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négative (p. ex. l'immutabilité). Les uns impliquent l'opération (l'intelligence, la puissance) et les autres ne l'impliquent pas (l'immensité, l'éternité). Les uns sont métaphysiques (l'immutabilité, l'éternité) et les autres moraux (la justice, la bonté. Nous connaissons ceux-ci en nous étudiant nous mèmes, qui sommes à l'image de Dieu; nous connaissons ceux-là, en considérant le monde, qui porte l'empreinte et comme le vestige de Dieu. Enfin, parmi les attributs divins, les uns sont absolus et les autres relatifs. Les attributs relatifs impliquent quelque rapport de la créature avec Dieu (p. ex. la Providence); les attributs absolus n'en impliquent aucun (p. ex. l'éternité). On confond quelquefois les attributs relatifs avec ceux qui impliquent quelque action, et les attributs absolus. avec ceux qui n'en impliquent aucune.

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Nous parlerons d'abord des attributs absolus ainsi compris, qui sont dits aussi attributs métaphysiques. Il y en a trois principaux : l'immutabilité, l'éternité et l'immensité. Ils feront l'objet de la thèse suivante. Mais auparavant nous résoudrons une question préliminaire, celle de la distinction des attributs entre eux et d'avec l'essence divine.

THÈSE. Les attributs divins ne sont pas distincts entre eux ni d'avec l'essence divine d'une manière réelle, mais seulement d'une manière logique, fondée cependant en réalité. — En ce qui concerne les attributs métaphysiques, Dieu est absolument immuable, éternel, immense; et son immutabilité, son éternité, son immensité sont incomparables.

1066. Question de la distinction des attributs et de l'essence divine. La première

partie de cette thèse serait superflue, si nous n'avions affaire qu'aux nominalistes et aux cartésiens. Les nominalistes, en effet, prétendent que les universaux ne sont que des mots ou tout au plus des idées, si bien que, lorsque nous distinguons les universaux et, avec eux, les attributs divins, nous ne faisons que multiplier nos expressions, mais sans marquer dans les choses aucune distinction réelle. Quant aux cartésiens, sans pousser toujours le nominalisme à ce point, ils rejettent toute distinction réelle entre la substance et l'accident et parlà même entre la nature et l'attribut; ils prétendent, par conséquent, que l'intelligence n'est que l'âme elle-même qui comprend, que la volonté n'est que l'âme elle-même qui veut, que l'extension d'un corps n'est que ce corps lui même en tant qu'étendu. A plus forte raison diront-ils qu'il n'y a aucune distinction réelle entre la nature de Dieu et ses attributs.

Mais si les nominalistes et les cartésiens sont naturellement d'accord avec nous sur ce premier point, en vertu d'autres principes que les nôtres, il n'en est pas de même des réalistes. L'un d'eux, Gilbert de la Porrée, appliqua sa théorie des universaux aux attributs divins et prétendit par conséquent que l'intelligence, la volonté et les autres attributs de Dieu exprimaient des réalités distinctes entre elles : c'était introduire la division en Dieu, il fut condamné au concile de Reims (1148) et se soumit. La même erreur fut reprise plus tard par l'abbé Joachim, condamné sous Innocent III au Ive concile de Latran, et, au XIVe siècle, par l'évêque grec schismatique de Thessalonique Palamas, qui trouva des disciples et dont l'opinion a été adoptée plus tard par les sociniens.

Nous éviterons les erreurs des uns et des autres en affirmant, d'une part, qu'il n'y a pas de distinction. réelle entre les attributs divins ni entre ces attributs divins et l'essence, et, d'autre part, qu'il y a une certaine distinction logique, qui n'est pas sans fondement réel.

