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mena une vie exemplaire par la pureté de ses mœurs. Je ne le classerais pas dans la nomenclature des écrivains de l'Eglise, si je n'y étais encouragé par ces lettres que plusieurs personnes lisent comme étant de Paul à Sénèque et de Sénèque à Paul, et dans lesquelles, tout précepteur de Néron et tout puissant qu'il était alors, il avoue, malgré son crédit, qu'il voudrait être vis-à-vis de ses concitoyens dans la position où se trouvait Paul vis-à-vis des chrétiens. Sénèque fut mis à mort par ordre de Néron deux ans avant que Pierre et Paul reçussent la couronne du martyre. »

En vain on voudrait soutenir que les opinions de saint Jérôme ne méritent pas toujours la confiance qu'inspire naturellement un si grand nom; que le pieux docteur, ainsi qu'il en convient lui-même, se bornait souvent à

vit bientôt dans son favori un rival, et ne lui pardonna pas sa supériorité. Telle est, selon Tacite (Annal. XV, 49), l'origine de la disgrâce de Lucain. Suétone rapporte que ce fut le poëte qui se montra le premier piqué de ce que Néron, un jour, l'avait quitté au milieu de la lecture de ses vers, et qu'il s'en vengea, non-seulement par des propos caustiques, mais aussi par un poëme offensant contre la personne du prince et contre ses principaux affidés (Suet. loc. cit. p. 54). L'amour-propre blessé de Lucain ne s'en tint pas là; il s'associa à la conspiration de Pison, dont il devint un des plus ardents instigateurs. Convaincu de complicité, il tomba dans un abattement qui dégénéra en une odieuse lâcheté: il dénonça sa propre mère, essayant de flatter ainsi, jusque dans ses crimes, le fils dénaturé d'AgripDine (Suet. loc. cit. Tacit. Annal. XV, 56). Cependant le courage lui

revint devant la mort ; il recomman-
da à son père, dans un codicille, la
correction de plusieurs vers de sa
Pharsale, mangea copieusement, et
tendit avec fermeté ses bras au méde-
cin chargé de lui couper les veines.
(Suet. loc. cit.) Tacite ajoute qu'il
expira en récitant des vers de son
poëme analogues aux circonstances
de sa mort (Annal. XV, 70). Il n'y a
dans ces détails rien qui soit de na-
ture à rattacher Lucain, de près ou
de loin, au christianisme. On a ce-
pendant avancé, dans quelques-unes
des notices qui vont suivre, qu'il
avait été chrétien ainsi que son on-
cle. Cette assertion n'a sans doute
pas d'autre cause (cause assurément
bien légère!) que la simple mention
du nom de ce poëte dans le passage de
saint Jérôme. Je ne nie pas néanmoins
que Lucain ait connu les chrétiens
et leur dogme, ainsi qu'on en trou-
vera plus loin quelque indice.

dicter à ses copistes, sans y ajouter aucune critique de son propre fonds, les assertions qu'il rencontrait chez d'autres écrivains; que cette manière de procéder, il l'avait peutêtre pratiquée en ce qui concerne le livre et le chapitre que nous venons de citer; qu'ainsi, le jugement que nous y lisons ne serait pas réellement de saint Jérôme, quoiqu'il figure dans ses écrits, et qu'il est prudent de n'y pas attacher une grande importance. Quand même saint Jérôme n'eût fait que transcrire l'observation d'autrui, elle n'en aurait pas moins toute sa valeur pour constater combien est ancienne la croyance aux relations de saint Paul et de Sénèque. D'ailleurs, la défiance que commandent, d'après son aveu même, certaines allégations du savant Père, ne s'applique qu'à ses commentaires et à ses gloses sur l'Ecriture sainte, et ce n'est qu'eu égard à cette catégorie de ses ouvrages qu'il est taxé d'inexactitude par Richard Simon, dans son Histoire critique du Vieux Testament. Bellarmin', qui examine scrupuleusement quels sont les écrits,

