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si peu inconnaissable que plusieurs de nos adversaires, et des plus autorisés, dans leur camp, reconnaissent aujourd'hui que l'existence de l'Inconnaissable tout au moins n'est pas douteuse : ainsi M. Spencer. S'ils maintiennent obstinément qu'on ne peut rien savoir de Dieu, du moins accordent-ils qu'on ne peut douter de son existence. Mais n'est-ce pas là un aveu fort peu dissimulé de la possibilité de démontrer tout au moins l'existence de Dieu ?

1007. Division des arguments. L'existence de Dieu se démontre par une multitude d'arguments de divers caractères : métaphysiques, physiques et moraux. Cette division des arguments est devenue comme traditionnelle et nous paraît suffisamment fondée. En effet, ou bien les principes de démonstration auxquels on a recours sont des principes métaphysiques, c'est-à-dire très abstraits, des vérités supérieures et indépendantes de toute considération sensible et particulière; ou bien, au contraire, les vérités sur lesquelles on s'appuie sont de l'ordre sensible par exemple quand on part de la considération de l'ordre et de l'harmonie qui règnent dans l'univers; ou bien enfin les principes de la démonstration sont de l'ordre moral. Mais on conçoit que ces trois ordres d'arguments soient facilement mêlés les uns aux autres; car tout principe qualifié de physique, comme aussi tout principe de l'ordre moral, n'a de vertu, en définitive, que par les fondements qu'il trouve ou qu'il implique dans l'ordre métaphysique. Sous le bénéfice de ces observations, nous ferons valoir successivement les principales preuves de l'existence de Dieu.

1008. Il y a un premier moteur absolu. La première preuve est tirée de la nécessité d'un pre

mier moteur. Tout ce qui existe en ce monde obéit å quelque mouvement; mais tout ce qui est mû, l'est par un autre principe que lui-même. Car la même chose ne peut mouvoir et être mue sous le même rapport et de la même manière.

D'ailleurs, il faut nous élever ici au-dessus du mouvement et du repos physiques, qui frappent nos sens, et nous arrêter aux concepts supérieurs d'acte et de puissance: ils répondent, dans l'ordre métaphysique, à ceux de mouvement et de repos dans l'ordre physique. Tout être qui est mis en acte, c'est-à-dire qui passe de la puissance à l'acte, y est déterminé par un principe distinct; car la même chose ne peut se déterminer elle-même, se mettre en acte elle-même en tant qu'elle est en puissance. Si elle se meut, c'est qu'elle a en elle-même deux principes, l'un actif et l'autre passif, dont le premier imprime le mouvement au second par exemple l'animal se meut; parce qu'il a un principe de vie, une âme, qui meut les membres; ceux-ci, considérés comme tels, comme simples organes, sont passifs, ils ont besoin d'un moteur, l'âme. Mais l'âme à son tour ne peut passer de la puissance à l'acte sans y être déterminée par exemple elle ne sent pas sans être excitée par un objet; elle n'existe pas sans avoir été déterminée à l'existence. Nous sommes obligés de remonter ainsi à un premier moteur absolu, à un principe d'action qui n'a reçu aucune action lui-même, à un premier acte auquel est due la réalisation de tous les mouvements et de toutes les existences.

Car on ne peut remonter sans fin la série des mobiles et des actes; tous les êtres qui ont reçu le mouvement, qui ont passé de la puissance à l'acte. de

la possibilité à l'existence, fussent-ils infinis en nombre (ce que nous n'accordons point) supposent un premier principe absolu, d'où ils relèvent tous en bloc et chacun en particulier aussi bien qu'ils relèvent un à un les uns des autres. Or ce premier principe, ce premier moteur, qui a tout mis en mouvement et déterminé de près ou de loin toutes les existences, nous l'appelons Dieu.

1009. Il y a une première cause efficiente.

La deuxième preuve est tirée de la considération des causes efficientes qui agissent en ce monde. Nous remarquons, en effet, un enchaînement qui fait dépendre les êtres les uns des autres par voie de génération ou d'une autre manière : tel animal a été produit par un autre animal; telle plante, par une autre plante; tout ce qui existe est cause ou effet. Mais les causes particulières sont elles-mêmes des effets par rapport à des causes supérieures, et ainsi de suite indéfiniment; car nul être ne peut être à lui-même sa propre cause, aucun être ne peut se produire luimême. Il faut donc arriver de toute nécessité à une première cause efficiente qui ait produit des effets et n'ait pas été produite elle-même.

