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Hæreticum devita*.

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Fugite fornicatio

lite jugum ducere cum infidelibus'. Ne commisceamini cum illo (impio). nem.-Nec fornicarii... regnum Dei possidebunt. « Ne vous attachez pas à un même joug avec les infidèles.-Evitez celui qui est hérétique. N'ayons pas de commerce avec l'impie. Loin de vous le fornicateur. » Sénèque a presque autant de fois répété le même conseil Cave, rogo, el diligenter attende ne cum malo loquaris". Hoc est salutare non conversari dissimilibus. Sermo improborum vitandus. « Je te recommande d'éviter avec le plus grand soin tout entretien avec les méchants. - · Quel profit y a-til à fréquenter des gens qui te ressemblent si peu ? — Gardons-nous des discours de l'homme pervers. » Comme l'Apôtre, il cite, sans en nommer l'auteur, le vers de Ménandre Corrumpunt bonos mores colloquia mala".

Les discours du méchant sont le poison des mœurs.

Seulement sa traduction a un sens plus indéterminé : Sumuntur à conversantibus mores « Telles sociétés, telles

II Cor. VI, 14.

2 Tit. III, 10.

3 11 Thess. III, 14.

41 Cor. VI, 18. Ibid., 9. 10.

6 Ep. X.

7 Ep. XXXII. 8 Ep. CXXIII.

9 I Cor. XV, 33.

Quoique saint Paul en citant ce vers n'en désigne pas l'auteur, on sait par saint Jérôme (In Tit. I.In Galat., IV.-Ep. ad Magn.) qu'il appartenait à Ménandre. Mais il restait à connaître de quelle pièce il faisait partie. Grotius (Excerpta e tragædiis et comœdiis græcis, 1626, in-40, p. 723) le croit extrait de la pièce de Thais. Meineke (Menandri et Philemonis reliquiæ, p. 75) le classe aussi parmi les fragments de la

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Thaïs, et cite d'après H. Estienne l'autorité d'un manuscrit du nouveau Testament, qui porte en marge du vers cité : Μενάνδρου τοῦ κωμικοῦ γνώμη, ἐν Θαδίᾳ. Le mol Θαδία de cette note marginale paraît en effet devoir être changé en Ozidt, ear on ne connaît pas de comédie de Ménandre qui s'intitele ainsi, tandis que sa Thais est plus d'une fois citée. (Propert., lib. II, eleg. v, 3; Athen., Deipnos, XIII, p. 567, d.) H. Estienne avoue d'ailleurs qu'i n'est pas bien sûr que la leçon du manuscrit ne soit pas Ozid.

En opposition avec l'opinion de S. Jérôme qui attribue à Ménandre le vers en question, Socrate, dans son Histoire ecclésiastique (lib. III, 16), le cite comme étant d'Euripide. 10 Dé ira, III, 8.

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mœurs. » - Tout est chaste pour ceux qui sont chastes, écrit l'Apôtre à Tite; tout devient corruption entre es mains des gens corrompus »: Omnia munda mundis; coinquinatis autem et infidelibus nihil est mundum1. C'est un des adages de notre moraliste Malus omnia in malum vertit. Le livre de l'Ecclésiastique lui fournit à son tour le thème de cet autre adage qui n'est qu'une application de la sentence de Ménandre: Hærebit tumor quamdiu cum superbo conversaberis *. « Il te restera toujours de l'enflure dans le cœur, tant que tu fréquenteras les superbes. >>

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De la fuite de la société des méchants à fuir la société des hommes en général, la transition est insensible, et Sénèque s'y laisse facilement entraîner. Il aime la solitude comme un anachorète, et, chose digne de remarque, son langage à cet égard est en parfait accord avec le langage de l'Imitation. Il est même cité de mémoire par l'auteur de cet admirable livre, qui semble avoir voulu aussi, comme le concile de Tours, rendre hommage aux sentiments religieux de l'écrivain romain, en l'acceptant pour autorité. « Qu'aije gagné, dit Sénèque, au commerce des hommes ? Je n'en suis revenu que plus cupide, plus ambitieux, plus dissolu; pis encore, plus cruel et plus inhumain » : Avarior redeo ambitiosior, luxuriosior, imò verò et crudelior et inhumanior, quia inter homines fuis. On conçoit qu'une pareille pensée ait paru digne au pieux moine d'être insérée au milieu de ses mystiques réflexions".

La conséquence de cette prémisse, c'est la vie intérieure et méditative Recede in te quantùm potes". - Proderit primò in seipsum secedere; meliores erimus singulis. — A

1 Tit. I, 15.

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turbá, quantùm potes, te separa1; c'est la retraite, qu'il proclame avec Epicure: Satis sunt mihi pauci, satis est unus, satis est nullus'. « J'ai assez de quelques amis, assez d'un seul, assez de n'en avoir point. Mais il dépasse Epicure, lorsqu'il ajoute qu'il n'y a guère qu'aux âmes dégagées de la société des hommes, qu'il soit donné de s'élever à la perception des choses divines » Faciliùs ad superos iter est animis ab humanâ conversatione dimissis . C'est ici surtout qu'il touche au mysticisme de l'Imitation, où il est dit : In silentio et quiete proficit anima devota et discit abscondita Scripturarum... Qui se abstrahit à notis et amicis, approximabit illi Deus cum angelis sanctis". « L'âme dévote profite dans le silence et dans le repos; elle y comprend le sens caché des Ecritures... Dieu vient avec ses anges visiter celui qui se dérobe à ses amis et aux gens de sa connaissance. >>

En invitant Lucilius à la vie retirée et solitaire, son ami le tient en garde contre toute ostentation dans l'exécution d'un semblable projet : Absconde te in otio, sed et otium tuum absconde... Cùm secesseris, non est agendum hoc, ut de te homines loquantur, sed ut ipse tecum loquaris". Cache-toi dans la retraite, mais cache en même temps ta retraite... Si tu te retires du monde, ce n'est pas pour donner matière aux entretiens des hommes, mais pour fournir à ton entretien intérieur. » Cette appréhension de toute manifestation au dehors, si peu habituelle au stoïcisme et aux anciennes sectes, semble bien aussi, on en conviendra, une émanation de l'humilité chrétienne.