1 Liv. III, c. 9.

Richard Simon, oratorien du dixseptième siècle, doit sa réputation à l'histoire que l'on vient de citer. Outre l'immense érudition répandue dans ce livre, ce qui le signala surtout à l'attention publique, ce furent les doctrines paradoxales de l'auteur, trop souvent attentatoires aux croyances de l'Eglise, et les persécutions qu'elles lui attirèrent. Bossuet combattit ses erreurs, entre lesquelles il faut citer l'opinion qui conteste que Moïse soit l'auteur du Pentateuque. Les poursuites du clergé contre le P. Richard Simon furent telles, que celui-ci se vit obligé de quitter l'Oratoire, et de se retirer dans le prieuré dont il était titulaire en Normandie. Il revint peu après à Paris, pour s'y livrer à ses

travaux, et mourut à Dieppe, sa patrie, en 1712, âgé de soixante-quatorze ans, après avoir reconnu tous ses torts. Ses écrits, quoique théolo-> giquement suspects, n'en renferment pas moins une science très-solide de la littérature ecclésiastique, qui les rend encore aujourd'hui précieux à consulter.

De script. eccl. voce Hieronymus. Robert Bellarmin, jésuite, débuta par la prédication, et se fit entendre, non-seulement dans plusieurs villes d'Italie, mais encore à Louvain, où il professa quelque temps la théologie. De retour à Rome, Grégoire XIII le nomma professeur de controverse. Sixte-Quint le donna pour assesseur au cardinal Caietan, son légat en France, afin qu'il pût, à l'occasion, y combattre les

ou parties d'écrit, que l'on doit retrancher, comme apocryphes, du recueil des œuvres de saint Jérôme, n'élève non plus aucun soupçon sur l'opuscule en question, ni sur son contenu.

A ce témoignage sur les rapports du philosophe avec l'Apôtre, vient s'en joindre un autre non moins grave: saint Augustin s'exprime plus brièvement, mais à peu près de même, au sujet de leur correspondance: Meritò ail Seneca qui temporibus apostolorum fuit, cujus etiam quædam ad Paulum apostolum leguntur epistolæ, etc. : « Sénèque, qui vivait du temps des Apôtres, et dont on a quelques lettres adressées par lui à l'apôtre Paul, etc. »> Constater ainsi que l'un avait écrit à l'autre, n'est-ce pas sous-entendre par là même qu'ils s'étaient connus, qu'ils avaient été plus ou moins liés?

A la vérité, ce que dit ici le saint évêque, comme le remarque judicieusement Elie du Pin', après Baronius semble mal s'accorder avec le reproche rapporté plus haut, et adressé par le même saint Augustin à Sénèque, sur la réserve dont il avait fait preuve envers les chrétiens, en craignant de se prononcer pour ou contre, dans ses écrits. En effet, quelle déclaration plus manifeste de la part de ce dernier en faveur de la religion nouvelle que la correspondance intime entretenue par lui avec le principal organe de cette religion? Ce reproche indiquerait donc assez clairement

principes du protestantisme. Il faisait partie du Saint-Office lorsque Galilée fut condamné par l'Inquisition. Le pape Paul V le fixa définitivement à Rome en le nommant bibliothécaire du Vatican; il avait été créé cardinal par Clément VIII. Ses Controverses, ses traités De Romano pontifice, et De potestate summi pontificis in rebus temporalibus, sont des livres profondément pensés, mais qu'on a souvent accusés d'ul

tramontanisme. Il a laissé aussi es
commentaires sur les psaumes, des
ouvrages de grammaire et de criti-
que, tels que les Institutiones linguæ
hebraicæ, le De scriptoribus eccle-
siasticis, cité ici, etc.

Epist. CLIII, ad Macedon, 14.
Bibl. des auteurs ecclés. t. I,
p. 28, not. x, éd. Paris, 1693, in-4°.
Ad ann. 66, XII.
V. pag. 13 et 14.

que l'opinion en apparence contradictoire qui reconnaît les lettres à l'Apôtre, était moins personnelle à saint Augustin qu'admise par lui, en passant, sur la foi d'un on dit qui avait cours de son temps. Quoi qu'il en soit, la mention ci-dessus demeure toujours une preuve de plus de la liaison des deux grands hommes, et du souvenir qui s'en conservait parmi les fidèles au cinquième siècle.

