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cipes; la science de Dieu est à la fois son intelligence, sa sagesse, son conseil, elle comprend toutes les perfections intellectuelles de Dieu et elle est Dieu même. Inutile d'insister. Essayons plutôt de tirer les nombreuses et importantes conséquences que renferme la thèse établie.

1083. Dieu se connaît parfaitement luimême et par lui-même. - Et d'abord Dieu se connaît lui-même. S'il nous est permis de le connaître et de nous connaître nous-mêmes, malgré les obscurités et les lenteurs de notre intelligence, comment Dieu pourrait-il s'ignorer lui-même? Si c'est une perfection que de se connaître, si c'est le commencement et la fin de la sagesse, comment pourrions-nous la refuser à Dieu ?

Il est parfaitement présent à lui-même. D'autre part il est souverainement intelligible, puisqu'il est l'Etre même, et il est souverainement intelligent. Donc il se connaît.

Donc aussi il se connaît par lui-même. Car Dieu est tout en acte, c'est-à-dire que son intelligence n'est pas en puissance comme la nôtre, ayant besoin d'être déterminée à comprendre par l'action de l'objet sur elle. L'intelligence de Dieu n'est pas distincte de son idée, ni de son objet, c'est-à-dire de son principe d'action; elle est donc à elle-même sa propre idée et son propre objet; elle se connaît directement ellemême par elle-même.

Est-il nécessaire de remarquer qu'il se comprend parfaitement lui-même, c'est-à-dire qu'il se connaît autant qu'il est connaissable? Si l'homme se connaît si peu lui-même et ne se comprend d'aucune manière, c'est qu'il est imparfaitement intelligible en soi, e

imparfaitement intelligent. Mais l'être de Dieu est tout acte et son intelligence est toute clarté : comment donc Dieu serait-il un mystère à lui-même ?

1084. La science de Dieu n'est pas discursive. Par les mêmes raisons on voit que la science de Dieu n'est pas discursive. Dieu n'a pas une pensée, puis une autre ; il ne découvre pas une conclusion après avoir considéré un principe et par le moyen de ce principe, mais il voit d'un même coup d'œil la conclusion et le principe, chaque vérité en particulier et tous ses rapports. Il le faut bien; car si la science divine était faite de raisonnements elle serait imparfaite, elle serait susceptible comme la nôtre de progrès et de variation. Si nos pensées sont multiples, c'est que nulle d'entre elles n'est infinie et ne subsiste; si nos raisonnements se déroulent sans fin, c'est que nul ne fait le tour de la vérité. Mais la pensée de Dieu est grande comme le vrai; elle le comprend et l'épuise.

1085. La science de Dieu n'est pas l'effet des choses. Enfin la perfection de la science de Dieu demande encore qu'elle soit non pas l'effet mais la cause des choses. Car si elle était l'effet des choses, comme la nôtre est l'effet des objets qui agissent sur nos facultés, il s'ensuivrait que la science de Dieu serait déterminée par les choses, qu'elle ne serait pas à elle-même son acte et sa perfection. Mais il faut, au contraire, qu'elle se suffise pleinement et qu'elle soit la règle des choses, comme la pensée de l'artiste est la règle des œuvres dont l'artiste est l'auteur.

Par rapport à Dieu le monde entier est une œuvre d'art, pour ainsi dire il procède tout entier de son intelligence, et c'est pourquoi celle-ci est vrai

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ment la cause des choses. Toutefois il est bien évident que cette cause n'est pas seule; il faut joindre à l'intelligence (cause exemplaire des choses) la volonté (cause efficiente) qui a réalisé les desseins de la Providence.

De cette vérité découle cette conclusion importante. Ce n'est donc pas précisément parce que les choses existent que Dieu les connaît, mais c'est plutôt parce que Dieu les connaît que les choses existent. Mais nous nous expliquerons tout à l'heure sur la prescience de Dieu et sa conciliation avec la liberté humaine.

