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prophète « Afin que fùt accompli ce qu'avaient dit les prophètes, qu'il serait appelé Nazaréen. » — S. JER. S'il avait cité un passage précis, l'évangéliste aurait dit : par le prophète et non par les prophètes, et, par cette expression au pluriel, il annonce qu'il rapportera non la parole mais le sens des Écritures. Or, le mot Nazaréen signifie saint, et toute l'Écriture dit que le Seigneur est saint. Nous pourrions d'ailleurs répondre autrement, en disant que ces mots se trouvent littéralement dans le passage suivant d'Isaïe pris dans l'hébreu : « Une tige sortira de la racine de Jessé et le Nazaréen sortira de la racine.»-S. CHRYS.Ou peut-être ce passage est pris dans une prophétie qui n'existe plus, et il n'est pas besoin de se livrer à plus d'investigations sur ce point, parce qu'il est constant que plusieurs écrits de prophètes ont disparu. Peut-être encore qu'il a été puisé dans des livres qui ne sont pas au nombre des livres sacrés, tels que ceux de Nathan et d'Esdras (1). Ge qu'il y a de certain, c'est que ce point avait été l'objet d'une prophétie, ainsi qu'on le voit dans ces paroles de Philippe à Nathanaël: « Nous avons trouvé près de Nazareth celui que Moïse et les prophètes ont annoncé. » Voilà pourquoi les premiers chrétiens étaient appelés Nazaréens, nom qui fut changé à Antioche pour celui de chrétiens.

S. AUG.-Ce qui a rapport aux Mages et la suite, tout cela a été omis par saint Luc. C'est ici le lieu d'observer, ce qu'il faudra se rappeler plus tard, que chacun des évangélistes coordonne son récit comme s'il n'omettait rien, et disant ce qu'il veut dire, taisant ce qu'il veut taire, il présente une chaîne non interrompue, liant les faits les uns aux au

(1) Ce passage est donné, dans les exemplaires précédents, comme de l'hom. 9o; mais il est de l'hom. 2o op. imp. On y trouve mêlés ces mots : D'autres ont prophétisé et écrit, comme Nathan et Esdras (à moins qu'il ne faille lire : Et n'ont pas écrit). Esdras a écrit, en effet, mais probablement que tout ce qu'il a prophétisé n'a pas été écrit. Ce qu'il a écrit n'appartient pas au canon des Ecritures.

Et quoniam hoc prophetatum erat, manifestat Philippus, dicens ad Nathanaelem (Joan., 1): Quem scripsit Moyses in lege et prophetæ, invenimus Jesum a Nazareth : unde etiam prius Christiani Nazaræi vocabantur; sed apud Antiochiam mutatum est hoc nomen, et dicti sunt Christiani (Act. 11).

phetam nunc autem pluraliter prophetas | nobis canonizati, sicut Nathan et Esdras. vocans, ostendit se non verba de Scripturis sumpsisse, sed sensum. Nazaræus interpretatur Sanctus; sanctum autem Dominum omnis Scriptura commemorat. Possumus et aliter dicere, quod etiam eisdem verbis juxta hebraicam veritatem in Esaia scriptum sit : Exiet virga de radice Jesse, et Nazaræus de radice consurget. CHRYS., in hom. 9, sup. Matth. (et in oper. imperf., homil. 2). Aut aliquis alius propheta qui non extat hoc scripsit; nec est curiosius inquirendum circa hoc; multa enim de propheticis interierunt monumentis. Aut forte legerunt et aliquos prophetas ita dicentes, qui non sunt

AUG., De cons. Erang. (lib. 2, cap. 5). Hæc autem omnia quæ sunt a narratione Magorum, et deinceps, Lucas tacet: hoc proinde cognoscendum (quod deinceps ad cætera valeat) sic unumquemque Evangelistarum contexere narrationem suam, ut

tres comme s'il n'y avait pas eu d'interruption entre eux. Mais comme l'un dit ce que l'autre a omis, en examinant de près le tissu de la narration, l'on voit où l'on peut placer ce qui a été omis par l'un et raconté par l'autre.

CHAPITRE III.

En ce temps-là, Jean-Baptiste vint précher au désert de Judée, en disant : Faites pénitence; car le royaume des cieux est proche. C'est lui qui a été marqué par le prophète Isaie, lorsqu'il dit : On a entendu la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez la voie du Seigneur ; rendez droits ses sentiers.

