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servation est inalienable et propre à Dieu, comme le pouvoir de création. Mais rien n'empêche qu'une créature se conserve elle-même indirectement ou conserve les autres créatures. Il est évident que ces conservations secondaires supposent toujours l'acte conservateur de Dieu comme leur fondement.

1125. La conservation est-elle une création continuée ? — On voit encore en quel sens on peut dire avec Descartes que la conservation des choses est une création continuée. Certes la conservation n'est pas la création : celle-ci donne l'existence initiale, tandis que la conservation la prolonge; la création nous tire du néant, tandis que la conservation nous maintient dans l'existence; la création ne suppose rien et donne tout, tandis que la conservation suppose tout et ne retranche rien; mais par l'une et l'autre nous vivons, nous jouissons de l'existence, la conservation continue le bienfait de la création. Cette expression de création continuée ne doit pas être entendue d'une répétition incessante d'actes créateurs, mais d'un seul et même acte, postérieur à l'acte créateur et dont l'objet est la permanence de la créature dans l'existence.

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1126. Objection. Après toutes ces considérations, on résoudra facilement l'objection suivante et autres semblables. La causalité de Dieu ne le cède pas à celle de l'homme. Or c'est le triomphe de la puissance humaine de produire des effets durables qui se suffisent à eux-mêmes et défient les siècles: ainsi les monuments de toutes sortes qui attestent la grandeur des civilisations disparues.

Rép. — Les œuvres de Dieu sont plus durables encore, car il n'anéantit rien; tous les monuments bâtis

de main d'homme sont éphémères et mesquins, malgré leur caractère grandiose, devant l'œuvre de la création; ils sont comme s'ils n'étaient pas. D'autre part, la dépendance étroite et continuelle de la créature vis-à-vis du créateur n'atteste pas une impuissance dans celui-ci, mais seulement l'indigence de celle-là. Au contraire, l'indépendance des œuvres de l'homme vis-à-vis de leur auteur atteste la faiblesse de celui-ci, mieux encore que leur durée n'atteste sa grandeur. 1127. Le concours ou l'influx divin.

Il ne suffit pas de reconnaître que Dieu a créé et conserve toutes choses: il faut affirmer encore qu'il prête à toutes les actions de la créature un concours immédiat et nécessaire.

Avant de signaler les controverses interminables qu'a fait naître cette question du concours divin, de même que celle de la préscience et de la providence, il convient d'établir d'abord les vérités incontestables et incontestées.

Nous entendons par le concours ou par l'influx divin (1) l'acte de la divine volonté en vertu duquel la créature peut agir. Si l'action de la créature est de l'ordre surnaturel, le secours de Dieu s'appelle la grâce.

On conçoit que Dieu puisse concourir avec la créature, ou plutôt influer sur son action de plusieurs manières: 1o en tant qu'il a donné la puissance d'agir; 2o en tant qu'il la conserve; 3° en tant qu'il l'applique

(1) Le mot de concours est bien imparfait; car il peut faire supposer que Dieu et la créature ont chacun une part distincte, tandis que l'action de la créature provient tout entière de Dieu et tout entière de la créature, mais à titre différent. Le mot d'influx est donc plus exact.

à l'opération; 4° en tant que toute puissance agit par la sienne. D'une manière plus générale, le concours divin est médiat (1° et 2o), ou immédiat (3o et 4°), selon qu'il affecte indirectement ou directement l'action de la créature. Sans pousser plus loin cette division, nous pouvons déjà justifier notre thèse.

1° Elle suit nécessairement de la conservation directe et positive dont tout effet et toute cause seconde sont l'objet de la part de Dieu. Et d'abord, si les effets ne subsistent qu'en vertu de l'acte conservateur de Dieu, il est évident qu'ils ne peuvent se produire qu'en vertu de l'acte de concours; si l'effet ne peut subsister sans Dieu, à plus forte raison ne peut-il être donné sans lui.

