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noble et moins important que l'objet du droit de l'individu, de la famille, de l'association; b) Si les objets des droits du pouvoir civil et de l'individu qui entrent en collision, sont de même nature, le droit de l'Etat représenté par le pouvoir civil l'emporte; c) Dans ce dernier cas l'on devra réduire la prédominance du droit de l'Etat, à ce qui est absolument nécessaire pour l'existence de l'Etat, ou pour la perfection sociale ; d) Dans le cas de progrès social, le droit de l'Etat l'emportera alors seulement que le bien auquel est relatif ce droit, ne pourra pas être obtenu par l'initiative et l'action particulière; e) Dans le cas où le droit de l'Etat devra l'emporter, il faudra avoir soin de ne le faire prévaloir qu'avec le moindre dommage possible pour l'individu, et moyennant compensation pour ceux qui pourront être lésés dans leurs intérêts.

Nous avons emprunté au remarquable traité de D. Raphaël Rodriguez de Cepeda (1), la formule de ces lois qui nous paraissent excellemment résumer la doctrine sociale naturelle et chrétienne sur ce point difficile. Nous pouvons maintenant aborder avec plus de confiance les divers problèmes que nous avons sommairement indiqués.

(1) Elementos de derecho natural, por D. Rafael Rodriguez de Cepeda, catedratico en la Universidad de Valencia. Parte segunda. Leccion 51a, pp. 215-217.

CHAPITRE LXXXVIII

LE POUVOIR CIVIL ET LES DIVERS MODES D'ORGANISATION DU TRAVAIL

1362. Préambule. - Produire, au sens économique du mot, c'est mettre au jour une utilité. Une chose est utile lorsqu'elle répond à un désir, à un besoin de l'homme Ea quæ sunt ad finem accommoda, utilia dicuntur, dit saint Thomas (1a 2 q. XVI. a. 3) L'utilité c'est la faculté qu'ont les choses de pouvoir servir à l'homme. Les économistes l'appellent aussi valeur en usage. La valeur d'un service ou d'un produit peut en effet être considérée à deux points de vue différents : un produit vaut, ou bien comme moyen de satisfaire nos besoins, comme utilité ; c'est la valeur en usage; ou bien comme moyen d'obtenir un autre produit en échange; c'est la valeur en échange dont nous parlerons plus tard. Entre la valeur en usage, l'utilité et la valeur en échange existent des rapports étroits; mais ces deux sortes de valeurs suivent des lois très différentes. Toute chose douée de valeur a nécessairement de l'utilité; sans cela elle ne serait pas échangeable. Mais toute chose utile n'a pas nécessairement de la valeur; telles sont les richesses naturelles fournies

gratuitement par Dieu en quantité illimitée, comme l'air, la lumière, etc. Bien qu'elles aient pour nous une immense utilité, leur valeur en échange est nulle, parce qu'elles sont communes.

Par son travail, c'est-à-dire par l'exercice de son activité, travail d'invention, de direction, d'exécution, travail intellectuel et physique, l'homme

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saisit les matières premières qui lui sont offertes ; il les modifie, les transforme, les approprie à ses différents besoins, bref, les rend utiles. —Le travail, on le voit, est le grand agent de production; il peut, il doit même souvent se servir d'instruments, mais l'effet doit être avant tout rapporté à cette cause première qui est l'activité humaine.

Le premier problème, dans l'ordre économique, qu'il importe à l'ensemble des familles, des groupes réunis par le lien social, de résoudre, c'est de produire la plus grande somme possible de biens utiles à la société et aux membres qui la composent. Il est clair que les divers modes de distribution et d'organisation du travail auront sur ce résultat une influence marquée, et que le pouvoir civil, qui a la garde du bien social, ne pourra se désintéresser complètement de cette question.

1363. La division du travail. La production est singulièrement facilitée par la division du travail. La division du travail, qui est l'expression même du fait social dans l'ordre économique, a sa raison d'être dans la diversité des effets que l'homme est destiné à créer, et dans la multiplicité des produits nécessaires à ses besoins. Elle est soumise à certaines conditions qui dépendent à la fois de l'organisme humain, des forces naturelles dont l'homme dispose, du milieu

dans lequel le travail s'exerce et du but qu'il doit atteindre. Elle s'appuie enfin sur la diversité même des aptitudes humaines.

Ses avantages, lorsqu'elle ne dépasse pas certaines limites, sont incontestables: a) La diversité des tâches qu'elle permet de créer, fait que l'on peut appliquer chaque travailleur à la tâche pour laquelle il est le plus propre. b). La répétition assidue du même exercice crée chez les hommes une merveilleuse dextérité; l'on fait mieux, plus rapidement ce que l'on est habitué à faire. c) Une grande économie de temps résulte de la continuité du même travail. d) Il faut aussi faire entrer en ligne de compte l'économie des outils, qui est portée au maximum quand chaque travailleur n'emploie qu'un instrument et l'emploie constamment, et la moindre durée de l'apprentissage, apprentissage d'autant plus long que le métier est plus compliqué.

Mais, en regard de ces avantages, il faut placer les graves inconvénients qui résultent d'une division excessive du travail.

On lui a reproché à juste titre : a) De faire de l'homme une manivelle, une cheville, une roue, et d'empêcher ainsi tout attrait du travailleur pour un ouvrage dont il ne comprend et n'exécute qu'une part infinitesimale. b) D'altérer la santé et d'affaiblir l'intelligence de l'ouvrier, enchaîné pour toute la vie à une occupation stupide, et réduit à un rôle purement machinal. c) De mettre absolument à la merci du patron l'ouvrier, qui est incapable de rien faire en dehors de l'opération déterminée et tout à fait spéciale dont il a pris l'habitude, et qui, par suite, se trouve à la merci d'un chômage ou d'un renvoi.

Dans une bonne organisation sociale, ces inconvé

nients ou disparaîtraient ou seraient réduits au minimum.

Le premier remède consiste dans l'éducation et dans l'instruction professionnelle du travailleur. « Aucun enfant, dit très bien le P. Liberatore, ne devrait être appliqué à un travail mécanique constant, avant un développement suffisant, non seulement de sa force corporelle, mais aussi de ses forces intellectuelles, particulièrement en ce qui touche la religion et la morale (1). » En outre, si l'instruction du travailleur dépasse les subdivisions spéciales d'un travail déterminé, si, avec la connaissance de la profession spéciale à laquelle il doit se vouer, il reçoit encore les notions générales de quelques professions collatérales, son esprit sera plus alerte, moins opprimé, en quelque sorte, par la monotonie du travail restreint qu'il accomplit, et en cas de modification des procédés industriels, de chômage, il ne sera pas pris au dépourvu et incapable de faire autre chose.

La limitation de la journée de travail non seulement pour les femmes et pour les enfants, mais encore pour les adultes — limitation qui laisse à l'ouvrier le moyen d'occuper d'une façon plus normale son corps et son esprit, doit être considérée comme un correctif indispensable de la division du travail dans l'industrie moderne, et nous verrons plus loin quel est, à cet égard, le devoir du pouvoir public.

Enfin, suivant l'opinion du P. Liberatore, « l'ouvrier ne devrait pas être perpétuellement astreint au même travail fragmentaire dans la confection d'un

(1) Principii di Economia politica. Trattato del P. Matteo Liberatore. Roma, 1889, pp. 81-83.

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