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S. CHRYS. Le soleil, lorsqu'il arrive, envoie, avant de paraître, ses rayons au-devant de lui, et il fait blanchir l'orient, donnant l'aurore pour précurseur au jour; ainsi le Seigneur, né dans le monde avant de paraître avec l'éclat de sa doctrine, éclaire Jean et lui transmet la gloire de son esprit afin qu'il annonce son avénement. C'est pour cela que l'évangéliste, après avoir annoncé la naissance du Christ et au moment de nous montrer le développement de sa doctrine, raconte le baptême du Christ, qui fut accompagné du témoignage de saint Jean le précurseur; il s'exprime ainsi : «En ces jours-là, Jean-Baptiste vint prêcher dans le désert. >>

RÉMIG. Par ces mots, saint Matthieu exprime non-seulement dans quel temps et dans quel lieu vécut saint Jean, et ce qu'il fut; mais il

tanquam nihil prætermittentis series digesta | sed cum alter ea dicit quæ alter tacuit, videatur; tacitis enim quæ non vult dicere, diligenter ordo consideratus indicat locum, sic ea quæ vult dicere, illis quæ dicebat ad- ubi ea potuerint quæ prætermissa sunt, jungit, ut ipsa continuo sequi videantur : transiliri.

CAPUT III.

In diebus autem illis, venit Joannes Baptista prædicans in deserto Judææ, et dicens: Penitentiam agite, appropinquavit enim regnum cœlorum hic est enim de quo dictum est per Esaiam Prophetam dicentem (cap. 20): Vox clamantis in deserto: Parate viam Domini, rectas facite semitas ejus.

hom. 3). Sol appropians, antequam appareat, mittit radios suos, et facit albescere orientem, ut præcedens aurora adventum diei demonstret : sic Dominus natus in mundo, antequam appareat per doctrinam, Spiritus sui fulgore transmisso illuminavit Joannem, ut præcedens ille adventum annunciet Salvatoris. Et ideo post ortum Christi enarratum, doctrinam ejus enarra

CHRYS., sup. Matth. (in oper. imperf., I turus Evangelista, et baptismum in quo

nous indique encore sa vocation et le zèle avec lequel il la remplit. Il nous donne une idée générale de son époque par ces mots : «En ce tempslà. »—S. AUG.—Saint Luc détermine cette époque d'une manière précise en la rapportant aux gouvernements humains, et en disant : «La quinzième année; » mais saint Matthieu se tient dans une indication plus vague, car après avoir raconté le retour du Sauveur de l'Égypte, qui dut avoir lieu dans son enfance, d'après ce que rapporte saint Luc que ce fut à douze ans qu'il en revint, il ajoute immédiatement : « Or, en ces jours,» voulant évidemment désigner ainsi non-seulement ces jours de l'enfance du Sauveur, mais tous ceux qui s'écoulèrent depuis sa naissance jusqu'à la prédication de saint Jean.

RÉMIG.-L'évangéliste désigne la personne dont il s'agit par ces mots : «Vint Jean, » c'est-à-dire qu'après être resté si longtemps caché il se manifesta.-S. CHRYS.-Comment fut-il nécessaire que Jean précédât Jésus et appuyat de ses propres œuvres la mission du Rédempteur (1)? D'abord pour nous apprendre la dignité du Christ, qui, ainsi que le Père, a ses prophètes; car cette parole a été dite à Jean par Zacharie: « Et toi, enfant, tu seras appelé le prophète du TrèsHaut. » En second lieu, pour ne pas donner lieu à la fausse honte des Juifs, ainsi qu'il nous l'apprend par ces mots : « Jean est venu; il ne mangeait ni ne buvait; et ils disent: Il est possédé. Le Fils de l'Homme vient, il mange et il boit; et ils disent: Voilà un homme gourmand.» D'ailleurs il était nécessaire que ce qui était en faveur du

(1) Comme si celles de ce dernier ne devaient pas suffire, lui qui avait dit de luimême : Les œuvres que je fais me rendent témoignage. Joan., 10. Mais cela ne se trouve pas dans saint Chrysostôme.

testimonium habuit de præcursore et Bap- | In diebus autem illis; non utique pueritia tista præmittit, dicens: In diebus autem tantum illius dies insinuans, sed omnes illis, venit Joannes Baptista prædicans in dies ab ejus nativitate usquequo prædicare deserto. cœpit Joannes.