Au point de vue de la cause seconde, qui agit et produit l'effet, le concours divin n'est pas moins nécessaire. Puisque cette cause seconde ne peut subsister sans être conservée de Dieu, comment agiraitelle sans le concours divin? Il semble que la créature a encore plus besoin de Dieu pour agir que pour exister; car ses actions marquent précisément les points principaux de son existence.

2o Raisonnons d'une manière plus générale. L'être créé, quel qu'il soit, dépend immédiatement de Dieu et dans toute la mesure où il mérite le nom d'être ; car Dieu est le premier être, il est la cause universelle. Or tous les effets produits par la créature et toutes les actions qu'elle exerce sont des êtres, substantiels ou accidentels, peu importe. Donc tous ces effets, toutes ces actions relèvent essentiellement et immédiatement de Dieu et de sa causalité, c'est-à-dire de son

concours.

3o Ajoutons que, si le concours divin n'était pas

immédiat, les effets dépendraient des causes secondes beaucoup plus que de Dieu; car ce serait en vertu de l'action immédiate de la créature seule que ces effets seraient produits. De plus, si la créature se suffisait avec ses facultés pour agir, elle se perfectionnerait d'elle-même et par elle seule; le progrès, la perfection serait donc l'œuvre propre de la créature. Mais Dieu est l'auteur principal de tout bien. Enfin, si le concours de Dieu n'était pas immédiat, les effets produits par la créature sans le concours immédiat de Dieu subsisteraient également sans ce concours; ils ne seraient donc pas annihilables par la seule suspension de ce concours conservateur. Cependant tous les philosophes avouent généralement que, si Dieu cessait de conserver les choses, elles seraient par là même anéanties.

Jus

1128. Opinions sur le concours. qu'ici tous les philosophes scolastiques s'accordent; mais ils se divisent quand il s'agit d'expliquer la nature de ce concours immédiat ou influx. Plusieurs (ce sont les thomistes) distinguent deux concours : l'un antécédent et l'autre simultané. Au premier on rapporte la prémotion et la prédétermination physique. Faut-il admettre ces deux concours? Plusieurs n'admettent que le concours simultané, parce que le concours antécédent, tel du moins qu'il est défini par les thomistes, leur paraît inconciliable avec la liberté humaine. Selon leur opinion, l'application de la puissance créée à l'opération par la vertu divine dont il a été question plus haut, rentrerait dans le concours simultané; car cette application ne se fait pas sans que la puissance créée s'applique elle-même et se détermine à l'opération.

Les thomistes, au contraire, regardent cette application de la puissance créée à l'opération par la vertu divine comme quelque chose d'antécédent et la désignent sous le nom de concours antécédent, de prémotion et de prédétermination physique. Plus d'un thomiste cherche à se rapprocher de ses adversaires, en disant que le concours divin est à la fois antécédent et simultané, c'est-à-dire antérieur à l'action de la créature libre et coexistant, et que le concours simultané n'est que la continuation de l'autre. En désignant le concours sous le nom d'influx, le rapprochement des deux opinions adverses serait moins difficile. Quoi qu'il en soit, les voici l'une et l'autre avec les raisons principales sur lesquelles elles s'appuient.

1129. Opinion qui rejette le concours antécédent et la prédétermination physique. - D'après la première opinion, disions-nous, le concours de Dieu ne serait pas antécédent, mais seulement simultané. Cette opinion s'appuie sur ce que le concours de Dieu est immédiat, c'est-à-dire qu'il coïncide avec l'action. La motion de Dieu n'est donc pas une prémotion, une prédétermination; elle n'a aucune priorité réelle sur la détermination de la créature : c'est un concours ou, si l'on veut, un influx simultané.

En d'autres termes, on ne conçoit pas un concours qui soit à la fois immédiat et antécédent; car, s'il était antécédent, il aurait pour terme quelque chose de distinct de l'action de la créature ; mais alors l'action ; de la créature ne procéderait pas immédiatement de Dieu. Il n'y a qu'un concours simultané qui puisse expliquer la dépendance immédiate et totale de la créature par rapport au Créateur.

1130. Réponse des thomistes. On répond

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