1086. Objet principal et objet secondaire de la science divine. Il est encore évident, après ce qui a été dit, que l'objet principal de la science de Dieu c'est l'essence divine elle-même, et que l'objet secondaire c'est tout ce qui est exprimé par cette divine essence, tout ce qui s'en distingue. Il faut, en effet, que l'objet principal de la science divine soit un objet proportionné à cette science infinie. Or l'essence divine seule réalise cette condition: elle est l'objet le plus parfait, le plus actuel, le plus intelligible en soi, le mieux présent et le mieux offert. C'est donc sur sa propre essence que tombe principalement le regard de Dieu; et c'est en elle qu'il connaît également toutes les choses distinctes de lui. Il ne saurait même les connaître différemment, sans se diminuer; car, ainsi que nous l'avons vu, la science divine ne peut dépendre des choses, elle est leur cause plutôt que leur effet, elle n'est pas déterminée par elles, elle est déterminée par elle-même.

1087. Dieu voit tout. Rien n'échappe cependant à la vue de Dieu. L'essence divine qu'elle comprend exprime tout et lui manifeste tout. Comment

Dieu pourrait-il ignorer quelque chose, lui qui est la cause première et intelligente de tout ce qui existe? Comment connaîtrait-il sa puissance, sa sagesse, sa providence, s'il ignorait les œuvres de ces divins attributs? Tous les effets actuels ou possibles préexistent en Dieu de quelque manière, comme dans leur première cause; donc Dieu les connaît en se comprenant lui-même.

1088. Dieu connaît toutes les choses particulières. Il connaît donc très distinctement toutes les choses particulières; sa connaissance n'est pas générale et confuse, elle est précise et individuelle. Il connaît chaque homme, chaque plante en particulier pas un grain de sable, pas un cheveu de notre tête n'échappe à sa connaissance, mais tout reste de quelque manière sous son regard et rentre dans les desseins de sa providence. Il le faut bien, puisque la science de Dieu est infinie et que la perfection de la science consiste à connaître les choses non seulement en général, mais en particulier, à voir tous les détails dans l'ensemble et dans leurs rapports avec lui.

Mais cette preuve indirecte n'est pas la seule. En voici une autre. Puisque Dieu connaît les choses par son essence, en tant que cette essence est leur principe et leur modèle, et que, d'autre part, les choses n'ont rien qu'elles ne tiennent de lui et qui n'imite de près ou de loin quelque perfection divine, il faut bien que le regard de Dieu pénètre les choses jusque dans leurs moindres détails et dans leurs moindres différences individuelles. Tout ce que l'homme, par exemple, a de réalité, tout ce qui le distingue des autres hommes, tout ce qui le caractérise à tel ou tel instant de sa vie

provient de Dieu, exprime ou rappelle quelqu'une de ses perfections et partant doit être connu de lui.

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1089. Comment Dieu connait le néant et le mal. — Il n'y a que le néant que Dieu ne connaisse pas, ou plutôt il le connaît encore par l'être, auquel il est opposé. A son tour, le mal ne lui échappe point: il le connaît par le bien dont il est la négation et la privation. Le mal, en effet, est une limitation injuste de l'être, c'est un défaut qui ne se rencontre que dans quelque bien : il n'y aurait pas de mal s'il n'y avait pas de bien. Or Dieu connaît parfaitement tous les êtres et tous les biens, tout ce que chaque chose devrait être et tout ce qui lui manque.

1090. Dieu connait tous les possibles. Tous les possibles lui sont connus distinctement malgré leur infinité; car il connaît parfaitement tout ce qu'il peut faire lui-même et tout ce qui est au pouvoir des êtres créés. Il ne peut s'ignorer lui-même d'aucune manière, ni rien ignorer de sa créature; or ce serait ignorer leur puissance ou la sienne que de ne pas connaître tous les effets possibles: il les connaît donc très bien et dans leur ensemble et dans leurs détails. 1091. Dieu connaît toutes les propositions. Pour les mêmes raisons Dieu connaît toutes les propositions possibles que l'esprit humain peut énoncer ou concevoir, tout ce qu'on a dit, tout ce qu'on dira et tout ce qui peut être dit. Car toutes ces propositions, tous ces jugements, toutes ces idées, en nombre infini, expriment quelque réalité ou quelque possibilité, elles sont dans la puissance de l'esprit humain; or Dieu connaît tout ce qui est au pouvoir de la créature, tout ce qu'elle fait ou pourrait faire.

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Il va sans dire que ces propositions ne sont pas

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