicæ doctrinæ sublimitatem, nomen et materiam breviter comprehendens, evangelicum doctorem ex persona Domini alloquitur dicens (cap. 40): Super montem excelsum ascende tu qui evangelizas Sion; exalta in fortitudine vocem tuam qui evangelizas Hierusalem; exalta, noli timere; dic civitatibus Judæ : Ecce Deus vester, ecce Dominus Dens in fortitudine

Ut autem ab ipso Evangelii nomine sumamus exordium. AUG. (Oontra Faustum, lib. 2, cap. 2). Evangelii nomen latine in terpretatur bonus nuntius, vel bona annuntiatio: quod quidem cum aliquid bonum annuntiatur, semper dici potest; tamen proprie hoc vocabulum obtinuit annuntiatio Salvatoris : narratores quippe originis,

2

[ocr errors]
[ocr errors]

gélistes les écrivains sacrés qui ont rapporté l'origine, les faits, les paroles et les souffrances de Notre Seigneur Jésus-Christ.- S. CHRYSOSTOME. Que pourra-t-on jamais comparer à ces bonnes nouvelles, Dieu sur la terre, l'homme au ciel, l'amitié de Dieu offerte à la nature. humaine, la longue guerre terminée, le diable confondu, la mort détruite, le paradis ouvert, et toutes ces choses qui dépassent notre nature facilement données, non à nos efforts, mais universellement à cause de l'amour que Dieu nous porte. - S. AUG. Dieu qui a mille moyens de guérir les esprits suivant la diversité des temps coordonnés par sa providence elle-même, n'a jamais condescendu avec plus de bonté aux besoins de l'humanité qu'au moment où le Fils unique consubstantiel et co-éternel au Père a daigné s'unir tout l'homme (1). Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous. En paraissant comme homme parmi les hommes, il nous a appris quel rang occupait la nature humaine dans la création. - S. AUG. Enfin Dieu s'est fait homme pour que l'homme devînt Dieu, et c'est cette bonne nouvelle qui devait être annoncée plus tard que le prophète a prédite ainsi : Voici notre Dieu. S. LEON, pape. Cet anéantissement par lequel l'invisible devint visible, par lequel le créateur et maître de toutes choses voulut être un des mortels, fut en lui penchant de miséricorde et non défaut de pouvoir.- LA GLOSE.Afin que l'on ne pût croire que Dieu nous arrivait avec une puissance diminuée, le prophète ajoute : Voici que le Seigneur viendra avec sa puissance. S. AUG. Il ne vient pas en traversant l'espace, mais en apparaissant aux mortels dans une chair mortelle. - S. LÉON, pape. — Il est advenu par un ineffable pouvoir que le Dieu vrai

-

(1) Il est évident qu'ici le concret est pris pour l'abstrait, l'homme pour l'humanité; le nom d'homme exprimant ici non l'homme personne, mais l'humanité, ainsi que l'employait saint Thomas lui-même, 3 pars, quæst. 4, art. 3.

factorum, et dictorum, et passionum Do- | mini nostri Jesu Christi, proprie dicti sunt Evangelistæ. CHRYS. (in hom. super Matth.). Quid enim his bonis nuntiis fiat æquale? Deus in terra, homo in cœlo, amicitia Dei facta ad nostram naturam, prolixum solutum prælium, diabolus confusus, mors destructa, paradisus apertus; et hæc omnia supra dignitatem nostram cum facilitate nobis data sunt; non quia laboravimus, sed quia dilecti sumus a Deo. AUG. (in lib. de vera Religione, cap. 16). Cum enim om nibus modis medeatur animis Deus pro temporum opportunitatibus quæ mira sa

pientia ejus ordinantur, nullo modo beneficentius consuluit generi humano quam cum unicus Filius consubstantialis Patri et coæternus totum hominem suscipere dignatus est; et Verbum caro factum est, et habitavit in nobis ita enim demonstravit quam excelsum locum habeat inter creaturas humana natura in hoc quod hominibus in vero homine apparuit. AUG. (in serm. de Nativ., serm. 9). Demum factus est Deus homo, ut homo fieret Deus. Hoc igitur bonum evangelizandum prænuntiat Propheta dicens: Ecce Deus noster. LEO Papa (epist. 10, cap. 3). Exinanitio autem

