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ensemble la doctrine philosophique sur la divinité, et de justifier une à une et avec ordre toutes les conclusions dont nous avons appris déjà à ne pas douter. Comment se démontre l'existence de Dieu ? Quelle idée faut-il se faire de sa nature, de ses perfections et de ses attributs ? Quelle est l'action de Dieu sur la créature et comment la gouverne-t-il par sa providence? Enfin quel est le genre de connaissance que nous avons de Dieu et que faut-il penser de l'ontologisme que nous avons déjà rencontré plus d'une fois sur notre chemin? Telles sont les principales questions à résoudre. — Parlons d'abord de l'existence de Dieu. 1001. Existence de Dieu. Erreurs et opinions. Dès le premier pas nous trouvons des adversaires venus de divers camps et dont les prétentions se neutralisent par leurs excès mêmes. A l'une des extrémités sont les ontologistes, que nous retrouverons à la fin du traité : ils prétendent que l'existence de Dieu est immédiatement évidente et que partant elle s'explique, mais ne se démontre pas. A l'autre extrémité sont les athées, les panthéistes, les positivistes, tous ceux qui ont nié de quelque manière la divinité ou du moins qui l'ont regardée comme absolument inconnaissable. Contre eux nous établirons que l'existence de Dieu est une vérité; et contre les autres nous établirons qu'elle n'est pas tellement évidente qu'elle soit au-dessus de toute démonstration.

Au sujet de la démonstration elle-même de l'existence de Dieu, nous remarquerons une divergence dans les opinions des spiritualistes. Les uns, et parmi eux les principaux scolastiques, tout en variant leurs arguments, se sont appuyés toujours en définitive sur le principe de causalité et ont rejeté comme insuffi

sante la preuve dite a priori ou a simultaneo. Les autres, parmi lesquels saint Anselme, Descartes, Leibniz, les spiritualistes de l'école éclectique, se sont appuyés sur celle-ci, souvent de préférence à toutes les autres. Nous essaierons, sinon de concilier, du moins d'expliquer cette divergence de sentiments, et nous dirons à quelles conditions la démonstration de l'existence de Dieu est au-dessus de toute critique.

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THÈSE. L'existence de Dieu ne nous est pas immédiatement évidente; · elle n'est pas non plus inconnaissable, mais elle est susceptible de diverses démonstrations, métaphysiques, physiques, morales qui toutes ont cela de commun et d'essentiel qu'elles reposent en définitive sur le principe de causalité. L'argument tiré du caractère absolu de la vérité n'en est pas excepté, non plus que l'argument de saint Anselme, ou bien il faut reconnaître leur insuffisance.

1002. L'existence de Dieu par rapport à nous. Remarquons d'abord que l'évidence immédiate de l'existence de Dieu prise en elle même n'est pas contestée (1). L'existence de Dieu est un fait, et pour celui qui serait le témoin direct de ce fait, l'existence de Dieu serait immédiatement évidente. De plus, en Dieu l'existence et l'essence ne font qu'un, comme nous l'expliquerons plus tard. Dieu existe par son essence même. Celui qui comprendrait cette essence

(1) Hæc propositio: Deus est, quantum in se est, per se nota est, quia prædicatum est idem cum subjecto. Deus enim est suum esse, ut infra patebit. Sed quia nos non scimus de Deo quid est, non est nobis per se nota, sed indiget demonstrari per ea quæ sunt magis nota quoad nos, et minus nota quoad naturam, scilicet per effectus (S. Th. 1a, q. 2. a. 1).

connaîtrait donc par là même son existence. En d'autres termes, cette proposition: Dieu existe, est évidente par elle-même et en soi. Quoi de plus connaissable que la vérité subsistante, de plus visible que la lumière? Dieu est souverainement intelligible, c'est le plus intelligible des êtres : Deus est maxime intelligibile. Mais considérée par rapport à nous l'existence de Dieu n'est pas une vérité immédiatement évidente. 1003. L'existence de Dieu est une vérité déduite. 1o En effet, abstraction faite de toute révélation, de toute tradition et de tout enseignement, Dieu n'est d'abord pour nous qu'une idée et nous ne pouvons arriver à connaître son existence qu'après examen. Sans doute nous arrivons ensuite à démontrer que Dieu est son essence même, que son existence et son essence ne font qu'un, qu'il est à la fois le suprême idéal et la suprême réalité ; mais c'est là le fruit de longs raisonnements. Cette proposition: Dieu existe, ne nous éclaire pas par elle-même; c'est une affirmation, c'est une thèse, c'est une conclusion légitime, la plus légitime de toutes, mais ce n'est pas un premier principe; ce n'est pas pour nous un fait immédiatement perçu comme celui-ci : j'existe. Ce n'est pas non plus une vérité abstraite qui s'impose d'ellemême avant tout raisonnement, comme celle-ci : Rien ne commence sans cause. L'existence de Dieu est une vérité déduite : nous avons là en germe toute la réfutation de l'ontologisme.