REMIG. His autem verbis, beati Joannis non solum Matthæus, tempus, et locum, et personam, sed etiam officium et studium demonstrat. Tempus generale demonstrat, cum dicit: In diebus autem illis. AUG., De cons. Evang. (lib. 2, cap. 6). Hoc autem tempus Lucas per terrenas potestates expressit, cum dixit: Anno 15. Sed intelligere debemus Matthæum, cum diceret : In diebus illis; in multo longiori spatio accipi voluisse: mox enim ut narravit regressum de Egypto Christum (quod utique tempore pueritia vel infantia factum est: ut possit stare quod Lucas de illo, cum duodecim esset annorum, narravit), continuo intulit:

REMIG. Personam ostendit, cum dicit: Venit Joannes; id est, manifestavit se qui tamdiu prius latuerat. CHRYS., in hom. Sed quare necessarium fuit, ut Joannes Christum præveniret, operum testimonio Christum prædicante? Primo quidem ut hinc Christi dignitatem discas; quod sicut Pater ita et ipse prophetas habet; secundum illud Zachariæ (Luc., 1): Et tu puer, Propheta Altissimi vocaberis : deinde ut nullam causam verecundiæ Judæis relinquat; quod et ipse demonstrat, dicens (Matth., 11): Venit Joannes neque manducans, neque bibens, et dicunt : Dæmonium habet. Venit Filius hominis manducans et

Christ fût dit par un autre que par lui, car les Juifs auraient toujours dit ce qu'ils dirent un jour : « Vous vous rendez témoignage à vousmême; votre témoignage n'est pas vrai. » — RÉMIG. — L'évangéliste ajoute quel était son ministère par ce mot Baptiste. LA GLOSE. - C'est ainsi qu'il prépara les voies au Seigneur, car les hommes auraient rejeté son baptême s'ils n'y avaient été préparés par un autre. RÉMIG. - Le mot prêchant nous indique son zèle.-RAB.-Le Christ devait aussi prêcher. Or, saint Jean, lorsqu'il eut vu que le temps en était venu, commença à trente ans ses prédications et en prépara les voies au Seigneur.

RÉMIG.-L'Évangile ajoute le nom du lieu : « Dans le désert de Judée. » — MAX. (1). - Afin que sa prédication ne fût pas exposée aux murmures d'une foule insolente ou aux sourires de l'impie, et pour n'avoir pour auditeurs que ceux qui recherchaient la parole de Dieu pour elle-même. —S. JÉR. — Il faut remarquer en cela que le salut et la gloire de Dieu ne sont pas prêchés dans Jérusalem, mais dans la solitude de l'Église, ou dans le vaste désert de la multitude des nations. -S. HIL. Il s'agit peut-être ici de la Judée désertée par Dieu, fréquentée par les hommes, et dont la solitude attestait l'isolement de ceux à qui la prédication était confiée. -LA GLOSE. Au sens figuré, le désert représente le chemin que suit le pénitent loin des appâts séducteurs du monde.

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S. AUG. (2).—Celui qui ne se repent pas de sa vie passée ne peut pas en

(1) A savoir Maxime de Turin, dans son premier sermon sur la nativité de saint Jean. (2) C'est dans la dernière du livre des cinquante homélies, intitulée : De l'utilité et de

bibens, et dicunt Ecce homo edax. Sed aliter necessarium erat ab alio prius dici quæ de Christo erant, et non ab ipso : alias Judæi dixissent quæ post testimonium ejus Joann. 8 dixerunt : Tu testimonium perhibes de teipso; testimonium tuum non est verum. REMIG. Officium subjungit, cum dicit Baptista. GLOSSA. In quo Domini viam præparavit nisi enim baptizari homines consuescerent, baptismum Christi abhorre

rent.

REMIG. Studium ostendit cum ait: Prædicans. RAB. Quia etiam Christus prædicaturus erat : postquam enim visum fuit idoneum tempus (scilicet circa triginta annos), incipiens prædicationem suam, viam Domino præparavit.