1 Quæst. nat., IV, præfat. Epist. VII.

Ad Marciam, 23.

* De Imit. Christi., lib. I, c. XX, 6.

Ep. LXVIII. Cette lettre LXVIII, sur les avantages de la solitude, ne paraît pas avoir été du goût de Di

derot qui, dans ses Etudes sur la vie et l'époque de Sénèque, gourmande, à ce propos, « les vues monastiques et antisociales » du précepteur de Néron. N'est-ce pas là encore une preuve indirecte de l'influence chrétienne qui domine dans ladite lettre?

VIII.

De la fraternité et de l'égalité entre les hommes.

L'idée de l'abolition

de l'esclavage en germe dans Sénèque. - Humanité envers les esclaves.

La digression qui termine le chapitre précédent nous a un instant détourné de ce qui nous restait à dire sur la charité telle que Sénèque l'a comprise. Cette vertu divine, si puissamment prêchée par saint Paul, se fonde, dans la pensée de l'Apôtre, sur le lien commun qui existe entre tous les hommes, par suite de la communauté de leur origine, et plus encore par l'effet de la Rédemption. De là est née la Fraternité, qui n'est qu'une dénomination de la charité appliquée aux relations habituelles des hommes. Les païens n'ont connu ni le nom ni la chose. Sénèque est le premier qui semble en avoir eu quelque soupçon. Nous le voyions tout à l'heure appeler « fils de Dieu » les hommes qui se vouent à la vertu; mais cela peut se prendre, à la rigueur, aussi pour une épithète stoïcienne. Ce qu'il dit de l'unité originelle qui doit nous rapprocher les uns des autres est plus significatif et plus spécial : Membra sumus corporis magni: natura nos cognatos edidit, cùm ex iisdem et in eadem gigneret. Hæc nobis amorem indidit mutuum et sociabiles fecit. « Nous sommes les membres d'un grand corps. La nature nous a faits parents, en nous donnant une commune origine et une destinée commune. Elle nous a inspiré un amour mutuel et nous a rendus sociables. » La locution cognatos 2 est bien voisine de l'appellation fratres,

Epist. XCV.

2 L'idée de parenté entre les hommes est répétée avec la même expression dans la Consolation à Marcia: Parens tuus, Marcia, illic nepotem suum, quanquam illic omnibus omne cognatum est, applicat sibi, nova luce gaudentem, etc. (Ad Marciam,

25). On pourrait soutenir même, à la rigueur, que Sénèque s'est servi du mot frater, en l'entendant à la manière des premiers chrétiens, dans cette phrase: Quid mihi prodest scire agellum in partes dividere, si nescio cum fratre dividere? (Epist. 1.XXXVIII). Arrien qui est, avec

par laquelle l'Apôtre reconnaît tous les nouveaux convertis à la religion du Christ. Mais, si Sénèque n'a pas précisément prouoncé le mot de fraternité, il en a déduit les plus fécondes conséquences, en sapant l'esclavage dans ses bases.

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Pour juger quels pas immenses il a fait faire à cette question, dont la solution pratique s'achève à peine seulement aujourd'hui, il faut remonter à ce qu'en pensaient les anciens, à commencer par Aristote, qui voit dans la servitude non-seulement une institution naturelle, mais une restriction utile et juste'. L'esclave n'était pas un homme c'était une chose dont il était permis d'user, et, pour ainsi dire, d'abuser à volonté, et que Cicéron luiniême, à très-peu près le contemporain de Sénèque, trouve tout simple de traiter cruellement, adhibenda sævitia, ut heris in famulos 3. Aux yeux mieux éclairés de notre moraliste, les esclaves cessent d'être des choses; ils redeviennent des hommes, et il entend que nous les traitions comme tels; bien plus, comme des commensaux; plus encore comme d'humbles amis; et, ce qui est le comble de l'idée chrétienne, comme des compagnons d'esclavage. Il va jusqu'à vouloir qu'ils soient admis à la table du maître, et il félicite Lucilius de vivre familièrement avec les siens: Libenter ex his qui a te veniunt cognovi familiariter te cum servis tuis vivere; hoc prudentiam tuam, hoc eruditionem decet. Servi sunt? imò homines. Servi sunt? imò contubernales. Servi sunt? imò humiles amici. Servi sunt? Imò con

son maître Épictète, le plus chrétien, après Sénèque, des philosophes de l'époque romaine contemporaine des apôtres, s'écrie quelque part dans le même sens : « Ne sommes-nous pas tous frères... tous issus de Jupiter? (Dissert. I. 2).

I Politic. II, 14, 15.

* Plato, De legibus, VI, t. II, p. 776.

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3 De offic. II, 7.

Le même Cicéron est ailleurs presque honteux d'avouer qu'il regrette un esclave qu'il a perdu (Ad Attic. I, 11). Juvénal, qui cependant est déjà assez postérieur, n'admet pas non plus de différence entre les esclaves et les animaux (Sat. VI, v. 119).

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