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solations chrétiennes, c'est qu'elle est, avec l'amour d'un Dieu fait homme pour nous, la promesse et l'avantgoût de la possession du souverain bien. Enfin, quant au remords, opposé à la joie d'une bonne conscience, et que l'on a regardé comme la peine suffisante de la transgression de la loi naturelle, qui ne voit qu'il diminue d'ordinaire en raison même de la malice qu'il devrait punir? Concluons donc que toutes ces sanctions partielles ne peuvent être la sanction suffisante et définitive de la loi naturelle. Il faut chercher cette sanction par delà cette vie, dans un monde ultérieur, où le mal physique sera lié au mal moral et où le bonheur se réconciliera avec la vertu.

Ainsi le demandent la sagesse, la justice et la sainteté de Dieu. La loi naturelle est sa volonté même; l'observation de cette loi est un mérite et sa transgression un démérite; Dieu ne peut traiter d'une manière indifférente ceux qui s'efforcent de lui ressembler et ceux qui défigurent en eux sa propre image. Et puis il est de sa providence d'attirer les volontés au bien par des moyens efficaces, tels que l'attrait de la récompense et la crainte du châtiment. Sans doute ces motifs intéressés ne doivent pas être les motifs supérieurs de la moralité; mais ils les préparent, et ils aident la bonne volonté à vaincre dans une nature faible ou vicieuse. Enfin on ne voit pas ce que signifieraient la responsabilité de la créature raisonnable et la justice de Dieu, si l'homme ne recueillait pas tôt ou tard les fruits de ses œuvres et si le coupable ne subissait pas les conséquences de sa propre malice.

Maintenant en quoi consiste la sanction principale de la loi naturelle? On peut le dire, si l'on considère la nature de cette loi. Elle dirige l'homme vers sa fin

dernière; d'où il suit que la conséquence extrême et naturelle de son observation est l'obtention même de la fin, tandis que la conséquence de la transgression grave et essentielle est la privation de cette fin. Entre une observation parfaite et la transgression la plus grave, on conçoit qu'il y ait des degrés, et que la fin naturelle puisse être obtenue plus ou moins parfaitement et plus ou moins promptement. Mais on ne serait pas fondé cependant à penser que de l'observation suffisante à la transgression essentielle il n'y a que des degrés. Qu'on se souvienne de la différence du péché mortel et du péché véniel dont nous avons parlė. La conclusion de la vie ne doit pas être moins tranchée : en somme, la créature raisonnable, malgré des transgressions accidentelles, accepte la loi naturelle et obtient sa fin et, avec elle, le bonheur, ou bien elle refuse la loi et échappe à la main miséricordieuse de Dieu pour tomber définitivement sous les coups de la justice.

1226. Objection. On nous oppose ici que si la peine suprême consistait dans la perte de la fin dernière, cette peine serait éternelle de sa nature, mais qu'il répugne qu'il en soit ainsi.

Rép. Il est vrai que la perte de la fin dernière implique une peine sans fin, car si la peine était temporelle, la perte ne porterait que sur quelque moyen. Et il est à remarquer que les conclusions de la philosophie concordent ici avec les dogmes de la religion. On ne saurait accuser cependant la bonté de Dieu, si cette peine résulte de la nature des choses plutôt que d'un arrêt positif et libre de Dieu. On ne conçoit pas qu'une créature libre obtienne sa fin dernière, si elle y renonce en principe, ni qu'elle échappe à la peine

qui découle essentiellement de son obstination. Dira-t on que le malheur, comme tel, dessillera les yeux du méchant et lui montrera enfin que son vrai bonheur est du côté de la vertu? Mais l'homme ne peut être amélioré formellement et rendu juste par une vue égoïste. Il ne se tournera vraiment vers Dieu, qui est sa fin, que par un renouvellement du cœur et en aimant désormais le bien honnête ou le devoir par-dessus tout. Mais si la fin de sa vie temporelle, qui est aussi la fin de son épreuve, le trouve dans le mal et l'y laisse fixé, on ne voit pas comment il pourait jamais retrouver le bien. (Cf. psychologie, no 968.)

