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sieurs de ses admirables encycliques. Nous croyons donc répondre aux intentions du Saint-Pèré et aux besoins du moment présent en complétant notre traité de philosophie scolastique par ces quelques chapitres dont nous ne saurions trop remercier l'auteur.

8 septembre 1889.

E. B.

Depuis que les lignes précédentes ont été écrites, la publication de l'Encyclique sur la Condition des ouvriers et les événements sociaux qui se sont accomplis les ont justifiées, s'il en était besoin. Si donc quelques critiques ont pu nous blâmer d'avoir ajouté cet appendice à la première édition du Traité de philosophie scolastique, ils conviendront peut-être aujourd'hui que ce complément n'était pas inopportun. Il pourra même leur paraître nécessaire. Car il n'est plus permis désormais aux nouveaux scolastiques de se désintéresser des questions sociales et économiques : elles sont trop bien liées aux questions morales et, par elles, à toute la métaphysique; et il serait dangereux d'abandonner ce champ d'études aux entreprises des économistes qui sont hostiles à l'Eglise ou qui s'inspirent imparfaitement de l'esprit de l'Evangile.

Sans doute, parmi les économistes franchement catholiques, plusieurs ne partageront pas toutes les opinions émises dans cet appendice, et nous ne disconvenons pas qu'il en est de plus ou moins contestables : toutes cependant méritent la plus sérieuse attention. Et puis, en économie politique, comme en toute science, il faut faire la part de l'opinion et du doute, en respectant la liberté d'autrui : In dubiis libertas. Telle réforme particulière peut paraitre illusoire, telle application de principes d'ailleurs indubitables peut être inopportune et créer même des dangers; mais ces imperfections de détail ne vicient pas l'économie politique chrétienne. Elle seule pourra, avec les vertus dont elle s'inspire et ne se sépare jamais, procurer la paix sociale, alors que la science économique, fût-elle consommée et impeccable dans son domaine ce qui n'est point sera incapable de réconcilier les classes et de nous assurer la paix.

AVANT-PROPOS

Cet opuscule traite sommairement des problèmes les plus graves de l'économie politique. Les chrétiens de nos jours, plus particulièrement les jeunes élèves de nos séminaires, les prêtres, ne peuvent se désintėresser de ces questions délicates, complexes, mais qui se rattachent par un lien intime à la philosophie sociale, et dont la solution importe souverainement au bonheur des peuples. L'expérience est en train de donner un terrible démenti aux théories des docteurs de l'économie politique moderne. Il est prouvé de plus en plus par les faits qu'ici, comme en tout ordre de choses, il est impossible d'édifier quoi que ce soit de solide en dehors de la pierre angulaire qui est JésusChrist l'histoire justifie l'Evangile et la doctrine de l'Eglise.

Nous avons essayẻ, dans ce petit traité, d'établir et de mettre en lumière les principes de justice, d'ordre social chrétien, qui doivent présider à une sage organisation économique. Nous ne prétendons pas rallier tout le monde à nos opinions; nous savons qu'en cette matière, comme en une foule d'autres, le champ livré à la controverse est singulièrement vaste. Toute notre ambition est de montrer que les lois de l'ordre moral doivent s'appliquer aux conditions matérielles des peuples modernes. On peut les violer, on ne peut

pas les supprimer, et le désordre, conséquence logique de la faute individuelle et sociale, est la vengeance de la loi violée. Dieu veuille que le sort de la société présente ne soit pas une nouvelle et terrible preuve de cette vérité !

G. de PASCAL.

Château de Middes (Suisse),

en la fête de la Nativité de la sainte Vierge, le 8 septembre 1889.

Ce modeste traité, attaché à la fortune de l'ouvrage de M. l'abbé Elie Blanc, arrive avec lui à la deuxième édition. Depuis qu'il a paru, la voix infaillible du Pape a donné au monde, sur la question sociale, l'enseignement le plus lumineux. Nous sommes heureux de constater que l'Encyclique Rerum Novarum apporte aux doctrines de réforme sociale chrétienne que nous avons soutenues une confirmation éclatante. Il y a là pour nous une joie qui nous fait oublier certaines critiques. Nous avons pris soin, dans cette nouvelle édition, de faire profit des leçons de Pierre, nous attachant à garder ce que saint Paul appelle formam sanorum verborum et à fuir vocum profanas novitates.

G. P.

Lyon, en la fête de l'Immaculée Conception,

le 8 décembre 1893.

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ce que les hommes doivent faire en vue de leur fin suprême; le droit, quelles lois doivent les gouverner dans leurs rapports mutuels; la politique, quelle forme de pouvoir et d'institutions les peuples doivent mettre en vigueur. Mais les hommes ne sont pas de purs esprits à raison des réalités extérieures, des biens matériels qui sont le support et l'aliment de leur vie, ils entrent nécessairement et perpétuellement en rapport les uns avec les autres. Organiser ce monde de l'utile conformément à la justice et en vue du bien commun, tel est l'objet de l'économie politique. L'économie politique est une fraction de la science sociale, qui relève elle-même de la science morale. Celle-ci, en effet, gouverne et commande l'activité humaine tout entière, comme la fin suprême et totale

gouverne et commande toutes les fins partielles et secondaires. Il y a un ordre économique, comme il y a un ordre moral et un ordre social. L'ordre moral naît du juste rapport de l'homme à sa fin; l'ordre social, de la coordination régulière des hommes entre eux, en vue du bien social; l'ordre économique, enfin, de l'équitable coordination des hommes entre eux, dans l'usage et l'emploi des biens qui constituent la richesse, en vue de la prospérité matérielle de la société.

Ce qui fait l'objet de ces diverses sciences, c'est l'activité humaine, c'est l'homme. La morale l'embrasse tout entier, aucune de ses libres manifestations ne lui échappe; elle les saisit toutes pour les diriger vers la fin suprême; la science sociale s'adresse à l'homme vivant en société, elle comprend donc la science économique, qui prétend régler l'activité humaine dans ses rapports avec le monde matériel. Ainsi s'établit la nécessaire subordination de la science et de l'ordre économique à la science et à l'ordre moral.

1354. La Question sociale. L'ordre économique est profondément troublé de nos jours. Il appartient à la science de rechercher le principe premier, la cause profonde de ce trouble général. Tout le monde parle de question sociale, de réforme sociale. Qu'entend-on par là? Il y a une question politique lorsque la forme du gouvernement et des institutions publiques est mise en conteste; il y a une question sociale lorsque l'organisation sociale elle-même est mise en discussion. La question sociale actuelle naît d'une fausse organisation sociale; l'anarchie sociale marche de pair avec l'anarchie économique.

L'on a dit que la question sociale est la question

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