REMIG. Locum subjungit dicens: In deserto Judææ. MAX. Ubi ad prædicatio

nem ejus nec insolens turba perstreperet, nec infidelis auditor rideret; sed hi tantum audire possent, qui prædicationem cura divini cultus expeterent. HIER., sup. Esa. (40 cap.). Vel in hoc considerandum est, quod salutare Dei et gloria Domini non prædicatur in Hierusalem, sed in solitudine Ecclesiæ, et in deserta gentium multitudine. Hilar. (can. 2, in Matth.). Vel etiam ad Judæam venit desertam Dei frequentatione, non populi; ut prædicationis locus, eorum quibus prædicatio erat commissa, solitudinem testaretur. GLOSSA. Vel typice, desertum significat viam a mundi illecebris segregatam, quæ pœnitentibus competit.

AUG., in lib. de Poenit. Nisi autem pœniteat aliquem vitæ veteris, novam non potest inchoare. HILAR. (ut sup.). Et ideo pœnitentiam regno coelorum appropinquante

inaugurer une nouvelle. C'est pour cela qu'il compare le retour à la pénitence au royaume du ciel qui approche, parce qu'elle est un retour de l'erreur, une fuite du mal, et qu'elle fait suivre la honte du péché par la déclaration du bon propos. C'est ce que renferment ces mots : « Faites pénitence. »—S. CHRYS.-Il se présente dès l'abord comme un ambassadeur du bon roi, en promettant le pardon, sans exprimer des menaces. Les rois ont la coutume, lorsqu'il leur naît un enfant, de proclamer une amnistie dans leur royaume, mais elle ne vient ordinairement qu'après de cruels exacteurs; et c'est ainsi que Dieu après la naissance de son fils, et pour annoncer l'amnistie qu'il accorde au genre humain, envoie pour exacteur Jean exigeant et disant : « Faites pénitence. » Oh! quelle exaction que celle qui enrichit au lieu d'appauvrir: car lorsque vous avez payé vos dettes à la justice divine, vous vous trouvez n'avoir rien donné à Dieu, et il vous reste pour gain le salut éternel. C'est, en effet, la pénitence qui purifie le cœur, éclaire tous nos sens, et prépare toutes nos puissances à recevoir le Christ.

C'est pour cela qu'il ajoute : « Et le royaume de Dieu approche. » -S. JÉR. Le premier, Jean-Baptiste annonce le royaume de Dieu, parce que cet honneur était dû au précurseur du Christ.- S. CHRYS.

C'est ainsi qu'il dit aux Juifs ce qu'ils n'avaient point entendu, pas même de la bouche des prophètes, et sans rien dire de la terre, annonce le royaume qui est là-haut. Par la nouveauté de ce qu'il préche, il nous excite à le chercher. RÉMIG. Ce mot de royaume du ciel a quatre significations: il signifie le Christ dans ce passage: «Le

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la nécessité de la pénitence, et que Bède, 1re ad Corinth., 5 et 6, appelle Livre de la pénilence. On trouve quelque chose de semblable, mais en d'autres termes, dans la 27° des cinquante homélies.

ut

pronunciat, per quam est reditus ab errore, sed sibi lucrum suæ salutis acquirit pœrecursus a crimine, et post vitiorum pudo- nitentia enim cor emundat, sensus illumirem professio desinendi; dicens : Poeniten-nat, et ad susceptionem Christi præparat tiam agite. CHRYS., sup. Matth. (in oper. humana præcordia. imperf. ut sup.). Ubi manifestat in ipso principio quia benigni Regis est nuncius: non enim peccatoribus minas intentabat, sed indulgentiam peccatorum promittebat. Solent reges, nato sibi filio, indulgentiam in regno suo donare, sed ante transmittunt acerbissimos exactores: Deus autem, nato sibi Filio, volens donare indulgentiam peccatorum, præmisit quasi exactorem Joannem, exigentem et dicentem: Pœnitentiam agite. O exactio quæ non facit pauperes, sed divites reddit! Nam cum quis debitum justitiæ suæ reddiderit, Deo nihil præstat,

Unde subjungit: Appropinquavit enim regnum cœlorum. HIER. primus Baptista Joannes regnum cœlorum prædicat, præcursor Domini hoc honoretur privilegio. CHRYS., in hom. 10. Ideoque quod nunquam Judæi audierant, neque etiam a prophetis, cœlos et regnum quod ibi est prædicat, et nihil de cætero de terra dicit. Sic ergo ex novitate eorum quæ dicuntur, erigit eos ad quærendum eum qui prædicatur. REMIG. Regnum autem cœlorum quatuor modis dicitur : Christus, secundum illud Lucæ 17: Regnum Dei intra vos est;

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