Et qu'on ne nous objecte pas ici que la série des causes et des effets peut être infinie; car, sans compter que cette infinité répugne, au même titre que le nombre infini, même une infinité d'êtres causés supposerait une première cause qui n'aurait pas été produite elle-même; une infinité d'êtres causés est aussi impuissante à se produire elle-même que le dernier des effets; que l'on prolonge la chaîne autant qu'on le voudra, fût-elle infinie, s'il n'y a pas un premier chaînon absolu pour la retenir, elle tombera dans

le vide, et d'autant plus lourdement qu'elle est plus longue.

Il y a donc une première cause efficiente. Nous disons première, non pas qu'elle soit de même ordre que la deuxième, la troisième, etc., mais qui est première par rapport à toutes les autres réunies comme en une seule, si bien qu'alors même que les autres seraient infinies en multitude et n'admettraient pas de première entre elles, la cause supérieure d'où elles dépendent toutes n'en resterait pas moins absolument première. Or cette première cause efficiente dont la nécessité est évidente dans toute hypothèse, c'est Dieu.

1010. Il y a un être nécessaire par luimême. La troisième preuve est tirée de la considération des êtres nécessaires et des êtres contingents. Une multitude d'êtres sont contingents; ils existent, mais ils pourraient ne pas exister, comme le prouve surabondamment leur mort ouleur disparition. Mais si beaucoup d'êtres sont contingents, tous ne peuvent pas l'être sans exception; car le contingent suppose le nécessaire. (V. Métaphysique, no 461 etc.) Il ne peut tenir l'existence de lui-même, car il est par nature indéterminé à exister; il a dû passer de la possibilité à l'existence et, sous ce rapport, on peut dire qu'il n'a pas toujours été. Donc les êtres contingents n'étaient pas. Mais comme le dit Bossuet avec saint Thomas: qu'à un moment rien ne soit et éternellement rien ne sera (1). Puisque quelque chose

(1) « Quod possibile est non esse, quandoque non est. Si igitur omnia sunt possibilia non esse, aliquando nihil fuit in rebus. Sed si hoc est verum, etiam nunc nihil esset » (1a q. 2. a. 3. - Tertia via).

existe, il y a donc quelque être nécessaire. Mais cet être nécessaire tient cette nécessité de lui-même ou d'ailleurs. S'il la tient d'un autre, d'où cet autre la tiendrait-il? Nous ne pouvons ainsi procéder sans fin, pas plus que tout à l'heure pour les causes efficientes: même une infinité de nécessités relatives supposerait un nécessaire absolu, qui existe par lui-même, par sa propre nature. Or cet être nécessaire est Dieu.

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1011. Existence de l'absolu, du parfait. Une quatrième preuve est tirée de la considération de la variété et de la diversité admirable des êtres. Ils sont, en effet, plus ou moins vrais, plus ou moins beaux, plus ou moins parfaits, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas tous l'être au mème degré. L'être, la perfection et la lumière se répandent inégalement sur les choses et sur les parties des mêmes choses. Or tous ces degrés d'être, de perfection et de lumière nous font songer à une lumière sans ombre, à une perfection sans tache, à un être sans restriction d'où ils procèdent; ils se rapportent à l'idéal et à la cause première de tous les biens, de toutes les perfections, de toutes les clartés que nous admirons et qui nous attestent par leur exis tence celle de leur premier principe.

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1012. Existence d'une intelligence ordonnatrice de l'univers. Signalons maintenant une preuve très importante, qui tranche nettement sur les précédentes : c'est la preuve tirée des causes finales. Il y a dans cet univers un ordre admirable, qui en relie toutes les parties et fait concourir aux mêmes fins les êtres les plus divers. Nous voyons toutes les créatures se subordonner les unes aux autres et procurer le bien général en cherchant leur fin particulière. Le végétal se développe et fructifie:

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