Témoignage de saint Lin. ·

II.

Observations critiques sur l'écrit attribué à cet ancien pape, touchant la passion de saint Pierre et de saint Paul,

1

Le fragment précité de saint Augustin, dont nous connaissons d'ailleurs deux autres insinuations sur le même fait, et l'extrait de saint Jérôme qui précède, ne sont pas les seules traces écrites de l'ancienne tradition en question. On trouve dans saint Lin, auteur d'une histoire du

1 Voir page 12 et suiv.

2 Si l'on en croit Chifflet (Vesontio illustrata, Lugd. 1658, in-4o, pars II, p. 10 et seq.), la ville de Besançon possède dans ses anciennes archives une histoire d'un certain saint Lin, qui avait reçu de saint Pierre, lors de sa première venue à Rome, la mission d'aller prêcher l'Evangile dans les Gaules. Suivant cette légende, Besançon aurait été le théâtre des prédications de Lin, et il y aurait séjourné environ un an. Le principal fait rapporté sur ce saint est la conversion d'Onnasius, tribun de la ville, lequel ayant rencontré l'apôtre, au moment où il arrivait, se sentit saisi d'une vive curiosité de connaître le Dieu qu'il prêchait, et offrit au saint l'hospitalité. Les vertus de Lin entraînèrent bientôt l'admiration de son hôte, et

le gagnèrent à la foi. Onnasius de venu chrétien concéda au saint un terrain pour y baptiser et y fonder une église. Il résulte encore de la même source que la mission de saint Lin à Besançon se serait terminée par un miracle qui, au lieu de toucher les assistants, excita leur fureur au point qu'il fut menacé dans son existence. A la vue des sacrifices offerts aux idoles par la population, saint Lin protesta vivement contre cette profanation du vrai culte, et à sa parole, la colonne qui soutenait l'idole adorée s'écroula. Le peuple courroucé poursuivit l'apôtre. Celui-ci, obligé de fuir, s'en retourna à Rome auprès de saint Pierre qui l'avait envoyé, et qui n'écouta pas sans émotion le récit des dangers qu'il avait courus. Cette histoire ne paraît pas pouvoir s'appliquer

martyre de saint Pierre et de saint Paul, un passage bien autrement explicite, et par conséquent, digne de notre attention toute particulière: Institutor imperatoris adeò est illi (Paulo) amicitiâ copulatus, videns in eo divinam scientiam, ut à colloquio vix temperare posset, et quominus ore ad os alloqui non valeret illum, frequentibus datis et acceptis litteris, ipsius dulcedine atque amicabili colloquio atque consilio frueretur: « Le précepteur de l'empereur, reconnaissant dans Paul une science divine, se lia avec lui d'une si étroite amitié, qu'il ne pouvait, pour ainsi dire, pas se passer de son entretien. Aussi, lorsqu'il était privé de converser avec lui de vive voix, il lui envoyait et en recevait des lettres fréquentes qui le dédommageaient de ne pouvoir jouir de la douceur et de l'affabilité de ses conférences et de ses conseils. >>

Saint Lin, l'un des soixante-douze disciples de JésusChrist, et dont le nom figure dans la seconde épître à Timothée, passe généralement pour le successeur immédiat de saint Pierre. Telle est l'opinion adoptée, sur l'indication d'Eusèbe ' et de saint Jérôme, par Sixte de Sienne, qui fixe l'époque de la mort de ce pontife sous Galba, après onze ans, trois mois et douze jours de papauté. Mais d'au

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à un autre saint Lin qu'à celui qui nous occupe. Il est vrai que le Martyrologe de Besançon fête son saint Lin le 26 novembre, à la différence de l'Eglise romaine, qui place au 23 septembre la commémoration du même nom (Baron. Martyrol. Rom. 13 septembris). Mais cette différence tient sans doute à ce que Besançon, au lieu de célébrer sa mort, a voulu perpétuer le souvenir de quelques-uns des faits locaux qui ont marqué la présence de Lin en cette ville. Indépendamment des renseignements fournis par la lé

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