s'étant uni à une chair passible, la gloire est arrivée à l'homme par le mépris, l'incorruptibilité par la souffrance, la vie par la mort.-S. AUG. Par l'effusion de ce sang innocent tous les traités en vertu desquels le diable nous tenait captifs ont été détruits. -LA GLOSE. — Comme la passion du Christ nous a délivrés du joug du péché pour nous soumettre à celui de Dieu, le prophète ajoute: Et son bras gouvernera.-S. LÉON, pape. Nous avons puisé ce remarquable bonheur en le Christ que la mort que la nature impassible s'était unie n'a pu persévérer dans la nature passible, et que ce qui était mortel a été vivifié par ce qui était immortel. - LA GLOSE.

[ocr errors]

Et ainsi par le Christ nous sont ouvertes les portes du ciel, et c'est ce qu'expriment les mots suivants : Sa récompense est avec lui, récompense dont il a été dit : Votre récompense est abondante dans le ciel.-S. AUG. Les promesses de vie éternelle et le royaume du ciel appartiennent au Nouveau-Testament; l'Ancien contenait des espérances temporelles.

LA GLOSE. — L'Évangile nous apprend quatre choses du Christ; il nous montre en lui la divinité qui élève jusqu'à elle la nature humaine; la nature humaine élevée par cette union; la mort nous affranchissant de la servitude; la résurrection nous ouvrant les portes du ciel, et c'est ce qu'a prophétisé Ézéchiel, sous la figure des quatre animaux.-S. GRÉG. Le Fils unique de Dieu s'est lui-même réelle

[ocr errors]

illa qua se invisibilis visibilem præbuit, et Creator ac Dominus omnium rerum unus voluit esse mortalium, inclinatio fuit miserationis, non defectio potestatis. GLOSSA interlin. in Esai., 40). Ne ergo sic Deus adesse credatur ut fieret aliqua diminutio potestatis, subjungit Propheta Ecce Do minus in fortitudine veniet. AUG. (de Doctr. christ., lib. 1, c. 12). Non per locorum spatia veniendo, sed in carne mortali mortalibus apparendo. LEO Papa (serm. de Pass. Dom, serm. 19). De ineffabili potentia factum est ut dum Deus verus est in carne passibili, conferretur homini gloria per contumeliam, incorruptio per supplicium, vita per mortem. AUG. (de Baptismo parvulorum, cap. 30) (1). Fuso enim sanguine sine culpa, omnium chirographa deleta sunt quibus homines a diabolo antea tenebantur. GLOSSA (interlin, in Esai., 40). Quia ergo per virtutem Christi patientis homines a peccato liberati, servi facti sunt Dei, se

quitur: Et brachium ejus dominabitur. LEO Papa (in serm. de Pass., serm. 19, ubi supra). Adfuit autem nobis in Christo singulare præsidium, ut in natura passibili mortis conditio non maneret quam impassibilis essentia recepisset; et per id quod non poterat mori, posset id quod mortuum fuerat, suscitari. GLOSSA (interlin. ubi sup.). Et sic per Christum nobis immortalis gloriæ aditus aperitur: unde sequitur : Ecce merces ejus cum eo: de qua scilicet ipse dicit (Matth., 5) Merces vestra copiosa est in cœlis. AUG. (contra Faustum, lib. 4, cap. 2). Eternæ enim vitæ promissio regnumque cœlorum ad novum pertinet Testamentum; temporalium vero promissiones Testamento vetere continentur.

GLOSSA (in Ezech., 1). Sic ergo quatuor nobis de Christo evangelica doctrina tradit: Divinitatem assumentem, humanitatem assumptam, mortem per quam eripimur a servitute, resurrectionem per quam nobis

(1) Ailleurs ce livre porte ce titre De peccatorum meritis et remissione.

« PoprzedniaDalej »