1067. Comment les attributs de Dieu et son essence sont indistincts. Et d'abord il n'y a pas ici de distinction réelle d'un attribut à l'autre ni entre les attributs et l'essence, parce que Dieu est simple. Il n'est composé ni de substance et d'accident, ni de puissance et d'acte, il n'a pas de parties, il est tout ce qu'il a. Mais si un attribut était réellement distinct de la nature divine, Dieu serait composé de substance et d'accident; de plus, cet attribut déterminant sa nature, la perfectionnerait comme un acte perfectionne la puissance, et Dieu serait composé de puissance et d'acte; enfin, si les attributs étaient réellement distincts entre eux, Dieu serait divisé lui même puisqu'il est tout ce qu'il a, il aurait des parties ou des éléments. De quelque manière donc qu'on envisage les choses, toute distinction réelle est ici impossible. Les attributs divins sont l'essence divine elle-même, ils ne font qu'un avec elle et ne font qu'un entre eux; ils ne s'opposent pas entre eux, ils ne s'excluent pas réciproquement (1), à les considérer dans leur fond : la justice de Dieu est bonne et sa bonté est juste; sa force est belle et sa beauté est forte. Chacune de ces perfections sans doute est conçue par nous tantôt comme la

(1) Ils ne s'excluent pas comme la paternité, la filiation, d'où résulte la sainte Trinité, mystère dont nous n'avons pas à parler dans un traité de philosophie.

substance divine elle même et tantôt comme une pure qualité; mais aucune n'est pure qualité, toutes sont l'essence même de Dieu. C'est ce que saint Augustin et tous les théologiens ont parfaitement expliqué.

D'ailleurs, que de fois, même en parlant des créatures, nous attribuons comme des qualités ce qui fait partie de l'essence même ? Nous disons de l'homme qu'il a un corps et une âme, comme si cette âme et ce corps étaient des accidents, des propriétés ou des attributions, tandis qu'ils constituent l'homme même. Ainsi à plus forte raison en est-il de Dieu.

1068. Distinction logique qu'il faut admettre. Il reste donc que les attributs divins soient distincts entre eux et d'avec l'essence divine d'une manière logique. On entend par distinction logique celle qui provient des opérations mêmes de l'esprit plutôt que de la nature des choses. C'est ainsi qu'il y a une distinction logique entre l'âme raisonnable et l'âme sensible de l'homme. Sans doute l'homme n'a qu'une âme, l'âme raisonnable et l'âme sensible ne font qu'ur en lui; mais ces deux concepts d'une âme raisonnable et d'une âme sensible sont distincts (1). Or on ne peut nier qu'une distinction de ce genre existe entre les attributs divins. Chacun des concepts que nous formons pour nous exprimer la divinité nous la représente sous un aspect particulier, qui nous manifeste Dieu sans l'épuiser; nous pensons à la justice de Dieu, ou à sa bonté, ou à sa providence : c'est tou

(1) Notons qu'il s'agit ici de l'âme raisonnable et de l'âme sensible, non de la raison et de la sensibilité; car il est bien évident que la raison et la sensibilité sont distinctes entre elles réellement et d'avec l'âme comme étant des facultés diverses.

jours lui que nous connaissons, mais jamais totalement ni de la même manière. Tous nos concepts sont parfaitement distincts entre eux et les mots qui les expriment ne confondent point leurs significations. La distinction logique est donc évidente.

1069. Cette distinction est fondée cependant en réalité. Mais cette distinction est-elle purement logique et subjective, toute relative à notre esprit? Non; car s'il est de la nature de notre esprit de se faire diverses idées de la divinité et de considérer Dieu, pour ainsi dire, sous divers aspects, on ne peut dire cependant que nos idées de Dieu ne diffèrent aucunement par leur objet, pas plus par exemple que l'idée d'homme et l'idée d'animal raisonnable. Nos idées de Dieu ne sont pas toutes les mêmes, tout en étant également justes; les mots qui leur correspondent ne sont point synonymes. Par exemple ce que nous exprime le concept de la bonté divine n'est pas ce que nous exprime le concept de la justice. Que la bonté et la justice soient une même réalité en Dieu, il le faut bien; mais il reste vrai que Dieu nous est connu d'une autre manière par l'idée de bonté que par l'idée de justice. Dieu est si grand que nous pouvons toujours à nos concepts précédents en ajouter de nouveaux, qui nous permettent de mieux le connaître encore. Mais si nos concepts se multiplient et se distinguent entre eux, cela tient non seulement à la nature de notre esprit, mais encore à la perfection inépuisable de Dieu : elle peut toujours fournir un aliment nouveau à la science et à l'admiration humaines; elle vérifie éminemment chacun de nos concepts les plus hauts, sans être mesurée par aucun ni par tous ensemble. La distinction des attributs est donc fondée

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