2. D'ailleurs, si l'on pouvait douter encore que l'existence de Dieu est une vérité de raisonnement, il suffirait de considérer les négations sans nombre dont elle a été l'objet de la part des athées proprement dits et de tous ceux qui ont méconnu les caractères

les plus essentiels de la divinité. Comment concilier ces erreurs monstrueuses sur la Providence, l'unité de Dieu, sa toute-puissance, sa justice, sa personnalité et son existence même, si cette proposition: Dieu existe, est d'une évidence immédiate? On comprend que les athées, ou plutôt les positivistes, qui prétendent seulement que Dieu est rigoureusement inconnaissable, aient beau jeu contre ces partisans imprudents de la connaissance immédiate de Dieu. L'exagération est si manifeste et si contraire à la vérité, que l'opinion des positivistes peut paraître raisonnable: il serait moins. faux peut-être de soutenir que la raison laissée à ellemême est incapable de connaître Dieu, que de soutenir que la raison cennaît naturellement et immédiatement l'existence de Dieu.

1004. L'existence de Dieu est démontrable. Mais si Dieu nous est assez caché pour que nous n'ayons pas l'évidence immédiate de son existence, gardons-nous cependant de croire qu'il soit absolument inconnaissable. Il y a, en effet, deux voies très différentes de démonstration. La première consiste à démontrer par les causes, par l'essence, propter quid; et nous avouons que, si cette voie était l'unique, Dieu échapperait à toutes nos démonstrations, puisqu'il n'a pas de cause. Mais la deuxième voie consiste à démontrer par les effets, quia; et, comme Dieu a créé cet univers, nous pouvons très bien le connaître ainsi.

1005. Objections. 1° On nous oppose ici que les effets, étant finis en eux-mêmes, ne pourront jamais nous livrer leur cause, qui est insondable et infinie.

Rép. — Mais il n'est point nécessaire que l'effet

égale la cause, soit adéquat à elle, pour que nous connaissions de quelque manière celle-ci et tout d'abord son existence.

2o On nous oppose encore que toute démonstration de l'existence de Dieu doit partir d'une définition de Dieu, et que toute définition ici est insuffisante et même impossible.

Rép. Mais il n'est pas nécessaire que nous ayons une définition adéquate de Dieu, par le genre et la différence: il nous suffit d'une définition analogue, par similitude, et qui nous garde de toute équivoque.

3o Enfin on nous oppose que, de notre propre aveu, l'existence de Dieu est un mystère, une vérité inconnaissable, puisqu'elle est l'objet de la foi de même que les mystères de la Trinité et de l'Incarnation.

Rép. Mais il est faux que l'existence de Dieu soit, proprement parler, un mystère, comme ceux de la sainte Trinité et de l'Incarnation. Nous connaissons les trois personnes divines et le fait de l'Incarnation par la révélation seulement, tandis que la raison nous démontre rigoureusement l'existence de Dieu. Celleci est un objet de science plutôt qu'un objet de foi. D'ailleurs, en accordant même qu'elle puisse devenir un objet de foi, il faut bien savoir qu'elle prend place alors parmi ces vérités naturelles (telles que la spiritualité et l'immortalité de l'âme) auxquelles on adhère tantôt par ses propres lumières et tantôt sur le témoignage d'autrui. En tout cas le savant peut les démontrer, comme l'ignorant peut les croire, de manière que chacun possède la même vérité suivant son état, ses forces et ses lumières.

1006. Aveu de nos adversaires : Il y a un Inconnaissable. Au reste l'existence de Dieu est

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