1227. Les lois positives s'ajoutent à la loi naturelle. A la loi naturelle doivent s'ajouter des lois positives, divines et humaines, qui la déter. minent et l'expliquent. Nous avons vu, en effet, que la loi naturelle s'étend de quelque manière à tous les actes humains et n'exige rien moins que la pratique de toutes les vertus. Mais cette loi peut s'obscurcir sur certains points, et paraître incertaine dans mille circonstances; de plus ses préceptes sont très généraux de leur nature et manquent de détermination. Cette insuffisance de la loi naturelle se fait surtout sentir dans la société, qui ne peut vivre, s'administrer et prospérer qu'au moyen de prescriptions nombreuses et fort précises. De là la nécessité des lois positives, divines et humaines.

Les lois divines sont portées directement par l'autorité même de Dieu et contenues dans la révélation. Elles sont divines par la forme seulement, lorsqu'elles ne portent que sur des actes déjà prescrits par la loi naturelle, tels par exemple que celui-ci : Tes père et mère tu honoreras. Elles sont divines par le fond

comme par la forme quand elles ajoutent à la loi naturelle des préceptes positifs en vue de la fin surnaturelle. Les lois divines sont contenues dans l'Ancien et le Nouveau Testament: d'où la loi ancienne et la loi nouvelle. Elles sont absolument nécessaires à l'homme dans l'hypothèse de son élévation à la loi surnaturelle; et elles lui sont moralement nécessaires, dans l'ordre naturel, de même que la révélation.

Maintenant, si l'on réfléchit à la manière dont les lois positives, et en particulier les lois humaines, s'ajoutent à la loi naturelle pour la compléter, on s'apercevra bien vite que tantôt ces lois positives sont de simples conclusions de la loi naturelle, par exemple celles qui obligent à respecter l'autorité paternelle, le bien et l'honneur d'autrui; tantôt elles sont des déterminations de la loi naturelle, par exemple la loi qui détermine la forme politique, les rapports des classes des citoyens, les droits civils et politiques, etc. Il est facile de voir que la loi naturelle, malgré son étendue et à cause même de son étendue, laisse une foule de points et des plus graves dans une véritable indétermination, surtout en matière de droit social. Quelquefois les déterminations les plus opposées pourront être justes comme reposant également sur quelque fondement naturel. C'est ainsi que le régime de la liberté et celui de la propriété pourront différer étonnamment et sans aucune injustice, en différents temps et en différents lieux. En Angleterre, la plus grande partie du sol est au pouvoir d'un petit nombre de familles. Cependant on n'est pas fondé à soutenir que cet état de choses est essentiellement immoral. Mais, par contre, qui oserait condamner absolument le régime tout opposé, qui prévalut chez les Hébreux, où chaque famille

reçut un patrimoine qu'elle ne pouvait aliéner que pour cinquante ans, et qui oserait interdire au peuple anglais l'espoir de changer peu à peu et radicalement, par des lois raisonnables, l'état de choses actuel ?

Il faut reconnaître que les sociétés ont pu et pourraient encore changer de face, uniquement par le fait de nouvelles législations et sans que la loi naturelle fût violée. C'est dire de quelle importance et de quelle efficacité sont les lois positives qui s'ajoutent à la loi de nature. Souvent on regarde comme injuste intrinsèquement ce qui n'est qu'une détermination moins bonne peut-être de la loi naturelle. Un partisan du régime démocratique condamnera absolument le régime monarchique, et un partisan de celui-ci ne sera pas moins sévère pour le régime qu'il déteste. Mais la loi naturelle comporte en elle-même tous les régimes. L'injustice commence avec l'abus de l'un ou de l'autre régime et non par son institution. Celle-ci peut être imprudente, étant donnés tel peuple et telles circonstances; mais en soi elle n'est pas injuste. Et c'est pourquoi, disons-le en passant, les hommes de bien devraient montrer plus d'hostilité contre les abus du régime de leur choix que contre les régimes qu'ils détestent d'une manière plus ou moins judicieuse.

1228. Limites et caractères des lois positives. Maintenant quels sont les objets que peuvent atteindre les lois positives et quels sont les principaux caractères de ces lois? Il est évident que tout acte nécessaire ou vraiment utile au bien public peut tomber de sa nature sous ces lois. Celles-ci ne peuvent perdre leur caractère d'universalité; elle n'atteignent les différents actes qu'elles prescrivent que par rap. port à la société et pour le bien de celle-ci: dès lors

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